65. Multitudes 65. Hiver 2016
Mineure 65. La sensibilité urbaine des images filmiques

Une image sonnante des urbanités sensibles. Fiction / politique.

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Cette Mineure entend, à partir d’objets audiovisuels divers mettant en scène la ville (docu-fictions de vidéastes, films de l’industrie du cinéma, séries TV, documentaires scientifiques), interroger le rapport que ces objets créent (suggèrent / permettent / …) entre des configurations sensibles – spécialement sonores, sans s’y limiter – et notre perception de ce qui compte.

Par perception de ce qui compte, nous visons à ouvrir (et laisser ouverte) une boîte dans laquelle préoccupations morales et politiques s’entremêlent, se nourrissent réciproquement ; et nourrissent la question de la possibilité d’un « commun », préoccupation centrale dans les villes contemporaines. En passer par des objets audiovisuels pour aborder cette question signifie les doter d’une capacité particulière à augmenter notre compréhension de la complexité de la vie urbaine.

De la même manière, par configurations sensibles, nous pointons le fait qu’une large part de la vie urbaine se situe dans et se déploie à partir de l’attention perceptive : qu’il s’agisse, de manière élémentaire, de l’attention à l’environnement (matériel, construit, aussi bien que social – les co-présents –, etc.) ; ou, de manière plus spécifique, de l’attention à ce qui nous relie et/ou à ce à quoi nous tenons. Ces thématiques sensibles et leurs liens avec les urbanités, largement balisés par toute une tradition de la philosophie (e.g. : G.H. Mead) comme de la sociologie (e.g. : R.E. Park, E. Goffman, I. Joseph), gagneraient à être revisitées à partir d’objets audiovisuels, afin de mieux revenir sur leur dimension proprement sensible – souvent oubliée. Dans ce cadre, la focalisation (non exclusive) sur le sonore proposée ici vise moins à « combler un manque » (qui ne serait dans tous les cas que très relatif ; cf. le développement actuel des Sound Studies) qu’à permettre de recentrer le propos sur la nature radicalement synesthésique de l’expérience « audio-visuelle » (alors que les commentaires traitent principalement sa seule dimension visuelle).

Au final, ces « fictions » mettent en scène un commun en tant qu’objet de travail permanent, jamais fixé, et d’un travail de l’attention (perceptive, et donc morale et/ou politique).

Le but est par conséquent, dans la lignée des travaux récents sur l’économie de l’attention mais dans une perspective différente, de s’attacher à approfondir la part proprement perceptive / sensible de ces urbanités, et leur portée politique et/ou morale.