Archives par mot-clé : robots

Les robots oscillent entre vivant et inerte, par

Les robots oscillent entre vivant et inerte

Il est impossible d’ouvrir un dossier consacré à la robotique sans rencontrer de multiples prophéties annonçant dans un futur proche que nous vivrons entourés de robots anthropomorphes ou zoomorphes et que nous nous machinerons par des voies que nous ne pouvons pour le moment qu’entrevoir. Peut-on envisager une approche de la robotique un peu moins prophétique et donc décevante, un peu plus pragmatique et donc plus surprenante, un peu plus réflexive et donc habitée par un principe de précaution ? Faut-il continuer à faire passer les machines pour autre chose que ce qu’elles sont ou doit-on arrêter de les prendre pour ce qu’elles ne sont pas (des animaux, des humains) ? Faut-il considérer qu’elles constituent un « règne » à part entière, à côté du minéral et du végétal, ou bien faut-il continuer de les reléguer dans l’instrumental, ce grand bazar ? Ce « manifeste » reprend quelques-unes des observations faites par ceux qui, dans le champ de l’anthropologie principalement, observent la « révolution robotique », suivent ses essais d’expérimentation/implémentation et abordent la diversité des interactions homme-machine avec les outils de l’enquête de terrain.

Robots Oscillate Between the Inert and the Living

Impossible to discuss about robotics without stiring many prophecies announcing that we will live surrounded by zoomorphic or anthropomorphic robots and transform ourselves in ways we can not yet imagine. Is it possible to adopt a slightly less prophetic approach, a little more pragmatic and therefore more surprising, a bit more reflective and thus inhabited by a precautionary principle? Should we continue comparing or assimilating machines with other kinds of beings (animals, humans) ? Should we accept that they are a « reign » in itself, next to the mineral, the vegetal or should we continue to relegate them into the instrumental, this big bazaar ? This manifesto summarises some of the observations made by anthropologists who observe the « robot revolution » with ethnographic tools, following experimental processes/implementation tests and the very concrete situations of interaction in which robots can be experienced.

Le Cobot, la coopération entre l’utilisateur et la machine, par

Le Cobot, 
la coopération entre l’utilisateur et la machine

En 1996, le terme de « cobot », 
contraction de « robotique collaborative », apparut sous la plume de deux chercheurs américains travaillant pour l’industrie automobile. Il s’applique aujourd’hui à un nouveau champ de la recherche en robotique, la « cobotique », qui s’attache à concevoir des machines asservies ou pseudo-autonomes susceptibles d’être utilisées au sein d’un environnement humain. Le cobot se différencie donc essentiellement du robot par son absence d’autonomie puisque, par définition, il ne peut pas fonctionner sans l’action d’un opérateur. L’approche collaborative, tout en dépassant la simple « utilisation » qui pourrait être faite d’un outil, valorise le travail de l’humain et laisse présager d’une meilleure acceptabilité sociale du cobot, qui n’aurait pas pour vocation de remplacer l’homme, mais de l’épauler.

The Cobot : a New Form of Human-Machine Interaction

An abbreviation for « Collaborative Robotics », the term cobot was coined in 1996 by two American researchers working for the car industry. It refers to a new field of research – cobotics – which designs pseudo-autonomous or servant machines to be used in human environment. A cobot differs from a robot insofar as it cannot function without the action of a human operator. This collaborative approach goes beyond the mere « use » to be made of a tool : it valorizes human labor and makes the cobot a more acceptable partner, since it does not lead to the replacement of the human, but to his assistance.

Réguler les robots-tueurs, plutôt que les interdire, par et

Réguler les robots tueurs, plutôt que les interdire

Les futurs systèmes d’armes létales autonomes (LAWS selon leur acronyme anglais), aussi appelés « robots tueurs », seront-ils une menace pour l’humanité ? Dans cet article de proposition prescriptive, nous soutenons qu’ils ne privent pas les humains de leurs responsabilités. Au contraire, ils augmentent notre capacité à leur faire rendre des comptes de leurs crimes de guerre, même si leur diffusion et leur utilisation doivent impérativement être réglementées par des organisations étatiques et internationales. Le moment actuel est crucial pour mettre en place un accord international sur leurs réglementations, alors même que le développement et les applications de ces technologies font débats. La peur largement partagée que suscitent ces robots tueurs est à nos yeux infondée: il faut plutôt considérer leur arrivée comme une bonne nouvelle.

Regulate Killer Robots instead 
of Banning Them

Will future lethal autonomous weapon systems (LAWS), or « killer robots », be a threat to humanity ? In this policy paper, we argue that they do not take responsibility away from humans ; in fact they increase the ability to hold humans accountable for war crimes – though their distribution and use must be regulated by state and international agencies. We argue that now is a crucial time to ensure an agreement on regulation, while development, application and use of these technologies are under debate. The widespread fear of killer robots is unfounded : they are probably good news.

Les robots sont des personnes comme les autres. Changer notre regard pour ne pas subir l’automatisation, par

Les robots sont des personnes comme les autres

Tout un symbole : Vital est le sixième membre du conseil d’administration de la société hongkongaise Deep Knowledge Ventures, alors qu’il n’est qu’un simple algorithme. Qu’il s’agisse de logiciels et d’objets dits intelligents ou de robots humanoïdes comme Pepper, Romeo et Nao, nous allons devoir apprendre à travailler bien sûr, nous amuser, être soignés mais aussi dialoguer avec ce genre de machines. Gare à ne pas les sous-estimer ! Qu’elles aient été conçues par un être d’os et de chair ne les empêchent pas d’être nos interlocuteurs. Certaines d’entre elles ne devraient-elles pas être considérées demain comme de vraies « personnes non humaines », selon le terme auquel a droit, depuis un procès de fin décembre 2014, l’orang-outan Sandra du zoo de Buenos Aires ?

Robots are People like You and Me

Vital, an algorithm, was elected as the sixth board member of the Honk Kong firm Deep Knowledge Ventures. Software, « intelligent objects », humanoid robots like pepper, Romeo and Nao: we will have to learn to work, talk and play with them, but also to be treated and cared for by this new type of machine. Let’s not underestimate them ! The may have been designed by humans, but they are nevertheless called to become our daily partners – and some of them may have to be considered as true « non-human persons », following the legal category crafted in 2014 for Sandra, the orangutan living in Buenos Aires zoo.

L’automation intellectuelle, la mort de l’emploi et le revenu de pollinisation, par

L’automation intellectuelle,
 la mort de l’emploi et le revenu 
de pollinisation

Les discours lénifiants promettant de résoudre tous les problèmes sociaux et écologiques par une « reprise de la croissance », synonyme de « retour au plein emploi », sonnent de plus en plus creux. Nous vivons une deuxième vague de déploiement du capitalisme cognitif, caractérisée par l’automatisation de tâches intellectuelles bien plus complexes, dont les études les plus sérieuses montrent qu’elle annonce une explosion spectaculaire des chiffres du chômage (jusqu’au sein des classes les mieux éduquées). Les leçons de la première vague d’industrialisation du début du XIXe siècle enseignent que seuls des combats idéologiques et politiques peuvent conduire les logiques économiques à s’adapter à ces nouvelles dynamiques. Les mesures préconisées depuis 15 ans par Multitudes (revenu universel garanti, taxe pollen, réforme de l’éducation) sont plus urgentes que jamais.

Intellectual Automation, Death of Employment and Pollination Income


« Back to growth » and « Back to full employment » mantras have lost all traction on our economic realities. We are in the middle of a second wave of cognitive capitalism, which automatizes much higher forms of intellectual work. Analysts forecast massive increases in unemployment, especially among highly educated segments of the population. Lessons drawn from the first industrialization, at the beginning of the 19th century, show that only ideological and political struggles can push the economy to adapt to such new dynamics. The measures promoted by Multitudes over the last 15 years (universal guaranteed income, pollen tax, reformation of the educational systems) appear more urgent than ever.

Le nouveau paradigme de la surveillance, par

Entretien

Éric Sadin évoque au cours d’un entretien en deux parties, l’apparition récente et historiquement inédite d’un « bouillon de culture » favorable à l’instauration et à l’intensification progressive de techniques dressées en vue de pénétrer les comportements. Il décrit ce composé comme étant formé – 1/d’une architecture technologique sophistiquée – 2/d’un environnement géopolitique instable qui situe désormais la collecte de données comme le socle stratégique décisif – 3/d’une science marketing qui ambitionne de deviner en amont les désirs des consommateurs grâce à l’analyse des traces numériques disséminées par nos actions quotidiennes. La portée des incidences anthropologiques, politiques, sociales, juridiques, induites par cette « maille globale » est explorée dans la spécificité de chacune de ces dimensions autant que dans leurs complexes interactions.

The New Paradigm of Surveillance and Big Brother does not Exist (although He’s Everywhere)

In an interview in two parts, Éric Sadin analyzes the new conditions which make possible the intensification of various techniques devoted to the penetration of our behaviors. These conditions are 1) a sophisticated technological architecture, 2) a geopolitical environment which provides the collection of data with crucial strategic stakes, and 3) marketing techniques which track, compute and guess consumer behaviors. The anthropological, political, social and judicial implications of this tracking, computing and guessing are countless.

Contre l’hégémonie de Google Cultivons l’anarchisme des connaissances, par

Dans cet échange, Karlessi, membre du groupe Ippolita, souligne l’existence d’une face obscure de Google qui, à l’aide de « cookies », parvient à créer une technique de plus en plus fine de profilage des internautes. Cette somme d’informations se constitue afin de permettre la mise en relation de l’individu avec une publicité de mieux en mieux ciblée. Cette technique de saisissement de l’internaute s’accompagne aussi d’un appauvrissement des formes d’investigation de ce dernier, de plus en plus soumis au moteur de recherche et à son hégémonie sur le Net. C’est la raison pour laquelle la démarche collective d’Ippolita propose de sortir de la passivité vis-à-vis de la technologie et d’inventer d’autres formes de relation à la technique, ainsi qu’entre les êtres. Les « scookies » sont ainsi une de leurs propositions pour brouiller les pistes de ce fichage par Google, en permettant aux internautes d’échanger leurs « cookies ». Démarche tournée vers une quête : celle de faire de nous tous des poètes !

let’s promote Knowledge Anarchism
In this conversation, Karlessi, a member of the group Ippolita discusses the darker face of Google, which, with the help of cookies, finds ever finer ways to profile Internet users. The information is gathered in order to allow for a close match between advertisement and the individual targeted. This leads to an impoverishment of research in the Net, increasingly submitted to the hegemony of a single search engine. For this reason, Ippolita proposes a new form of agency through the use of « scookies », which allow Internet users to exchange their cookies and erase all the traces that allow Google to profile them. Ultimately, the intention is to make a poet out of each one of us !

La mutation androïde de Google : radiographie d’un imaginaire en actes, par

Au-delà de sa technique et de ses usages, qui se veulent modestes, Google a pour carburant un imaginaire démentiel, héritier de l’intelligence artificielle forte de la fin des années 1950. Son symbole pourrait en être la « Singularity University », université d’été qu’il finance à partir de juin 2009 et qui tourne autour du concept de « singularité », développé par le techno-prophète et « transhumaniste » Ray Kurzweil. Selon ce dogme, la vie tient non à la matière mais à son organisation, donc à l’information. L’imaginaire de Google, tel que porté également par sa plate-forme open-source Android pour terminaux mobiles, aboutit à la vision, d’ici une ou deux générations, d’agents personnels d’information de l’ère « Post PC ». Ou encore à une IA Google qui « vivrait » en quelque sorte au travers de personnes robotiques, anges gardiens qui connaitraient tout de nous et pourraient devenir (sans rire) nos « meilleurs amis »…

The mutation of Google android
In addition to its technology and its uses, which are claimed to be modest, Google’s fuel is an insane imagination, heir to the artificial intelligence of the late 1950s. Its symbol could be the «Singularity University», a summer school it funds since June 2009 and which revolves around the concept of «singularity», developed by the techno-prophet and «transhumanist» Ray Kurzweil. According to this dogma, life is not about matter but about its organization, which is information. The imaginary world of Google, and also of its open-source platform for mobile devices called Android, leads to the vision of a post-PC era of personal information agents in one or two generations. Or even to an AI era where Google will « live » in some way through robotic persons, guardian angels who know all of us and could be (no pun intended) our “best friends” …

Multitudes