Les messages – à l’origine destinés à l’Internet, et repris ici pour composer un texte – ont été, d’abord, des bouteilles à la mer… Puis un sont devenus une type bizarre d’écrit, qui brouille la frontière entre correspondance privée et débat public, ce qui fait un peu penser à l’ancienne tradition épistolaire, une sorte de sténographie réflexive d’un mouvement absolument imprévisible et de notre exaltation à y participer.
Sommières, dans le Gard
Le 31 JANVIER, occupation de l’inspection académique de Nîmes par les enseignants du premier degré; le mouvement mord immédiatement et s’étend dans les écoles, les gens se mobilisent et surprise, les parents participent activement. Grandes AG journalières à Nîmes, Alès, etc., en alternance avec les assemblées de secteurs et de village, ou le retour sur le terrain pour consolider et étendre le mouvement au niveau local.
SAMEDI 5 FEVRIER, 5000 manifestants à Nîmes qui réclament 500 postes pour le Gard. LUNDI 7 FEVRIER, à 5h10 du matin, les CRS vident les occupants à Nîmes. Occupation de l’IUFM, à Nîmes. Toute la semaine, crescendo, d’autres écoles s’y mettent et démarrage du secondaire. L’Hérault qui était un peu en retard sur le mouvement rattrape doucement le Gard. VENDREDI 11 tombent les chiffres de répartition de la carte scolaire : 78 postes pour l’ensemble de l’Académie, plus des emplois jeunes « Ils se foutent de nous! »
SAMEDI 12 FEVRIER, le recteur Bloch reçoit les délégués de la manifestation de Nîmes alors que ça gronde sous les fenêtres de la préfecture et réaffirme que le gouvernement dit « non » à l’ouverture de négociation. Des centaines d’écoles sont immobilisées par les parents dans le Gard et l’Hérault, les instits et maintenant de nombreux profs du secondaire, sont en grève et utilisent des formes originales de lutte, grèves tournantes pour participer aux AG, pression pour mettre en place des garderies municipales, blocage des routes et parfois des voies ferrées. C’est extraordinaire comme personne ne s’embarrasse de mots, de grandes argumentations : « Ne nous prenez plus pour des cons. Votre logique comptable, on s’en fout. La nôtre est différente, elle s’inscrit dans la réalité, elle est vivante ». On décompte tranquillement les besoins locaux, sans la moindre timidité et on les additionne simplement, sans chercher à savoir si c’est possible ou non… La jeune mère n’hésite pas à rétorquer au ministre, là-haut, à Paris, que si elle n’en sait pas autant que lui, elle sait bien que dans une classe de maternelle de 31 gamins, la maîtresse ne pourra pas s’occuper sérieusement de son enfant.
Les syndicats, surtout le SNUIPP dans le primaire, tournent pour nous. Le fameux grain à moudre, il faudra donc bien le lâcher. Certes, la défense du statut est en toile de fond et le prix à payer en termes de précarité n’est pas vraiment saisi. Mais déjà les emplois jeunes s’expriment timidement, les jeunes profs remplaçants cherchent à formuler leur malaise. Et surtout, cette position salariale encore solide nous sert aujourd’hui d’avant poste. Les parents ne la remettent pas en question. Ils disent simplement et massivement la galère des classes surchargées et des classes vides, faute de remplaçants, leur trouble devant une école qui semble plutôt réprimer que s’appuyer sur le dynamisme de leurs gamins. Et ils cherchent un deal avec les enseignants !
On coince un peu sur l’organisation et la communication, mais les médias locaux et les appareils syndicaux font correctement leur boulot. Peu à peu on met en place nos propres canaux. Des sites Internet existent et servent à faire circuler nos informations.
Mardi 15 février
Demain, grosse manif à Montpellier. Trois inspecteurs généraux arrivent à Nîmes. Ils sont en train d’admettre le retard de la région. La mobilisation ne s’est pas démentie, mais on a très peu de temps devant nous. Plein d’initiatives locales, blocages des routes, occupation de la banque de France. Les élus sont avec nous, ils défileront avec leur attirail. Grosse engueulade à une AG des profs du secondaire qui ont encore une semaine de retard sur le mouvement. Ils ne comprennent pas encore toute notre force et en sont encore au décompte prudent des « besoins » ! Notre point de vue est passé, on est en train de faire exploser les séparations primaires/secondaires, enseignants/parents.
Mercredi 16 février
Hier, la pression n’a pas baissé., on a bloqué deux fois le pont de Sommières pour informer les automobilistes et faire signer des pétitions. Et cela en toute impunité… ! Les banderoles « écoles occupées » couvrent la région. Ceux de l’Hérault ont refusé de rencontrer les émissaires du ministre car ceux-ci n’ont pas le pouvoir de négocier. L’Aude nous a rejoint. Aujourd’hui, nous étions 10000 à défiler à Montpellier. Et pourtant, on est crevés, les parents travaillent, FO a retiré ses billes d’autres établissements du secondaire nous ont rejoint; ceux d’Alès ont programmé une journée ville morte pour le mardi de la rentrée. Sur la place de la Comédie à Montpellier, le flambeau de la lutte doit être remis solennellement aux autres Académies qui font leur rentrée lundi.
Nous croyons que nous avons déjà gagné. Ils vont chipoter sur les chiffres, marchander, chercher à grignoter, mais il semble désormais il soit impossible de revenir en arrière. À combien nous estimerons-nous satisfaits? Ces 500 postes dans le primaire, rien que pour le Gard (aujourd’hui 2800 en comptant le secondaire), personne n’y croyait, même pas les syndicats qui l’avaient avancé. Nous avons réussi à démontrer que le chiffre était correct en additionnant simplement nos besoins locaux. Personne ne peut plus ignorer l’enjeu politique global de notre mouvement.
Si nous gagnons quelque chose de significatif sur le plan revendicatif ici, pratiquement la région, la fonction publique, la santé en particulier, s’engouffreront dans la brèche. On est un peu béats, vaseux et rêveurs. On a fait tout cela avec de jeunes mamans, des institutrices de maternelles et parfois de vieilles profs presque à la retraite.
Samedi 19 février
Hier soir, on a rendu les clés, refermé les portes des écoles et des collèges, ramassé les tracts, affiches et banderoles. Pour un temps, on a passé la main… On sent bien que l’essentiel est fini, même si on reste vigilant. Plein d’actions sont programmées dans le Gard et l’Hérault pendant les vacances. Pourrons-nous recommencer quelque chose d’aussi massif, d’aussi nouveau ? Grand débat entre optimistes, et réalistes, c’est vrai, on n’a rien gagné. Mais, les inspecteurs envoyés par le ministère se disent effarés par la situation du département et nous, on est surpris par leur ignorance. L’appareil d’Etat est-il aveugle? A combien estimeront-ils le prix à payer ? Les estimations officieuses tournent autour de 100 postes supplémentaires pour le primaire dans le Gard. Bien entendu ce chiffre n’a d’autre fondement que politique : prix de la dignité, d’un rapport de force, exactement comme le salaire…
Pour nous, maintenant, il faut raconter et comprendre. Car, sur le terrain, on les a battus à plate couture. On a contrôlé la « production », les écoles et les collèges, puis le territoire, les routes, les villes. Sans violence. On a conquis la plus complète légitimité, dès les grosses manifs du samedi 12 février. On ne laissera pas le dernier mot aux analyses en terme de « consommateurs insatisfaits du marché scolaire », comme l’a fait Libération. C’est totalement réducteur.
La question de la dignité occupe une place centrale dans ce mouvement : pour les parents, la possibilité de parler et d’être entendus, et d’agir ; pour les enseignants, la question des conditions de travail, celle du contrôle de notre inventivité, cette partie vivante de notre force de travail. C’est là un des autres paradoxes de ce mouvement : ceux qui s’y sont engagés, sont ceux qui le plus souvent, au quotidien, font le maximum pour construire l’école du troisième millénaire. C’est le point stratégique de contact conflictuel avec un ministre qui prétend incarner ce qui est moderne et productif seulement du haut (le Mammouth, etc.).
Difficile au fond est la position d’un directeur ou d’un principal dont les enseignants n’ont pas bougé. Sont-ils égoïstes, soumis ou idiots? Sur quoi alors appuyer la fameuse implication des enseignants dans leur travail que réclame le ministre depuis des années? La mesure de la productivité a changé de sens, notre contestation est en passe d’être reconnue comme force productive.
Mardi 29 février
Petite observation très intéressante dans le rapport des inspecteurs généraux : « Les élus locaux ont été surpris de la détermination de parents d’élèves pour occuper les écoles car beaucoup sont au chômage ». C’est là, la véritable nouveauté de ce mouvement l’implication très nette des parents. Non seulement ils participent, mais souvent ils poussent au cul les enseignants, occupent, manifestent. Si ceux-ci sont, pour partie, chômeurs et Rmistes alors se pose effectivement dans des termes nouveaux la question du terrain d’organisation des « sans travail ». Pourquoi le font-ils? Sûrement pas seulement pour avoir un endroit où se rencontrer (encore qu’on nous a parlé d’écoles occupées transformées en salon de thé !).
L’école n’est pas tendre avec leurs gamins et il semble évident qu’ils voudraient bien que fonctionne (à nouveau?) l’ascenseur social. On peut certainement traduire cela en termes de salaire social : l’exigence de bénéficier, sous forme de prestation socialisée, des possibilités pour leurs enfants d’acquérir des compétences monnayables sur le marché de l’emploi.
Mais, ils ont également des choses à dire sur le type de relation que l’école construit avec eux et leurs enfants et sur le contenu et les manières dont elle le valide. En un mot, ils savent bien que le fonctionnement actuel de l’école rend très difficile la réussite de leurs gamins; que les compétences qu’elle reconnaît et cherche à développer : la concentration, la souplesse, l’adaptabilité déjà, l’obéissance surtout, ne sont pas naturellement transmises par leur milieu. De tout cela, même s’ils en sont un peu gênés, ils cherchent à discuter. Cette fois, ils ont pu le faire, ancrés dans un statut, « parents qui s’occupent de leurs gamins dans et par un mouvement ». On peut dire la même chose pour les parents immigrés (des mamans ont défilé avec nous à Nîmes et à Montpellier). En général, les enseignants ont tendance à les voir plutôt comme des problèmes sociaux : paupérisation, familles éclatées, délinquance… Et les moyens supplémentaires réclamés le sont souvent pour régler des problèmes liés à l’absence d’emploi des parents et aux conséquences qu’elle provoque ou qu’elle est censée provoquer : des assistantes sociales, des pions, voire des flics.
Mercredi 8 mars
Dès le lundi de la rentrée, le mouvement contre la carte scolaire a redémarré dans le Gard, un peu moins massif, mais aussi plus déterminé. Pendant toutes les vacances, la pression n’a pas baissé. Les assemblées générales journalières du primaire à Nîmes regroupent toujours beaucoup de monde (300 instits en moyenne). Dans le secondaire, les coins qui avaient tardé à démarrer mettent les bouchées doubles. Mais, il est évident que c’est toujours les instits qui mènent le plus loin la lutte. Les cloisonnements se sont dissous : les enseignants travaillent main dans la main avec les parents mobilisés.
Les Pyrénées-Orientales et la Lozère démarrent maintenant sur les chapeaux de roue Même le privé commence à bouger. Hier, en fin d’après-midi, l’inspection académique de Nîmes a été réoccupée, « par effraction », par 300 enseignants et parents, après une AG houleuse. Les revendications initiales sont loin d’êtres atteintes (500 postes dans le primaire, 500 dans le secondaire et 500 postes non-enseignants). Mais les annonces lors des vacances sont proches des estimations officieuses. Le rapport remis à Claude Allègre par les inspecteurs descendus ici est très alarmiste sur l’état de la région. Il préconise un plan de rattrapage, l’ouverture de négociations immédiates et n’est pas tendre avec l’éducation nationale du coin. Nous nous basons là-dessus. Le mouvement a toujours autant de légitimité, mais les parents s’essoufflent et commencent à craindre pour leurs enfants. Certaines écoles sont en grève depuis le 30 janvier.
Nous le savons, tous les yeux sont fixés sur la région et particulièrement sur le Gard. La moindre évaluation (manif, action, occupation ou AG) est l’objet de vraies batailles entre les grévistes et l’administration. La tension est vraiment très forte. Nous avons tout misé sur la manif de samedi à Nîmes, organisé par les parents d’élèves (FCPE). Y convergera tout ce qui bouge dans l’Académie. Pendant ce temps, les intersyndicales du primaire et du secondaire seront à Paris pour essayer d’être reçu par Allègre.
Dimanche 12 mars
Nous étions plus de 25000 dans les rues de Nîmes ce samedi. Notre mouvement est fort, mature et, eux, sont sur le qui-vive et jouent des vieilles ficelles. Blocage des informations, insinuations, menaces, début de provocation policière. Il n’y a aucun espace politique pour que cela soit possible. Nous occupons tout le terrain. Et ils le savent et ont peur ! Nous sommes face à face et ils se sont montrés nuls dans la gestion de ce conflit ! On est maintenant très loin de ce renouveau vertueux dans le domaine de la gestion publique, de cette ouverture au dialogue responsable avec les acteurs que Jospin devait apporter avec lui.
Il n’empêche que la situation ici dans le Gard est totalement bloquée. Allègre refuse de donner plus et d’ouvrir officiellement les négociations. Nous sommes surtout arrivés au bout d’une certaine formule qui fait l’originalité et la force de notre mouvement : notre alliance avec les parents et notre capacité à bloquer « en douceur » conjointement l’école. Nous en avons discuté des centaines de fois et ils nous l’ont dit : notre « matériau » à nous tous, c’est les gamins et c’est pourquoi on commence à s’inquiéter après un mois d’arrêt. Nous ne « produisons » pas des voitures ou des boîtes de conserve. Lorsque nous retournerons dans les écoles, les collèges et les lycées ; jouera vraiment ce rapport nouveau avec les parents.
C’est sur ce point-là que nous avons foutu en l’air le projet politique d’Allègre. À nous de reprendre alors, ensemble, les réelles questions qu’il posait sur l’école. Les organisations syndicales ne pèsent pas de tout leur poids pour élargir le mouvement. Les enjeux sont trop gros (municipales, coalition gouvernementale). Personne, dans l’actuelle majorité, n’est prêt à scier la branche aussi près des échéances électorales. Leur politique ignore la nôtre, elle n’est pas de même nature. Ici, qu’avons-nous gagné ? La promesse de 262 postes supplémentaires. Dans le primaire au lieu des 78 initiaux, et surtout la prise en compte d’une situation doublement exceptionnelle. L’administration a compris la force politique et la nature autonome de notre mouvement et, à cause de cela, a reconnu la situation désastreuse de l’Académie. Alors que le ministre refuse toute discussion, sur le terrain, le recteur Bloch ouvre en catimini non les « négociations », mais le « dialogue ».
Mardi 14 mars
Vraiment incroyable! Hier lundi, dans le Gard encore 43 % de grévistes. Dans le primaire après 7 semaines de grève et une situation bloquée. La hiérarchie intermédiaire n’existe plus. Le Secondaire est bien mobilisé dans l’Académie, là où le mouvement a démarré plus tard, les collèges sont occupés, On n’attend plus grand-chose du recteur Bloch lui-même. La situation est totalement politique. Çà et là, en France des parents et des profs occupent les établissements scolaires. Et les médias en parlent abondamment. Même si cela n’est pas vraiment populaire, quelques enseignants ont décidé de retourner la violence du système contre eux et viennent d’entamer une grève de la faim à Nîmes et à Lunel dans l’Hérault…!
Poussé au cul, Jospin doit monter au créneau jeudi 16 mars. La bulle médiatico-politique est en train de lui a péter à la figure. Autant dire que ça va mal pour eux. Ils sont obligés de lâcher ! Au collège de Sommières, nous avons repris à la demande des parents, mais nous avons construit un début de contre-pouvoir local, des amitiés, des réseaux, une légitimité. Notre journal « Le petit mammouth illustré » n’est pas passé inaperçu. Nous savons tous désormais où nous en sommes, quelle philosophie, quelles positions politiques, quelle éthique. Nous allons tenter de mettre en place un type d’organisation territoriale sur les 33 communes qui dépendent du collège avec les parents qui se sont mobilisés. Vieux rêve anarcho-syndicaliste à l’heure d’Internet… ? C’est la fin du film, il faut se presser, occuper le terrain, coordonner les outils (les sites de lutte en particulier !) et relancer la réflexion. Éternel problème des mouvements : conserver un niveau organisationnel permanent sans tomber dans la routine.
Le boulot commence vraiment maintenant. Il nous faut reprendre le grand chantier d’Allègre, l’école du troisième millénaire, à la base, L’école est-elle encore et désespérément toujours l’apprentissage d’un travail « à l’ancienne » ? Quelle est la « rentabilité » d’une machine où prédomine encore l’individualisme et la logique de la passivité alors que la richesse est coopération sociale, ce que démontre amplement notre mouvement et plus largement l’économie. Et surtout, que signifie réellement cette irruption des parents sur ce terrain ? Consumérisme ? Inquiétude sur l’avenir? Ou plus profondément, c’est une piste qu’il faut suivre, réarticulation de questions politiques générales sur un terrain enfin collectif? Et là cette histoire de chômeurs occupant les écoles est à prendre dans toute sa positivité d’espace physique et politique à investir ensemble. On vient juste d’apprendre qu’Allègre vient de céder ! Il accepte de négocier. Champagne ?
Jeudi 16 mars, 23 heures
En direct du Gard, le Jospin, il se fout de nous! On est tous scotchés à la télé. Aujourd’hui, 800000 grévistes dans la fonction publique, 200000 personnes qui manifestent avec pour toile de fond l’éducation et le mouvement dans le Languedoc-Roussillon. Et qu’est-ce qu’on entend ? Un discours général sur la baisse des prélèvements obligatoires, les impôts locaux, la TVA, des points/demi-points, les quarts de points, pire qu’à l’école. Tout cela est important, mais… Puis, après la marée noire, tout juste un quart de seconde, l’éducation. Réalisme ? C’est vrai, c’est dur d’être enseignant, le monde a changé, les gamins sont difficiles, etc. Mais, on n’a jamais dit ça. Peut-être que ça l’arrangerait : ce qu’on demandait, c’est des moyens réels pour faire ce qu’ils prétendaient que nous pouvions faire. Qu’est-ce qu’on attendait ? On ne sait même pas ce que peut représenter ce milliard de francs ! Ce que nous voulions, c’était un geste fort : « Je vous ai compris », « J’ai bien saisi que ce n’est pas forcément l’emploi public qui vous préoccupait, mais les problèmes qui se cristallisent dans l’école et votre volonté commune à vous les enseignants et les parents de vouloir les résoudre ».
Lundi 20 mars
Le plus dur va commencer! Qu’Allègre parte ou non resteront les questions posées à l’école aujourd’hui! Ce ne sont pas les débats au « sommet » entre ceux qui défendent ses réformes et ceux qui les refusent qui nous les imposeront. Ce sera la nature particulière de notre rapport aux parents engagés avec nous dans le mouvement, la façon dont sur le terrain ont convergé leurs inquiétudes, leurs problèmes et les nôtres. Il ne faut pas faire de la défaite d’Allègre la victoire de tous les conservatismes. Mais les profs sont déjà acculés Les parents sont déjà là. Mais pas tous, les plus influents ! Et depuis longtemps. Pas plus opaque qu’un collège aujourd’hui.
Pas plus insidieux et inégalitaire que son fonctionnement concret, tous les jours. Regardons bien! Qui s’est engagé avec nous ? Nous le savons très bien. Pas la minorité qui profite de ce système, ceux dont la pression se manifeste en permanence de façon presque invisible, mais efficace, qui savent choisir dans les maquis des options. Les allégements d’impôts de Jospin n’ont aucun poids par rapport à cette réalité ! Quant à nous enseignants, il faut bien se l’avouer, notre espace s’est réduit en peau de chagrin. On se cogne aux murs, on est déboussolés, on tourne en bourrique. Coincés entre les injonctions modernistes des instructions et la réalité sur le terrain, les moyens, les rythmes, les pressions, les gamins qui n’en peuvent plus, qui n’en veulent plus, l’administration qui veut que ça roule, les règlements de plus en plus rigides! Est-ce une raison pour regretter le bon vieux temps ! L’époque bénie où on appelait « un chat un chat », où les élèves apprenaient en silence et les maîtres respectés enseignaient, transmettant leurs savoirs à une génération de gamins studieux, avides de connaissances et promis à un avenir brillant.
Vendredi 24 mars
Ici, dans le Gard, la situation est confuse. La plupart des écoles ont repris depuis une semaine. Pour les parents, il était impossible de tenir plus longtemps. Mais à chaque occasion, ils montrent qu’ils sont là. Dans l’Hérault, l’Aude la pression est encore forte. Mercredi, à Montpellier des instits et des parents ont été matraqués par les CRS appelés par le recteur Bloch. Les syndicats n’ont plus grand-chose, à proposer au niveau local. Ils ont hâte que s’ouvrent des négociations « techniquement » bloquées car, au niveau national, la machine s’est emballée.
Les AG continuent, mais vont en se raréfiant. Il manque cruellement une permanence. L’usage des syndicats par le mouvement montre ici ses limites. Face au blocage, le soir de la grosse manif à Nîmes, alors que nos délégués poireautaient rue de Grenelle, on avait déjà assisté à l’habituel psychodrame : pleurs, menaces, cartes déchirées, grève de la faim… Rapport de deal avec le syndicat vécu comme amour déçu ? Telle est aussi la force du mouvement : un investissement très fort, mais un rapport symbiotique pour certains avec des structures programmées pour le conflit forcément négocié.
À Nîmes, nous aurions peut-être dû occuper la préfecture ou bloquer la gare. Cela aurait fait le bonheur des « radicaux » et quelques belles photos pour le folklore. Avancer la situation? On ne sait pas. De toute façon, nous y aurions été. Mais si personne ne l’a fait, c’est que nous n’y étions pas prêts. Pendant ce temps, sur le terrain, les niveaux hiérarchiques cherchent à reconquérir leur autorité et font comme si le mouvement n’avait pas existé. La semaine dernière, dans l’Hérault, avant même l’ouverture des négociations avec le recteur, l’administration a envoyé dans chaque école les fiches pour la déclaration des jours de grève. Provocation ?
Référence sur le Web
SECONDAIRE DU GARD EN LUTTE
http://www.multimania.com/grvegard/
PRIMAIRE DU GARD EN LUTTE
– http://www.multimania.com/grevegard/
– LE PETIT MAMOUTH ILLUSTRE,
notre journal de grève du collège
http://geryb.waika9.com/réunir-greve_ecoles/info-greve.shtml
AUTRES SITES LIÉS AU MOUVEMENT<
COMITE INTER-ETABLISSEMENT COLLEGES-LYCEES-LYCEES PROFESSIONNELS
http://www.multimania.com/interplp
COORDINATION PLP BOUCHES-DU-RHONE
http://www.multimania.com/coordplpbdr
COORDINATION DE L’ACADEMIE D’AIX-MARSEILLE
http://perso.wanadoo.fr/protodev/coordination
COORDINATION DE L’HERAULT
http://site.voila.fr/greve34
COORDINATION DE L’EURE
http://multimania.com/greve27
COLLECTIF POUR LA DEMISSION D’ALLEGRE, COORDINATION ENSEIGNANTE DU NORDPARISIEN
http://www.geocities.com/Athens/Thebes/8739
ENSEIGNANTS DES PYRENEES-ORIENTALES EN GREVE
http://www.chez.com/lurcat
ETABLISSEMENTS SCOLAIRES DES ARDENNES EN LUTTE
http://www.chez.com/action08
GREVE DES LYCEES PROFESSIONNELS
http://perso.club-internet.fr/cbogo
SITE DU LP BUFFAULT (PARIS 9e)
http://www.chez.com/lyceebuffault
LA GREVE AUX EYRIEUX (BAGNOLS SUR CEZE)
http://www.multimania.com/eyrieux
LA GREVE A MASSY (91)
http://perso.cybercable.fr/mammout
COLLECTIF DES PLP DE L’ILE DE LA REUNION
http://www.multimania.com/collectifplprun
LYCEE JEAN-MOULIN – LES ANDELYS (27) EN GREVE
http://www.chez.com/jeanmoulin
LES GREVISTES DU SECTEUR VALLEE DU CAILLY-CANTELEU
http://mageos.ifrance.com/encailly76
LES PARENTS ET ENSEIGNANTS DU HAVRE
http://www.zero-fermeture.org
LP EN GREVE DANS L’ESSONNE
http://perso.cybercable.fr/mammouth
AIDES-EDUCATEURS (MONTPELLIER)
http://www.geocities.com/aeducateur
COLLECTIF AIDES EDUCATEURS DE PARIS
http://site.voila.fr/collectifae
SUD-EDUCATION
http://www.sudeducation.org
LUTTES ETUDIANTES
http://www.samizdat.net/infos/hns
HNS – L’ECOLE EN LUTTE
http://www.seul.asso.fr