Article publié dans Le Monde des débats, décembre 1999J’ai acheté Le Monde des Débats d’octobre pour lire le texte de Peter Sloterdjik [[ art1064 qui est présenté d’emblée comme sulfureux. Ma culture philosophique est largement autodidacte et très oecuménique avec un tropisme grec prononcé donnant pour résultat une attitude de vie équilibrée entre un stoïcisme tempéré et un épicurisme bien compris. Et ça dure depuis plus de cinquante ans. J’ai lu et relu ce texte. Je suis perplexe quant à ce qu’on est censé y trouver. Le commentaire de Gerhard Höhn [[ art1068 laisse pantois par sa mauvaise foi, notamment en citant des extraits comme « sélection prénatale ». Le texte de Sloterdijk est in extenso : « Savoir en revanche [… si l’humanité dans son entier sera capable de passer du fatalisme de la naissance à la naissance choisie et à la sélection prénatale, ce sont là des questions encore floues et inquiétantes à l’horizon de l’évolution culturelle et technologique. » Je ne vois là qu’un questionnement de chercheur, comme tout le reste du texte au demeurant. Quant aux cris vis-àvis de mots comme dressage ou domestication, quelle signification ont-ils ? Ne passons-nous pas notre vie à domestiquer nos bas instincts, nos comportements primaires, etc., rendant ainsi la vie en société possible et pourquoi pas, agréable. Quand on fait une petite rétrospective, on est forcé de constater que l’Homme est raté, tant il s’est manifesté sommé un rustre à tous les carrefours de l’histoire. Pour conserver son optimisme, il faut avoir la volonté de domestiquer les pulsions destructrices pour valoriser les pulsions créatrices. Je renvoie pour finir à ce merveilleux texte de René Maheu – ex-directeur de l’Unesco -, « Le Droit est un ensemble de règles que les hommes se donnent pour se forcer à un meilleur avenir qu’ils s’inventent ». Eh oui, sans dressage venu de l’extérieur (parents et société) et une autodomestication permanente, il n’est que barbarie, ignorance et régression.
Nos nouvelles frontières s’appellent solidarité avec les faibles (partage des ressources), vision planétaire (perpétuation des bio et écosystèmes), projection dans l’espace (exploration spatiale au moyen de la technosphère). On ne risque pas d’y arriver avec des ignorants, des intégristes religieux ou des brutes névrotiques…