Depuis une expérience de terrain en Albanie et au Kosovo,
l’auteur critique sévèrement les dispositifs de pouvoir à l’oeuvre dans
les « interventions humanitaires », leur gouvernementalité propre, dont
les stratégies investissent les moeurs politiques locales au point de
dissoudre la société civileLa guerre au Kosovo, la mise en œuvre par l’ONU du principe d’ingérence humanitaire, a été l’occasion de déployer sur le terrain une force d’intervention multinationale, tant militaire que civile, dont le fonctionnement remet en question radicalement le principe de la souveraineté nationale et préfigure le nomadisme mondial d’une nouvelle souveraineté mouvante destinée à ensevelir progressivement les Etats-nations, non seulement ceux où s’exercent l’intervention, mais ceux qui y participent.
D’avril à juillet 1999 plus de 7000 soldats de 19 nationalités différentes ont ainsi participé à l’AFOR, force d’intervention de l’ONU en Albanie, accompagnés par quatre groupes d’observateurs internationaux dont deux de l’Organisation pour la coopération et la sécurité en Europe, et d’une douzaine de missions occidentales nationales. 180 organisations non-gouvernementales internationales, ne s’autorisant que de leurs propres statuts dénationalisés, étaient également présentes en Albanie.
Un an après l’intervention militaire, il y a toujours au Kosovo 45000 soldats de l’ONU, appartenant aux dix-neuf pays de l’OTAN et à 20 pays non membres de l’OTAN, et 20000 civils travaillant pour la mission de l’Organisation des Nations Unies et pour les organisations internationales non-gouvernementales. La légitimité d’un tel déploiement de forces multinationales est acquise depuis le drame de la Bosnie; mais déjà 40 organisations non-gouvernementales étaient présentes sur le terrain pendant l’opération Restore Hope en Somalie, et 76 au Rwanda. C’est ce nouveau contexte « humanitaire militarisé » des organisations internationales non-gouvernementales qui nous préoccupe.
Dans les Balkans post-communistes, pays dits « en transition », (Todorova, 1997) confrontés à l’élargissement de l’Europe et soumis au pacte de stabilité, l’idéologie de l’ingérence humanitaire se confond avec la réalité de l’intervention militaire, pour devenir une intervention humanitaire aux ramifications multiples, une colonisation de l’espace politique et social local.[[ En contexte d’urgence militarisée, l’humanitaire tend à se constituer sur la forme d’une culture homogénéisante globale qui impose ses règles de functionnement à toutes les organisations d’aide, quelle que soit par ailleurs leur philosophie propre d’intervention Celle-ci procède par opérations chirurgicales en neutralisant les zones qui peuvent l’être et en divisant au sein des autres la société locale entre ceux qui s’impliquent à différents degrés à ses côtés, et ceux qui sont rejetés à la marge de l’idéologie et des pratiques du développement. Peu importe si cela modifie les relations de pouvoirs préexistantes et favorise l’émergence de nouveaux lobbies locaux. L’essentiel est que se substitue aux structures de pouvoir traditionnelles un réseau d’information connecté au réseau international et suffisamment flexible.
L’anthropologie de l’humanitaire
Beaucoup de territoires devenus indépendants depuis la fin du colonialisme ont également connus de massives entreprises de coopération humanitaire. Les travaux des anthropologues sur ces pays sont restés muets sur ces armées de volontaires, d’experts internationaux, de cadres et de soldats, comme si leur présence n’avait pas d’impact sur les écosystèmes culturels réifiés par l’écriture ethnographique. Ne s’agissait-il pas pourtant d’un élément-clé d’interprétation des faits observés? Pourquoi a-t-on attendu jusqu’à présent pour commencer de mentionner cette réalité massive en Afrique et en Asie, cette introduction générale sur tous les territoires étrangers d’un dispositif standardisé fait de capacité d’organisation, de liberté, de droits de l’homme et de garantie de la paix?
Travailler sur l’industrie humanitaire pose cependant à l’anthropologue le problème de sa posture qui doit éviter tant la marginalité que la collaboration. C’est ce qui explique sans doute que les anthropologues n’aient pas étudié jusqu’à présent l’impact de la présence internationale civile et militaire sur la société locale, et n’aient pas critiqué de l’intérieur le dispositif de pouvoir auquel ils font souvent plus que participer, dans le cadre des organisations internationales gouvernementales ou non-gouvernementales. Ils peuvent en effet être directement impliqués comme volontaires, comme experts, comme cadres et parfois comme chefs de projet. Ceux qui ne sont pas impliqués ainsi ont alors tendance à se replier sur les parties marginales des sociétés locales, et à se comporter comme les anthropologues d’autrefois à la recherche de villages isolés. En situation de guerre, il n’y a plus de place pour l’utopie folkloriste, et l’anthropologue se doit de témoigner, lorsque les feux médiatiques se sont éteints.
L’humanitaire comme forme de gouvernementalité
L’intervention humanitaire n’est pas préventive, elle réagit à l’événement. Sans événement d’une magnitude suffisante, la culture de l’urgence dans laquelle se drape l’humanitaire ne peut pas se justifier (Chomsky, 1999). L’intervention humanitaire trouve sa légitimité virtuelle dans la nouvelle temporalité barbare ou catastrophique (génocide, viols, violence, guerre, épidémie, séisme) et doit disposer d’un appareil toujours prêt à témoigner de son actualité, à agir. Cet appareil a ses tactiques propres de déploiement dans l’espace; il transmet des styles de vie, il donne forme à de nouvelles relations de pouvoir, il organise de nouveaux réseaux d’information et invite à de nouvelles stratégies. Il forme ainsi une nouvelle élite locale parallèle à l’ancienne, désignée par la catégorie « cadres locaux », et formée de ceux qui acceptent de travailler avec les organisations internationales, de se « dénationaliser » (Sassen, 1999). Cette conversion est diffusée, par les médias, à la fois aux niveaux national et mondial, et légitimée par son inscription dans une rhétorique de la souffrance (pietas).
La recherche ethnographique montre que cette démarche humanitaire multinationale ne se limite pas aux zones de guerre, même si elle s’y nourrit de conditions plus extrêmes qu’ailleurs. Des institutions nouvelles et une notion moderne de citoyenneté sont imposées partout où l’Etat a pu être préalablement usé et détruit, ou ne s’est jamais constitué vraiment. Pour arriver à déraciner les réseaux d’influence et de redistribution traditionnels, le colonialisme n’a pas suffi et on mobilise maintenant des communautés transnationales d’experts, et parfois de forces de répression. On peut appeler ces formations transnationales des souverainetés mouvantes[[En s’inspirant dans un contexte autre de la notion de souveraineté mobile de A. Appadurai (1996) (1996) : elles cherchent à ensevelir sous des formes transnationales de domination les pratiques politiques locales. Les souverainetés mouvantes sont des formes de « gouvernementalité » qui produisent des formes complexes de déterritorialisation.
Dans le feu de l’action humanitaire, la nécessité de la dénationalisation, de la déterritorialisation, va de soi : face à des réalités aussi graves que des victimes, des réfugiés, les droits de l’homme à affirmer, des soldats de la paix en action, des zones ethniques à garantir, l’institutionnalisation d’une nouvelle gouvernance à organiser, la réconciliation à favoriser, la démilitarisation des civils à réaliser, la sécurité à instaurer, le pardon collectif à permettre, un « pacte de stabilité » de la société civile à construire, on ne peut chercher qu’à donner sa meilleure mesure, à pouvoir comme tous dire « j’y étais, j’ai vu, j’ai agi ». L’intervention humanitaire est d’abord une immense affaire, où chacun se retrouve aliéné à cette immensité, enseveli sous cette nouvelle souveraineté, qui domine la scène mondiale et étouffe au nom de l’urgence et de la neutralité les voix de tous ceux qui ne travaillent pas dans son sens. Drapés dans l’idéologie humanitaire de nouveaux groupes de puissants se mobilisent et parcourent le monde, recrutant et dressant de nouvelles élites dans les territoires sujets.
La position de l’anthropologue est d’autant plus inconfortable que le témoignage, forme centrale de sa pratique professionnelle, est également la figure centrale de ce nouveau régime de gouvernementalité. Les témoins sont aussi bien les membres de l’appareil humanitaire que ses supposés bénéficiaires, tous des sujets mutants, pris dans l’émergence de la nouvelle souveraineté, mais dont la socialité officielle est réduite aux textes des rapports qui circulent dans les administrations et entre les organisations, et qui définissent au jour le jour la situation, plus que les laborieuses négociations intergouvernementales. Ces rapports qui décrivent les actions humanitaires elles-mêmes, et dont la circulation définit leur réseau de communication, ne sont évidemment pas sujets à négociation puisqu’ils ne font que relater des faits; ils ne donnent pas non plus matière à débat. Ainsi s’engendre, de fait, une nouvelle forme de domination culturelle, de discours, sur ces territoires en transition. Le rythme de ce discours est aussi accéléré que les rapports qui l’alimentent; l’urgence se présente comme une accumulation d’actions immédiates sans aucune planification à long terme, sans aucune véritable régulation sociale.
La mise en commun de ces rapports pourrait conduire à des renégociations collectives des agendas des acteurs sociaux impliqués localement qu’ils soient internationaux ou non. Elles ont lieu parfois, mais lorsqu’elles n’ont pas lieu il s’y substitue une hiérarchie de fait entre organismes, avec la prime aux internationaux, soit la mise en place de ce qu’on peut qualifier de supracolonialisme, ce qui entraîne L’érosion de la démocratie, de la participation collective et de la négociation politique, non seulement dans la société où se mène l’intervention, mais dans l’appareil transnational lui-même. Bien que l’intervention se mène dans un territoire particulier, la manipulation du temps est l’élément central de ce supracolonialisme, en tant que gouvernementalité mobile à l’échelle mondiale, en train de se mettre en place dans telle expérience territoriale particulière. C’est de la hiérarchie entre organisations internationales qu’il est question, comme dans le colonialisme il a pu être question des meilleurs formes de gouvernement pour le territoire national (Rabinow, sous presse).
La division du local par les rapports confidentiels
J’ai enquêté en Albanie en tant qu’anthropologue pendant trois ans dans le cadre d’un projet de recherche financé par des organismes de recherche en sciences sociales du Canada et du Québec. C’est ce qui m’a conduite à devenir expert ou consultant auprès de différents organismes et agences internationaux en Albanie puis au Kosovo à partir de mars 1999. Mon travail de terrain m’a permis tout à la fois de participer activement à la circulation de valeurs et de normes caractéristique des pratiques d’assistance qui visent à développer une nouvelle société civile, et d’évaluer les conséquences de ces pratiques pour la société locale. (Pandolfi, sous presse).
Les projets de réforme sont promus par des rapports et des études stratégiques confidentiels, largement diffusés dans la sphère internationale des agences humanitaires, qui circulent de manière beaucoup plus limitée, dans des secteurs sélectionnés, auprès de l’élite locale. Du fait de cette reconnaissance humanitaire, cette élite locale a acquis une visibilité internationale qui l’a autorisée à se constituer comme le seul interlocuteur légitime pour représenter la société locale. Cette élite a donc acquis un rôle central dans les médias, où elle est chargée de valider les actions humanitaires.
J’ai constaté moi-même, comme tous ceux qui travaillent dans la région, ce rôle clé du « rapport confidentiel ». Il véhicule les faits de manière particulièrement efficace en connectant les chargés de communication, les directeurs généraux de tous les organismes internationaux présents, les fonctionnaires internationaux, les élites locales, les intellectuels et bien sûr les journalistes. Quiconque possède, transmet ou reçoit un rapport confidentiel augmente immédiatement sa propre crédibilité dans le contexte local des opérations humanitaires. C’est ainsi que pendant la guerre au Kosovo des documents, marqués strictement confidentiels, venant de Bruxelles ou de Washington, de la Banque Mondiale, de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, ou d’autres centres d’études stratégiques, ont circulé largement parmi les nombreux experts internationaux rassemblés à Tirana et parmi les correspondants de presse internationaux. Les uns et les autres logeaient d’ailleurs dans les mêmes hôtels luxueux (Hôtel Tirana et Hôtel Rogner), visitaient les mêmes camps de réfugiés près de Tirana (le stade et les « piscines »), louaient des hélic ptères aux mêmes opérateurs[[Deux agences européo-albanaises de location d’hélicoptères s’étaient ouvertes dès la première semaine de la guerre. et allaient ensemble à Kukès, le plus grand centre de réfugiés en Albanie et le plus proche du Kosovo. En rentrant à Tirana il passaient par le Piazza bar où ils rencontraient la nouvelle génération d’intellectuels et d’hommes politiques albanais.
Informations locales et rapports confidentiels s’échangeaient entre ceux qui étaient accrédités pour cela. D’un côté l’élite albanaise produisait des discours à partir d’une information locale impliquant les gens locaux impliqués dans des événements locaux et participant à des décisions locales. (Martelli 1998) De l’autre elle recevait des rapports qui lui communiquaient des informations sur les stratégies internationales et l’évaluation faite à l’étranger des événements locaux. Elle disposait ainsi d’un bulletin quotidien sur les stratégies internationales des donateurs et d’autres pouvoirs étrangers intéressés à stabiliser la situation.
Pour l’élite locale albanaise, avoir accès à cette information et pouvoir la diffuser, a conduit à s’identifier à un lobby parmi d’autres sur le circuit international. Cela a renforcé sont statut d’élite et son rôle de médiation légitime entre le local et le transnational. Mais pendant ce temps les membres de la communauté internationale travaillaient en fait pour leurs propres opinions publiques nationales et formataient de ce point de vue leurs échanges quotidiens avec l’élite locale. L’information circulait en fait de manière dominante depuis la sphère transnationale vers la sphère locale, plutôt que le contraire. Même si les reportages avaient l’air de parler du local, l’information circulait vers le local, pour le construire comme objet et lui donner sens.
L’effet des rapports confidentiels est alors double. D’un côté ils produisent un discours sur le local; et ce discours, une fois capté dans le circuit international, travaille activement à produire le local. Par ailleurs cette circulation d’information entre l’international et le local fait éclater la société en deux pôles, les élites qui prodiguent à l’international les informations auxquelles elles ont accès, la population construite par les agences internationales comme objet passif de connaissance.
L’invisible société civile
D’un côté il y a donc les citoyens invisibles qui ont raté les négociations qui les auraient connectés au monde des agences internationales. Ils en arrivent à se sentir coupables de ne pas avoir trouvé les chemins des entrepreneurs moraux. De l’autre côté certains secteurs de la société locale sont unis au réseau international par la poursuite du même nouvel agenda politique, sont engagés dans la lutte du dispositif transnational, civil et militaire, pour dominer et réorganiser spatialement le territoire.
Tout en utilisant la rhétorique démocratique et institutionnelle comme alibi, l’armée composite de l’industrie humanitaire tisse un réseau de dépendances tant sur le plan de l’économie que sur celui de la circulation de l’information. Les élites politiques et intellectuelles locales deviennent des instruments de transmission de l’information entre deux mondes qui mènent des vies parallèles et autonomes. La dépendance des élites locales par rapport aux activités des organisations internationales a été particulièrement forte lorsque l’attention des médias était centrée sur le territoire. Les intellectuels locaux travaillant pour les agences des Nations Unies ou les organismes internationaux étaient présentés alors comme témoignant au niveau international de ce que sera la société au terme des opérations humanitaires.
Cependant ce système fluide de circulation de l’information dans le réseau international fait d’une part émerger de nouveaux petits lobbies nationaux (les informations circulent entre français, entre anglais, entre italiens) et surtout fait perdre toute pertinence à la notion d’« européen » car les rapports confidentiels sont compilés en utilisant les plans types, le vocabulaire technique, l’ordonnancement des textes typiques des Nations Unies et de toutes les organisations internationales satellites. On constate la généralisation d’un style, d’une manière de faire les paragraphes, d’une façon de tout situer au même niveau, de critères d’évaluation limités, qui révèle la profonde influence des bureaucraties centrales sur les opérations locales.
Principes et contradictions de l’action humanitaire
Les trois principes de base sont :
• Toute action humanitaire est légitimée par ses intentions. Elle ne défend jamais des intérêts particuliers car la posture humanitaire comme intentionnalité est universelle et non sujette à instrumentalisation.
• L’action humanitaire se légitime par la nécessité de réparer le dommage causé par la rupture d’un équilibre préexistant; elle est autant restauratrice que transformatrice
• Le scénario politique légitimant une opération humanitaire dépend de la nature institutionnelle de ses acteurs mais construit leur indépendance politique tant du local-national que de l’international-intergouvernemental.
Ces principes sont en fait d’autant plus à géométrie variable que le rythme de l’intervention humanitaire est plus rapide.
Il faut retenir surtout que l’armée humanitaire sape les institutions locales souvent au point de les détruire, même lorsqu’elle prétend vouloir les respecter. Elle met en œuvre une temporalité qui ne tient aucun compte des stratégies et des institutions locales. « Le bon plaisir du prince » est la formule qui rend le mieux compte de la contradiction dans laquelle se débattent ces actions. Elles se fondent sur des émotions indiscutables (victimisation, compassion, pathologisation, indignation) qui empêchent toute analyse critique de la complexité de la situation réelle. De telles opérations mettent en place de nouveaux réseaux sociaux dépendant de ressources économiques et techniques surdéveloppées par rapport au contexte local, qui disparaissent avec la situation d’urgence et l’intervention.
Il ne reste ensuite qu’une société segmentée en un simulacre de société civile et un échiquier de petits groupes politiques. En faisant irruption dans les relations de pouvoir entre les institutions locales et les citoyens, et en les remplaçant par des images d’individus sans Etat supposés incarner le meilleur de la société civile, l’industrie humanitaire ne fait que dresser l’écran qui cache le pédagogue prédateur.
– TRADUIT DE L’ANGLAIS PAR ANNE QUERRIEN
• Arjiun Appadurai, « A. Sovereignty without Territoriality. Notes for a Postnational Geography », in Geography of Identity, (sous la direction de Patricia Yager), Ann Arbor, The University of Michigan Press, 1996, 40-58
• Noam Chomsky, The New Military Humanism. Lessons from Kosovo, Vancouver, New Star Books, 1999
• Fabio Martelli, Capire l’Albania, Bologna, il Mulino, 1998,
• Mariella Pandolfi, Poteri Mobili. L’industria umanitaria in Albania e Kosovo, Meltemi Editore Roma, à paraître janvier 2001
• Paul Rabinow, French modern (traduction française à paraître aux éditions de La Passion, 2001)
• Saskia Sassen, intervention au colloque Fragmentation sociale et urbanité, Urbama, Tours, juin 1999.
• Maria Todorova. Imagining the Balkans, Oxford University Press, 1997