De l’invention de la race blanche à l’invention du multiculturalisme blancSur Ghassan Hage White Nation, Fantasies of White supremacy in a multicultural society,( noté WN), Pluto Press Australia & Comerford and Muller, United Kingdom, (1998)
Theodore W. Allen , The Invention of the White Race, vol. 1, Racial Oppression and Social Control (noté IWR1), vol. 2 The origin of Racial Oppression in Anglo-America (noté IWR2), Verso, London, New York (1994 et 1997).
Nos démocraties “civilisées” , blanches et développées à souhait, malgré vingt cinq ans de crise, connaissent des poussées de xénophobie, d’antisémitisme et de racisme en bonne et due forme. Il est facile de mettre ces phénomènes sur le compte d’un retour général à la barbarie des affrontements interethniques qui secouent les Cités Sauvages à la Enki Bilal (du Berlin de la Femme Piège, à Beyrout en passant par Sarajevo, ou l’Afrique repoussoir du Ruanda).
Les temps seraient devenus durs et impitoyables comme le capitalisme marchand new look.
Pourtant, si nous laissons de côté les guerres ethniques de tous contre tous, ce nouvel état de nature censé rendre plus désirable le Léviathan du marché, force est bien de dresser un constat doublement inquiétant . Depuis la moitié des années quatre-vingt, dans les démocraties parlementaires, une extrême droite significative à l’échelle institutionnelle (Le Pen en France, Haider en Autriche, Pauline Hanson en Australie) se reconstitue. Un électeur sur dix n’hésite plus à afficher son vote pour un type de programme politique que l’écrasement du fascisme et du nazisme avait relégué dans la sphère de l’innommable, de l’imprononçable, de l’irreprésentable. Le deuxième constat est la relative inefficacité des appels à la tolérance et au multiculturalisme démocratique à réduire les explosions d’intolérance à un niveau marginal et normal. Pourquoi les démocraties voient-elles réapparaître ces fleurs vénéneuses, pourquoi “l’agir communicationnel” sert-il seulement à éviter que les bavures policières, les meurtres racistes ne tournent à l’émeute ? Pourquoi tant d’inertie, pourquoi tant de complaisance à des discours de la fermeture et fermeté qui gagne la droite classique en mal d’électeurs, puis la gauche comme l’ont montré les questions de contrôle de l’immigration et de sécurité ?
La réponse du Mouvement ouvrier, du marxisme classique, des Républicains bon teint, voire même des Radicaux américains est simple : dans une société de classe inégalitaire, dans une économie dominée par l’exploitation capitaliste et la domination, il ne peut pas exister de démocratie réelle, ni de relations interethniques pacifiées. Cherchez à qui profite le crime. La désunion des multitudes, fait la force des multinationales etc.. Rien de totalement faux là-dedans, rien de totalement convainquant non plus. Il manque quelques chaînons à ces raisonnements, ce qui les ampute de toute caractère opérationnel et politique pour les reléguer dans la sphère du témoignage moral.
Deux livres en anglais, bien différents dans leur style, dans leur objet, proposent, eux, d’explorer une autre piste et d’ouvrir véritablement le débat sur la question classique de la nation, de la race et des classes : un essai décapant de Ghassan Hage, White Nation, Fantasies of White supremacy in a multicultural society et les deux ambitieux volumes de Theodore W. Allen , The Invention of the White Race, vol. 1, Racial Oppression and Social Control, vol. 2, The Origin of Racial Oppression in Anglo-America .
L’ouvrage de G. Hage permet un diagnostic sur la situation actuelle du racisme et les failles du multiculturalisme. Les deux volumes de T. Allen permettent d’embrasser une autre question à l’autre bout de la chaîne historique de l’immigration : celle de la colonisation de l’Irlande catholique du XVI° au XIX° siècle et celle concomitante de l’asservissement des Noirs dans les plantations de Virginie.
Quel rapport demandera-t-on, entre le multiculturalisme et l’esclavage et la colonisation ? Celui de la question du contrôle social à travers les intermédiaires lorsque des intermédiaires normaux n’ont pas été mis en place. Que se passe-t-il quand une polarisation ratée ou trop radicale lamine l’espace des médiations politiques classiques ?
Theodore W. Allen se pose deux questions et, ce faisant, il opère un lien vraiment novateur entre les deux pour rebondir sur une troisième :
1) Comment se fait-il que l’écharde de l’esclavage soit restée dans la chair des États-Unis d’Amérique, c’est-à-dire dans le monde par excellence de la libération vis à vis de l’absolutisme, du despotisme de fabrique, des diverses inquisitions religieuses ? Pourquoi la société blanche la plus égalitaire dans son idéologie et dans la mobilité sociale, est-elle devenue celle de la barrière raciale et de l’inégalité concentrée essentiellement sur les descendants d’esclaves noirs ainsi que sur ceux des tribus amérindiennes ?
2) L’exemple irlandais concentre tout ce que l’on a fait de mieux en Europe en matière d’exploitation économique des paysans, d’oppression de minorités d’interdiction d’accès à l’héritage, à la propriété foncière, mobilière, à l’éducation sur la base d’une appartenance ethnique, religieuse. Comment se fait-il que l’anomalie irlandaise ait culminé en Angleterre au moment même l’absolutisme était abattu, un siècle avant la France ?
3) Ces deux questions se combinent dans une troisième encore plus redoutable. Comment l’anomalie irlandaise et l’anomalie esclavagiste ont-elles pu se rencontrer, se télescoper ? Comment la période la plus intense de l’émigration depuis l’Eire (1800-1855), celles des manifestations violentes de xénophobie des nativistes wasps qui brûlent les églises catholiques de la communauté irlandaise, peut-elle être aussi celle où les migrants blancs européens, nouveaux arrivants, désertent le camp des abolitionnistes et vont alimenter les rangs des colons sudistes, les O’Harra d’Autant en emporte le vent ? Comment se demande Allen, les Irlandais qui sortaient d’une expérience pluriséculaire d’oppression raciale, religieuse, économique et culturelle ont-ils pu en traversant la mer changer à tel point ? Comment les immigrants de la Cincinnati Repeal Association finirent-ils par disjoindre la cause de l’indépendance irlandaise de l’abolitionnistes et rejeter Daniel O’Connell ? ( IWR 1, pp. 167-176)
Ces questions comme un tiroir gigogne en ouvre une autre plus en amont dans le temps, la même finalement, à la racine de l’énigme américaine : comment ce peuple si durement traité at home ( par la législation féroce sur les pauvres, par la persécution religieuse) qui forma les communautés fondatrices des 13 provinces américaines depuis la pionnière Virginie, à la Nouvelle Angleterre à Cape Code du Pilgrim Progress, jusqu’à la tardive Georgie, cet incroyable mélange de liberté constitutive et de plantations spéculatives (tabac, canne à sucre, indigo puis coton) instaura-t-il en un siècle le système esclavagiste le plus dur du continent, le premier État juridiquement raciste ?
Le second volume d’Allen revient sur la colonie de Virginie, comme le premier volume avait disséqué impitoyablement le cas irlandais.
A l’intérieur de l’énigme irlandaise, Allen avait ouvert un autre tiroir, celui de l’Orangisme et de l’Ulster. Comment la terre des clans irlandais par excellence, ceux qui résistèrent le plus opiniâtrement à la conquête, devint ce terrible fief qui sort à peine de la guerre inexpiable intra-communautaire entre Catholiques et Protestants. Le rapprochement est-il fortuit ? Evidemment non. Est-il si étonnant que la première puissance du monde, l’Empire sur lequel le soleil ne se couchait jamais il y a un siècle, ait gouverné (ruled) ce qui représente l’Afrique du Sud, en laissant s’instaurer l’apartheid, puisqu’elle avait forgé la méthode d’un “développement séparé” et d’un droit séparé, en Irlande depuis quatre bons siècles au minimum. L’apartheid des Blancs contre d’autres Blancs aura duré plus longtemps que le système raciste afrikaner. Peut-être parce que son substrat raciste ne trouvant pas s’appuyer sur le critère commode de la couleur (ce marqueur qui permettait d’empêcher les esclaves fugitifs de se fondre dans la population comme les engagés en rupture de contrat ) dut sur-diviser le corps blanc, et qu’entre Catholiques et Protestants anglicans épiscopalistes ou prébystériens écossais, il n’y avait finalement que le “pape”, le nom du père. Les haines familiales, c’est connu, sont les pires.
Le livre d’Allen est au fond une puissante variation sur l’invention du petit Blanc. En quoi il recoupe ce que Ghassan Hage explore lui dans une autre colonie britannique, l’Australie d’aujourd’hui : l’invention de la Nation comme barrière de couleur. A côté de la mythologie républicaine de l’invention de la Nation et du contrat des égaux rousseauiste, il y a l’autre face de la constitution du gouvernement de la multitude : l’invention du petit Blanc , qui fait du racisme une création d’Etat, l’invention d’une certaine tradition de gouvernement, pour déboucher sur l’invention de la Nation nettement pathologique des “nativistes” américains, des xénophobes obsédé de la pureté , hostile au mélange, à la bâtardise de la race par l’étranger dans leur version molle ou “hard”. Prendre la question au niveau du discours raciste, c’est toujours utile, mais c’est insuffisant et le plus souvent trop tard. La Shoa ne devient intelligible sans pour autant que la raison n’apprivoise, ne banalise son caractère monstrueux que lorsqu’un Hillel a reconstruit les étapes juridiques qui ont conduit à la construction des camps, lorsque l’on décortique les transformations banales du pouvoir administratif. En cela la pathologie de l’Etat anglais en Irlande, de l’Etat colon en voie de formation en Virginie nous éclaire sur l’état latent de l’État, du peuple souverain lorsqu’il est érigé en corps indivisible, indissoluble.
On savait depuis longtemps que diviser pour régner était la forme classique de domination impériale, ou que les pires ennemis du peuple se recrutent en son sein : traduction que le racisme prolétaire ou ouvrier n’était pas une fiction.
Mais constater l’existence des Petits Blancs et l’expliquer sans recourir à l’explication psychologique du “racisme” inné à l’égard de l’autre ou à l’absence de prise de conscience que l’exploitation capitaliste, sont deux choses distinctes.
On savait d’autre part, que l’accumulation primitive du capitalisme n’avait pas été une partie de plaisir. Mais que l’accumulation primitive soit, comme la création chez Descartes, “continuée”, cela mérite explication.
C’est en tissant ces deux motifs ensemble qu’Allen unit utilement race, classe et nation et met un terme à mon sens à la question des espaces de recouvrement ou de béance entre groupes de classe, communauté ethnique et société nationale .
Il arrive dans l’histoire que les classes se confondent presque totalement avec les clivages de “race”, de communauté ethnique, que la nation absorbe les classes. A ces deux pôles les classes sociales ont disparu pour la bonne et simple raison que ce qu’il y avait d’intéressant en elles dans l’analyse de Marx (position sociale simultanément et inséparablement de pouvoir produire et de produire le pouvoir) se trouve absorbé par les communautés. Il en va de même pour l’apparition de la bourgeoisie ; elle n’intéresse l’auteur du Capital que lorsqu’elle se fond avec la classe des capitalistes. Autrement Marx la rend à la sociologie académique et il n’a aucune raison d’écrire son fameux livre annoncé sur les classes sociales, pas plus que celui sur l’État . Il est bien deux situations ou l’analyse par les classes sociales ne nous explique que la moitié du problème (autant dire rien) : celle de la question nationale , des minorités nationales à celle de l’Union sacrée de 1914, et d’autre part, le racisme, l’antisémitisme. Ce n’est pas un hasard si la rencontre des deux questions dans le problème du racisme à l’égard des minorités nationales obscurcissent au carré la question des classes sociales.
Faut-il renoncer pour autant à lire les mécanismes d’exploitation ? Allen est intéressant justement en ce qu’il tient toute la chaîne et le passage de l’un dans l’autre. Il montre pas à pas, et c’est la précision des étapes qui fait le prix du livre, comment les riches et pauvres se font classes, comment toutes les couleurs de peau se forment à partir de la blanche, la noire, la rouge et la jaune, et se défont de leurs plis de classes, pour devenir race, minorités. Nul hasard si pour ce faire , revenant dans son deuxième tome sur l’Angleterre Allen est conduit à souligner que durant l’accumulation primitive, c’est la pénurie de main-d’œuvre qui est la règle et l’abondance de bras, que c’est là le problème numéro un du contrôle social. Sa description de la prolétarisation des immigrants s’inscrit dans la droite ligne de ce que Marx avait campé au terme du livre I du Capital, dans la 8° partie. Avec dans le cas de l’Irlande comme dans celui de la Virginie, la même différence qui change tout à l’arrivée : la prolétarisation n’a fonctionné dans les termes “classiques” de l’accumulation qu’avec deux mécanismes rééquilibrants internes qui évitaient l’explosion incontrôlable : l’émigration massive vers le Nouveau Monde, la ligne de fuite qui apparaît dans l’espace dès la Renaissance, et la création de mécanismes d’ascension sociale par l’économique adaptés à la dimension d’une multitude libre. Or que se passe-t-il lorsque la prolétarisation soit ne parvient pas à s’imposer durant trois siècles (l’Irlande jusqu’à l’orée du XVII° siècle) soit se produit sans que ces deux soupapes de sécurité ne fonctionnent (la Virginie au XVII° siècle) ?
Là où la population est sur place, l’Irlande, on enraye par tous les moyens juridiques l’accès des natifs à la propriété des terres, des charges ; on les dépouille du droit d’hériter, de tester à moins d’abjurer leur foi. Ils n’accèdent après plusieurs siècles de discrimination au bénéfice de la loi anglaise en 1613 que pour en être radicalement exclus comme catholiques par les Penal Laws de 1641 et 1704 (IWR1,p. 82). On leur interdit l’apprentissage de la lecture et l’on punit de mort en cas de récidive quiconque apprend à lire à un Irlandais catholique. Et comme cela ne suffit pas on confisque les domaines et implante des Écossais dans la partie la plus rebelle à l’Angleterre, l’actuelle Ulster tandis que les autres provinces sont laissés à l’état de Bantoustan avant l’heure. En Virginie, on punit de mort les colons (tenants) déserteurs après la quasi destruction de la colonie en 1619-22, puis à la faveur de l’introduction de nouveaux colons on liquide le colonat de métayage (IWR,2, pp. 76-77), on impose à une grande partie des nouveaux arrivants un contrat contraignant ( indentured servant). Mais cela ne suffit pas car travailleurs dépendants blancs et noirs ont tôt fait de se joindre aux Peaux-Rouges. Pis, un processus de différenciation creuse les rangs des colons attributaires de terres après la rébellion de Bacon de 1676 (IWR 2. tout le chapitre 11, pp. 163-222)
Le résultat est le même dans les deux cas. A défaut de payer la multitude en monnaie économique immédiate ( terres, argent) pour créer une classe tampon, intermédiaire, l’ancêtre de nos fameuses couches moyennes, on les paye en statut en privilèges (droits patrimoniaux à long terme puisque les enfants des Protestants, des Blancs auront à coup sûr une éducation, des métiers, des droits civiques meilleurs que ceux des Catholiques ou des Noirs). La prolétarisation ne tient débout que par un surinvestissement juridique, les Penal Laws en Irlande , les Race Laws dans le Nouveau Monde. L’Orangiste en Ulster, le petit colon au bord de la ruine s’il ne peut pas garder son engagé blanc ou noir le plus longtemps possible, vont ainsi s’avérer des combinaisons politiques tout aussi efficaces et tenaces que le modèle classique de création d’une classe moyenne de petits propriétaires libres comme dans la Nouvelle Angleterre. Dans la Virginie puis dans tout le Sud nord-américain la société ne repose pas sur des distinctions de classe mais de race. L’ethnie celte rousse et rebelle, les fanatiques orangistes, le noir ébène et les cagoules du Klu-Klux Klan sont la déclinaison blanche du pouvoir.
Il faut dire que l’intérêt des petits Blancs rejoint parfaitement les objectifs essentiels des grands propriétaires des plantations et des États coloniaux ( fixer la main-d’œuvre sur les terres, être approvisionné en prolétariat, même si ce dernier ne doit pas être libre, percevoir des revenus réguliers et faciles à lever).
Le schéma richement documenté par Allen s’insère parfaitement dans une théorie générale de la déviation de la prolétarisation que j’ai développée . Comme moi, il conteste très vigoureusement l’argument de l’armée de réserve que les anti-abolitionnistes présentaient aux nouveaux immigrants irlandais : si on libère les Noirs, ils vont vous faire concurrence sur le marché du travail (IWR,1, pp.165, 191-192) en montrant que ce n’est pas sur la dévalorisation de l’autre ( ses faibles prétentions salariales, son absence d’organisation ou de tradition de lutte) que repose la peur de la concurrence, mais sur la peur d’être marginalisé, de perdre un statut privilégié. Ghassan Hage n’illustre pas autre chose à partir de la nouvelle peur blanche de la dernière vague d’immigration asiatique en Australie.
Finalement la question posée par Allen revient d’elle-même sur l’ethnicisation ou la “racialisation” actuelle des relations de classe : partout où apparaît un statut juridique dérogatoire ( on peut étendre le raisonnement aux rapports de genre dans le travail) attentatoire à la liberté de circuler, au libre accès à l’ensemble des droits de propriété communs, il faut se demander non pas à qui profite le crime ( cela est une lapalissade), ni quelle nouvelle ligne de division se creuse (travail purement descriptif) mais quelle nouvelle dynamique de la multitude est visée, bridée.
Dans nos sociétés modernes, ayant aboli les divers apartheids, esclavages et nationalisme purificateurs des races, encore qu’ils soient là tout proches comme l’effroyable déchirure de ce qui fut la Yougoslavie le montre, les petits blancs ont-ils disparu ? Les États-Unis sont-ils une autre planète ?
A bien lire Ghassan Hage rien n’est moins sûr. Il démontre comment les exclueurs d’hier, aujourd’hui dominés projettent leur exclusion en rêvant la pureté de la Nation, comment les dominateurs présents exorcisent leur éthnocide passé en posant l’unité nationale d’une Nation tolérante collectionneuse de minorités comme tel antiquaire nanti de bibelots ou de réserves “naturelles”. .Ghassan Hage dans son livre alerte et provocateur à souhait attaque frontalement le multiculturalisme . Cette notion est attachée désormais au nom de Charles Taylor aussi inévitablement que ceux d’Habermas et de Rawls le sont à la démocratie représentative pluraliste. Ghassan Hage n’attaque pas les thèses théoriques du multiculturalisme comme telles tout en les marquant soigneusement ( WN, p. 137) ; il l’aborde lorsqu’il est devenu une idéologie d’Etat, en l’occurrence celle de l’Etat australien. Il repère une même matrice derrière les discours protecteurs de la puissance tutélaire anglaise prônant la tolérance ou ceux plus contrits qui s’excusent publiquement pour l’injustice commise autrefois envers les Aborigènes. Les Blancs ont fait l’histoire de l’Australie ; ils se sont mal comportés. Les nouveaux arrivants d’aujourd’hui (essentiellement non blancs ou non européens) doivent adopter les nouvelles valeurs de tolérance. La réparation économique doit compenser le dommage ancien. C’est évidemment un discours qui continue à placer le point de vue blanc au centre du tableau. Les minorités parlent droit, égalité, mais plus fondamentalement encore le droit d’être autre chose que les couleurs du pouvoir blanc.
Lisez Allen et Hage. Ce dont ils discutent tous deux est devant nous, dans l’Europe des banlieues, des minorités et de l’épuration éthnique.