Faut-il pavoiser ? L’Europe serait-elle en passe de devenir socialiste ? La simple lecture des journaux donnerait à le croire : après les victoires électorales de Tony Blair et de Lionel Jospin, les sociaux-démocrates sont au gouvernement dans une majorité de pays de l’Union. En Espagne, le parti de Felipe Gonzalez opère une rénovation dans l’attente d’un retour au pouvoir. Et l’an prochain, en Allemagne, le SPD, peut-être…
A dire vrai, la réalité, lorsqu’on la scrute, est moins brillante. La constellation socialiste existe ; elle n’en est pas moins obscure. Entre les organisations qui la composent, il n’existe pas d’accord sur les objectifs essentiels. Seul le vocabulaire est commun, marqué qu’il est d’innombrables références à la justice sociale, à la démocratie, à la citoyenneté. Pour le reste – autrement dit l’essentiel – chacun suit la voie du réalisme national, conditionné par les critères de Maastricht en matière de monnaie unique. Et si certains, tel le brillant petit Blair, maintiennent leur distance, c’est pour mieux persévérer dans une orientation de type libéral.
Cette indiscutable cacophonie ne doit pourtant pas nous inciter à une attitude purement négative. Aussi limités qu’ils soient, les succès de la gauche officielle révèlent une évolution indiscutable de la situation sur l’ensemble du continent. Ils se produisent à un moment où les institutions européennes connaissent une crise que redoublent les incertitudes de l’euro. La question posée dans les faits est claire : quel sens doit revêtir la construction de l’Union ? Les rapports de forces électoraux, tels qu’ils se dessinent dans de nombreuses nations, indiquent que le grand nombre tend, aujourd’hui, à remettre en cause la logique du marché dont les champions de l’ultra-libéralisme veulent faire le régulateur de toute vie sociale.
Dans un tel contexte, il est possible passer à l’initiative.
À la recherche des vainqueurs
De toute évidence, l’expérience française revêt une importance exceptionnelle, en raison même des circonstances qui ont marqué la victoire électorale de la gauche. Celle-ci – est-il besoin de le rappeler ? – dispose d’une majorité absolue à l’Assemblée Nationale, ce qui donne à ses gouvernants une marge d’action considérable. Ceux-ci, à la suite de leur chef de file ont pris, au cours de la campagne électorale, des engagements relativement nets sur des questions aussi précises que l’emploi ou la durée du travail. Le ton quelque peu différent de leurs discours leur a valu un appui certain de l’opinion. Pour autant, seront-ils en mesure de tenir leurs promesses ? Y aura-t-il une « ère Jospin » qui, tranchant avec les piétinements du mitterrandisme, marquerait une nouvelle forme d’exercice du pouvoir ?
Bien évidemment, c’est la pratique du gouvernement qui permettra de répondre à ces questions. Mais, pour en apprécier au plus juste la signification, il est indispensable d’opérer un retour sur le passé récent et, plus précisément sur le déroulement des élections. D’emblée, une première remarque s’impose : la gauche n’est pas majoritaire dans le pays. En effet, si l’on additionne les voix obtenues par la droite « classique » (RPR, UDF) – et par le Front National, on obtient, au premier tour, un total de 51,24 % des suffrages (la gauche atteignant 44,29 %). Une telle opération est légitime, tant les frontières sont poreuses entre l’électorat de Le Pen et une partie importante des partisans de Chirac, Léotard ou Madelin. Rien de plus significatif à cet égard que les déclarations de nombreux élus centristes ou gaullistes, désireux de reconsidérer leurs rapports avec le Front National. Même si le rassemblement d’une seule droite autoritaire n’est pas à l’ordre du jour, l’existence d’un bloc réactionnaire, prêt à tout pour pousser la gauche à l’échec, ne fait pas de doute.
Reste que la gauche n’est pas dépourvue d’atouts. Si une alliance pour l’action se conclut entre le gouvernement et la majorité parlementaire d’une part et ceux qui ont voté contre la droite d’autre part, il deviendra possible d’imposer un cours nouveau, d’entraîner les hésitants, bref de gagner. Mais on est loin du compte. Tous les indices montent que la plupart de ceux qui soutiennent l’équipe au pouvoir le font parce qu’ils souhaitent son succès, sans être persuadés de son efficacité. De cette relation ambiguë, découle un attentisme certain qui illustre la persistance de cet écart entre les citoyens et les partis qu’avec plus ou moins de constance, ils acceptent comme représentants. En d’autres termes, l’unité de la gauche réelle – celle qui dépasse le cadre des institutions – reste à fonder.
Si l’on veut formuler différemment ce constat, on sera amené à dire qu’en juin 1997 le rejet de la droite a été le facteur déterminant de la mutation électorale qu’a connue le pays ; la gauche a profité, avec une certaine habileté propagandiste, de cette manifestation négative qu’elle avait peu contribué à susciter. L’organisateur de la victoire, c’est Chirac, avec ses turlipinades qui l’ont fait passer de la fracture sociale au réalisme budgétaire pour en arriver au coup de génie tactique de la dissolution anticipée. Juppé a joué, lui aussi, un rôle non négligeable en faisant preuve d’une telle inefficacité arrogante. L’un comme l’autre, sans compter leurs subalternes, sans parler des corrompus, ont déconsidéré l’exécutif et, du même coup, créé une impression de vide politique.
Une interrogation surgit alors : pourquoi le discrédit de la droite a-t-il, à ce moment précis, revêtu une telle ampleur ? Car, après tout, les Français, depuis quinze ans, ont pris l’habitude du chômage et de l’austérité, sans toujours se rebeller. Quant au discours suffisant des petits princes qui nous gouvernent, la droite mais aussi la gauche l’ont durablement pratiqué, en assurant le triomphe de la constipation langagière propre aux énarques qui peuplent les sommets de l’État. Pourtant, en quelques jours, toutes ces traditions détestables sont devenues une cause de rupture.
Pour comprendre les causes de ce processus, il faut chercher ailleurs que dans le seul terrain de jeu électoral ; il faut se tourner vers les mobilisations qui, depuis deux ans, ont rythmé la vie du pays – des grèves de décembre 1995 aux luttes contre la loi Debré, en passant par le mouvement des sans-papiers et les batailles diverses contre le chômage. Aucun de ces mouvements n’a atteint la dimension massive des grèves de 1936 ou 1968. Aucun non plus n’a obtenu de succès décisif. Tous, par contre, ont réhabilité en pratique les notions d’action collective, de démocratie de base, de solidarité. Ils ont, en fait, coupé la France en deux : d’un côté, les acteurs de la lutte et ceux qui, sans participer, les soutenaient ; de l’autre, les tenants d’un ordre établi, pâlement défendu par les gouvernants.
A propos de ces mobilisations, on parle couramment de « mouvement social ». Le terme peut prêter à confusion car il risque de faire oublier le caractère fondamentalement politique de toutes ces actions. Certes, leur point de départ était la défense des conditions d’existence. Mais, à partir de là, la dynamique de la lutte « tous ensemble » amenait à poser les problèmes de fond de l’orientation du gouvernement et de l’Union Européenne. Il s’en suivait une attaque frontale, mi-explicite, mi-implicite, de la logique du libéralisme qui domine le monde. En même temps, les formes d’organisation de ces mouvements impliquaient une autre façon de faire la politique et, par voie de conséquence, le début d’une vision renouvelée de la démocratie. (En témoigne l’importance et la durée de l’action des femmes pour l’égalité, tout au long du mouvement).
Nul ne songera à magnifier ces exemples récents (qui ont en leur parallèle dans d’autres pays européens) jusqu’à en masquer ces limites. Il s’agit seulement de souligner que la prolifération de telles actions collectives a beaucoup contribué à modifier le rapport des forces en France. Après des années de relative atonie, il a été démontré que la politique pouvait se faire aussi en dehors des institutions reconnues. Face à la dérision chiraquienne, ce constat s’est traduit en termes électoraux.
Ce qui permet d’affirmer que les vrais vainqueurs des élections ont été les acteurs des mobilisations socio-politiques. Sans leur participation active à son action, la gauche, en dépit de sa majorité parlementaire, échouera.
Le piège des institutions
Mettre l’accent sur la mobilisation d’« en bas » n’équivaut pas à nier l’importance décisive de l’action qu’au sommet mène le gouvernement. Nous ne sommes plus à l’époque héroïque où le mouvement ouvrier faisait du refus de la participation ministérielle la condition de son indépendance. L’évolution de la société, les modalités selon lesquelles s’établissent les rapports de forces font aujourd’hui que les mesures adoptées par le cabinet en exercice sont nécessaires à la transformation sociale, avant même que l’on puisse parler d’un pouvoir de type nouveau. Toutefois, aucun automatisme institutionnel ne garantit l’efficacité novatrice d’un gouvernement, fût-il l’expression de la gauche la plus « plurielle » qui soit. Tout dépend de la volonté de l’équipe dirigeante de bouleverser le jeu politique habituel en ouvrant la porte aux initiatives populaires. Le Front Populaire demeure, à soixante ans de distance, une référence parce que Léon Blum a dû laisser la parole au gigantesque mouvement gréviste, véritable auteur des réformes qui ont marqué l’époque. Au contraire, l’essentiel des années Mitterrand ont été marquées par l’attention quasi-exclusive portée aux manoeuvres au sein de l’appareil étatique.
Visiblement, si l’on en juge par ses campagnes présidentielles et législatives comme par ses premières déclarations de politique générale, Lionel Jospin n’est pas sans conscience du problème. Son discours entend fonder de nouveaux rapports entre le peuple et le gouvernement. Fort bien ! Chacun se réjouira de cette innovation par rapport à un passé récent qui a laissé tant de souvenirs amers. Pourtant, comment ne pas constater que ni le Premier Ministre ni aucun de ses proches n’ont été au delà de l’effet d’annonce. Entendons par là que les propositions politiques concrètes sont renvoyées à plus tard et se voient remplacées dans l’immédiat par une proclamation morale abstraite : tous ensemble, nous allons assainir les moeurs publiques.
Encore une fois, pourquoi pas ? Mais tous les Français qui, du Programme Commun de la Gauche aux 110 propositions du candidat Mitterrand, ont vécu la grand-messe des engagements non-tenus, ne sauraient se contenter de références éthiques. Il leur faut, rapidement, avoir la démonstration de la direction que va suivre le gouvernement. Lionel Jospin insiste sur la durée qui lui est nécessaire pour réaliser son programme. En soi, rien à redire à cette demande : un retournement radical de politique exige du temps. Mais, pour que la masse de la population concernée accepte l’attente et les éventuels délais ainsi impliqués, il faut qu’elle soit assurée du sens (dans toutes les significations du terme) du processus engagé.
Les premières mesures qu’a adoptées le gouvernement Jospin ne contribuent guère à créer un climat de confiance propre à la mobilisation. Le « volet social » obtenu lors de la conférence européenne d’Amsterdam va bien dans la direction ouverte par les promesses électorales ; mais sa concrétisation est douteuse du fait même de l’adoption du « pacte de stabilité » qui, dans une large mesure, implique le contraire. Et la fermeture de l’usine de Villevorde va dans la même voie douteuse : s’il est vrai que Jospin ne s’était jamais engagé à maintenir le site en place, sa présence lors des manifestations contre la fermeture avait revêtu une valeur symbolique – au sens fort du mot – aujourd’hui annulée par la décision prise. On pourrait citer d’autres exemples plus récents. Tous convergeraient : la prise en compte de la logique étatique l’emporte sur la volonté de donner aux citoyens, objets de discours, une position de sujets de la vie politique.
Personne ne songe à nier les difficultés de la situation que vit le gouvernement socialiste : conjoncture économique médiocre, déficits records, environnement européen hostile, etc. Rien de tout cela n’autorise la facilité. Mais c’est justement parce que les blocages sont nombreux qu’une autre manière de gouverner s’impose : seule une mobilisation populaire durable peut permettre de résister aux pressions multiples et, à terme, de faire sauter les carcans nationaux et internationaux. Or, Jospin et les siens ont choisi de donner la priorité à la pratique institutionnelle. Le Premier Ministre, s’il entend maintenir le dialogue, ne manque pas de répéter que, le gouvernement étant au centre du processus, les députés, les partis de gauche sont les relais de l’action venue d’en haut. Et, de ce point de vue, le blindage des cabinets ministériels par une cohorte d’énarques connus pour leur allégeance à l’esprit de Maastricht a un sens : quelles que soient leurs aptitudes , ces hauts fonctionnaires ont une culture étatique qui fait d’eux les agents des solutions dites techniques – à l’intérieur de l’ordre établi. Ajoutons que cette volonté politique institutionnelle se poursuit au niveau de l’Union Européenne : la conférence d’Amsterdam a montré que, pour le nouveau gouvernement français, le cadre européen – devait être respecté, comme lieu de compromis et non de lutte.
Cette pratique laisse Jospin et ses ministres seuls face aux difficultés et, par là même, contraints aux compromis qui les laisseront sans pouvoirs réels.
Hors l’État
Sans doute, ces remarques critiques ne prennent-elles pas suffisamment en compte la dynamique économique et sociale que veut enclencher le gouvernement français. Ses objectifs sont pourtant clairement annoncés : créer des emplois – 700 000 pour les jeunes, notamment – en relançant une croissance appuyée sur la consommation et en ramenant la durée de la semaine de travail à 35 heures sans diminution de salaires. Laissons de côté les difficultés de réalisation de cette politique ; elles sont reconnues de tous et elles ne suffisent pas en soi à condamner ou accepter les principes qui inspirent l’orientation proposée.
En fait, ce dont il est question du côté du Parti socialiste (mais aussi du Parti communiste qui partage ces options et critique seulement l’insuffisante rapidité de leur application), c’est d’une politique de type keynésien. Si l’on veut résumer à grands traits les perspectives ainsi ouvertes, on aboutit aux postulats suivants : il est possible, dans le cadre national, de diminuer sensiblement le chômage et, la reprise économique aidant, de modifier radicalement l’orientation acquise de la France vers une société à deux vitesses ; et c’est sur la base de ces résultats que pourra être modifié le rapport des forces au sein de l’Europe.
Et c’est là que le bât blesse car cette orientation est irréaliste. Retenons seulement les principales objections que l’on peut lui opposer. La première est qu’au stade actuel de la mondialisation, aucune réforme économique de structure ne peut être envisagée au niveau national. Ce qui, dans notre cas, signifie que l’action doit d’emblée se dérouler au niveau européen. En conséquence, il faut considérer qu’aucun des engagements pris jusqu’ici – y compris les accords sur la monnaie unique – n’est définitivement acquis mais que chacun d’entre eux peut et doit faire l’objet d’une bataille. Une tâche primordiale est donc de chercher immédiatement, dans et surtout hors les institutions, les alliés pour ces combats.
Deuxième objection (et non la moindre), toutes les mesures envisagées par la gauche sont en deçà des nécessités de l’heure. Entendons-nous bien : l’augmentation des salaires et, plus encore, la réduction du temps de travail sans perte de revenus sont l’une et l’autre indispensables. Mais, prises seules, elles ne résoudront pas le « problème social » français. Elles amélioreront la situation d’une partie non négligeable des salariés mais apporteront peu à la masse des sans-emplois et des précaires. Elles ne fourniront que des réponses au mieux partielles aux difficultés des catégories les plus touchées – femmes, immigrés et, malgré l’attention qui leur est portée, jeunes. Toutes ces dispositions prévues ne peuvent s’avérer pleinement efficientes que dans le cadre d’une réorganisation générale des rapports de travail, d’une modification structurelle du statut des entreprises et des relations qu’elles entretiennent. Ce dont il s’agit, c’est de donner aux travailleurs un pouvoir de contrôle sur les processus économiques et financiers dont dépend leur sort, c’est d’assurer un revenu minimum garanti qui permette notamment l’accès à la formation.
Pareil bouleversement, qu’impose l’évolution même de la société, ne peut s’opérer que sur la longue période. D’où la nécessité de l’organiser sans retard, en aidant à la mobilisation de toutes celles et de tous ceux qui sont concernés. Le fait qu’il ne soit guère question de tout cela dans les programmes de la gauche vient renforcer la dimension purement institutionnelle de sa politique : à l’heure où l’Etat-nation prend l’eau de toute part, l’État est présenté comme l’agent principal des transformations à venir, alors que la solution se situe largement hors l’État. Le meilleur exemple des confusions qui découlent de ces approximations peut être trouvé dans l’actuel débat sur les services publics. Organisations et militants se battent contre les privatisations des Télécoms ou de la SNCF. Ce combat est juste dans la mesure où il s’oppose à ce que le capital et sa logique du profit s’imposent à des secteurs essentiels à la collectivité ; dans la mesure aussi où il tend à maintenir le statut des personnels (qui n’ont rien de privilégiés).
Mais trop souvent, malheureusement, la lutte se limite à la défense du statu quo, du « service public à la française », qui, en pratique, équivaut à remettre à l’État la gestion des secteurs concernés. A l’heure actuelle, le débat, ainsi conçu sous la forme d’une opposition privatisation / étatisation, est largement dépassé. Dans un nombre croissant de domaines, un nouveau type de services publics s’impose : organisés à l’échelle européenne, ils inaugureront un nouveau type de gestion, assurée par les salariés, les usagers, les collectivités régionales et locales. Ils contribueront ainsi à la mise en place d’une propriété sociale qu’il s’agira de généraliser car elle est aussi bien une réponse à l’offensive du libéralisme (autrement dit le capital) qu’à la crise de l’État.
La vérité, qu’ont dévoilée à leur façon les mouvements récents, est que nous entrons dans une nouvelle époque où les distinctions entre social et politique, public et privé tendent à s’effacer dans l’affirmation d’un nouveau rapport à la société, d’une nouvelle façon de faire la politique. C’est la réflexion que mène ce numéro de Futur Antérieur. C’est aussi ce que la gauche officielle ne doit pas oublier si elle veut passer de la gestion des affaires gouvernementales à l’exercice d’un pouvoir effectif sur la société.
Démocratie multiple
On ne le dira jamais assez : les forces existent qui sont en mesure de créer dès maintenant les premières formes de cette démocratie autre, réponse à tous les échecs qu’a connus le mouvement révolutionnaire. Ces forces sont multiples. Les transformations du procès de travail ont créé une nouvelle catégorie de salariés, dont les réseaux de production peuvent constituer la trame d’une organisation de lutte à l’échelle européenne. Il faut les aider à s’organiser.
Les chômeurs ne luttent pas seulement pour trouver un emploi. Leur combat met en question toute l’organisation du travail. Il faut les aider à trouver toute leur place dans ce combat commun.
Les immigrés – et parmi eux les sans papiers – posent, en mettant en cause le racisme ambiant, les bases d’un nouvel internationalisme. Ils doivent, plus que jamais, pouvoir s’exprimer pleinement.
Les femmes, par leur action, sapent l’inégalité fondamentale des rapports sociaux entre les sexes. Par là même, elles renouvellent la question de la démocratie. Leur combat est décisif.
Toutes ces forces, d’autres encore, jointes aux forces traditionnelles du mouvement ouvrier, peuvent se joindre, dans le respect des différence, pour mettre en cause l’oppression au même titre que l’exploitation. Nul ne peut prévoir ni quand ni comment elles passeront à l’action. Mais, dès maintenant, il est possible d’organiser la communication entre elles.
Telle est la condition pour que la gauche ne s’épuise pas dans les sommets de l’État, entraînant dans son échec tous les espoirs d’un vrai changement.