2. Europe constituante ?

Pour une Europe mineure

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Une innovation politique susceptible de remodeler le paysage politique mondial est l’enjeu réel de l’unification européenne. Pour ce faire Bifo réclame que le projet européen s’autonomise par rapport à l’extension illimitée du principe libéral porté par les forces mondiales dominantes et prépare leur renversement. Un « nationalisme européen » constituerait une impasse : la construction européenne sera extensive, postnationalitaire, elle se fera par le bas. Constitutionnaliser l’espace européen, c’est constitutionnaliser un devenir de réseaux. Dans le réseau c’est le gouvernement des minorités qui est à l’ordre du jour.
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Pour la version originale de ce texte :

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—– Début juin 2003, un certain nombre d’intellectuels prestigieux, sollicités par un appel signé par Jurgen Habermas et Jacques Derrida, ont fait paraître dans plusieurs pays quelques brèves réflexions visant à contribuer au processus d’unification européenne qui traverse une phase particulièrement délicate et dramatique. Il était temps que quelque chose de ce genre se produise, car ces dernières années, le projet européen n’avait suscité ni mobilisations sociales, ni réflexion intellectuelle, ni passions dans la société civile : le processus d’unification européenne était resté une affaire de banquiers et de bureaucrates, construction ascétique de machinerie administrative.
Je ne regrette certes pas les rhétoriques nationalistes qui accompagnèrent en d’autres temps les processus de formation de nouvelles entités politiques. Mais ce qui est en jeu dans le processus d’unification européenne, c’est la seule innovation politique susceptible de remodeler le paysage géopolitique mondial : c’est pourquoi la conceptualisation de l’espace européen devrait devenir la finalité principale d’un mouvement de pensée autonome. Le texte d’Habermas et de Derrida a donc une fonction positive, car il s’agit d’un appel à assumer une responsabilité intellectuelle en désignant l’Europe comme point focal de préoccupations non seulement politiques mais aussi philosophiques. Mais je crains que le paradigme de la pensée qui anime leur contribution ne soit pas en mesure de faire face à la situation actuelle. La tentative d’Habermas et Derrida est empreinte de noblesse, mais elle est perdante, car elle reprend le point de vue d’une identité culturelle du passé.

Le national-libéralisme : dévastation sociale et guerre préventive

Nous avons assisté ces derniers mois à la défaite du projet d’unification européenne tel qu’il a été conduit jusqu’à ce jour. Cette défaite est liée à l’obsolescence du paradigme conceptuel dans lequel l’histoire européenne a pris place : celui de l’humanisme, celui des Lumières. Les signes de la défaite sont apparus évidents avec la confrontation qui a opposé le noyau franco-allemand de l’Union européenne au front belliciste qui s’est constitué dans le sillage de la Présidence Bush.
Le front belliciste s’est donné pour mission l’extension illimitée du principe libéral. Même s’il est désormais évident que le primat des intérêts privés sur l’intérêt collectif a miné jusqu’à l’effondrement les structures de la vie sociale civilisée, les groupes dominants de l’économie mondiale n’ont pas l’intention de revenir sur leurs politiques. L’égoïsme nationaliste, ou clanique, prévaut désormais sur les rhétoriques de la mondialisation. L’intervention autoritaire de l’État se substitue de plus en plus aux dynamiques du marché libre pour imposer les intérêts des grandes multinationales. Ce qui est train de se constituer à l’abri du bouclier de la guerre américaine illimitée, c’est un libéralisme nationaliste, intrinsèquement anti-mondialiste . Nous l’appellerons national-libéralisme. La privatisation de l’eau, du patrimoine génétique, de l’espace communicationnel sont de nouveaux champs à investir pour le projet de conquête des multinationales. Le projet européen n’aura de sens que s’il s’autonomise par rapport à cette tendance, et prépare son renversement. Mais le groupe dirigeant européen actuel ne possède ni la culture, ni l’intention, ni surtout la puissance nécessaires pour s’opposer au dessein national-libéral. C’est pour cela qu’il ne peut accomplir le projet européen, qui doit au contraire devenir l’objet de la réflexion et des initiatives des mouvements sociaux anticapitalistes. C’est à cette seule condition que le processus d’unification européenne aura un caractère original. C’est ainsi que les mouvements sociaux antilibéraux trouveront une finalité positive.

L’illusion dangereuse du nationalisme européen

En même temps que s’accentuaient les accents bellicistes de l’administration américaine, des illusions se répandaient sur l’autonomie de l’entité politique européenne. Malgré, ou grâce à son statut stratégico-militaire mineur, beaucoup ont cru que l’Europe, sous la conduite franco-allemande était capable de construire une alternative au modèle américain. En posant le problème dans ces termes, on a fini par raisonner sur le projet européen en termes national-européens.
La France et l’Allemagne ont défendu leurs intérêts économiques et géopolitiques quand elles se sont opposées à la stratégie américaine de guerre d’agression. Et elles ont perdu. Le titre nazistoïde du film de guerre Shock and Awe (Choc et Terreur) auquel nous avons dû assister impuissants montre clairement que la stratégie américaine visait à menacer et à terroriser non seulement les pays arabes, non seulement le monde islamique, mais aussi toutes les puissances nationales et toutes les forces sociales qui veulent chercher des voies alternatives à la dictature globale nazi-libérale. Si nous opposons à cette menace un projet de type nationaliste européen, la bataille est perdue d’avance. L’Europe est divisée et subalterne, et ne réussira pas à devenir une puissance militaire capable de faire obstacle au nazi-libéralisme américain ou à le contenir. Et si elle le devenait, en construisant une armée puissante et unifiée, et une improbable capacité de décision politico-militaire, ce serait un cauchemar à venir, et non pas la libération à l’égard des cauchemars présents.

Ni Amérique, ni Europe, mais un mouvement mondial contre la guerre et le nazi-libéralisme

Même dans le contexte du mouvement, on a accrédité l’hypothèse d’une opposition entre hégémonie américaine et autonomie européenne ayant comme contenu la défense des droits civils et le libéralisme modéré de la social-démocratie. Il faut écarter cette représentation : il n’y a pas une Amérique et une Europe, il y a une opinion démocratique d’Euro-Américains contre la guerre, largement majoritaire en Europe et minoritaire aux USA – telle est la question.
Oublier l’Europe, donc ? Pas du tout. Le mouvement démocratique anti-libéral doit s’opposer à la réduction du concept d’Europe à un nationalisme géopolitique, ou économique, il doit affirmer un concept d’Europe comme principe de construction extensive post-nationalitaire par le bas. Ce qu’il y a eu de mieux dans l’expérience européenne, c’est justement la création de réseaux qui ne coïncident avec aucun territoire, et qui s’étendent vers des zones éloignées de l’Europe historique et géographique. En même temps il faut penser l’avenir des États Unis d’Amérique sans en rester à l’anti-américanisme.
L’Amérique d’aujourd’hui se rapproche d’une forme de fascisme militaire. Dans un article intitulé « Gaining an empire, losing democracy », Norman Mailer a écrit: «la combinaison : pouvoir capitaliste, système militarisé et fanatisme du drapeau a désormais créé une atmosphère pré-fasciste en Amérique ». Il est difficile d’échapper au sentiment que le clan Bush pourrait représenter le même péril que le parti national-socialiste allemand, en ayant qui plus est à sa disposition des armes de destruction totale, qui heureusement manquaient à Hitler. Mais les États-Unis ne sont pas l’Allemagne des années 30. Il est indispensable de peser sur la contradiction entre culture démocratique et libertaire des Américains et nationalisme «bushiste », si l’on veut sortir de ce piège que l’idéologie de la guerre préventive a désormais mis en place. Bush est avant tout l’ennemi des Américains. C’est aux États-Unis que le mouvement mondial doit infliger une défaite à Bush, à sa furie nationaliste et au libéralisme qui a produit cette folie. L’élaboration d’un concept d’Europe doit servir aussi à cela : pas à créer une opposition entre identité européenne et déterritorialisation américaine, mais à susciter un nouveau mouvement capable de faire éclater le bloc social nazi-libéral.

L’héritage perdu des Lumières européennes

Avec l’appel d’Habermas et de Derrida, l’aristocratie intellectuelle européenne a tenté de relancer un dessein plus élevé, fondé sur l’héritage culturel européen. Mais qu’en reste-t-il de vivant ? À la base de la tradition politique européenne, nous trouvons un ensemble d’ épisodes qui ont un sens commun : le primat du droit, en tant que manifestation de l’universalité de la Raison, sur la force. Mais l’extension de la violence particulariste, la diffusion des armes de destruction massive, l’affirmation d’un régulateur politique hégémonique mais non universel (régulateur qui n’est pas la loi, le droit ou la raison, mais la terreur), l’usage de la force comme élément de menace, de contrainte, semblent concourir à son effacement. Les deux éléments philosophiques fondamentaux de la modernité dont la culture européenne a fait son axe essentiel résident dans l’affirmation par les Lumières des droits humains fondés sur le caractère universel de la Raison, et dans l’affirmation par le romantisme d’une identité populaire, nationale, territoriale. Mais ces deux fondements inaliénables de l’identité culturelle européenne semblent précisément quitter la scène du monde.
La déterritorialisation produite par l’info-capitalisme et la télématique digitale a mis en crise les formes d’identité traditionnelles et a en même temps exacerbé les revendications d’identités réactives. Ce qui reste du Romantisme s’est aujourd’hui dégradé en formes de national-populismes ou, pire, en localisme raciste et communautarisme sécuritaire. Le Romantisme n’a plus aucun caractère progressiste, et les Lumières n’ont plus aucune puissance de gouvernement universaliste, car dans la société réelle prévalent les particularismes armés les uns contre les autres.
La confrontation qui a opposé le groupe néo-conservateur à l’ONU et l’UE a consacré la fin du primat du droit… Dans les mois qui ont préparé et suivi la guerre irakienne la présidence américaine a visé à affirmer une chose essentielle : rien n’a plus d’importance que la force. C’est pourquoi le Conseil de Sécurité de et l’Union Européenne ont été disqualifiés au moment où ils ont pris leur distance par rapport à la décision de guerre préventive. La présidence américaine n’a pas tenté d’occulter ou d’atténuer le sens de son action. Le primat de la force est devenu un élément de la doctrine. Il faut en prendre acte : c’est cela, la nouvelle doctrine qui prend la place de l’universalisme politique moderne : le droit ne compte pour rien, seule vaut la force. Pour les Lumières, qui sont à la base de la construction culturelle européenne cela signifie tout simplement la défaite.

Le mouvement après le 15 février 2003

Le 15 février a été l’aboutissement de l’histoire du mouvement mondial initié à Seattle. Celle-ci est parvenue à un tournant. Le mouvement s’est fondé sur la prémisse que la mobilisation par les manifestations est capable de miner le consensus envers la politique libérale. C’était vrai, ce fut vrai de Seattle à Gênes. Mais après le 11 septembre le pouvoir sur le processus de mondialisation capitaliste est passé des mains de l’ensemble de la classe politique qui gère cette mondialisation à celles d’une faction purement criminelle. Nous ne pouvons pas penser arrêter cette faction par la critique politique, nous ne pouvons pas penser qu’on puisse l’arrêter en minant le consensus. Elle peut fabriquer la guerre à son gré, et imposer le consensus. Le comportement de l’administration Bush après le 15 février signifie simplement ceci : « nous n’avons aucunement besoin du consensus. Nous exerçons le pouvoir par la force, grâce à la terreur systématique et à la gestion d’un appareil global d’infiltration du Mental collectif dont les dirigeants suprêmes sont Rupert Murdoch et Bill Gates, et les vassaux les petits mafieux locaux comme Berlusconi. »
Il faut comprendre le message et en tirer la conséquence logique : le mouvement doit changer de méthode d’action. Pendant toutes ces années il a obtenu un résultat extraordinaire : il a miné le consensus envers la politique libérale, il a entamé un processus d’auto-organisation du travail cognitif. Mais maintenant le contexte a changé de manière si dramatique que poursuivre sur la même voie n’aurait plus aucun sens. Le G8 d’Evian l’a démontré. Les G8, les rencontres multilatérales des puissances de la globalisation n’ont plus beaucoup d’importance. Le pouvoir est concentré dans les mains de quelques grands monopoles planétaires du pétrole, de l’information et de la technologie militaire. C’est pourquoi manifester périodiquement contre les sommets des Grands devient pur témoignage.

Les attentas-suicides de masse

À d’autres moments de l’histoire moderne, face à la tyrannie et à la violence, les hommes et les femmes répondaient légitimement en prenant les armes, en formant des groupes de partisans et en combattant contre l’oppression. Aujourd’hui, cela n’arrivera pas, car cette nouvelle génération a compris que la violence génère le fascisme, et parce que ce mouvement est expression, est incompatible avec l’action militaire. En outre il est impossible d’imaginer un renversement des rapports de force, car sur ce plan l’écart entre qui détient le pouvoir et la majorité de la société planétaire est absolu : il correspond à l’écart entre le cocktail Molotov et la bombe atomique. Il y a une autre forme d’action qui répond raisonnablement au désespoir de qui ne voit plus aucune possibilité d’avenir humain : c’est l’attentat suicide. Le suicide est en train de devenir la principale cause de mortalité dans la jeunesse, et il faut nous attendre à ce qu’un nombre de plus en plus grand de gens, pas seulement de religion islamique, choisissent de se transformer en bombes humaines pour apaiser leur propre désespoir et se venger des oppresseurs. C’est une perspective glaçante, mais c’est la plus probable, et nous la voyons désormais se profiler avec netteté, comme une mode de masse, comme un comportement contagieux, exemplaire, qui se répand.

Il n’existe aucun espoir. Il nous faut l’inventer

Il est difficile, en ce moment, d’affirmer qu’il existe un espoir. Pourtant dans les moments les plus terribles de l’histoire du vingtième siècle, quand les troupes de la Wehrmacht envahissaient l’Europe et que la bête nazie se jetait sur ses victimes sans défense, on voyait un espoir à l’horizon. C’était l’espoir du communisme qui animait des millions d’ouvriers, c’était l’espoir de la démocratie, c’était l’espoir du progrès technique et social. Mais aujourd’hui, de cet espoir, il ne reste plus rien. Le mot communisme évoque des souvenirs d’oppression, d’hypocrisie et d’obscurantisme. Le mot démocratie a perdu toute crédibilité quand Bush s’en est fait le paladin. La technique a obtenu des progrès éclatants, mais le système de pouvoir en a fait des instruments de contrôle, de violence et de mort.
Nous ne pouvons pas parler au nom de l’espoir : seuls les hypocrites peuvent dire aujourd’hui qu’ils s’en nourrissent. Et nous ne pouvons pas non plus nous en tenir au constat du désespoir, comme si c’était le dernier mot de l’histoire de l’humanité. Il nous faut inventer. Telle est la tâche du mouvement dans la phase qui s’ouvre. Inventer ce qui n’existe pas et saboter ce qui existe. Déserter tous les lieux où se perpétue la domination, l’exploitation, la guerre et construire un nouvel horizon.
L’Europe est à inventer. Celle dont nous parlent les politiques qui siègent à Bruxelles est un cadavre. Il nous faut inventer le concept capable de fonctionner comme principe générateur d’un corps nouveau, original, jamais vu, et pourtant adéquat à la richesse qu’a suscitée le sémio-capital, mais qu’il limite, aux potentialités contenues dans le réseau du General Intellect. L’Europe n’est pas une identité, mais un devenir dans lequel sont mises en jeu d’énormes forces sociales et économiques auxquelles manquent un horizon positif. L’Europe peut-elle être un territoire? Je dirais que non. L’Europe ne peut s’entendre comme relation entre des territoires nationaux ou régionaux. Ce n’est pas un État international, ce n’est pas un pacte entre nations.

Europe réseau des réseaux

Si nous nous demandons ce qu’est l’Europe en partant de notre expérience, nous ne pourrons que répondre : l’Europe est un réseau des réseaux. Par rapport à des politiques territorialisées et à leur histoire un réseau présente des caractéristiques nouvelles. Avant tout le réseau n’a pas de géométrie fixe, il peut s’élargir ou rétrécir au gré des fonctions spécifiques qu’il doit développer. En outre un réseau peut coexister avec un autre sans superposition territoriale, et peut interagir avec un autre sans s’identifier à lui.
Poser le problème de la constitution dans l’espace européen signifie donc constitutionaliser le devenir : les réseaux ne sont pas, ils deviennent. Peut-on constitutionaliser le devenir ? Ce n’est possible qu’en imaginant une constitution qui soit comme un logiciel, un ensemble de techniques prévues pour changer les règles au fur et à mesure que se modifie le contenu de leur application. Et la méthode générale est celle du privilège donné à la minorité. La minorité, c’est la ligne de fuite le long de laquelle un réseau croît, se développe et devient. Dans le réseau c’est le gouvernement des minorités qui est à l’ordre du jour.
La démocratie moderne est basée sur le principe du gouvernement de la majorité. Naturellement cette règle avait ses bonnes raisons, tant que le cadre de l’application de la loi était le territoire, espace dans lequel règne le principe newtonien de l’impénétrabilité des corps, et dans lequel il y a des intérêts contradictoires parce que co-extensifs. Mais dans le réseau chacun est mineur, car dans un espace indéterminé (un espace en expansion constante) la possibilité de définir des majorités stables n’existe pas. Personne ne peut commander.
Repenser la démocratie de manière radicale est à l’ordre du jour. Au mot démocratie ne correspond plus rien, à partir du moment où la dimension globale a pris le pas sur la dimension locale, nationale ou régionale. Qu’est-ce qu’une démocratie qui permet aux grandes multinationales de décider des réglementations qui concernent la vie quotidienne de milliards d’hommes sans soumettre des choix aussi décisifs à l’approbation parlementaire ou à la légitimation par le vote ? D’autre part on ne peut pas penser que la démocratie de l’avenir consiste simplement dans l’application du principe « un homme, une voix » à l’échelle planétaire. On peut toujours avancer cette proposition, elle sert à poser le problème, mais ce n’est pas une voie dans laquelle on peut s’engager. Pas seulement à cause des difficultés de réalisation (toujours possibles à résoudre) d’un scrutin planétaire, mais surtout parce que la formation de la volonté politique planétaire doit tenir compte des différences, des spécificités et des écarts irréductibles, et qu’à un ce niveau-là interviendraient des manipulations de cette volonté, à commencer par les multinationales énormes et incontrôlables qui possèdent déjà les instruments de modélisation de l’imaginaire, de la demande, des goûts, des peurs et des illusions. Démocratie globale ne veut pas dire formation de la volonté générale par une somme planétaire, mais démultiplication des espaces de décision, fractalisation de la volonté politique. Des communautés minuscules doivent être mises en situation de s’autogouverner comme réseaux indépendants et en même temps connectés qui constituent la société. Le processus constitutionnel européen doit partir d’une conception fractale, réticulaire, mineure de la formation de la volonté générale.

Ce à quoi nous nous mesurons est une crise post-moderne de la démocratie qui demande un modèle post-moderne de redéfinition de la démocratie.
Le mouvement doit savoir transférer la puissance de la protestation contre la guerre qui s’est manifestée le 15 février à la construction d’une forme nouvelle de démocratie. Après la guerre que le nazi-libéralisme a déclaré à l’humanité, il ne suffit plus de défendre les valeurs piétinées de l’humanisme. Il faut en réinventer le cadre et les modes de fonctionnement.

juin 2003

(traduit de l’italien par Giselle Donnard)