Paradoxical Utopia

Ontologia da liberdade na rede A guerra das narrativas na Internet e a luta social na democracia

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Le recours à l’Internet, dans les années 1990, associé aux dynamiques et à la consommation de portails, a transformé le réseau en un gigantesque laboratoire de la publicité. Si bien que, d’une certaine façon, la dynamique de fragmentation, légitimée par le nombre infini de réseaux de petits univers centralisés, entraînait la Toile vers une expérience majoritairement axée sur le téléchargement de sites, qui allaient devoir se révéler plutôt – dans l’utopie d’éternelle félicité de la nouvelle économie – comme autant de start ups de modèles d’entreprises du capitalisme de risque.

De nos jours, l’Internet a sans aucun doute accompli sa mutation. L’action sociale, la mobilisation et l’engagement sont devenues des valeurs du réseau et font contrepoids aux illusions de bonheur éternel de la Toile commerciale qui contaminaient l’économie et la politique. Cette métamorphose est liée, dans une grande mesure, à l’apparition des dynamiques activistes, déjà présentes à la fin de la décennie de 90, lesquelles récupérèrent la signification d’origine du peer to peer sur l’Internet. Ce retour aux sources procura au réseau un nouveau mode d’emploi en y introduisant des innovations allant du Napster au Pirate Bay, des blogs aux mashups, des systèmes d’échange de fichiers aux médias sociaux de collaboration, du journalisme citoyen néo-zapatiste aux twitters iraniens.

L’apparition de ces innovations généra un ensemble tout nouveau de disputes et de conflits concernant la production et la régulation de la liberté sur l’Internet, puisque toute sa valeur, dans le capitalisme cognitif, est fondée sur la possibilité de faire en sorte que les usagers librement connectés demeurent parqués à l’intérieur des limites programmables et des connexions préétablies sur les interfaces, afin d’engranger de cette multitude d’usagers la totalité de leur production sociale. Et ce, dans la logique du paradigme du «tout est à moi» dans la production collaborative (Malini, 2008). A l’opposé de ce mouvement de rétention, il en existera ainsi un autre, visant à insuffler le plus de liberté possible au réseau, grâce à la dissimination de dispositifs accélérateurs de la socialisation et du partage de connaissances, d’informations et de données, en obéissant à de nouveaux modèles de droit public. Ces actions collectives de dissimination vont donc se trouver en conflit avec la gouvernance capitaliste de la liberté sur le réseau.

À partir de ces transformations de la communication en réseau, le choc de pouvoirs devenait inévitable entre les médias massifs et ceux des interfaces des usagers. Les médias diffusant sur ondes font de plus en plus valoir leur capacité d’atteindre à la fois un nombre immense de populations, en manifestant ainsi la vertu du maintien de leur soutenabilité financière. Du point de vue culturel, la production de subjectivité des médias massifs va se heurter toutefois, à leur produit le plus notoire : les fans – ces petits fanatiques aux opinions momentanées compactes dissiminées en profusion par le pouvoir d’irradiation (Jenkins, 2006). Les médias ne parviennent à produire leurs effets qu’à court terme, en générant ces petits fanatismes oscillant autour de leurs causes. Dès leur apparition, les médias distribués se sont ainsi heurtés chez leurs usagers, à ces effets de réduction et d’aplatissement de la diversité culturelle dus aux processus d’induction et de falsification de l’opinion, issus de la communication unilatérale où quelques-uns s’expriment en lieu et place de beaucoup. Quoique les médias massifs sur ondes constituent une importante machine de construction et de destruction instantanée de réputation sociale, les médias distribués de collectifs se sont avérés être une puissante machine de création et de maintien de réputation durable, fonctionnant à long terme. Alors que les médias massifs tirent leur pouvoir du sentiment que « tout le monde en parle », qui sous-entend l’unisson, le pouvoir des interfaces d’usagers s’ancre sur le sentiment que « mes amis recommandent », lequel est lié à la fiabilité supposée de la source de la communication.

Nous nous proposons d’analyser rétrospectivement, dans le présent article, les fondements politiques qui régissent les discours de liberté répandus par les acteurs qui construisent l’Internet d’aujourd’hui et celle d’hier. Une telle analyse visera à mieux comprendre l’économie du pouvoir, dont les divers acteurs de la société en réseau se disputent l’enjeu. Il nous faudra pour autant, examiner les processus de récit collectif des mouvements sociaux dans les événements publics, entendus comme les laboratoires de ces disputes. Ce qui nous mènera à proposer que les nouveaux récits multitudinaires vont permettre de passer du modèle informationnel des médias – qui privilégie l’accumulation quantitative propriétaire d’éléments narratifs – au modèle communicationnel des multimédias, lequel privilégie la coordination de l’action collective à travers la conversation actuelle durant les mouvements.

Biopouvoir sur l’Internet : la liberté négative de la fabrique sociale

L’Internet est un champ social, à l’instar de beaucoup d’autres, où la liberté est en jeu. En fait, il faut entendre ici, par ce mot de « liberté », les mécanismes et les actes autonomes de coopération sociale qui permettent l’exercice du pouvoir (et du contre-pouvoir), la production sociale et la mise en oeuvre d’affects générateurs de psychologie. Dans un sens, une telle définition vient compléter l’acception spinozienne de l’homme libre comme étant celui qui se réalise dans la société civile, où l’on vit selon les lois communes, et non dans la solitude et dans l’isolement, lorsque l’on n’obéit qu’à soi-même. Ainsi pensée, la liberté est loin de s’épuiser dans son sens libéral du « droit d’avoir une propriété » (d’idées, de marché, de terres etc), ou d’ « avoir la force de supplanter autrui », comme le veut Hobbes. Au sein du débat actuel sur la liberté se trouve désormais le droit de production autonome de modes de vie, qui ne soient traversés ni par la force de l’État, ni par la mercantilisation du capital, mais par des « droits communs » qui les protègent tout en les libérant. Il n’est pas surprenant que le mouvement social le plus important de la première décennie du XXIe siècle ait été celui de la dispute du contrôle de cette production commune protégée et partagée. Celui de disputes endogènes au capital – comme celui qui oppose Google à Microsoft en exprimant la forte tension entre le l’informatique en nuage et l’industrie des brevets – et de celles qui lui sont exogènes – la dispute entre la culture de la collaboration peer-to-peer et de la culture de permission propriétaire.

L’Internet est le lieu d’un vaste mouvement de réduction de l’offre de liberté (travestie en inflation), lié à des mesures de clôture (enclosures) de la liberté dans les systèmes contrôlés d’information – l’empire de la liberté mescantilisée sur le réseau. Dans ce sens, ainsi que l’analyse Castells (2009, p. 421), les dispositifs de la web 2.0 vont se muer en de stupéfiants outils de négoces à travers la stratégie de la mercantilisation de la liberté par l’accumulation de capital. Ainsi se réalisera la « clôture » (enclosure) de la terre commune de la communication libre, vendant aux personnes l’accès aux produits de la communication globale en réseau, en échange de leur renoncement à la vie privée et de leur conversion en arc et cible de la flèche publicitaire.

Cette mercantilisation de la vie – des conversations et des cadres de la vie contenus sur l’Internet – est à mettre en rapport avec le débat lancé par Foucault sur un nouvel art de gouverner la liberté des sujets, qu’il a baptisé de biopouvoir. Elle s’investirait dans la vie comme un tout, en l’activant et en la faisant fonctionner. Le biopouvoir opérerait au moyen de mécanismes qui ont pour fonction de « produire, insuffler, élargir les libertés, introduire un ‘plus’ de liberté moyennant un ‘plus’ de contrôle et d’intervention » (Foucault, 2008a, p.92). Dans une telle logique instaurée, on ne gouverne plus seulement le corps des populations. C’est tout l’environnement, la communication, les connaissances et les affects qui sont assujettis au gouvernement. Ce gouvernement s’exerce par la génération incessante de risques, tant pour réduire l’indépendance (et partant, l’action libre) que pour répandre la peur. Les risques, ainsi que leurs victimes et leurs bourreaux éventuels, rendent acceptables les discours et les pratiques de sécurité, générateurs des communautés ou des ghettos. La société des profils de l’Internet en est un bon exemple, puisque sa configuration est telle qu’elle dilue le commun, en valorisant la personnalité et les égolâtries. De même, on y survalorisera la sécurité de l’information, à travers le discours de la « crédibilité de l’information » des grands médias et de leurs gatekeepers, au détriment de la multiplicité des points de vue provenant de la couverture des événements sociaux par des milliers de blogs et de réseaux sociaux. Cette foule d’inconnus produit une couverture des événements au moyen de conversations singulières qui leur sont propres, aussitôt reléguées au rang de produits d’amateurs, de fausses individualités ou attribuées à des irresponsables anonymes.

La liberté sur le réseau – pour ceux qui veulent la transformer en un simple produit 2.0 -, est une liberté négative, conçue comme une liberté régulée par des lois de droits d’auteurs et de propriété intellectuelle, autorisant la réalisation du rêve fordien des corporations de médias : « se transformer en grande fabrique qui surveille les activités de tous ceux qui sont en ligne » (Barbrook, 2003). Et devenant ainsi capables de mobiliser un biopouvoir producteur de discours, de pratiques quotidiennes, d’attitudes et de processus d’apprentissage constitués dans les machines qui participent à l’Internet. Cette stratégie des corporations de médias en ligne finit par intensifier la culture des fans qui peuple l’Internet en y reproduisant des clichés et des thèmes disséminés sur les chaînes des médias de masse, encombrant le réseau par la diffusion de sujets d’actualité et d’un calendrier social éphémère et spéculaire. La profusion des sites de fans d’idoles et de programmes de la culture de masse, les conversations récurrentes sur les émissions des télés et des grands journaux, ainsi que les répétitions en cascade de clichés et de ritournelles publicitaires se dressent comme un gigantesque tsunami où se conserve tout ce qui existe sur l’Internet (Jenkins, 2006), à mille lieues de toute recombinaison créative et de l’attitude libertaire recommandée dans divers mantras (Terranova, 2004).

Outre les médias de fans et de célébrités, l’Internet participative se voit plongée dans la logique des « petits Berlusconis » – catégorie de (micro) blogueurs et de profils de réseaux sociaux dont la tâche principale sera de traquer des usagers parachutistes en les cantonnant exclusivement aux sujets de l’heure et aux échanges incestueux de liens avec d’autres blogueurs. Ce faisant, ils créent un champ restreint de perspectives et configurent une écologie dans laquelle les idées et les informations sont toujours les mêmes dans différents blogs. Il s’agit là en réalité d’une stratégie consistant à extraire des avantages financiers, publicitaires et d’audience, qui se transformera ensuite en quête de modèles de bonnes affaires, à partir de l’ensemble de ces micro pop stars de l’insignifiance en ligne. Ils sont comparables à de petits arbres tirant profit de petits rhizomes, à mesure qu’ils centralisent une accumulation (de capital de tout genre) qui leur apporte les dividendes politiques et monétaires de cette culture de masse des fans en ligne, en générant des communautés virtuelles qui fonctionnent à travers des effets spéciaux et des images narcissiques.

L’effet collatéral de cette « liberté négative », mise en place par les corporations de médias en ligne, sera d’entraîner la propriété et la fragmentation des biens communs, au-delà d’une quête incessante de la production de répétitions balbutiantes des fans en ligne. Dans cette perspective, la culture se voit menacée par les codes de copyright établis par le capital médiatique, dictant les modes de circulation et d’utilisation des biens culturels. Avec le mouvement 2.0, on donne d’une main ce que l’on retire de l’autre. « Jamais le copyright n’a protégé aussi longtemps un aussi large éventail de droits, contre un aussi large éventail d’acteurs » (Lessig, 2005). Au point de transformer les contenus produits par les individus en propriété intellectuelle des propriétaires des sites collaboratifs d’Internet. Exercé par une multiplicité de sujets, le pouvoir de créer en réseau – la collaboration – est de plus en plus freiné par le pouvoir de faire payer pour qu’en soit créée en réseau la permission de le faire. Cette usurpation pratiquée par les oligopoles industriels de la culture et des médias instaure une espèce de féodalisme numérique, dans lequel l’usager de l’Internet est transformé en internaute prisonnier du territoire qu’il a lui-même peuplé. Ce qui corrobore la vision de Negri et Hardt (2005), soulignant le pouvoir réducteur des capacités de coopération et de communication exercé par la propriété privée des biens d’information. Ces capacités sont les bases de l’innovation dans une économie où la valeur se concentre sur la qualité immatérielle du travail, c’est-à-dire la compétence d’incorporer dans les processus et les produits, la culture et l’affect. La critique naît de la constatation de la valeur coopérative du travail immatériel, rendant impossible à son produit de se limiter à être la propriété d’un individu unique, au lieu d’appartenir à une activité commune coopérative. Quoique dans sa configuration économique actuelle, l’Internet véhicule une idéologie de liberté dérégulée, elle reste soumise dans la pratique à des architectures et à des protocoles qui maintiennent la culture dans une situation sous-déterminée par un biopouvoir stimulateur de la création de subjectivités.

C’est pourquoi, en dépit de ce qu’il peut y avoir de vrai dans ce qui se dit autour de la Web 2.0 avec ses blogs, wikis, folksonomics, You Tubes et autres réseaux sociaux, elle ne saurait aisément coïncider avec l’opinion véhiculée par les apologistes de l’Internet sur la signification du changement dans la communication et dans le monde des affaires. Sur cette Toile, annoncent-ils, la publicité adopterait la voix nouvelle des groupes de la culture des médias, un public auto-organisé et participatif qui la transformeraient en recommandation critique honnête des usagers. Ces derniers deviendraient de la sorte des membres des entreprises : leur coopération intéressée, leur collaboration et leur libre expression unirait entrepreneurs et usagers dans un même contexte d’affaires intégrées (Levine, Locke, Searls et Weinberger, 2000). Mais ce cadre idyllique aura beau paraître séduisant, il suffira que les intérêts des entreprises se voient menacés par les initiatives des usagers pour que le conflit éclate et que la confrontation apparaisse avec toute sa violence (Antoun, Lemos et Pecini, 2007).

La liberté positive, ou la biopolitique dans les réseaux

L’existence d’un biopouvoir sur Internet, contrôlant la vie et s’appropriant de la richesse produite en commun dans les réseaux les plus avancés du numérique en nuage, ne signifie pas qu’il faille pour autant entonner un refrain apocalyptique n’exprimant que la seule absorption de la vie par le capital. En effet, le travail immatériel de la foule ne s’épuise pas dans un rapport de contrôle du biopouvoir. Tout processus de domination rencontre une limite, laquelle peut se transformer en résistance. Dans ce sens, la biopolitique est la puissance de la vie à se gouverner dans les espaces où ont lieu des luttes, des relations et des productions de pouvoir, tandis que le biopouvoir est un pouvoir qui se dresse contre l’autonomie de la vie, en cherchant à la soumettre aux centres transcendantaux du gouvernement.

La biopolítique est l’ensemble d’actes de résistance et de contre-insurgence de vies qui n’acceptent pas la capture du contrôle et qui revendiquent une économie de la coopération de maintien des biens communs à l’intérieur d’un droit et d’un espace public, par delà la notion que celui-ci doive être régulé et garanti par un État, et donc par un agent de force extérieur aux singularités anarchiques de la foule. Loin d’être une expérience d’anarchie, il s’agit d’une expérience démocratique constituée de droits toujours ouverts et potentialisateurs de la liberté.

Dans la pratique, à un moment où le biopouvoir crée et programme des réseaux de capture du commun, il n’est pas surprenant qu’apparaissent des réseaux de contre-pouvoir fonctionnant de la même façon, c’est-à-dire en créant et en programmant des réseaux autonomes, en anticipant de nouveaux droits et en aspirant à la démocratie. Dans sa théorisation, Antonio Negri (2003) associe la biopolitique «comme la représentation matérielle de la capacité du travail vivant (immatériel) de se présenter comme excédent ». Ce qui signifie que même en régime de contrôle post-moderne de destruction de ce qui est commun et d’expropriation de la coopération, le travail immatériel dépasse le biopouvoir, du fait d’être capable de se réaliser en dehors d’une relation de contrôle entrepreneurial. Le travail immatériel produit des résultats, dans le domaine de l’innovation et du langage, par exemple, qui ne s’incarnent pas exclusivement dans la seule entreprise, mais qui se diluent dans chacune des singularités qui contribuent à les produire. De là vient que plusieurs auteurs problématisèrent la dimension biopolitique de la copie, par delà la phobie autorale capitaliste, car elle est à la fois la condition de la constitution de nouvelles valeurs d’usage et de nouvelles valeurs d’échange. Le capitalisme des réseaux se voit ainsi coincé dans une interminable contradiction, puisque sans socialisation des copies, pas de nouveaux usages créatifs, et sans nouveaux usages créatifs, pas de génération de valeur d’échange. Peut-être le phénomène biopolitique le plus intense est-il le mouvement de partage de fichiers peer to peer sur l’Internet, du fait de s’être montré capable de produire des architectures d’usage à l’épreuve du contrôle du biopouvoir, dans une sorte de darwinisme du bien.

La guerre des récits et la lutte sociale dans la démocratie

On peut penser que le pouvoir des médias massifs a cessé de constituer un pouvoir moderne, sous la forme d’une action sur l’action présente, pour devenir un pouvoir de contrôle, investissant son action sur l’action future (Deleuze, 1992 ; Foucault, 2008). Plus qu’un lieu disciplinaire d’irradiation et de circulation de mots d’ordre (Deleuze & Guattari, 1980 ; Foucault, 1977), il apparaît ainsi comme un pouvoir d’actualisation de la mémoire dans les communications. Dans le cas des médias massifs, nous sommes en présence d’un monopole sur l’actualisation des informations ; d’un pouvoir de mobiliser, de traiter et de narrer le passé, en le rendant actuel. La masse ne peut avoir accès au passé commun qu’à travers des actualisations opérées par les grands médias corporatifs. Ce qui configure un immense pouvoir sur les mécanismes de mémoire et d’oubli social des populations. A travers lui, je mets en rapport n’importe quel passé avec un événement de l’actualité pour baliser la décision d’agir du sujet social. Ce passé va se présenter sous forme de graphes et de diagrammes, en procurant des caractéristiques de prévisibilité à des images stratigraphiques de ce qui fut en le transformant de la sorte en un ce qui sera. Ce passé est actualisé afin de mobiliser les sphères de décision et d’action sociale en étant de préférence investi pour endosser ou inhiber les programmes électoraux de candidats à des fonctions exécutives, les images publiques de candidats majoritaires en périodes d’élection et les débats légaux associés à des décisions parlementaires visant l’édiction de lois nouvelles ou la modification de lois existantes.

L’entrée en scène de l’Internet est venue briser ce monopole du récit. Grâce à ses interfaces, n’importe quel usager pouvait actualiser n’importe quelle information, en libérant sa communication. L’investissement communicationnel des mouvements sociaux et collectifs allait répondre de la portée ou de la fréquence d’une information quelconque en connectant entre elles différentes interfaces et en assurant leur dissémination (Antoun, 2004). Les usagers peuvent non seulement avoir accès à n’importe quelle information ancienne présente en réseau avec une information actuelle, mais ils peuvent déterminer la portée de cette dernière en la répliquant sur diverses interfaces. La communication partagée sur interfaces collectives de partenariat (peer-to-peer) repositionnent le type de passé qui importe dans la décision de l’action. Les statistiques prédictives des images stratigraphiques font place aux projets communs de collectifs communicationnels. La question cesse d’être celle de l’élimination de ce qui nous menace pour donner lieu à la construction ou à l’invention de ce qui nous intéresse (Antoun, Lemos & Pecini, 2007). C’est dans ce sens que cette biopolitique du réseau est mise en œuvre comme une liberté positive : celle de l’activité des usagers construisant de manière singulière, sans impliquer pour autant la dispute, le conflit et la contradiction, un champ plus étendu de significations des événements sociaux, où s’entrelacent des récits qui décortiquent les faits, les idées reçues, les images, qui élargissent la capacité du réseau à révéler des sens, jusque là réprimés dans la logique des contrôleurs d’accès des médias en ligne traditionnels. Cette politique des médias traditionnels de l’Internet est fondée sur la permission de regarder sans toucher, discréditant et disqualifiant les médias participatifs des usagers.

Il importe de signaler, dans un tel contexte, la perte du monopole de l’édition et de la reproduction des discours et des images par les télévisions et autres médias massifs. Le pouvoir d’actualisation des images des blogs, du YouTube et du Twitter dont disposent les usagers confèrent une tout autre portée à leurs récits. Pouvant choisir quoi actualiser des images disponibles pour narrer l’événement et converser, le média libre peut décider à qui imputer la responsabilité du conflit. Les images et les discours des médias de masse reproduits, analysés et réutilisés se sont révélés appropriés à des récits différents de l’histoire racontée par les médias corporatifs. De sorte que les usagers de blogs, de twitter et de you tube ont pu faire face aux discours des véhicules massifs au moyen d’images et de discours produits par ces mêmes médias, dans la mesure où ils avaient le pouvoir de les actualiser de manière différente, en les incorporant à leurs propres discours et images.

Le présent débat révèle deux pôles importants. D’un côté se trouve en jeu la relation des médias avec les populations, en ce qu’elles constituent un public : d’où la question de la place occupée par ce public dans cette relation. Il s’agit de savoir, en effet, s’il s’agit de celle d’un consommateur relativement passif formé par les produits offerts par le média – produits participant activement à sa formation culturelle en y conformant sa subjectivité – ; ou si le public a une participation d’usager qui détermine activement les produits de sa propre formation. D’où naît la notion qu’un monitorage ample et une incessante vigilance devraient faire partie de cette relation, car ce qui serait en jeu est la formation même des sujets sociaux et le contrôle de l’action collective. Il reviendrait aux médias de veiller à ce que les sujets fassent partie de la rénovation de la demande sociale, soit en assumant les rôles nécessaires à la continuation de la société, soit en acceptant les produits et les services offerts par les entreprises. Il reviendrait au public de ne pas abdiquer de sa place active dans sa propre formation, en rejetant tout ce qui pourrait le subjuguer ou le soumettre aux diktats de la souveraineté sociale, au détriment de la formation de sa subjectivité. Tels sont les enjeux du savoir culturel et du pouvoir gouvernemental que contient la communication sociale (Antoun, 2009).

Mais à l’autre pôle apparaît la relation du sujet avec la vérité contenue ou absente dans le média qui le formera. Il s’agit alors de penser quelles sont les chances du sujet de développer une subjectivité qui lui soit propre, de mettre en question les choix que lui offre ou lui interdit le média, afin qu’il devienne tel ou tel sujet. (Foucault, 2004, p. 253-280). Un média pervers refuserait au sujet toute chance de se dérober à une destinée sociale probable qui l’attendrait et lui serait réservé dès avant sa naissance. Reconsidéré dans cette perspective, le problème nous mène à envisager la question de la justice dans ce jeu du sujet avec la vérité de sa propre formation. Un média de formation qui prédéterminerait complètement le sujet serait totalement injuste : la destinée du sujet aurait été écrite bien avant sa venue à l’existence et les récits de son histoire déboucheraient toujours sur un certain groupe de résultats pré-existants à son apparition (Deleuze, 1991, p. 93-116).

Multimédias: du média d’information aux médias de coordination

Ce faisant, le récit des nouvelles, qui a toujours été la prérogative de ceux qui détenaient la capacité d’irradier de l’information (la presse), se trouve aujourd’hui dans tous les lieux virtuels, lesquels se comportent de plus en plus comme des médias de multitude (multimédias), autrement dit des médias dont les productions s’effectuent de manière articulée et coopérative, dont le produit final est exhibé de façon publique et libre, à l’intention de publics spécifiques qui constituent à leur tour des médias pour d’autres publics. La nature des multimédias est de transmettre un langage désincarné de la médiation du média irradié, en désorganisant le mode traditionnel de la nouvelle, tout en organisant un langage coopératif, dialogique, multiple et commun. Ce langage va créer un mouvement intégré qui se déploiera en vagues et révélant les perspectives indépendantes d’opinion. L’exemple le plus complet semble en être celui qui a eu pour cadre les conflits iraniens survenus à la suite de la réélection de Ahmadinejad car il illustre comment la biopolitique des multimédias subit des tentatives de blocages de la part du pouvoir souverain, du pouvoir disciplinaire, du biopouvoir, tout en les dépassant tous grâce à la puissance de la communication.

Le cas est bien connu. Le 12 juin, après sa défaite dans les urnes, Hossein Mousavi revendique la victoire, en accusant le gouvernement de frauder les élections afin de bénéficier le candidat de la situation, Ahmadinejad. Le lendemain des résultats, tandis que les partisans de Ahmadinejad commémorent la victoire dans les rues de Téhéran, ceux de Mousavi, convoqués via sms, entrent en choc avec la police. Ce qui va entraîner le jour d’après, la mise en suspens du réseau d’Internet et de téléphonie mobile, dans une tentative de ralentir la socialisation et la mobilisation des militants. Dans leur contre-attaque, des hackers [fouineurs offrent une adresse de mandataire via message direct sur Twitter, en reconnectant la cyberculture iranienne qui était demeurée sans accès aux services de téléphonie locale. À partir de là, l’Internet devient le lieu de l’information et du partage d’opinions sur l’insurgence iranienne. Le cas se transformera en paradigme dans l’histoire de la communication en démontrant que le récit des événements publics sur la Toile n’a nul besoin d’être en liaison avec les médias irradiés, il lui suffit d’être en phase avec la sphère de publication des publics des réseaux et des médias sociaux en ligne. Cette invention biopolitique a inauguré un nouvel emploi de la Toile, la couverture journalistique p2p des multimédias, en temps réel, fondée sur le hashtag [mot clé précédé d’un #, permettant de regrouper des tweets autour d’un sujet qui sera massifiée afin de décrire des micro-événements quotidiens et de grands événements internationaux. Sans qu’il s’agisse de participation, mais de construction de médias libres et autonomes.

Dans le Twitter, la foule opère en adoptant le hashtag[[Mot-clé qui fonctionne comme méta-donnée, stimulant l’agglomération de mises à niveau par les agents de recherche. Il montre à l’usager les mises à niveau en temps réel sur un sujet déterminé, ce qui facilite la lecture de tendances d’opinion sur le réseau. #iranelection. Ce sont 220 mille tweets/jour utilisant le mot-clé, distribuant photos, vidéos, textes, audios, toute une gamme d’enregistrements historiques qu’aucun groupe de médias ne possédait.

En peu de temps, le mouvement prit une ampleur telle que, révoltés contre le manque d’informations sur les événements véhiculés par CNN, les usagers eurent recours à un hashtag additionnel : le #cnnfail, en prenant à partie la chaîne de télévision américaine dans le calendrier médiatique de la foule. « Tiger Woods n’est pas l’histoire la plus importante du monde,aujourd’hui, #CNNfail »[[Traduction de “Tiger Woods is NOT the most important story in the world today #CNNfail” Sur le #cnnfail, accéder http://cnnfail.com/., affirmait l’abonné au twitter tuiteiro @lilobri, qui critiquait l’insistance de la chaîne à exploiter les scandales sexuels des USA, au lieu de couvrir largement les sujets globaux. Le #cnnfail fut le sous-produit de l’une des plus fortes craintes du biopouvoir en ligne, le commentaire. Sa fonction est généralement de révéler non seulement les omissions, mais aussi les positions politiques, historiques et de classe du pouvoir en réseau. Ce n’est pas sans raison que les médias traditionnels ne libèrent les commentaires que dans les reportages qui agitent les fascistes ou rassurent les naïfs. Dès que le commentaire a plus d’audience que le calendrier médiatique lui-même, les médias sont forcés de le mentionner, ou même de l’investiguer. Dans le cas de l’élection iranienne, comme ailleurs, la foule connectée exécute un panoptique inversé, où les cellules surveillent constamment la tour, disputant aux médias corporatives la primauté de la communication. Cette vigilance continue des cellules, dans une couverture multimédias, sert de purificateur de la construction sociale des événements dans la grande presse, à leur propre avantage, afin que celle-ci martèle les idées communes défendues par la foule.

En guise de Conclusion

L’expérience iranienne qui se répétera ailleurs, comme celles de #honduras, #michaeljacson, #forasarney, #haiti, a suscité un langage journalistique nouveau, le « hashtag storytelling», une sorte de Napster du récit de nouvelle, où les internautes ont accès à tout ce qui se publie en réseau, directement, de bas en haut, en participant à un grand panneau conversationnel et à une communauté virtuelle de nouvelles. Dans la pratique, le récit de nouvelles à partir de hashtags a servi à l’échange d’informations mutuelles, à l’organisation tactique des protestations, à la globalisation des faits, à la localisation de témoins/faits, à des récits multimédias d’enregistrements du quotidien, à la diffusion d’idéologies, à la conversation sociale et à la préparation des médias.

Les protestations en Iran ont été vaincues. Et il n’y a pas eu de révolution euphoriquement triomphante dans le monde occidental. Mais le bilan biopolitique a été celui de collaborer avec le paysage des multimédias qui passent au travers de l’« infra-censure » des contrôles et des blocages de réseau. Et différemment des véhicules traditionnels de la presse, qui sont des moyens d’information, la biopolítique de la foule en ligne a transformé les médias sociaux en médias de coordination. Plus encore, le « récit de plusieurs », grâce au hashtag, dépasse et réinvente la notion de breaking news. Il procure l’autonomie au modèle des médias en ligne, parce qu’il fait de la vie et de l’histoire les conducteurs du temps réel, sans paralyser le temps, mais en se l’appropriant et en le reterritorialisant par le récit qui coordonne l’action collective.

The Ontology of Freedom in Networks.

The War of Narratives on Internet and Social Struggles in Democracy

This article analyzes the political foundations of the discourses on freedom used by those who have been constructing the Internet over the past years. In order to understand the economy of power at stake on the Internet, we need to examine the collective narratives of the social movements perceived as laboratories for such power struggles.

As a social field where liberties are at stake, the Internet has seen a drastic reduction in the supply of freedom, because of new enclosures imposed by the logic of commodification. Castells has shown that the tools of web 2.0 will become major instruments of commodification in service of the accumulation of capital. The commons of free communication will be enclosed in order to trade people’s access to the network for their renouncing privacy and becoming target of advertising campaigns––a transformation linked to the new modes of governing freedoms in the age of biopower (Foucault).

In biopolitical modes of government, not only the body of the subjects, but also their environment, communications, knowledge and affects are submitted to power. A constant production of «risks» is in charge of reducing the agents’ independence and of spreading fear, thus making acceptable discourses and practices geared towards «safety», with separated communities and ghettoes as its side-products. Internet’s «profiling» sociality exemplifies a configuration which dilutes the commons, while valorizing individualism and the cult of the ego. The same logics is used to over-valorize «credible» information as a monopoly of majoritarian media and their gatekeepers, at the expense of a multiplicity of points of views emerging from countless blogs and social networks.

Freedom on the web, for those who want to make it a commodity for sale in the age of 2.0, is a negative form of liberty, regulated by copyrights and intellectual property, in agreement with big media’s dream of becoming vast manufactures of consent in charge of watching over everyone’s behaviour online. The fans’ culture which increasingly occupies the Internet, reproducing catchphrases, ads and clichés spread by the majoritarian media, within a global agenda they still tightly control, generate a vast tsunami which floods over the efforts for creative recombination and libertarian actions promoted by various mantras about the new freedoms of the Internet.

However, the reality of biopower’s dominance over the Internet should not lead us to join the apocalyptic chorus of those lamenting the absorption of life by Capital. The immaterial labor provided by the multitude is not exhausted by biopower’s attempts to capture and control it. Every process of domination ends up meeting its limits, which generate new forms of resistance. The notion of «biopolitics» refers to the various acts of resistance and counter-insurgence of lives which do not accept to be captured by control and which call for an economy of cooperation geared towards the maintenance of the commons within a legal public space––above and beyond the imposition of the State as the only regulator and guarantor exterior to the «anarchic» singularities of the multitude. Far from being an experiment in mere anarchy, biopolitics is an experiment in democracy geared towards rights which remain open and empowering forms of freedoms. As Toni Negri noted, it rests on the «the capacity of (immaterial) human labor to present itself as something which «exceeds» the limits imposed upon it».

The biopolitics of networks is a positive form of liberty: it is based on the users’ capacity to link their singularities, in ways which do not necessitate dispute, conflict or contradiction, resulting in ever wider fields of meanings for socio-political events. Commonplaces, stories, commentaries, analyses, pictures are intertwined in such networks, widening their capacity to produce meanings previously repressed by the logic of control enforced by (the online version of) traditional medias. This is where the status of television and other majoritarian medias needs to be drastically reassessed.

This status is currently located at a crossroad. On one side, the relations between television and its public is part of a major struggle, in order to decide if the viewers will remain consumers passively formed by the ads channelled through the media or if the users can actively participate in the products which shapes the public. On the other side, the relation between the subject and the truth contained (or not) in the media raises the problem of understanding in which measure and under which conditions the subject can question the choices offered (or not) by the media which shapes him, and thus participate in his own singularization.

Ontologie der Freiheit im Netz.

Krieg der Narrative und soziale Kämpfe im Internet

Der Artikel analysiert die politischen Grundlagen der Freiheitsdiskurse von jenen, die in den letzten Jahren am Aufbau des Internet beteiligt waren. Wenn wir verstehen wollen, wie die Machtökonomie des Internet funktioniert, so gilt es, die kollektiven Erzählungen der sozialen Bewegungen zu untersuchen, die als Laboratorien für Machtkämpfe gelten.

Das Internet als sozialer Raum, in dem es wesentlich um Freiheiten geht, sah sich einer drastischen Verminderung dieser Freiheiten gegenüber, als die Warenlogik neue Begrenzungen einforderte und durchsetzte. Manuel Castells hat gezeigt, dass die Tools des Web 2.0 maßgebliche Instrumente der Kommodifizierung im Dienst der Kapitalakkumulation sein werden. Die Allmende der freien Kommunikation wird eingehegt werden, um den Zugang zum Netz künftig daran knüpfen zu können, dass Nutzer zu Gunsten einer zielgruppenspezifischen Werbeansprache auf Datenschutz und Privatsphäre verzichten – eine Entwicklung, die im Zusammenhang mit den neuen Formen steht, wie Freiheiten im biopolitischen Zeitalter reguliert werden (Foucault).

In biopolitischen Regierungsformen sind nicht nur die Körper der Subjekte der Macht unterworden, sondern auch ihre Umwelt, ihre Kommunikationsformen, ihr Wissen und ihre Affekte. Durch die stetige Produktion von „Risiken« wird Angst geschürt und die Unabhängigkeit der Akteure so weit reduziert, dass „Sicherheits«-Diskurse und -Praktiken akzeptabel werden, die der Entwicklung von abgeschirmten Zonen und Ghettos Vorschub leisten. Die für das Internet typische Vergemeinschaftung über „Profiling«-Verfahren steht für eine Konstellation, in der Allmendegüter zugunsten von Individualismus und Egokult abwertet werden. Dieselbe Logik wird genutzt, um „glaubwürdige« Informationen zum Monopol der Mainstream-Medien und ihrer Gatekeeper zu stilisieren; auf Kosten der unzähligen Positionen, die uns aus den Blogs und sozialen Netzwerken erreichen.

Für jene, die sie im Zeitalter des Web 2.0 als Ware verkaufen wollen, ist die Freiheit im Netz eine negative Form von Freiheit. Sie ist von Copyrights und geistigen Eigentumsrechten reguliert und steht in Überstimmung mit dem Traum der Massenmedien, zu Konsensfabriken zu werden, die über das Onlineverhalten jeder einzelnen Person wachen. Das Internet wird zunehmend von Fankulturen dominiert, die Parolen und Klischees der Massenmedien reproduzieren. Nach Bewegungsgesetzen, die weiterhin von den Massenmedien gelenkt werden, überschwemmt eine Flut solcher Fan-Aussagen die Projekte, denen es um kreative Neuzusammenzusetzung geht und auch jene libertären Aktionen, die von den diversen Slogans der neuen Freiheiten im Netz motiviert werden.

Doch die Realität der biopolitischen Herrschaft im Internet sollte nicht dazu verleiten, sich dem Abgesang jener anzuschließen, die sich darüber beklagen, wie das Leben vom Kapital aufgesaugt wird. Die immaterielle Arbeit, die von der Multitude geleistet wird, erschöpft sich nicht in den Versuchen der Biomacht, sie einzufangen und zu kontrollieren. Jede Form der Herrschaft stößt auf ihre Grenzen, die neue Widerstandsformen produzieren. Der Begriff der „Biopolitik« verweist auf die verschiedenen Widerstandshandlungen und Revolten von Menschen, die nicht kontrolliert werden wollen. Sie verlangen nach einer kooperativen Ökonomie, deren juristischer Rahmen die Beibehaltung der Allmende ermöglicht: über den Staat als auferzwungener alleiniger Regulator und Garant der „anarchistischen« Singularitäten der Multitude hinaus. Weit mehr als ein anarchistisches Experiment, ist Biopolitik das Experiment einer Demokratie, die Rechte als offene und ermächtigende Freiheiten versteht. Wie Toni Negri bemerkt, beruht sie auf der „Fähigkeit der (immateriellen) Arbeit, sich als etwas zu geben, das die ihr gesetzten Grenzen ‚überschreitet’«.

Die Biopolitik von Netzwerken ist eine positive Form der Freiheit: sie gründet in der Kompetenz der Nutzer, ihre Singularitäten so zu vernetzen, dass sie – ohne dabei auf Disput, Konflikt oder Widersprüche angewiesen zu sein – stetig anwachsende Bedeutungsräume für sozio-politische Ereignisse schaffen. Gemeinplätze, Geschichten, Kommentare, Analysen und Bilder gehen in solchen Netzwerken ineinander über. Sie erweitern ihre Fähigkeit Bedeutungen zu produzieren, die zuvor durch die Kontrollmechanismen der (Webseiten der) konventionellen Medien unterdrückt wurden. Hier muss die Situation des Fernsehens und anderer Massenmedien drastisch neu bewertet werden.

Das Fernsehen ist gegenwärtig an einem Scheideweg angelangt. Einerseits ist die Beziehung zwischen dem Fernsehen und seinem Publikum Teil einer großen Auseinandersetzung darüber, ob die Zuschauer künftig passive Konsumenten bleiben, die von der Werbung in den Medien geprägt werden, oder ob die Nutzer aktiv an den Produkten, die die Öffentlichkeit prägen, teilhaben können. Andererseits wirft die Beziehung zwischen den Subjekten und der (Un-) Wahrheit in den Medien die Frage auf, in welcher Weise und zu welchen Bedingungen das Subjekt jene Wahlmöglichkeiten in Frage stellen kann, die von den prägenden Medien angeboten werden. Kann das Subjekt an seiner eigenen Singularisierung teilhaben?

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