Archives par mot-clé : économistes

L’automation intellectuelle, la mort de l’emploi et le revenu de pollinisation, par

L’automation intellectuelle,
 la mort de l’emploi et le revenu 
de pollinisation

Les discours lénifiants promettant de résoudre tous les problèmes sociaux et écologiques par une « reprise de la croissance », synonyme de « retour au plein emploi », sonnent de plus en plus creux. Nous vivons une deuxième vague de déploiement du capitalisme cognitif, caractérisée par l’automatisation de tâches intellectuelles bien plus complexes, dont les études les plus sérieuses montrent qu’elle annonce une explosion spectaculaire des chiffres du chômage (jusqu’au sein des classes les mieux éduquées). Les leçons de la première vague d’industrialisation du début du XIXe siècle enseignent que seuls des combats idéologiques et politiques peuvent conduire les logiques économiques à s’adapter à ces nouvelles dynamiques. Les mesures préconisées depuis 15 ans par Multitudes (revenu universel garanti, taxe pollen, réforme de l’éducation) sont plus urgentes que jamais.

Intellectual Automation, Death of Employment and Pollination Income


« Back to growth » and « Back to full employment » mantras have lost all traction on our economic realities. We are in the middle of a second wave of cognitive capitalism, which automatizes much higher forms of intellectual work. Analysts forecast massive increases in unemployment, especially among highly educated segments of the population. Lessons drawn from the first industrialization, at the beginning of the 19th century, show that only ideological and political struggles can push the economy to adapt to such new dynamics. The measures promoted by Multitudes over the last 15 years (universal guaranteed income, pollen tax, reformation of the educational systems) appear more urgent than ever.

L’intangible et l’inestimable Les biens immatériels, le marché et le sans prix, par

L’intangible et l’inestimable
Les biens immatériels,
le marché et le sans prix
Tandis que les biens matériels sont relativement aisés à évaluer parce qu’ils sont tangibles et quantifiables, les biens immatériels (ou « intangibles ») demandent une méthode plus complexe d’évaluation. Ainsi en va-t-il des savoirs, des services, des productions de l’esprit et de la culture en général. Il existe en effet un marché de tels biens et cela depuis qu’il existe des échanges marchands. Trois opérations le permettent : l’évaluation par unités mesure, le formatage des activités, l’échange ou le partage de ces biens. Mais au-delà de ces biens immatériels évaluables sur un marché, il y a des biens ou plutôt des valeurs qui ne le sont pas et ne le seront jamais ; ils ont rapport au talent, au don, à la confiance, à la dignité – bref à l’inestimable.

The Intangible and the Priceless
Immaterial Goods, Market and the Beyond-Pricing
Whereas the value of physical goods is relatively easy to assess, because they are tangible and quantifiable, intangible goods require a more complex mode of assessment. This is the case of forms of knowledge, services, intellectual products, and culture in general. There is a market for such goods, one as old as are commercial exchanges. Three operations make this possible: assessment through the use of units of measurement, the formatting of activities, and the exchange or sharing of the goods involved. Yet, beyond those intangible goods whose valued can be assessed in a marketplace, there are other goods−or rather values−that can never be assessed. They have to do with talent, giving, trust, dignity−that which is priceless.

Entretien avec François Godement (Asia Centre), par et

Les questions ouvertes par vos correspondants ont été refermées depuis la fin de 2012. Le Parti et l’État sont parvenus à mettre la conjoncture économique sous contrôle au prix d’un renforcement de la censure, d’un étouffement des mouvements sociaux et d’un semblant de redistribution. Mais pour la Chine, l’essentiel, ce sont les marchés extérieurs. Une économie dans laquelle les ménages épargnent la moitié de leurs gains n’est pas fondée sur la consommation de masse. C’est l’État qui a su gérer la formidable augmentation des investissements dans les infrastructures et le bâtiment, dont profite surtout l’élite. La question de l’environnement est nouvelle et fait peur ; elle est traitée en termes de responsabilité individuelle.

Interview with François Godement
The questions raised by the previous contributions have been closed to public debate since the end of 2012. The Party and the State manage to keep their grip on the economic situation thanks to a strengthening of censorship, repression on social movements and an appearance of redistribution. What is essential for China, however, are the foreign markets. An economy where households save half of their income is not based on mass consumption. The State was successful in managing the tremendous expansion of investments in infrastructure and real estate, to the advantage of a small elite. Environmental issues are new and generate many fears, mostly to be treated on the basis of individual responsibility.

Les ONG mexicaines de genre, par

Après deux décennies de globalisation politique, normative et économique, les pratiques des ONG mexicaines, ont connu un mouvement centripète puis un retour centrifuge sur le local, presque obligé. Leur projection dans des enjeux planétaires n’est pas contestable vu le nombre de militant-e-s qui ont participé aux conférences onusiennes pivotales du Caire (1994) et de Pékin (1995). Cependant elle a été suivie d’un «retour» au local brutal pour des dizaines, voire centaines d’organisations qui ont vu se tarirent la masse de grants des fondations étasuniennes et de l’USAID. Pour les grandes ONG de la capitale, il a été possible de dégager 20 à 25 % des revenus de services payants et de donner ainsi des gages de «bonne conduite» économique aux bailleurs philanthropiques. Pour l’immense majorité des ONG du pays qui participèrent à ce mouvement, le repli sur des situations précaires de sous-traitances n’a fait qu’ancrer toujours plus les militant-e-s dans les jeux politiques partisans locaux et les ont d’autant plus éloignées de l’idéal de gouvernance démocratique nord-américaine.

Mexican Gender NGOs

Following two decades of political, normative and economic globalization, the practices of Mexican NGOs went through a period of centripetal and then, almost against their will, back to centrifugal, local-centered, movement. Their role in planetary issues is undeniable, considering the number of activists who took part in the pivotal UN conferences in Cairo (1994) and Beijing (1995). But this was followed by a “return” to local affairs that was brutal for tens, or even hundreds of organizations who saw the bulk of the grants they received from American foundations and USAID dwindle. The larger NGOs, based in the capital, were able to draw 20 to 25% income from paid services and therefore give their philanthropic donors proof of “good economic behavior”. For the overwhelming majority of the country’s NGOs drawn into this movement, having to go back to precarious sub-contracting situations anchored the activists ever more in local partisan political games, and brought them even further away from the North American ideal of democratic government.

Multitudes