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Mutants, hybrides, monstres, etc

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ZeligConf, rencontre européenne des contres-cultures digitalesLes 15, 16 et 17 décembre prochains nous avons donné rendez-vous à Paris aux multitudes de la communication digitale pour (à peine) trois jours d’une rencontre qui se veut tout autant une agora, lieu de confrontations politiques, qu’un laboratoire de coopération productive, un temps de mise en œuvre pratique de projets et d’initiatives. La zeligConf entend en tout état de cause être une occasion possible d’hybridation entre les divers monstres et mutants du cyberspace qui, de Seattle à Pragues, de mailing lists en sites Web, de production de code en inventions théoriques et culturelles, composent ce que nous avons définis comme « contre-cultures digitales », cet ensemble de sujets acteurs d’innovations sociales, mais aussi de conflits, dans le scénario du capitalisme cognitif.

La zeligConf propose ainsi l’ouverture d’une série de chantiers : celui d’une réflexion (qui doit aussi être un bilan) sur les mouvements sociaux, l’information et la communication ; sur la production et circulation de savoirs et les enjeux de la propriété intellectuelle ; sur la censure et les volontés politiques de contrôle des contenus sur l’Internet. Des thèmes qui parcoureront tant les débats que des ateliers « pratiques », parce que la zeligConf se veut d’abord un incubateur pour des dynamiques qui existent déjà, pour des parcours que nous croyons possible et nécessaire d’initier, à l’intersection entre les discours politiques et les pratiques sociales. Dans cet espace qui nous est ouvert par Multitudes, puisque la revue s’est associée à l’organisation de la rencontre, nous publions donc deux textes – parmi toute une série qui sera mise en circulation sur le Net – que nous proposons comme contribution et comme introduction aux travaux des ateliers et débats des 15, 16 et 17 décembre.

Le premier, Tous experts !, s’inscrit dans la formalisation d’un projet de réseau d’échange de savoirs techno-scientifiques. La maîtrise des outils logiciels de la communication digitale – des possibilités d’édition en ligne au groupware, travail coopératif à distance – pose en effet clairement la question de l’« expertise », de l’acquisition et de la circulation des savoir-faire et souligne surtout la nécessité d’un dépassement des rituels d’initiation classiques, propres aux communautés virtuelles plus ou moins closes, pour que cette « expertise » puisse se diffuser largement chez les sujets-utilisateurs, pour qu’ils conquièrent leur pleine autonomie technique et cognitive dans les pratiques de communication.

Le second texte, Sur la censure et les droits d’auteurs, est la traduction de la « philosophie » du projet Freenet, un réseau au sein même de l’Internet, à même de garantir l’anonymat de ses usagers. Freenet, qui en est à un stade avancé de conception, vise en effet à développer un système distribué client-serveur permettant la publication de n’importe quel document ou fichier, de manière totalement anonyme, sans qu’il soit possible de retracer l’activité de ses utilisateurs, ni l’origine d’un fichier oumême sa localisation précise sur le réseau. Une réponse « technologique » et pratique, en quelque sorte, aux volontés croissantes des États, mais aussi des grands monopoles du multimédia, d’imposer un contrôle des contenus et des usagers du réseau des réseaux.

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