Tous les articles par Querrien Anne

Du commun de l’autre côté des mers, par

Dans ce texte, Anne Querrien revient sur l’action du LKP. Loin de s’arrêter à un regard axé sur la seule revendication d’une augmentation de 200 euros, ou à une analyse qui arrêterait cette lutte au seul mouvement indépendantiste, l’auteur retrace cette révolte en indiquant le désir de changer les relations sociales, son aspiration à alé pli lwen, et sa quête de sortir du colonialisme et de l’exploitation. Ainsi sous sa plume, l’île re-devient espace d’utopie, de déboulé et de créole soutenu par un projet d’hybridation et de créativité dans lequel aussi tout reste à faire. Car, le liyannaj, la mise en commun, amorcée a ses faiblesses, notamment en ce qui concerne la question du Sida ou de la place des femmes. Ces points aveugles n’empêchent pas pour autant de regarder de l’autre côté des mers.

From the common to the other side of the seas
In this text, Anne Querrien revies the action of the LKP (Coalition of Civil Society Organizations of Guadeloupe). Instead of focusing on the immediate demands or to simply analyze the fight in the framework of the struggle for independence, the author recounts the revolt as a desire to change social relations, its aspiration to alé pli lwen and its quest to end colonialism and exploitation. The island is seen as an utopian space, a déboulé and a creole, supported by a hybridization and creativity in which everything remains to be done. The liyannaj, or pooling, has shown its weaknesses, particularly regarding the issue of AIDS or of women. These blind spots do not hinder the reader to look across the seas.

Les cartes et les ritournelles d’une panthère arc-en-ciel, par

Petit à petit, Guattari a forgé un ensemble d’outils à même de soutenir chacun dans son désir d’échapper à l’injonction capitaliste, en s’appuyant sur ses passions, sur les actions auxquelles il participe, sur les universaux culturels qu’il reconnaît, et sur les flux libérés à la surface de la terre par l’aventure humaine. Le sujet, mis à distance de l’impuissance que la centralité de son moi engendrait, développe sa réflexion et la capacité d’action dans une infinité de situations différentes. Ces outils viennent de la psychothérapie institutionnelle et de la psychosociologie dans un premier temps ; puis Guattari se tourne vers des sémiotiques non limitées par l’effondrement des « lieux de parole », sensible depuis 1975 ; enfin il invente les « cartographies schizoanalytiques » et jette les bases de l’« écosophie ».

Guattari has progressively designed a set of tools capable of helping everyone escape from capitalist injunctions, finding support in affects, in participative action, in cultural universals and in the flows freed by the human adventure on the surface of the planet. The subject, distanced from the powerlessness generated by a central ego, develops her reflection and agency in infinitely diverse situations. He drew such tools, first, from institutional psychotherapy and psycho-sociology, later, from a form of semiotics not limited by the collapse of the « loci of speech », which finally led him to invent schizo-analytic mappings and to prepare the ground for « ecosophy ».

L’exode habite au coin de la rue, par

Alors que la société du coin de la rue est plutôt masculine, les femmes cherchent des espaces communs : sorties d’école, permanences médicales, centre social, et aujourd’hui jardin. Sur ce besoin s’est greffée une pratique artistique et politique de construction d’espaces d’attente où respirer ensemble. Dans les grandes métropoles européennes se créent à l’initiative d’activistes-artistes des « vacuoles » (Cf. Félix Guattari), des lieux où les habitants des quartiers pauvres peuvent eux aussi associer leurs idées et inscrire leurs rêves, se rendre disponibles à l’événement. La construction collective en langues multiples, celle des immigrations locales, est charpentée par un travail d’analyse et de mise en commun, par l’édification lente d’un « plan de consistance » (Cf. Félix Guattari) translocal et transnational.

While the « street corner society » is mostly masculine, women seek out common spaces : school gates, around-the-clock / 24-hour surgeries / medical practices / centres, social centres, and nowdays the garden. There is an artistic and political practice, that has been grafted onto this need, for the construction of waiting spaces where it is possible to breath together. In the major European cities « vacuoles » (Cf. Félix Guattari) are being created on the initiative of artist-activists, places where the inhabitants of a deprived neighbourhood can pool their ideas and set down their dreams, making themselves available for the event. The collective construction of multiple languages, that of local migrations, is framed by a work of analysis and common effort, by the slow building up of a « plan of consistency » (Cf. Félix Guattari), translocal and transnational.