Le temps était venu, quand Futur antérieur commença son itinéraire, de réouvrir dans des conditions et sous des formes nouvelles le champ de la réflexion critique.
Les courants qui traversent ce champ, souvent prisonniers des traditions nationales, menacent en permanence de se refermer sur des orthodoxies et des disciplines qui montent jalousement la garde aux frontières qu’elles tracent, et ne s’affrontent que par publications interposées. Aussi avons-nous tenté d’ouvrir un espace de confrontation où, dans le même lieu, se font écho et se répondent des options et des orientations différentes, dissonantes ou divergentes. Comme nous avons voulu ouvrir un espace de collaboration où, sur un même territoire, des spécialités croisent et déplacent leurs points de vue et leurs méthodes. Comme nous avons souhaité, d’emblée, faire exister une publication transnationale.
Nous avons donc assumé le risque de l’éclectisme et tenu tant bien que mal notre promesse d’ouverture ; nous allons tenter de minimiser le risque pour mieux tenir la promesse, en consolidant le caractère international de la revue et en précisant son orientation. En effet, l’extension du champ de ses interventions et l’élargissement du cercle de ses collaborateurs, l’accélération du rythme de sa parution et la publication de numéros spéciaux, n’ont pas encore corrigé les principaux défauts de Futur antérieur. La diversité des approches retenues ne saurait se limiter à leur juxtaposition : réponses et controverses doivent trouver leur place. La multiplicité des domaines abordés ne saurait se borner à leur catalogue : des itinéraires doivent être mieux fléchés. C’est dans cet esprit que nous nous proposons de mieux cerner les thèmes autour desquels s’organise chaque numéro, et de préciser notre approche des différents domaines, en particulier de la psychanalyse et des problèmes culturels.
Et dans tous ces domaines nous tentons d’apporter notre contribution à une réflexion théorique mue par un intérêt d’émancipation.
Mais, à l’évidence, il est impossible de se borner à réciter des certitudes acquises, même ébranlées dans leurs fondements et privées de leurs horizons, et de les adapter à un cours de l’histoire qui échappe aux prises d’un nouveau projet : la réflexion, pour se tenir à la hauteur des enjeux, ne peut échapper aux détours sinueux et aux chemins escarpés de l’investigation théorique.
Nous avons donc assumé le risque de l’ésotérisme, et tenu tant bien que mal notre pari sur la recherche : nous allons tenter désormais de minimiser le risque pour mieux tenir le pari. Malgré tous les efforts des traducteurs(trices) et des correcteurs(trices), la clarté de la rédaction n’est pas la qualité majeure de nombre d’articles publiés. Nous entendons nous tenir à l’écart de toute démagogie sur la lisibilité (alibi de tous les refus de réfléchir et de comprendre) : … mais il n’est pas interdit d’être lisible, comme il n’est pas interdit de diversifier la teneur et le ton des articles publiés, de varier les plaisirs (et les difficultés), de diversifier les formes et les rubriques. C’est dans cet esprit que nous allons essayer de nous soumettre (et avec nous, nos collaborateurs) à une meilleure discipline de rédaction et de proposer un meilleur équilibre de chaque numéro.
Pour toutes ces raisons, nous avons décidé de doter la revue d’un Comité d’orientation dont les tâches coïncident avec la dénomination : mener les discussions de fond nécessaires à la détermination des thèmes principaux de la revue, tirer au fur et à mesure le bilan des défauts à corriger, pour tracer les chemins à emprunter et préciser les débats à conduire. Le Comité de rédaction, renouvelable à partir du comité d’orientation en fonction des disponibilités de ses membres, se conformera lui aussi à son titre et prendra les décisions ultimes d’établissement du sommaire de chaque numéro.
Nous avons décidé, en outre, d’améliorer les conditions de préparation de l’impression de la revue (correction, mises en page, etc.), ne serait-ce que pour ménager la patience de notre éditeur, que nous devons remercier ici.
Enfin, nous avons décidé de tirer de son sommeil l’Association des Amis de Futur antérieur, qui existe depuis la fondation de la revue, et de vous demander votre contribution.
Lecteurs ou lectrices, fidèles ou infidèles, souvent agacé(e)s et parfois satisfait(e)s du travail accompli par Futur antérieur depuis sa parution, nos projets vous appartiennent, si vous le voulez.