Archives par mot-clé : colonial

#MeToologies ou les  ciseaux de Vanessa  Springora, par

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La démocratie d’Aung San Suu Kyi
Persistance d’un système ethnonationaliste et militariste en Birmanie, par

Restitutions de basse intensité, par , et

Restitutions de basse intensité
Le rapport Sarr-Savoy sur la restitution du patrimoine africain a provoqué controverses et crispations. Quels peuvent être les critères de restitution des objets ? Les modes d’acquisition, les usages dans le contexte culturel d’origine, les modalités de retour en Afrique ? Il s’agit ici de faire un pas de côté par rapport au débat sur le devenir des musées détenteurs de collections coloniales, particulièrement euro centré. La restitution n’est pas seulement le déplacement physique d’un artefact d’un musée à un autre, elle est un geste symbolique. Ainsi, dans les angles morts de la restitution formelle, cette Mineure recherche des formes alternatives de restitution de basse intensité, à partir desquels pourrait s’ouvrir de nouveaux horizons d’appropriation.

Low-intensity restitutions
The Sarr-Savoy report on the restitution of African heritage has caused controversy and tension. What can be the criteria for the restitution of objects? Modes of acquisition, uses in the original cultural context, modalities of return to Africa? The aim is here to take a step aside from the debate on the future of museums holding colonial collections, particularly Euro-centred. Restitution is not just the physical movement of an artefact from one museum to another, it is a symbolic gesture. Thus, in the blind spots of formal restitution, this Mineure seeks alternative forms of low-intensity restitution, from which new horizons of appropriation could open up.

Zone de contact autour d’histoires d’objets mal acquis, par

Zone de contact autour d’histoires d’objets mal acquis
L’association Alter Natives a voulu mobiliser autour des enjeux de la restitution d’objets africains des personnes peu enclines à fréquenter les musées qui les conservent. L’expérience se nomme Zone de contact/Objets d’ailleurs. Il s’agit pour des jeunes franciliens d’entrer dans les réserves des musées, de choisir certains objets d’origine non européenne, d’enquêter sur leur biographie pour savoir d’où ils viennent et d’être en mesure d’expliquer leur parcours au reste de la population. Dans ce projet de long terme, ancré sur des territoires divers, la restitution des objets mal acquis n’est donc pas le mobile principal. Ces actions permettent de tester des outils pour établir un autre type de rapport aux savoirs et développer une relation directe avec les populations dont sont issues ces objets, dans leurs pays d’origine, d’Afrique essentiellement.

Contact zone around stories of
ill-gotten objects
The Alter Natives association wanted to mobilize people who are reluctant to visit the museums that preserve them around the issues of the restitution of African objects. The experience is called Contact zone/Objects from elsewhere. It involves young people from the Ile-de-France region entering museum reserves, selecting objects of non-European origin, investigating their biography to find out where they come from and being able to explain their journey to the rest of the population. In this long-term project, anchored in various territories, the restitution of ill-gotten objects is therefore not the main motive. These actions make it possible to test tools to establish another type of relationship with knowledge and to develop a direct relationship with the populations from which these objects come, in their countries of origin, mainly in Africa.

Formes rapides de restitution, par

Formes rapides de restitution
La restitution des artefacts pillés lors des conquêtes coloniales ou abritées dans les musées « coloniaux » suscite des réactions antagoniques. Faut-il « tuer » le modèle du musée ethnographique, comme le préconise le président du Mali, ou bien purifier les collections témoins de pratiques génocidaires, en les radiographiant ou les cachant dans les réserves muséales, à l’abri des regards critiques ? La complicité entre le pouvoir académique et le principe d’inaliénabilité de la propriété muséologique rendent le processus de restitution particulièrement lent. Pour éviter que la restitution soit récupérée, des réponses rapides ont été conçues pour mieux correspondre aux imaginaires et pratiques de la jeunesse africaine: musée numérique, muséologie critique, institutions de culture populaire et restitution « en mode rapide ». Plutôt que de se focaliser sur des objets iconiques, la restitution en mode rapide cherche à revisiter l’ingéniosité traditionnelle précoloniale pour développer de nouvelles techniques, de nouvelles œuvres d’art et de nouveaux objets à finalité sociale et spirituelle.

Rapid response to restitution
The restitution of artefacts looted during the colonial conquests or housed in “colonial” museums provokes antagonistic reactions. Should the model of the ethnographic museum be “killed”, as advocated by the President of Mali, or should the collections that bear witness to genocidal practices be purified by X-raying them or hiding them in museum reserves, away from critical eyes? The complicity between academic power and principle of inalienability of museological property makes the restitution process particularly slow. In order to prevent restitution from being retrieved, rapid responses have been designed to better correspond to the imaginaries and practices of African youth: digital museums, critical museology, popular culture institutions and “rapid response”restitution. Rather than focusing on iconic objects, rapid mode restitution seeks to revisit traditional pre-colonial ingenuity to develop new techniques, new works of art and new objects with social and spiritual purposes.

L’affaire des « pouces coupés »
De la désuétude du musée moderne pour raconter le monde d’aujourd’hui, par

L’affaire des « pouces coupés »
Dispositif non pas d’exposition mais de communication, la « Konkomba Memory Box » est présentée simultanément dans une localité konkomba, à Nawaré au Togo, et au Rautenstrauch-Joest Museum à Cologne, dans le cadre de l’exposition « Resist – Die Kunst des Widerstands (L’art de la résistance) », du 6 novembre 2020 au 14 avril 2021. Ce cadre muséal hors-les-murs n’est pas simplement le réceptacle des informations collectées au cours d’une enquête sur l’actualité du passé colonial, et notamment de sa violence, mais il est aussi l’outil d’une exploration, dont la forme est élaborée, appropriée, discutée et recomposée par l’ensemble des participants, et surtout, par ceux qui aujourd’hui, font leur ce récit. L’affaire des « pouces coupés » illustre bien cette démarche. Il s’agit du débat sur la restitution d’un membre fantôme, celui du pouce de la main droite des archers konkomba dont les descendants actuels affirment qu’il a été amputé par les milices coloniales allemandes (Von Massow) puis françaises (Massu).

The case of the “severed thumbs”
The “Konkomba Memory Box” is not an exhibition but a communication device. It is presented simultaneously in a Konkomba locality in Nawaré, Togo, and at the Rautenstrauch-Joest Museum in Cologne, as part of the exhibition “Resist – Die Kunst des Widerstands (The Art of Resistance)”, from November 6, 2020 to April 14, 2021. This off-the-wall museum setting is not simply a receptacle for information gathered in the course of an investigation into the current events of the colonial past, and in particular its violence, but is the very tool of an exploration whose form is elaborated, appropriated, discussed and recomposed by all the participants, and above all, by those who, today, make this narrative their own. The “severed thumbs” case is a good illustration of this approach. It concerns the debate on the restitution of a phantom limb, that of the thumb of the right hand of the Konkomba archers whose current descendants claim that it was amputated by the German (Von Massow) and then French (Massu) colonial militias.

De la conServation à  la  conVersation
Le pari de la carte blanche, par

De la conServation à la conVersation
Le pari de la carte blanche
Nanette Snoep, alors directrice du Grassi Museum für Völkerkunde zu Leipzig (2015-2019) et aujourd’hui à la tête du Rautenstrauch Joest Museum – Kulturen der Welt à Cologne, revient dans cet article sur l’exposition « Megalopolis – Les voix de Kinshasa » (2018) qu’elle accueillit à Leipzig, et sur la manière dont son organisation fut conçue pour donner carte blanche aux commissaires Eddy Ekete et Freddy Tsimba, artistes plasticiens congolais. Les difficultés inhérentes à l’organisation encore dominante aujourd’hui du musée ethnographique, la nécessaire et urgente participation d’acteurs culturels issus des pays d’où proviennent les collections ethnographiques invite à revisiter structurellement son fonctionnement. Comment les musées peuvent-ils devenir des lieux effectifs de décolonisation du savoir et des narrations ? Qui parle et qui parle à qui ? Et comment ? Au lieu d’être un musée confiné à l’exclusive conServation, il devrait se dédier davantage à la conVersation, dans un forum où les objets nous parlent et où les gens se parlent.

From conServation to conVersation
The bet of the carte blanche 
Nanette Snoep, then director of the Grassi Museum für Völkerkunde zu Leipzig (2015-2019) and now head of the Rautenstrauch-Joest Museum – Kulturen der Welt in Cologne, looks back in this article on the exhibition “Megalopolis – Voices from Kinshasa”(2018) that she hosted in Leipzig and how its organisation was designed to give curators Eddy Ekete and Freddy Tsimba carte blanche. The difficulties inherent in the ethnographic museum’s organization, which is still dominant today, and the necessary and urgent participation of cultural actors from the countries from which the ethnographic collections originate, call for a structural revision of its functioning. How can museums become effective places for the decolonization of knowledge and narratives? Who speaks and who speaks to whom? And how? Instead of being a museum confined to exclusive conServation, it should be more dedicated to conVersation, in a forum where objects speak to us and people speak to each other.

Les Européens se jouent-ils à nouveau des  Africains ?, par

Les Européens se jouent-ils à nouveau des Africains ?
Les Européens semblent se jouer à nouveau des Africains, mais avec des armes différentes des fusils utilisés pendant conquêtes et colonisations. L’ambigüité entretenue autour du terme « restitution » par les musées européens, en particulier allemands et britanniques, en constitue un exemple frappant. Par restitution, ils entendent souvent prêts temporaires ou permanents d’objets d’art africains. Car, admettre la restitution définitive de ces objets revient à reconnaître la réalité des raids et pillages coloniaux ainsi que le génocide de certains peuples. Des excuses juridiques sont également avancées. Kwame Opoku considère qu’il n’y a pas de difficulté juridique s’il y a volonté de faire.

Are the Europeans outmanoeuvring Africans again?
The Europeans seem to outmanoeuver the Africans again, but with different weapons from the rifles used during conquests and colonization. The ambiguity surrounding the term “restitution” in European museums, particularly German and British museums, is a striking example of this. By restitution, they often mean temporary or permanent loans of African artefacts. For to admit the definitive restitution of these objects is tantamount to acknowledging the reality of colonial raids and looting as well as the genocide of certain peoples. Legal excuses are also put forward. Kwame Opoku considers that there is no legal difficulty if there is a will to do so.

Le voyage chamanique au  tambour
Des traditions mongoles aux  thérapies du  troisième  millénaire, par

Le voyage chamanique au tambour
Des traditions mongoles aux thérapies du troisième millénaire
Dans le chamanisme occidental, riche de multiples cosmologies syncrétiques, hybrides et multiculturelles, l’apprenti construit sa propre cosmologie par une succession d’interprétations de ses expériences cognitives et perceptuelles qui le constituent en tant que « chamane ». Les stages, initiations et diverses expériences tendent à la fabrication de ce corps chamanique capable de se mettre en contact et d’interagir, dans une relation volontaire et maîtrisée avec les autres mondes, qu’ils soient vécus comme extérieurs ou intérieurs à soi, mondes autres, parallèles ou faisant partie d’une intériorité élargie. Cet article propose une anthropologie des ressentis et des images intérieures associée à une analyse des techniques du corps dans le champ des études sur le chamanisme.

The shamanic drum journey
From Mongolian traditions to therapies of the third millennium
In western shamanism, rich in multiple syncretic, hybrid and multicultural cosmologies, the learner builds his own cosmology through a succession of interpretations of his cognitive and perceptual experiences that constitute him as a “shaman”. The internships, initiations and various experiences tend to the fabrication of this shamanic body able to get in contact and to interact, in a voluntary and controlled relationship with the other worlds, whether experienced as external or internal to oneself, other worlds, parallel or part of an enlarged interiority. This article proposes an anthropology of feelings and inner images associated with an analysis of body techniques in the field of studies on shamanism.

Des génies accueillants  au Laos, par

Des génies accueillants au Laos
Au Laos, pays majoritairement bouddhiste, toujours dirigé par un État-parti communiste rigide et répressif, les cultes aux génies continuent à se développer et se transforment, en réponse aux contraintes vécues par la population et à ses désirs d’y échapper. La dimension de refuge des cultes et en même temps, d’échappement imaginaire par le haut à des oppressions de toutes sortes, en est un trait récurrent, manifeste en particulier dans les années quatre-vingt-dix dans l’exaltation des figures royales, opposées aux cadres politiques rendus impuissants de l’État-parti communiste. Aujourd’hui les homosexuels masculins trouvent désormais dans les cultes aux génies, en perpétuel remaniement tant au plan des pratiques que des élaborations des personnages mythiques, une atmosphère accueillante, très séduisante en regard des barrières auxquels ils se heurtent dans la vie quotidienne. Les cérémonies se présentent alors, en résonance avec les images en provenance de Thaïlande, comme des dépassements possibles en phase avec un contexte de globalisation idéologique où les plateaux LGBT rayonnent de leurs potentialités libératoires.

Welcoming geniuses in Laos
In Laos, a predominantly Buddhist country, still run by a rigid and repressive communist party-state, cults devoted to genius continue to develop and transform in response to the constraints faced by the population and their desire to escape. The shelter dimension of the cults and, at the same time, an imaginary escape from the top to oppressions of all kinds, is a recurring feature, manifested particularly in the nineties in the exaltation of the royal figures, opposed to the impotent political frameworks of the communist party-state. Today, male homosexuals find in cults to geniuses, in perpetual shuffling both in terms of practices and elaborations of mythical characters, a welcoming atmosphere, very attractive compared to the barriers they face in everyday life. The ceremonies present themselves, in resonance with the images coming from Thailand, as possible overtaking in phase with a context of ideological globalization where the LGBT plateaux radiate their liberating potentialities.

Est-il trop tard pour l’effondrement ?, par , et

Est-il trop tard
pour l’effondrement ?
Cette introduction invite à décadrer et à recadrer la thématique de l’effondrement, popularisée et médiatisée par la théorie dite « collapsologie », vers le plan des acteurs, des terrains, des temporalités, et des régimes d’énonciation. Nous appelons à documenter empiriquement ce que fait l’effondrement, et ce qu’en font celles et ceux à qui cette idée « fait » quelque chose. En effet, l’effondrisme pose la question des façons de se positionner non pas uniquement par rapport à une théorie, mais également par rapport à des expériences individuelles et collectives. Le dossier vise à comprendre comment la réception de la « collapsologie » donne lieu à des jeux complexes entre désemparement et capacités d’agir. L’atterrissage sur un sol anthropocénique de plus en plus critique mérite une décisive discussion collective. L’hypothèse de cette majeure est que les expériences effondristes ont une valeur d’expérimentation à cet égard, notamment en créant un zone discursive et praxique où des cultures et des expériences politiques différentes sont amenées à se rencontrer et à collaborer.

Is it too late for collapse?
This introduction invites the reader to displace and reframe the theme of collapse—which currently receives heavy media coverage—towards a sociological approach to the actors, the places, the temporalities and the regimes of discourse. We claim the need empirically to document what collapse does to people, what people do with it, once they are touched by this idea. Collapsology calls for people to position themselves not only in relation to a theory but, more importantly, in relation to individual and collective experiences. This issue attempts to understand how the reception of collapsology provides a location for complex interplays of disarray and empowerment. Landing on an and ever more critical Anthropocenic ground deserves collective discussion. This issue promotes the hypothesis that collapsological experiences provide occasions for experimentations, by creating discursive and practical zones where different political cultures and practices can meet and collaborate.

De la pluralité des fins du monde : les voies de la science-fiction, par et

De la pluralité des fins du monde :
les voies de
la science-fiction
Des effondrements, la science-fiction en recèle de nombreuses formes et pour une large variété de mondes. Considérer ces immenses productions de romans et de nouvelles, de films, de séries télévisées ou de jeux vidéo comme une simple manifestation d’anxiété ou de désespoir face à notre avenir serait très réducteur. Elles nous familiarisent avec l’éventualité du pire, dans la tradition des « dystopies » ou utopies négatives, mais elles nous permettent surtout d’accorder une visibilité aux conditions d’organisation de collectifs, aux dilemmes moraux pouvant résulter de certaines situations d’effondrement. Le genre SF propose des prototypes et prototopes du futur – de l’ordre de l’exercice de pensée, du dispositif expérimental nous plongeant, via des personnages, décors et situations inventées, dans les si humaines complexités de mondes potentiels de notre « à venir ».

Experiencing the Collapsological Plurality of Science-Fiction
Science-fiction contains many forms of collapsing, relative to a wide variety of worlds. To consider this immense production of novels and short stories, movies, television series or video games as a simple manifestation of anxiety or despair in the face of our future would be very reductive. They familiarize us with the possibility of the worst, in the tradition of «dystopias» or negative utopias, but they also allow to give visibility to the organizational conditions of collectives, to elaborate on moral dilemmas that may result from certain situations of collapse. The SciFi genre proposes prototypes and “prototopes” of the future—as thought-experiments, by plunging us, through characters, sets and invented situations, into the human complexities of potential worlds of our yet to come.

Multitudes