Le 19 septembre 1985 vers sept heures du matin, la ville de Mexico subit un tremblement de terre d’une intensité particulièrement forte : 8 degrés sur l’échelle de Richter, qui n’en comporte que 9 (Lisbonne 1755). Des moments qui ont suivi, les Mexicains ne gardent pas seulement les images de désolation, le souvenir des morts (environ 6000 dont les corps ont été effectivement retrouvés, peut-être plus…) ou des destructions (environ 50 000 immeubles détruits ou endommagés, des rues entières barrées par les gravats, etc…). Le tremblement de terre fut aussi l’occasion d’une renaissance de la société civile, muselée après la répression sanglante du mouvement étudiant de 1968, et toujours soumise aux formes très particulières d’assujettissement qu’organise depuis la révolution mexicaine de 1917 le Parti révolutionnaire institutionnel. Celui-ci a tremblé également sur ses bases pendant ces quelques semaines d’autoorganisation de la société, et cette petite lueur démocratique brille encore aujourd’hui, relayée il est vrai par les exigences internationales de décentralisation, et sans doute d’affaiblissement, des pouvoirs nationaux débiteurs des grandes puissances occidentales.
Dans l’impressionnante littérature que les Mexicains ont consacrée à ce phénomène sociopolitique exceptionnel, j’ai pu prendre connaissance de quelques articles et du livre remarquable d’Elena Poniatowska « Nada, nadie, las voces del temblor »[[Elena Poniatowska, Nada, nadie, las votes del Temblor, Ediciones Era, Mexico. 1988. qui fait parler à la première personne les habitants de Mexico, qu’ils aient été plus ou moins sinistrés, ou qu’ils aient seulement participé aux opérations de sauvetage. Ainsi est rapporté en direct un moment de rupture politique, de désobéissance civile spontanée. Alors que l’État moderne a constitué sa compétence à partir de la gestion efficace des situations d’urgence, l’État mexicain a mis environ un mois à récupérer la faculté de se positionner en «serviteur de la population », c’est-à-dire en gestionnaire efficace d’un segment de la force de travail mondiale.
De nouvelles perceptions
Un tremblement de terre pour ceux qui restent vivants c’est d’abord l’effarement devant la fragilité de ce qu’on appelle le dur, le bâti. A Mexico ce sont les immeubles les plus modernes, les plus bétonnés, qui se sont le mieux effondrés, coinçant les habitants entre leurs lourdes plaques, et causant le maximum de morts au mètre carré, pendant que de l’habitat traditionnel en miettes les autres se retiraient quasiment indemnes. Quand bien même dans le cas des immeubles de bureaux on avait respecté les normes parasismiques pour les carcasses, tout s’est envolé à l’intérieur, et on voit encore aujourd’hui ces épaves urbaines dont personne ne veut, sauf peut-être provisoirement quelques squatters. Avec le bâti, c’est également l’échelle des valeurs symbolisée par les bâtiments qui a vacillé.
Plus aucune parole officielle n’était crédible, et à la radio gouvernementale qui invitait à rester chez soi en attendant l’onde de retour, les habitants ont répondu en se précipitant dans la rue, pour aller sauver tout de suite ce qui pouvait l’être encore. Les individus, au coude à coude, ont remisé leurs appartenances sociales ordinaires au magasin des accessoires, quitte à les réutiliser ensuite comme simples compétences techniques. Ces individus libérés par l’urgence furent peutêtre un ou deux millions voire plus ; ils n’ont pas été enregistrés. Certains sont restés plus d’un mois sans retourner à la maison ; d’autres ont donné seulement quelques jours. Il y eut les permanents et les occasionnels comme toujours ; mais au total le tremblement de terre a mis la population dans la rue. Dans cette rue, la poussière des immeubles effondrés déroulait la vie en noir et blanc, comme dans un vieux film. La police, terrée dans ses casernes, attendait l’onde de retour et restait invisible. On circulait librement dans les décombres, en s’échangeant des prénoms pour faire connaissance, en tournant le dos, pour la plupart, dès qu’un journaliste approchait. Les lignes téléphoniques étaient coupées et les appels individuels, à la recherche des proches perdus dans la ville, passaient par les radios indépendantes. Trente radios se sont mises au service de la population, dont certaines venant des États-Unis. Très vite l’Université a commencé de centraliser des appels d’urgence des familles à la recherche de leurs vivants et de leurs morts. Mais elle avait du mal à remettre en marche ses ordinateurs. L’unité esquissée en 1968 entre étudiants, enseignants et travailleurs, trouvait enfin sa nécessité. Les nouvelles étaient catastrophiquement enflées par toutes les télévisions du monde. La vie tenait médiatiquement du miracle. L’aide internationale, massive malgré le refus qu’en avait fait le gouvernement, érigeait les sinistrés et leurs amis en vrais représentants du pays.
Ces jours de sauvetage furent un formidable travail d’équipe. Architectes et ingénieurs qui s’employaient à pénétrer les décombres à la recherche des corps ne faisaient plus semblant de tout savoir. Ils écoutaient les blessés, pourtant le plus souvent sans formation, leur expliquer leur compréhension du bâtiment où ils étaient enchâssés. Les femmes, traditionnellement à l’écart de la vie publique, trouvaient particulièrement leur place dans cette nouvelle vie qui s’improvisait dans la rue, où on campait devant les immeubles en ruines. Pas question que le tremblement de terre soit le prétexte à l’éviction des populations du centre de la ville sous prétexte que des espaces verts valent mieux que le relogement sur place pour diminuer les risques.
Les corps d’abord
Ce qui frappe à la lecture de tous les témoignages rassemblés par Elena Ponatiowska, c’est le souci unanime de ne pas laisser un seul corps en arrière, sous les décombres, de ne pas faire la part de la catastrophe, comme y invitait plus ou moins explicitement le gouvernement. Et les habitants savaient qu’ils avaient raison car au fil des jours en cherchant les morts on continuait à retrouver des vivants. Mais au-delà de cette justification rationnelle, le souci des corps, dans leur crudité, c’était le souci des êtres humains débarrassés plus encore que les sauveteurs de tous les qualificatifs qui signifiaient leurs liens sociaux, leurs assujettissements divers, leurs différenciations en groupes et en classes. Dans le système corporatiste, les citoyens sont censés être sinon incapables de civisme, du moins inaptes à communiquer entre eux sans la médiation du pouvoir central. La recherche des corps, c’est une sorte de communion pratique dans le corps commun de l’humanité, passion que d’ailleurs les groupes religieux ont su parfaitement récupérer, comme en témoigne la série de messes célébrées pour l’anniversaire des événements.
Cette communion avait un caractère de classe tout à fait marqué, car le tremblement de terre a été l’occasion de découvrir l’ampleur du travail clandestin dans le quartier. Il ne s’agissait pas seulement de l’artisanat ou du petit commerce familial, traditionnel à Mexico ; mais de véritables usines immergées, installées dans des immeubles apparemment d’habitation, notamment dans cette grande barre qui a fait le maximum de morts. 500 couturières sont mortes qui n’avaient pas la sécurité sociale comme six millions d’habitants de Mexico sur dix-huit, et 40000 se sont retrouvées sans emploi. La solidarité ne pouvait s’organiser dans ces conditions qu’en nature, indépendamment de circuits institutionnels incompétents. Quant aux patrons leur solidarité s’est exprimée par la remise au travail des survivantes dans d’autres ateliers…
Les habitants regardent aujourd’hui différemment les institutions de santé. Un hôpital faisait partie de ces bâtiments modernes particulièrement endommagés, parce qu’abstraits de la vie réelle. Le travail de santé publique apparaissait plus essentiel en ces jours d’urgence que la médecine de pointe traditionnellement recherchée dans les hôpitaux. C’est ainsi qu’un dentiste a installé un cabinet de fortune dans un minibus 500 personnes se sont présentées chaque jour, venant soigner des maux qui dataient de bien avant le tremblement de terre. De tels groupes de santé ont réussi à s’implanter plus ou moins durablement.
Le corps commun des morts, des rescapés et des sauveteurs ne souffrait aucune des exclusions sociales traditonnelles ; les marginaux tels que drogués, alcooliques, etc… stigmatisés dans une société où on met son point d’honneur à se rendre utile par l’activité la plus menue qui soit, ont participé comme les autres et parfois plus, aux activités de déblaiement et de sauvetage.
Une nouvelle identité sociale et nationale s’est fait jour, se référant aux racines mythiques aztèques pour se mettre à l’écart de la légitimité gouvernementale. Raconter son tremblement de terre fut pendant quelque temps le mode obligatoire de la présentation de soi chez les Mexicains, leur manière de dire : nous avons su résister, comme les Aztèques ; vivre au-delà de la mort, malgré le gouvernement, malgré les conquistadors.
Le gouvernement mis à nu
Le gouvernement mexicain fonde traditionnellement son pouvoir sur la croyance bien ancrée chez tous ses sujets qu’il est seul à pouvoir les faire bénéficier des dons du ciel soit de l’ensemble des ressources que sont l’accès au sol, à un logement, à un emploi ou à une licence de commerce, etc…, le Parti révolutionnaire institutionnel étant le seul entremetteur agréé dans la transmission des demandes[[Cf. Antonio Azuela de la Cueva, « EI derecho a la ciudad », in Ciudades n° 3. 1989. Mexico.. Mais avec le tremblement de terre, le ciel est tombé sur la tête des Mexicains. Les privilégiés (relativement) qui avaient bénéficié de logements neufs dans les immeubles récemment construits à grand renfort de subventions publiques à Tlatelolco, ont été enfouis dessous ; pour les survivants et les familles des morts il fallait de toute urgence trouver les responsables d’une telle tromperie. Le silence du gouvernement l’impliquait directement. De plus par un quasi pont aérien, est arrivée très rapidement une aide internationale massive, qui faute d’être acceptée par le gouvernement s’est déversée directement sur le terrain, légitimant du même coup les organisations militantes, religieuses notamment, que le gouvernement n’avait jamais voulu reconnaître.
Pour le gouvernement, le tremblement de terre était presque une bonne aubaine pour inciter la population trop concentrée dans la capitale à retourner vers les provinces. Les premières mesures officielles ne furent pas des mesures de secours, mais des mesures de décentralisation administrative ; on songeait moins à reconstruire qu’à remplacer les immeubles détruits par des espaces verts, à profiter de l’occasion pour réaliser quelques grands projets d’urbanisme. Ce qu’il était difficile au gouvernement d’oser – évacuer une partie de la population du centre – une catastrophe naturelle allait peut-être le réussir. Or les habitants ont refusé de se voir retirer le droit à la ville. Les habitants, avec le soutien de l’aide internationale, ont campé dans la rue, devant leurs immeubles détruits, et refusé d’abandonner le centre.
Le gouvernement jusque-là légitimé par sa gestion populiste est apparu brutalement lié à d’autres intérêts, soumis à d’autres contraintes, qui le séparent radicalement de la population. Les habitants ont pris brutalement conscience qu’il n’avait jamais été capable de décisions rapides dès lors que leurs intérêts étaient en jeu. On pense qu’ils « ne parlent pas le même langage », dit un sinistré à Elena Poniatowska. C’est d’ailleurs tout le pays qui est solidaire des habitants de Mexico, et qui leur envoie des vivres et des médicaments pour tenir sur place. Une autre rescapée parle de « toute la faune gouvernementale qui a fait quantité de promesses mais quasi rien de concret ».
Comme le dit Elena Poniatowska, les gens ne sont pas morts du séisme, mais de la mauvaise construction, de la fraude, de la corruption, de l’incapacité d’un gouvernement qui se fiche que les gens vivent et travaillent dans des immeubles qui peuvent s’effondrer. Pour les habitants ce gouvernement a montré une nouvelle fois qu’il était un assassin, comme il l’avait été en faisant tirer sur les étudiants en 1968. La volonté du gouvernement d’organiser le retour rapide à la normalité par une reconstruction rapide des immeubles détruits a été perçue comme une tentative vaine pour se faire oublier, pour minimiser sa responsabilité.
Le gouvernement s’est rendu particulièrement odieux par la consigne qu’il a donnée immédiatement après le tremblement de terre, de rester chez soi, et de ne pas s’occuper d’aller porter secours aux amis et parents sous les décombres ; cela dans le but de ne pas augmenter le nombre de victimes puisqu’on attendait l’onde de retour pour le lendemain. Mais les habitants qui se précipitèrent tout de même dans la rue pour porter ces secours tirèrent de ces précautions leurs propres conclusions ; on avait voulu faire la part du feu, abandonner les sinistrés, risquer parmi eux d’autres décès ; le gouvernement avait oublié d’être le gouvernement de tous, y compris de ses morts, avait oublié qu’il devait une égale attention à tous ses sujets, quels qu’ils soient. C’est en fait une rupture constitutionnelle qui s’est constatée à cette occasion, ouvrant à la pensée d’autres ruptures.
Mais ce grand écart entre le gouvernement et le peuple ne s’est traduit à aucun moment par l’organisation d’un mouvement révolutionnaire ; tous les acteurs se sont accordés plutôt pour définir deux domaines de compétences : la solidarité pour le peuple, le contrôle, le maintien des institutions et du statu quo pour le gouvernement. Simplement dans cette répartition le conservatisme a changé de camp. On sait maintenant que le changement en tant qu’il serait bon ne peut venir que du peuple, et qu’il se heurtera à la capacité de réaction du gouvernement. Celui-ci a perdu l’aura réformatrice conquise au début du siècle. Et les habitants ont compris qu’à travers les institutions officielles la participation qu’on leur propose est une participation au contrôle, une participation répressive, une participation sans intérêt puisqu’elle ne sait pas faire face à la mort.
Des embryons d’autogestion
Si 40000 logements furent reconstruits normalement, c’est-à-dire conformément au Programme de Rénovation de l’Habitat populaire, 500 furent construits en autogestion ; ce chiffre est finalement assez faible. L’apport des organisations gouvernementales, des universitaires, des professionnels fut beaucoup plus important pour les secours immédiats. Ces personnes extérieures aux quartiers sinistrés ont soutenu l’organisation des habitants. Par exemple dans le quartier du centre où il n’y avait auparavant aucune organisation populaire, 2 500 familles se sont regroupées autour d’un petit groupe qui avait constitué une coopérative de consommation trois ans auparavant. L’union de quartier a commencé à se constituer 10 jours après le tremblement de terre. Le milieu était a priori indifférent à toute forme d’action collective. Mais les jours qui ont suivi le tremblement de terre, les habitants sont restés dans la rue par peur de nouveaux effondrements. Les universitaires ont aidé à organiser le campement dans la rue, à gérer collectivement les repas, la garde des enfants, la construction des abris, à réguler les relations. La destruction de beaucoup de lieux de travail et l’absence de consommateurs dans les commerces avaient entraîné un niveau élevé de chômage. Les écoles avaient été détruites. Toutes les relations sociales étaient donc à recomposer[[Ce développement s’inspire de la communication présentée par Emilio Duhau, sociologue de l’Université Autonome Métropolitaine d’Azcapotzalco, au Séminaire « Participation sociale, reconstruction et femme » organisé par Alejandra Massolo et Martha Schteingart au Colegio de Mexico en 1986..
Cependant la revendication fut vite canalisée vers le programme de rénovation de l’habitat populaire, soit l’expropriation des immeubles endommagés et leur revente par l’Etat à leurs habitants.
L’union des habitants du quartier du centre était organisée comme celles des autres quartiers par commissions (finances, femmes, technique (c’est-à-dire construction), juridique, pères de famille, soutien et aide). Beaucoup d’habitants avaient adhéré mais peu travaillaient régulièrement. C’est la commission technique qui fut le plus suivie, et celle des pères de famille le moins. La commission technique a réussi à créer une représentation de trois personnes pour chaque immeuble. Ces représentants élus n’avaient rien à voir avec le parti révolutionnaire institutionnel, seul habilité jusque-là à organiser la médiation entre le gouvernement et la population. Ces représentants élus furent plutôt des hommes alors que les personnes actives concrètement sur le terrain étaient plutôt des femmes…
L’acceptation par les habitants des conditions posées par le Programme de rénovation de l’habitat populaire ne s’est pas faite sans négociations et aménagements. L’organisme gouvernemental a été obligé de signer un contrat avec l’Université Autonome métropolitaine, c’est-à-dire de prendre en compte le travail des techniciens qu’elle avait mis à la disposition des habitants. Cette convention a permis à toutes les familles de ce quartier de participer à la confection des plans de leur logement et à l’ajustement de la distribution des espaces de chaque immeuble. C’est grâce à la pression des groupes d’habitants que la surface allouée à chaque famille dans le programme de reconstruction fut doublée, passant de 20 à 40 m2. Cependant le gouvernement refusa d’inclure dans ses projets l’étude faite par l’Université sur les équipements collectifs.
L’union des habitants a également obtenu que le coût de la reconstruction à l’identique des bâtiments classés monuments historiques soit à la charge du gouvernement et non des habitants. Elle a su également préserver les droits des habitants des immeubles dont les propriétaires avaient gagné leur recours contre le décret d’expropriation ; ils ont obtenu des certificats leur donnant le droit au relogement à proximité. L’union a aussi négocié avec les propriétaires des immeubles non expropriés pour qu’ils acceptent une réhabilitation grâce à l’aide internationale. Sur 70 immeubles concernés dans le quartier du centre, 45 propriétaires ont accepté. Au total l’action des organisations d’habitants a permis le maintien dans le centre de la ville d’une population plutôt ouvrière, même s’il s’agit d’une activité irrégulière. Le paradoxe est sans doute que sans le tremblement de terre cette population aurait été évincée peu à peu de ces positions centrales.
La vie collective exigée par l’urgence a permis à cette population de faire masse face au gouvernement et l’aide internationale aidant, de faire même force de projet. Tous les observateurs ont été frappés par la place centrale des femmes dans l’organisation de la vie collective, dans l’organisation du contrôle collectif des travaux de reconstruction. Or pour la plupart de ces femmes il s’agissait de leur première expérience politique. Ce sont d’ailleurs avant tout les femmes travailleuses, notamment les couturières, qui ont participé à la nouvelle organisation, femmes qui avaient déjà l’expérience du syndicalisme ou qui étaient seules à la maison. Cependant les femmes ont eu tendance à investir les commissions correspondant à leurs compétences traditionnelles, et à créer des cours de cuisine et de diététique, ou à organiser des gardes d’enfants et des laveries ; en même temps il s’agissait d’éléments fondamentaux de la vie de quartier. Cependant elles ont été aussi à l’origine de diverses coopératives que le tremblement de terre a fait fleurir dans le quartier.
Le quartier de Tepito, haut lieu du travail au noir et du commerce de rue, est le plus connu des Européens parmi les quartiers sinistrés. L’association des commerçants y a mis un local à la disposition des universitaires pour permettre aux habitants d’élaborer des projets de reconstruction autofinancés. C’est là que furent élaborés les 13 projets qualifiés par les autorités d’autogestionnaires. Il fallut négocier pied à pied l’acceptation par le programme gouvernemental de rénovation de l’habitat populaire de financer ces projets atypiques et imposer la supervision des travaux par des techniciens délégués par la population. Mais il fallut aussi en passer par les normes techniques et financières du gouvernement pour que les immeubles soient expropriés et les travaux rendus possibles.
Dans tous les quartiers les organisations d’habitants ont créé de même des gardes d’enfants, des laveries collectives, des restaurants populaires, des hébergements provisoires et ont supervisé les travaux de reconstruction entrepris par le gouvernement, qui par l’expropriation s’était rendu maître des lieux. Les habitants ont participé eux-mêmes aux travaux de reconstruction pour en diminuer le coût, et leurs organisations ont imposé des horaires de travail compatibles avec le maintien d’une vie de travail et d’une vie de famille. La reconstruction s’est faite pour les habitants et non pour de nouvelles couches sociales qui auraient pu à cette occasion envahir les quartiers. C’est que la pression sur le foncier et l’immobilier au centre de Mexico est en fait limitée vu la pollution que connaît l’agglomération ; le phénomène de « gentrification » qu’on a observé ailleurs dans les centres urbains ne semble pas à l’ordre du jour ; les promoteurs aux dents longues sur lesquels le gouvernement aurait pu s’appuyer pour une autre reconstruction ne se sont en fait pas montrés.
Si le tremblement de terre a fait émerger un mouvement social alternatif au contrôle du centre par le gouvernement, c’est autant parce que les couches sociales avec lesquelles le gouvernement est lié ne veulent pas investir cette partie de la ville que parce que les habitants de ces quartiers ont perdu confiance dans le gouvernement. Cependant cette perte de confiance, et la revendication d’une nouvelle représentation démocratiquement élue, non monopolisée par le Parti révolutionnaire institutionnel, ont conduit à la création sur l’ensemble de la ville d’une Assemblée des représentants des quartiers, certes consultative, mais tout de même chargée de la médiation entre une volonté gouvernementale modernisatrice et technocratique, et une résistance d’habitants qui savourent en fait le plaisir de vivre au coeur de la plus grande ville du monde. Si le gouvernement s’est montré capable d’exproprier près de 50000 logements pour récupérer la confiance des habitants, près de 300 groupes indépendants ont survécu, en se spécialisant soit sur un quartier, soit sur une tâche déterminée (conseil juridique, organisation des habitants, aide technique en construction, soins primaires).
Le retour à l’ordre
Compte tenu de toute cette effervescence sociale, le retour à l’ordre ne pouvait être seulement garanti par la remise en état des bâtiments endommagés. C’est l’ensemble des relations politiques constitutives de la société mexicaine qui avaient été remises en question, et que le gouvernement devait repositionner pour reprendre les rênes du pouvoir. L’initiative du processus politique était enfin disputée au gouvernement par d’autres acteurs sociaux, même s’ils se situaient à une échelle tout à fait locale. En devenant le propriétaire des immeubles sinistrés le gouvernement força chacune des victimes à entrer directement en relation avec lui, à sortir de la relation privée qui avait jusqu’ici caractérisé sa présence dans son habitat. L’expropriation pouvait avoir l’air d’une simple commodité, d’une facilitation de la reconstruction ; elle fut en fait l’introduction forcée des habitants dans une nouvelle identité sociale, celle de propriétaires, obligés de s’acquitter des charges incombant à leur état.
L’expropriation a certes une forte connotation de rupture de gauche dans la culture politique mexicaine. Elle fonde ‘État mexicain post-révolutionnaire puisqu’elle a permis l’accès de tous à la propriété agraire, collective. Elle fonde l’indépendance nationale, ou du moins son image, avec la nationalisation des banques et des compagnies pétrolières. Même en milieu urbain elle a permis la réalisation d’ouvrages publics et l’accès à la ville des populations mal loties. Mais l’expropriation n’était plus de mise dans les années 80 où le gouvernement mexicain cherchait à présenter un profil aussi libéral que possible devant le Fonds monétaire international.
Court-circuité par l’aide internationale, accusé d’assassinat du fait de la destruction des immeubles construits à sa demande, l’État devait trouver une nouvelle donne apte à le remettre en selle dans sa figure paternaliste. Or les sinistrés risquaient d’être expulsés par des propriétaires trop contents de jouer la carte de la reconstruction pour relever le standing de leurs immeubles, et par là de leurs locataires. Les propriétaires commencèrent donc à essayer de parachever l’ouvre du tremblement de terre, y compris sur des immeubles peu endommagés. Ce sont alors les locataires qui ont fourni eux-mêmes au gouvernement l’occasion de se relégitimer en réclamant une expropriation, qui avait déjà été proposée sans succès peu avant. C’est en recourant au gouvernement, et à sa tutelle paternelle, que les sinistrés ont cherché à modifier et en fait à supprimer des relations propriétaires/locataires qui risquaient de tourner à leur désavantage. Le gouvernement avait évidemment tout intérêt à saisir cette perche, à tenter de capter les voix de 40 000 familles au risque de perdre celles de 5 000 autres. Les propriétaires, proches du parti officiel, n’ont pu réagir à une mesure de ce parti. Certains, d’ailleurs, peu fortunés et hors d’état de réaliser la transformation urbaine voulue par les autres, ne pouvaient qu’applaudir à une mesure qui leur valait une indemnité supérieure à ce qu’ils auraient retiré de leurs loyers. L’expropriation permit de renouer l’alliance entre la classe politique et la bourgeoisie, de retrouver les émotions populistes et d’oublier les mesures d’austérité économique[[Tout ce développement suit de très près l’article de Antonio Azuela de la Cueva : « Una excepción a la crisis, el sismo de 1985 y la expropriaciôn de predios en la Ciudad de Mexico ». in Las ciudades latino americanas en la crisis, Trillas, 1989, Martha Schteingart et Alii..
Cependant l’expropriation témoigna une nouvelle fois de l’inefficacité de la bureaucratie car les immeubles désignés ne correspondaient pas toujours à ce qu’on pouvait observer sur le terrain. Elle s’accompagna d’ailleurs du signe manifeste de perte de confiance dans le gouvernement qu’est l’achat massif de dollars par la population et la dévaluation.
Certes le gouvernement présenta l’opération comme une bonne occasion d’obliger les habitants enfin propriétaires à s’occuper de l’entretien et de l’amélioration de leurs immeubles, alors que les loyers bloqués condamnaient ceux-ci à la dégradation. Mais l’expropriation était surtout un pare-feu contre l’organisation autonome de la population, une confirmation du gouvernement comme seul dispensateur d’aménités sur le terrain. En proposant d’octroyer des prêts pour l’achat des logements que les familles habitaient déjà, le gouvernement a réussi à transformer la mobilisation des habitants en queue de quémandeurs.
Malgré cette banalisation et une croissance urbaine qui fait de la mémoire politique une peau de chagrin (en 1985 il y avait 14 millions d’habitants à Mexico, il y en a aujourd’hui 20), le tremblement de terre a laissé des traces. Si les nouveaux habitants de Mexico acceptent comme leurs prédécesseurs les passe-droits du Parti Révolutionnaire Institutionnel qui leur permettent de s’agréger à la capitale, ils ne votent plus pour lui comme avant, ils ont perdu l’habitude de remercier. Le cynisme n’est plus l’apanage des classes privilégiées. Prendre d’où qua cela vienne ce qui est bon, refuser toute allégeance en retour, ne définit peut-être pas une stratégie collective d’accession au pouvoir, mais cela fonde une pratique quotidienne de déprise du pouvoir dont le Parti révolutionnaire institutionnel constate amèrement les effets. Pour la première fois en 1988 le président de la République a été élu sans qu’on sache s’il avait vraiment la majorité ; le dépouillement des élections a été arrêté à temps pour qu’on ne soit pas sûr qu’il ne l’avait pas ! Cette perte de légitimité n’est bien sûr pas la conséquence directe du tremblement de terre, mais elle a commencé avec lui, avec la prise de conscience que l’urgence n’était plus imposée par l’État mais traitée par la solidarité des citoyens élargie à l’échelle internationale, élargie à l’humanité.
Anne QUERRIEN
Actions des organisations de citoyens et de sinistrés [[Cette chronologie et la suivante s’inspirent très largement de l’article de « Manuel Villa A. : La politizaciôn innecasaria et regimen politico mexicano y sus exigencias de pasividad ciudadara a los damnificados », Estudios dernogrdficos y urbanos, 4, janvier-avril 1987, El Colegio de Mexico, Mexico.
19 septembre : Tremblement de terre.
24 septembre : La coordination nationale du mouvement urbain populaire (CONAMUP) et la Faculté d’architecture de l’Université nationale autonome du Mexique convoquent une assemblée générale pour mettre en place la solidarité avec les sinistrés. 32 organisations et groupes de sinistrés y assistent.
26 septembre : Meeting devant le palais de l’Assemblée législative au cours duquel les sinistrés de Tlaletolco (immeuble moderne récent complètement effondré) remettent un document à la Commission spéciale pluripartis demandant son intervention pour que le Ministère chargé de l’urbanisme établisse les responsabilités sur les effets du séisme sur l’immeuble Nuevo Leon.
27 septembre : Suite à l’assemblée du 24 s’est constitué le Comité populaire de solidarité et Reconstruction (COPOSORE). Marche vers le centre de la ville de plus de 3 000 sinistrés demandant du ravitaillement, des experts et de châtier les responsables des effondrements.
2 octobre : Marche organisée par le COPOSORE pour demander un programme démocratique de reconstruction : 15 000 personnes ont participé.
5 octobre : Création de l’Union des voisins et sinistrés du 19 septembre.
8 octobre: Meeting sur le Zocalo (place principale de Mexico devant le Palais du gouvernement) des quartiers de la Condesa, Roma et Doctores, demandant une information au sujet de la politique d’habitat et de l’utilisation de l’aide internationale.
19 octobre : Constitution de la Coordination Unie des Sinistrés (CUD car en espagnol sinistré se dit « Damnificado »).
22 octobre : Marche vers le Zocalo des sinistrés de Doctores et du Centre demandant au gouvernement de prendre un décret d’expropriation.
23 octobre : La CUD participe à la manifestation contre le paiement de la dette extérieure organisée par les syndicats ; elle exige que cet argent serve à la reconstruction.
24 octobre : Première assemblée générale des sinistrés ; 25 organisations y assistent.
9 novembre : Deuxième assemblée générale des sinistrés organisée par la CUD. Un plan d’action est défini pour quatre domaines l’habitat, l’emploi, l’éducation et la santé.
12 novembre : Marche des sinistrés du palais de l’Assemblée législative au Palais du Président.
16 novembre: Assemblée nationale de solidarité convoquée par la CUD ; y assistent 37 organisations.
23 novembre : Marche des femmes de la CUD de la Place des Trois Cultures (située près de Tialetolco, et lieu de la tuerie des étudiants par le gouvernement en 1968) au Monument à la mère de famille.
26 novembre : Deuxième sit-in de la CUD au Zocalo, auquel participent plus de 5 000 sinistrés.
30 novembre: Premier congrès national pour une reconstruction démocratique convoqué par la CUD.
1er décembre : Les sinistrés de la ville de Guzman dans l’État de Jalisco s’intègrent à la CUD.
7 décembre : Nouvelle marche de la CUD au Palais présidentiel. Le Président ne les reçoit pas.
12 décembre : Pèlerinage à la basilique de Guadalupe, organisé par la CUD qui dénonce l’absence de mesures trois mois après le tremblement de terre.
16-23 décembre : Des hébergements sont mis en place dans les divers quartiers par la CUD.
7-8 février : Troisième assemblée générale des sinistrés convoquée par la CUD. Ils exigent que le Programme de rénovation de l’habitat populaire mis en place par le gouvernement fixe les conditions de financement et le régime de propriété de la reconstruction, et remette les certificats donnant droit au relogement.
11 février : La CUD dénonce le fait que plus de 30 000 familles sont encore sans abri.
16 février : Les unions de voisins des colonies Guerrero et Morelos présentent les premiers immeubles construits par les organisations populaires en autogestion.
19 mars : Troisième grande manifestation de la CUD du Monument de la Révolution au Zocalo, pour commémorer la fin du sixième mois après le tremblement de terre. 10000 sinistrés y participent. Ils dénoncent le fait que le gouvernement n’a encore reconstruit aucun immeuble et que la remise des certificats de sinistre s’est transformée en un moyen de pression pour que les sinistrés quittent les campements dans la rue et s’affilient aux comités de reconstruction du parti révolutionnaire institutionnel (gouvernemental). Les sinistrés signalent que le Programme de Rénovation de l’habitat populaire fonctionne comme une agence du PRI, que le décret sur l’expropriation ne touche pas encore tous les immeubles concernés, qu’il manque plus de 20000 certificats et qu’il n’y a aucune solution pour les sinistrés d’immeubles non-expropriés.
20 mars: Marche de la CUD du Monument de la Révolution au Zocalo pour remettre une pétition au régent (ministre chargé de gérer la ville de Mexico), où on insiste sur la nécessité de connaître les conditions d’achat et de vente des logements construits par le Programme de rénovation.
6 avril: Les membres du groupe Campements Unis du quartier Atlampa refusent de s’installer dans les habitats provisoires et sollicitent de l’administration une subvention pour édifier leurs propres hébergements.
8 avril : Des représentants de divers quartiers exigent du procureur général de la République qu’il publie les résultats de l’enquête sur l’effondrement de l’immeuble Nuevo Leon à Tlaletolco. Le leader de la CUD demande au gouvernement de faire une enquête sur les incendies survenus récemment dans les habitats provisoires, et accuse le gouvernement d’en être responsable. La CUD affirme que près de 35 % des bénéficiaires du décret d’expropriation ne sont pas capables de rembourser en cinq ans le prêt accordé par le PRHP, et qu’il ne sont pas d’accord avec le régime de propriété en condominium qui leur est imposé.
16 avril: La CUD, en liaison avec d’autres organisations du quartier Roma, achète sept immeubles du quartier, grâce à l’argent reçu d’organisations ecclésiastiques d’Europe.
8 mai : La CONAMUP annonce qu’elle organisera des meetings et des manifestations durant le Mondial de Football pour rendre public le manque d’attention de la part du gouvernement dans le contrôle des prix des articles de première nécessité.
9 juin : L’organisation des voisins sinistrés du quartier de Tepito annonce un sit-in pour le jour suivant au Zocalo pour empêcher l’annulation de certaines expropriations dans leur quartier.
23 juillet: Le groupe interdisciplinaire de l’Université autonome métropolitaine de Azcapotzalco inaugure le premier projet de reconstruction parmi les douze qu’il a pris en charge. Il bénéficie à 29 familles de sinistrés de Tepito. Au total les projets de l’université ont donné un logement à 700 personnes.
17 août : Dans une réunion avec des représentants du gouvernement, le leader de la CUD et les survivants de l’immeuble Nuevo Leon exigent la démolition complète de cet immeuble afin qu’on puisse connaître les causes de son effondrement et déterminer les responsables ; demande accordée verbalement le 22 août.
7 septembre : La CUD fait le bilan un an après le séisme : il y a eu 45 000 morts ; 40 % de la population de la capitale manque de services de santé, car l’hôpital général se trouve parmi les bâtiments qui ont le plus souffert, 43 800 familles soit entre 250 000 et 500 000 personnes sont encore sans abri. Elle annonce une marche pour le 19 septembre qui ira de Tlaletolco au Zocalo pour protester contre le manque de clarté entretenu par le gouvernement sur l’ensemble des faits. La CUD estime que le Programme de rénovation a déjà bénéficié à 1200 logements, et bénéficiera encore à 100 autres la semaine suivante.
8 septembre : Le leader de la CUD accuse le PRI de vouloir dissuader les gens de participer à sa manifestation en leur distribuant de la nourriture et du lait.
15 septembre : Le dirigeant de la CUD annonce d’avance que tout acte de provocation ou de violence qui se produirait pendant la marche ne pourrait être le fait que du gouvernement. Il dit aussi qu’il existe des preuves techniques des responsabilités de l’effondrement de l’immeuble Nuevo Leon, et qu’il ne manque plus pour punir les coupables que la volonté politique.
18 septembre: Cuauhtémoc Abarca, leader de la CUD, dénonce les pressions sur les groupes de sinistrés qui ont été menacés de se voir retirer leurs certificats de sinistre s’ils participaient à la manifestation. Les distributions de lait et de nourriture continuent. La marche reste sur le Zocalo une heure, car le gouvernement n’a pas trouvé d’argument pour l’empêcher. Mais la marche se terminera ensuite Place des Trois Cultures, car comme par hasard le PRI a besoin du Zocalo pour son festival en l’honneur de la reconstruction ! Cette reconstruction tarde ; sur la deuxième tranche de 45000 logements, seulement 100 ont déjà été acquis après l’expropriation !
Actes du gouvernement
19 septembre : Tremblement de terre ; constitution d’une commission nationale d’urgence et d’une commission métropolitaine d’urgence.
20 septembre : Création d’un Fonds national de reconstruction.
22 septembre : Mise en place d’un exécutif de la commission métropolitaine.
23 septembre : Le Président annonce qu’on va accélérer la décentralisation du pays (demandée par le Fonds monétaire international).
29 septembre : Annonce du transfert d’un million de fonctionnaires en province.
30 septembre : Commission d’évaluation du séisme. Le ministre de l’urbanisme devient président du programme d’habitat d’urgence.
1er octobre : Création du comité technique mixte chargé d’administrer le Fonds national de reconstruction.
3 octobre : Réunion de la commission nationale de reconstruction et du comité de supervision des dons.
11 octobre : Premier décret d’expropriation de 5 500 immeubles et lancement du programme de Rénovation de l’habitat populaire.
16 octobre : Annonce du retrait de 1600 immeubles de l’emprise de l’expropriation.
20 octobre : Enregistrement légal du syndicat des couturières et autres travailleurs du textile du 19 septembre.
21 octobre : Réunion du comité pour les questions financières de la Commission nationale de reconstruction et dérogation au premier décret d’expropriation. Il faut un autre décret.
22 octobre : Annonce de la prochaine réouverture de l’hôpital général dans sa totalité, et de la mise en place d’une commission pour sa reconstruction. Début de l’indemnisation des habitants des édifices détruits à Tlaletolco, à la demande du ministère de l’urbanisme.
25 octobre : Le coordinateur du comité de décentralisation déclare que les sièges des Ministères resteront dans le district fédéral. Un sous-comité de mobilisation sociale pour la défense civile est créé. L’administration du district fédéral (c’est-à-dire de la ville) commence à faire dynamiter les édifices sinistrés.
29 octobre : Le gouvernement crée des comités de prévention et de sécurité civile dans chaque État.
10 janvier: Le gouvernement annonce que les bâtiments Cl, C2 et C3 de l’ensemble de logements Juarez ne seront pas démolis, à la demande des sinistrés de ces immeubles.
7 mars : Présentation des propositions du comité de reconstruction de l’Aire métropolitaine.
20 mars: Le gouvernement présente un bilan des tâches de reconstruction effectuées jusque-là, et reconnaît la nécessité de renforcer la communication entre le gouvernement et la société.
25 mars : Le Président de la République installe un système national de protection civile.
6 avril: Le directeur du programme de rénovation de l’habitat populaire reconnaît que les conditions pour l’obtention des prêts pour la reconstruction ne sont pas encore définies. En même temps il assure qu’on donnera une aide pour payer les loyers ou des travaux d’aménagement à ceux qui ne veulent pas aller dans les habitats provisoires à cause des accidents qui y sont survenus.
25 avril: Le responsable du programme d’habitat populaire informe les comités de reconstruction du Parti révolutionnaire institutionnel des conditions de propriété qui seront proposées aux familles relogées. Il signale que l’établissement des actes sera gratuit.
13 mai : Le ministre de l’urbanisme signe avec les représentants de 51 organisations civiles et groupes de sinistrés une convention engageant les parties à une concertation démocratique pour la reconstruction. Cette convention est signée également par le régent du district fédéral et par la représentante de la Fédération des comités de reconstruction du PRI.
16 juillet: Le président fait remettre les clés de 1283 logements et pose la première pierre de la reconstruction de l’unité d’habitation Nonoalco-Tlaletolco. Le ministre de l’urbanisme assure qu’il y aura en septembre 5 000 logements de plus et que six mois plus tard ce seront au total 45 000 logements qui auront été reconstruits.
17 août : L’administration du district fédéral convoque les habitants pour participer à une consultation publique sur des programmes partiels de développement urbain.
12 septembre: Le Ministre de l’urbanisme informe que sur les 100000 familles touchées par le tremblement de terre, 90272 seront concernées peu ou prou par le programme de reconstruction. A la fin du mois de septembre 23 626 logements auront été remis en état. Le régent du district fédéral annonce que de nouvelles formes de financement de la construction sont à l’étude ainsi qu’un nouveau règlement de construction.
18 septembre : L’administration du district fédéral annonce que le gouvernement et la confédération des organisations de sinistrés sont tombés d’accord pour avancer l’heure de la marche prévue le lendemain pour l’anniversaire du séisme pour que la manifestation des sinistrés ne coïncide pas avec celle du PRI.
BIBLIOGRAPHIE
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Massolo Alejandra «Que el gobierno entienda, lo primero es la vivienda ! La Organizacion de los Damnificados » en Revista Mexicana de Sociologia, Année 48, numéro 2, 1986.
Poniatowska Elena, Nada, nadie, las votes del temblor, Ediciones
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Estudios demograficos y urbanos, numéro 4, janvier-avril 1987, El Colegio de Mexico.