“L’initial c’est toujours la capacité de juger, de dire non à l’abjection, (ou de dire oui ou non). C’est le pouvoir de la liberté.”
-Blanchot
C’est ce qui rend sans doute pour une part notre liberté responsable du destin des autres. Qui fonde également l’exigence éthique de l’engagement et du témoignage contre ceux qui confondent le droit et le crime d’oppression, contre les états groupés selon un certain “ordre international” et qui distribuent des peines de guerres et déportations, au seul jugé de leurs intérêts dominateurs.
Dire que le mot déportation, n’a pas toujours le même sens, est un devoir de lucidité, si ce crime contre l’humanité, dénoncé à Nuremberg n’est entendu comme crime que pour une part de l’humanité et non pour toute l’humanité.
Le 12 août 1949 fut signée la quatrième convention de Genève : “Les transferts forcés en masse ou individuels, ainsi que les déportations hors du territoire de la puissance occupante, ou dans celui de tout autre état occupé ou non sont interdits quel qu’en soit le motif.” Il s’avère que ce n’était là que règles pour une morale applicable selon les états et les populations. En effet si chaque fois que cet interdit est transgressé on se contente d’une condamnation verbale, ou d’un discours sur l’intolérable c’est que les droits de l’homme ne sont que prétendument universels. Il appartient à la dignité de la pensée de dénoncer le jeu de dupes et de dire haut ce qu’il cache de souffrance et d’attentes bafouées. Depuis 1948 jusqu’à ce 18 décembre 1992 Israël pratique les “transferts forcés”, des millions de palestiniens, chassés de leur terre, sont concentrés dans ces fameux camps de réfugiés dont on entend parler au gré des années et des faits. Les 415 derniers bannis, dont 116 d’entre eux sont des présidents et des professeurs d’université, des chercheurs, des ingénieurs, des médecins, ces déportés sont D’Hebron, Naplouse, Jérusalem, Gaza, etc. Ils s’ajoutent à cette suite qui fait l’hémorragie d’un peuple, la destruction de ses forces vives. Les unes et les télévisions du monde en ont parlé certes, mais à fin d’apaiser toutes mauvaises consciences ont les a décrétés : intégristes.
Alors il faut que la quatrième convention de Genève modifie sa résolution en ajoutant au “quel qu’en soit les motifs”, exception faite pour ceux que l’état occupant estime dangereux ou confessionnellement déviants, puisqu’un tel jugement d’opinion ne donne plus droit au statut d’homme. Il y a en ce moment une dépravation dans l’énoncé qui est fait de la réalité historique qui doit nous alerter. Quand il s’agit de massacre des musulmans en Bosnie, on parle de “purification ethnique”, les musulmans sont-ils devenus une race ? Pour minimiser l’horreur d’une déportation on parle d’intégristes : l’intégrisme, qu’il soit juif, catholique ou musulman, enlève-t-il à ceux qui en sont dénoncés le droit d’être considérés comme sujets humains ?
Je veux dire avec Nazim Hikmet que “le courage est de laisser au rêve sa part de rêve”. Le rêve d’un autre monde dont la résistance des hommes libres nous laisse entrevoir la possibilité du jour. Et c’est une belle offrande que l’Intifada fait à l’espoir humain. Défier par tous les risques de la vie, les faces de la mort, témoigner de cette lumière de l’exigence pure contre l’obscurité des souillures. Notre liberté initiale nous donne le devoir terrible et sublime de défendre le peuple des hommes contre les forces de désastre et de démission qui nous assiègent.