Les coordinations au féminin.

De la jubilation à la déreliction, l’utilisation du minitel dans les luttes infirmières (-) Note de travail

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JE VIENS DE RÉALISER QUE AVEC CE SUPER OUTIL ON VA POUVOIR CONTINUER A DISCUTER ENSEMBLE. ON PARLAIT L’AUTRE JOUR EN AG DE FAIRE DES COMMISSIONS DE RÉFLEXION SUR LE STATUT, LE TRAVAIL DE NUIT …ETC… ON PEUT LES ÉCRIRE LADESSUS ET EN DISCUTER A DISTANCE C’EST GENIAL… FAUDRAIT DIRE A ALTER – JE SAIS PAS CE QUE C’EST MAIS – QU’ILS NOUS GARDENT. ON VIENT JUSTE DE COMMENCER
TCHAO 22-10-88 ; 5h57

“INFIRMIERES : LA COORDINATION A ETE VAINCUE DANS SA VIE ET IL FAUT QUE CELA SE SACHE LA COORDINATION A UN CADAVRE DANS LA BOUCHE”
30-09-89 ; 11h44

Ce papier n’a pas pour vocation d’entrer dans la vaste bibliographie portant sur “la communication”, quant au minitel, il ne sera traité que comme un outil sur la nature technique duquel on ne s’interrogera pas. Il s’agit ici de présenter une petite étude empirique reposant sur l’analyse quantitative et qualitative des messages minitel déposés sur ALTER*HOSTO en 1988 et 1989. Cette étude souhaite mettre en évidence deux choses :

– le minitel est non seulement un reflet des luttes, mais il est également un outil de transformation de la réalité sociale ;

– en l’occurrence, il a été un des moyens par lesquels le mouvement a pu se constituer en mouvement collectif un sujet collectif ayant pu se dégager de la somme des individu(e)s entré(e)s en lutte, mais inversement, lors de la période de reflux des luttes, l’analyse des messages met en évidence, au-delà de la baisse de leur nombre global, le retour à l’individualisme. Pour parler vite, le “nous” jubilatoire disparaît pratiquement et laisse toute la place aux “je”, mais à des “je” bien différents de ceux de la première période, des “je” renvoyant à un sujet souvent vociférant, ne semblant connaître d’autre réalité que lui même.

Au départ, il y eut sans doute la volonté de mettre en relation les établissements éparpillés sur tout le territoire, de permettre aux coordinations locales de se connaître, de se rencontrer, de confronter leurs expériences, de créer (ou de se joindre à) une coordination départementale ou régionale. Cette mise en réseau était d’autant plus nécessaire que si le milieu possédait une multitude d’associations professionnelles, le taux de syndicalisation était particulièrement bas et que, de toute façon, les syndicats ne participaient pas à la coordination – sauf le CRC, mais qui ne touchait que la région parisienne.

La seconde raison fut la volonté de faire circuler l’information dans le moindre établissement de province et auprès de toutes les infirmières, et de créer un lieu de débat qu’individus et collectifs puissent investir facilement. Il s’agissait donc bien, à travers le minitel, de la constitution d’un “nous” qui non seulement respecte mais parte de la diversité des situations, des vécus, des sensibilités des individus et des groupes.

Et c’est dans le courant octobre 1988 que la coordination infirmière, grâce au réseau Alternatik[[Deux auto-définitions d’Alternatik, trouvées parmi les messages étudiés :
“Le minitel est un outil fabuleux : vous pouvez toutes et tous y inscrire ce que vous ressentez, ce que vous revendiquez… Votre message est diffusé sur toute la France – il y a 5 millions d’utilisateurs potentiels qui sont des usagers… Soyez conscients que ce que vous écrivez ici est un formidable lien: une Reliance avec tous les usagers d’ici samedi et après.”
“Alter, c’est qui, quoi ? Une pré-réponse : un petit groupe d’associations et d’individus “indépendants” rassemblés autour d’une idée de développement des échanges et solidarités à l’aide de cet outil. Un texte plus détaillé sera présenté sur le serveur… et les réunions sont ouvertes!! “, a pu proposer une utilisation collective du minitel par le code d’accès ALTER*HOSTO. La volonté de départ fut sans doute d’ouvrir, dès le début, différentes rubriques (elles seront évolutives) dernière minute, urgence pour les collectifs, participer au débat, toutes les infos, cahiers de doléances des états généraux infirmiers, etc. Grâce au réseau Alternatik qui a bien voulu, avec l’autorisation de la Coordination Nationale Infirmière (association 1901), nous donner une photocopie des messages affichés, nous avons pu travailler sur la rubrique “participer au débat”, rubrique ouverte le 2 octobre 1988 de la façon suivante :

INFIRMIERES EN GREVE
Débats tous azimuts.
Infirmières, tous personnels de santé, usagers, médecins.
C’est une tribune libre !

Le premier message d’accueil est ainsi rédigé : “Bonjour, la coordination nationale vous souhaite la bienvenue. Nous vous tiendrons au courant de l’évolution de notre mouvement chaque jour. Posez-nous toutes vos questions. Merci. ”

L’analyse quantitative

Malheureusement, le matériel auquel nous avons eu accès n’était pas exhaustif. Par souci de rigueur, nous avons isolé deux segments du corpus qui nous paraissaient intéressants de par leur relative exhaustivité et de par les moments du mouvement dans lequel ils se situaient :

15 octobre -26 novembre 1988: c’est la période d’acmé de la lutte ; rappelons que la manifestation du 13 octobre avait rassemblé 100.000 personnes dans les rues de Paris, que c’est la période de constitution légale de la CNI : c’est en même temps un moment de forte confrontation avec l’État tandis que les négociations Ministre de la Santé/syndicats continuent pour aboutir le 24 octobre 1988 aux accords Evin (signés par la CFDT, la CFTC et FO).

15 octobre -26 novembre 1989: c’est la période où la coordination essaie de retrouver un second souffle mais est déchirée par ses dissensions internes. C’est ainsi que deux manifestations, de fait concurrentes, eurent lieu le 12 octobre 1989 (manifestation catégorielle) et le 21 octobre 1989 (manifestation unitaire et européenne), et furent suivies relativement vite par l’AG. convoquée à Montpellier par une partie de la Coordination (4 novembre 1989) et qui marque le début objectif de la mort de la coordination sous sa forme association 1901 ; cette mort devint officielle à l’A.G. de Poitiers le 16 décembre 1989 où sont votées la dissolution de l’association et la formation d’une union professionnelle qui garde le sigle de la Coordination.

Il s’agit donc de deux phases extrêmement contrastées.

La méthodologie : pour ces deux périodes, nous avons comparé : – le nombre de messages émis, – la nature de l’émetteur (individu, collectif, anonyme ou non), – la profession de l’émetteur (infirmière ou autres catégories), – le sexe, quand il était repérable.

Il s’agit donc très nettement, dans cette phase, d’utiliser le minitel comme reflet de la lutte et de ses avatars.

L’analyse qualitative : la mouvance du collectif . Le second type d’analyse porte cette fois sur l’ensemble du corpus: il s’agit d’étudier les thèmes de débat – et d’abord s’il y a débat -, et leur évolution. Là encore, pour une large part, les messages sont considérés comme le reflet d’une lutte dont les enjeux et la matérialité se passent ailleurs.

Cependant, certains items permettent un autre type d’analyse en mettant en évidence la constitution d’un sujet collectif durant la période de montée des luttes. Par contre, la période de reflux des luttes offre des messages “classiques” au regard du support minitel (A.M. Jeay, 1991), c’est-à-dire des messages plus redevables du solipsisme que de l’agir communicationnel.

Ce sont ces différents niveaux d’analyse que nous allons dérouler maintenant.

I. Le minitel, reflet de la lutte et de ses avatars

1. Le volume des communications

|1988 | |1989 |12/10/89
manif.catég. |
|Sam. 15/10 |23 |Dim 15/10 |1 |
|16/10|16|16/10|3|
|17/10 |5
(AGN à Lyon) |17/10 |4 |
|18/10 |(pas de corpus) |18/10 |3 |
|19/10 |30 |19/10 |3 |
|20/10 |15 |20/10 |6 |
|21/10 |(pas de corpus) |21/10 |5
(manif intercatég.) |
|22/10 |32 |22/10 |2 |
|23/10 |13
(AGN : arrêt de la grêve) |23/10 |1 |
|24/10 |19 |24/10 |3 |
|25/10 |22 |25/10 |3
(émission tv) |
|26/10 |15 |26/10 |2 |
|Total |190 | |36 |
| | | | |
|(Moyenne d’environ 19 messages/jour) | | |3 messages/jour |

2. La signature des messages

| |Message| signé | Ano|nyme | Total |Inclassables |Total|
| | Collectif| Individuel| Coll.| Ind.| | | |
|1988| 65 : 43%| 77 : 7%| 14 : 9%| 63 : 41%| 153 : 100%| 37| 190|
|1989| 14 (44%)*| 3| 2| 13 (41)%| 32 : 100%| 4| 36|

* Les parenthèses indiquent ici que ces “pourcentages” n’ont de valeur qu’indicative.

Les deux périodes sont parfaitement symétriques. A souligner simplement que parmi les messages signés, les collectifs sont ultramajoritaires, l’inverse étant vrai pour les messages anonymes. Si l’on réfère maintenant le nombre de messages signés à la totalité des messages, y compris ceux non identifiables à un individu ou à un collectif, on trouve un anonymat croissant entre 1988 et 1989.

Quant au type de signataire, il s’agit en 1988 d’IDE (infirmière diplômée d’État) à 73 % et d’AS-ASH à 11 % ; en 1989, ces pourcentages deviennent respectivement 81 % et 6 %, ce qui peut être interprété en termes de montée du catégoriel dans le mouvement.

3. Le sexe des signataires

Toute comparaison est rendue difficile par le faible nombre de messages émis en 1989. Quelques indications cependant alors que les femmes étaient deux ou trois fois plus nombreuses à intervenir en 1988, c’est l’inverse qui se produit en 1989: le nombre d’émetteurs hommes est exactement le double de celui des femmes. Tout se passe donc comme si le “nous” (première période) était plus féminin, le “je” (seconde période) plus masculin.

La période de déclin n’est donc pas spécifiée seulement par la forte diminution du nombre de messages, mais également par une masculinisation croissante, phénomène d’autant plus intéressant qu’il accompagne, nous allons le voir, une violence montante au niveau du discours.

4. Les thèmes des messages

Nous les avons classés en 12 items

|Thèmes|15 au |26.10.88|15 au |26.10.89|
| | |Rang| |Rang|
|1. Critiques et compliments envers une individue (il s’agit toujours d’une femme), membre de la coordination.| | | | |
|1.1 Compliments|0| |1|4|
|1.2. Critiques|0| |5| |
|2. Les syndicats| | | | |
|2.1.Faut-il ou non transformer la coordination en syndicat ?|11 (9%)|5|2|5|
|2.2. Critiques envers les syndicats|7| |3| |
|3. Mobilisation| | | | |
|3.1. Mobilisation|16 (9%)|6|2| |
|3.2. Découragement|1| |0| |
|4. Satisfaction devant le déroulement des événements revendicatifs| | | | |
|4.1. Satisfaction|7| |2| |
|4.2. Insatisfaction|1| |0| |
|5. Débats catégoriels/unitaires|28 (15%)|3|12 (33%)|2|
|6. Échanges ou demande d’information|66 (35%)|2|17 (47%)|1|
|7. Messages d’appel à la solidarité|24(17%)|4|3| |
|8. Modes d’action, revendications, idées nouvelles|98 (52%)|1|7(19%)|3|
|9. Contestation d’ordre politique ou polémique|11| |2| |
|10. Le fonctionnement de la coordination|2| |3| |
|11. La santé et le service public|1| |1| |
|12. La hiérarchie|7| |1| |
|Rappel du total des messages durant la période|190| |36| |

On voit donc bien s’opposer ici une première période, riche d’idées, de propositions tactiques et stratégiques, le débat catégoriels/unitaires ne venant d’ailleurs qu’au troisième rang à une seconde période où le minitel est utilisé comme moyen d’information, tandis que le débat catégoriels/intercatégoriels bat d’ailleurs son plein. Les effets de basculement d’une année sur l’autre apparaissent clairement dès qu’on rapporte chacun des termes au nombre total des messages pour la période. Parmi ces effets, il faut peut-être plus particulièrement souligner l’apparition en 1989 d’une catégorie : “critiques envers des membres de la coordination”, qui n’existait pas en 1988, et la disparition totale, par contre, des appels à la solidarité. L’ensemble de ce tableau montre bien, me semble-t-il, le passage d’un état offensif à un état de déliquescence où une place faible est laissée au débat sur les modes d’action, place comblée par le débat catégoriels/unitaires, et critiques envers des individus.

II. Analyse du contenu des messages

Nous allons passer ici au second niveau d’analyse ; celui du contenu du discours. Nous l’avons déjà dit: il ne s’agit que d’une note de travail. Il n’est donc pas question d’analyser exhaustivement l’ensemble du corpus mais plutôt de voir comment, à travers les messages, la coordination se construit, puis se déconstruit. Pour ce faire, nous avons travaillé en termes de périodisation (contestable, faut-il le préciser, comme toute périodisation).

La première période : l’enthousiasme

Du 2.10.88 au 14.10.88.
60 messages

rappel :

6.10.88
– manifestation de 25.000 infirmières à Paris
– commencement des négociations avec les syndicats
– grève nationale à partir du 6 octobre.

8.10.88
– création de la “Coordination Nationale Infirmière, syndiquées, non syndiquées, associées, non associées” (CNI).

11.10.88
– rencontre, se soldant par un échec, avec le ministre de la Santé.

13.10.88
– manifestation de 100.000 personnes à Paris.

L’enthousiasme est dominant : les mots “encouragements”, “amitiés”, “bravo”; “copains”, “courage”… reviennent comme un leitmotiv tout au long des 60 messages.

LES ELEVES DE LA SALPETRIERE ErAIENT TOUS A LA BASTILLE AUJOURD’HUI! 600 ELEVES ! BRAVO AUX COPAINS DES AUTRES ECOLES DE PARIS ET DE PROVINCE! NOUS AVONS REUSSI A NOUS FAIRE ENTENDRE ET A OBTENIR LE SOUTIEN DES NOMBREUX PASSANTS! BISOUS A TOUS AINSI QU’A TOUTES LES IDE

BON COURAGE A LA COORDINATION NATIONALE INFIRMIÈRES. ET LONGUE VIE.

COORDINATION 28 A TOUTES LES AUTRES COURAGE NOUS VAINCRONS FF

La majorité des messages porte sur des demandes d’information ponctuelle. Par exemple : “existe-t-il une coordination en Côte d’Or ?”. Quant au “je”, il est très peu utilisé (4 fois seulement), toujours au bénéfice du “nous”.

Deux choses sont à souligner :

– l’appropriation du mouvement est encore en cours : dans beaucoup de messages, il apparaît comme un “vous” auquel on n’est pas tout à fait sûr de pouvoir légitimement s’identifier :

LA COORDINATION INFIRMIÈRES SUD SEINE ET MARNE VOUS REMERCIE D’AVOIR CRÉÉ CE MOUVEMENT POUR NOUS DÉFENDRE ENFIN. LES I.D.E. SONT DANS LA RUE POUR MANIFESTER LEUR MÉCONTENTEMENT. MILLE FOIS BRAVO.

VOUS AVEZ NOTRE SOUTIEN. POUVEZ-VOUS M’ENVOYER DES INFOS PAR COURRIER A L’ADRESSE SUIVANTE: MLLE CONTINUEZ JUSQU’AU BOUT.

Tendanciellement, nombre de messages sont rédigés de telle manière que tout se passe comme si le principe de délégation fonctionnait de la même manière dans la coordination que dans un syndicat.

– le débat catégoriel/intercatégoriel apparaît, certes timidement (3 messages seulement), mais il apparaît, dès que le mouvement devient un mouvement de masse.

LE MOUVEMENT DES INFIRMIÈRES DOIT RESTER CENTRÉ SUR LE SERVICE INFIRMIER. SALAIRE EN RAPPORT AVEC LA FORMATION, BAC PLUS 3, ET LES RESPONSABILITÉS. POURQUOI UN MILLIARD DE DÉBLOQUE POUR LES AIDES SOIGNANTS ? BERNARD.

AU CHS ESQUIROL -94 – TOUS LES PERSONNELS SOUTIEN GREVÉ – TOUTES CATÉGORIES CONFONDUES – IL FAUT GAGNER POUR TOUS

DELEGUES N’OUBLIEZ PAS LA BASE DISCUTEZ AVEC NOUS. DANS LES SERVICES LA TRES GRANDE MAJORITÉ DES INFIRMIÈRES REFUSE D’ÉTENDRE LE MOUVEMENT AUX AUTRES PERSONNELS DE SANTÉ

Ce problème perdurera tout au long : il représente en effet le nœud même du débat durant près de deux années, celui sur lequel achoppera la coordination. Durant cette période, il reste cependant très minoritaire, et surtout, il s’exprime de façon non agressive. Comme nous allons le voir, le ton va très vite changer.

La seconde période : la fin de la montée en force du mouvement :

les premiers problèmes apparaissent (c’est par souci de correspondance avec l’analyse quantitative que cette période a été isolée) du 15 au 27 octobre 1988.

190 messages

rappel :

15 octobre: les propositions du ministre de la Santé sont rejetées à l’unanimité (sauf 2 abstentions) par l’A.G. Nationale: celle-ci vote la reconduction du mouvement, en laissant à chacun le choix des modalités. 19 octobre: la grève dans les hôpitaux s’essouffle. 22 octobre: manifestation de 20.000 infirmières.

23 octobre: l’AGN se prononce contre la poursuite de la grève reconductible (207 contre 111 et 129 abstentions) mais pour la poursuite du mouvement à l’unanimité (468 pour, 1 contre, 1 abstention), laissant aux coordinations régionales le choix des actions locales.

24 octobre: CFDT, CFTC, FO signent un accord avec Evin, tandis que CGT et CGC refusent les propositions du gouvernement.

Les caractéristiques de la phase précédente perdurent :
– le grand nombre d’annonces et de demandes d’information,
– le sentiment d’extériorité diminue très sensiblement, même S’il reste présent,
– les messages de soutien continuent d’affluer.

ENCOURAGEMENTS LES PLUS SINCERES LES IDE DE ST BRIEUC VOUS SOUTIENNENT NOUS GAGNERONS TOUTES UNIES
20.10.88, 11h16.

BON COURAGE ET TENEZ BON
MERCI A TOUS LES MEMBRES DU BUREAU DE LA COORDINATION
LE CMC DE CLICHY VOUS SOUTIENT
21.10.88, 12h57

– le débat catégoriel/unitaire se précise de plus en plus. Mais il s’agit plus de prises de position d’AS, d’ASH ou de cadres, que de prises de position politiques d’ensemble qui voudraient donner une dynamique particulière au mouvement.

VOUS AVEZ BESOIN DE NOUS LES AS, ASH, AP ! POURQUOI N’AVOIR PAS FAIT CORPS AVEC NOUS ? VOUS NOUS AVEZ POURTANT BIEN BESOIN! MAIS VOUS AVEZ SU FAIRE UN MOUVEMENT QUI VOUS EST EXCLUSIF NOUS NOUS RETROUVERONS POURTANT POUR ESSAYER DE FAIRE UNE QUI NE SERA PLUS A VOUS SEULES LES AS Er ASH N’AURONT QUE LES MIETTES DU GATEAU DES IDE
MERCI
messages non datés

Cependant, de nouveaux thèmes de débat apparaissent :

– bien sûr, et d’abord, des propositions de modes d’action

IDÉE D’UNE INFIRMIERE PUÉRICULTRICE QUI TRAVAILLE DEPUIS 10 ANS: ENVOYER UNE LETTRE RECOMMANDÉE A EVIN ET MITTERRAND EN EXPLIQUANT NOS REVENDICATIONS. 300.000 LETTRES CA FAIT BEAUCOUP
16.10.88

COORD YONNE RASSEMBLE LES CARTES D’ÉLECTEURS DES IDE AFIN DE LES REMETTRE AU PRÉFET APRES LA MANIF DE SAMEDI. SERAIT-IL POSSIBLE D’ÉTENDRE CETTE ACTION ?
19.10.88, 13h41

LES REVENDICATIONS NON OBTENUES A SAVOIR AUGMENTATION DÉCENTE DE SALAIRE ET POSTES SUPPLÉMENTAIRES POUR IDE BOYCOTTER REFERENDUM ROCARD ET SUPPRIMER TOUTES LES PAPERASSERIES LORS DE NOS JOURNÉES DE TRAVAIL AFIN DE NOUS CONSACRER VRAIMENT AUX MALADES. ON SE MOQUE DE NOUS DEPUIS TROP LONGTEMPS
19.10.88, 14h24

– faut-il insister sur les salaires ou le statut, les conditions de travail ?

SALAIRES TIENT TOUT LE DEVANT DE LA SCENE MÉDIATIQUE ET ENVAHIT NOS DÉBATS. LE FRIC PASSE IL FAUT RAMENER LA QUESTION STATUTS AU PREMIER RANG. C’EST LA SEULE GARANTIE SUR LE DEVENIR QUE NOUS NE DEVONS PAS PERDRE DE VUE!
16.10.88, 20h20

POUR TOUTES LES CATÉGORIES, LE STATUT EST IMPORTANT. MAIS CE N’EST PAS UNE LUTTE PORTEUSE. IL FAUT METTRE AU PREMIER PLAN LES EFFECTIFS. NOUS LUTTONS POUR BIEN TRAVAILLER AU SERVICE DES MALADES. SI NOUS VOULONS GAGNER. L’UNITÉ DE TOUS EST VITALE. POPULATION COMPRISE. IL FAUT DES AXES DE LUTTE OU CHACUN SE RETROUVE.
19.10.88, 21h00

LE STATUT. ON S’EN FOUT. ON VEUT DES SALAIRES CORRECTS ET DES EFFECTIFS. N’OUBLIEZ PAS LES A.S. QUI BOSSENT AVEC NOUS TOUS LES JOURS. VOUS PÉDALEZ DANS LA SEMOULE
22.10.88, 13h13

– faut-il ou non arrêter la grève ? sous quelles formes la continuer ?,

CESSER GREVE ESSOUFFLANTE PROPOSER INTÉGRATION PRIMES DANS SALAIRE ET SURTOUT DÉBATTRE DU ROLE PROPRE RECOMMENCER MOUVEMENT SI RIEN NE SE PASSE NE PAS OUBLIER LA CONJONCTURE ACTUELLE
19.10.88; 14h45

DURCIR LE MOUVEMENT OK MAIS COMMENT? EN RÉANIMATION NOUS SOMMES OBLIGES D’ASSURER TOUS LES SOINS AVEC UN PERSONNEL RÉDUIT. NOUS NE SUPPORTERONS PAS LONGTEMPS CETTE SITUATION ÉPUISANTE POUR TOUS. LES MÉDECINS DÉCLARENT NOUS SOUTENIR MAIS DANS LES SERVICES ILS ONT LES MEMES EXIGENCES ENVERS NOUS ALORS QUE NOUS FONCTIONNONS EN SERVICE MINIMUM.
19.10.88, 14h32

COORDINATION CAHORS
DÉCEPTION ARRET GREVE ON NE COMPREND PAS NOUS SOMMES TOUJOURS DETERMINEES CROYONS A LA SURVIE DU MOUVEMENT SOUHAITONS STATUT RESTE A EN DÉTERMINER LA FORME
25.10.88, 09h58

– Enfin, les négociations gouvernement/syndicats suscitent des réactions, . soit anti-syndicales (par rapport aux confédérations), soit pour la création d’un syndicat autonome.

IDE EN RUPTURE D’ACCEPTATION DE LA CLOWNERIE SYNDICALE! 7 % DE SYNDIQUES ET ILS ONT LE CULOT DE SIGNER: MEME LES VIEUX BRISCARDS DES LUTTES DU DÉBUT DU SIÈCLE AURAIENT EU PLUS DE BON SENS POUR S’APERCEVOIR QUE CES NOUVELLES FORMES DE FONCTIONNEMENT QUE L’ON EXPÉRIMENTE TOUTES A NOS FRAIS SONT UN NOUVEAU VENT DE FRAICHEUR POUR DÉBOULONNER CE SYSTEME ROUILLE. ANNIE.
22.10.88, 05h56

FAUT FONDER UN SYNDICAT INFIRMIER
26.10.88, 23h40

Nous l’avons fait ailleurs (Kergoat et alii, 1992) et ne le reprendrons pas ici. Mais tous ces thèmes apparemment éclatés : catégoriel/non catégoriel, formes d’action, insistance ou non sur le statut, création ou non d’un syndicat infirmier…, toutes ces réactions forment un faisceau qui est la trame même du mouvement infirmier.

La troisième période :période de latence et affaiblissement extrêmement

sensible de la lutte (pas de corpus pour la période du 28.10.88 au 9.02.89)

Du 9.02.89 au 13.05.89

35 messages

rappel:
– 6 au 17 mars : grève des infirmières anesthésistes 20 au 30 mars: grève des sages-femmes
– 23 mars: grève nationale organisée par la CNI
– 15-16 avril : États Généraux infirmiers. Élaboration d’une Charte revendicative
mai: 2ème salon infirmier
– 11 mai : texte de Martigues et Limoges (cf. encart) paru le 13 mai dans le Minitel.

La baisse du nombre de messages, très sensible, est assimilée par certains à une censure ; parfois on ne sait pas trop bien de qui, parfois on l’attribue au Bureau parisien :

JE DISAIS EH OUI CA CENSURE SEC ET CECI EXPLIQUE L’ANONYMAT: DES CURES ROUGES AUX FLICS ROUGES Y A QU’UN PAS. QUANT A LA CRITIQUE DES BUREAUCRATES TOUS LES ELEMENTS CIRCULENT, A NOUS DE TROUVER LE MODE D’EMPLOI: NOTRE LUTTE EST TROP IMPORTANTE, NOTRE MÉTIER TROP FONDAMENTAL POUR ADMETTRE D’ETRE STÉRILISE AU POUPINEL DE L’IDÉOLOGIE. ON VA PAS CREVER IDIOTS Er SYNDIQUES, NON??
01.05.89, 16h29

En fait, le débat de cette période est orienté autour des États Généraux. Le ras-le-bol devient colère, puis l’échec relatif des États Généraux ouvre la période de latence.

AUGMENTATION DES MÉDECINS AVANT MEME L’OMBRE DE LA GREVÉ ? ILS SE FOUTENT DE NOUS ILS NE S’EN FOUTRONT PLUS LONGTEMPS FOUTONS LE FEU AU CHATEAU TOUS AUX ÉTATS GENERAUX INFIRMIER ENRAGE
06.03.89, 09h40

IL N’EST PLUS POSSIBLE DE TRAVAILLER SEPT NUITS DE SUITE AVEC LA RESPONSABILTTE D’UNE SOIXANTAINE DE MALADES IL EN VA DE LA SECURITE DU MALADE ET DE NOTRE SANIE, CECI SE PASSE A L’HOPITAL DE CHARTRES DEPUIS DES ANNÉES ET POUR LONGTEMPS ENCORE PERSONNE NE LUTTE
16.04.89, 17h51

Le débat corpo/intercatégoriel continue à travers, en particulier, le débat sur la création d’un syndicat infirmier. Les réactions se font de plus en plus vives, tandis que la langue de bois réapparaît.

NOUS NE VOULONS PLUS ETRE CONSIDERES COMME DES BONNES SŒURS OU DES DÉVOUES MAIS COMME DES TRAVAILLEURS A PART ENTIÈRE, IL NOUS FAUT DONC UN SYNDICAT PROFESSIONNEL REPRÉSENTATIF QUI DISCUTE POINT PAR POINT EFFECTIFS, TEMPS DE TRAVAIL, CHARGES DE TEMPS DE TRAVAIL. CHARGE DE TRAVAIL, SALAIRES, RECUPERATIONS, CELA DÉMONTRERAIT QUE CETTE PROFESSION A ATTEINT SA PLEINE MATURITÉ
03.03.89, 12h16

SI EVIN NE VEUT NÉGOCIER QU’AVEC LES SYNDICATS C’EST PAS UN HASARD: IL SAIT TRES BIEN QU’ILS NE POSERONT JAMAIS LES PROBLEMES DE FOND DE LA PROFESSION, NOTRE TUTELLE MÉDICALE. TOUT AU PLUS REPLATRER QUELQUES FISSURES. ALORS SE FAIRE MAQUEREAUTER PAR UN SYNDICAT NEW LOOK, MEME INFIRMIER: QUE DALLE… NOTRE INDÉPENDANCE NOUS LA GAGNERONS EN NOMBRE EN FORCE EN COORDINATION.
19.03.89, 09h36

Et le 13 mai 1989, c’est la parution sur le Minitel du texte “Réagir” (cf. encart) de Martigues et Limoges, qui jouera en fait le rôle d’un véritable détonateur. Une nouvelle période s’ouvre alors, caractérisée par la violence des affrontements, affrontements qui se concrétiseront, lors de la quatrième période, par les deux manifestations nationales à une semaine d’écart.

13/05/89, 08h33
Le texte qui suit, COMMUN AUX COORDS DE MARTIGUES, LANGUEDOC/ROUSSILLON, LIMOUSIN, ET A LA COORD DES INFES LIBÉRALES ET DU SECTEUR PRIVE D’AIX EN PROVENCE, a été envoyé à toutes les coords de France les 11 et 12 mai 1989. RÉAGISSONS ! ! !

C’est l’avenir de la coord qui se joue.

Seules cinq régions étaient présentes au BN du 29 avril à Paris (Bretagne, Île-de-France, Limousin, pays de Loire). Malgré les lettres de Martigues, Besançon, les coups de fil de Lyon, Montpellier, Nantes et Guéret, le chiffre fait mal à la coord. Il s’ajoute à ceux, inquiétants, des États Généraux Infirmiers. 13 départements représentés à Paris le I S avril sur les 80 organisés en coord. 18 villes contre 122 à l’AG du 14 janvier

187 établissements contre 322. Il faut avoir l’honnêteté de reconnaître que depuis le 23/3 nous allons d’échec en échec. Faut-il laisser la Coord Nat. Inf. périr de mort lente ? Faut-il gérer cette agonie ? Quelles perspectives pouvons-nous présenter aujourd’hui aux infes dans les services ? Qui va préparer le “vaste rassemblement” prévu pour l’automne ? Avec quels moyens humains et financiers ? Allons-nous continuer à nous satisfaire de nos rituelles réunions mensuelles qui restreignent L’ESPACE D’ÉCHANGES, DE RÉFLEXION ET D’ACTION qu’était la coord à ses débuts ? Les coordinations LANGUEDOC ROUSSILLON, MARTIGUES, LIMOUSIN, LIBÉRAL ET SECTEUR PRIVE D’AIX EN PROVENCE DISENT NON. IL FAUT RÉAGIR ! ! !

LA COORDINATION DOIT VIVRE!

Chacun(e) s’accorde à reconnaître qu’aucune de nos revendications n’a été satisfaite. LA COORDINATION DOIT VIVRE ET DURER! Notre lutte pour la transformation de la profession est une LUTTE DE LONGUE HALEINE. D’autant que la politique de santé que prépare Evin dans le cadre de l’Europe de 92 remet en cause notre existence et exige de nous une vigilance permanente. LA COORDINATION DOIT VIVRE

DURER ET S’ORGANISER!

Seule une organisation plus efficace nous permettra :
* d’inscrire notre action dans la durée
* d’être enfin reconnus comme interlocuteurs légitimes
* d’être au moins à armes égales avec ceux qui ont toujours parlé et décidé à notre place
* de ne pas laisser se disperser les éléments les plus dynamiques de la profession et les collectifs qui ont déjà engagé des travaux
* d’étendre le réseau des coords à tous les départements et au plus grand nombre possible de secteurs
* de constituer un point d’appui solide pour les infes du privé et de l’extra-hospitalier plus exposées que d’autres à la répression
* de donner naissance à un espace d’échange, d’information et daction sans précédent qui offre la possibilité de reprendre un véritable travail de fond. NOUS PENSONS QUE LE PHENOMENE COORDINATION EST LE GERME D’UN TYPE D’ORGANISATION NOUVEAU QUE NOUS NE VOULONS PAS LAISSER POURRIR. ALLONS PLUS LOIN

S’ORGANISER COMMENT ?

Toute organisation qui veut inscrire son action dans la durée est amenée inévitablement à se positionner par rapport au syndicalisme. Nous proposons que la coordination Nat Inf utilise toutes les possibilités d’un statut juridique syndical, TOUT EN SE DÉMARQUANT RADICALEMENT PAR SES MODES DE FONCTIONNEMENT DU SCHÉMA PYRAMIDAL QUI ABOUTIT, TOT OU TARD, A LA SCLÉROSE DU MOUVEMENT ET ÉTOUFFE TOUTE SPONTANEITE, TOUTE CREATIVITE. Dans cette perspective, nous avançons les premiers éléments d’organisation suivants :

* responsables élus révocables à tout moment
* réelle égalité entre tous les membres de la coord par l’information la plus large, accessible à tous
*publication d’un journal national
assurer le retentissement de l’événement par la diffusion massive d’un tract à toutes les infes. C’EST POURQUOI NOUS DEMANDONS A U BN D U 24 MAI DE CONVOQUER UNE ASSEMBLÉE GENERALE EXTRAORDINAIRE DEB UT JUIN

SUR L’AVENIR DE LA COORDINATION NATIONALE INFIRMIÈRE

RÉAGISSONS POUR GAGNER!
contactez..tél..échangez..difusez.

La quatrième période : l’exacerbation des conflits intra-coordination

du 24.05.89 au 14.10.89

64 messages

rappel:
– le 22 mai, le CREM (Collectif de rassemblement et de mobilisation des personnels du secteur social) annonce sa création.
– 1er juin : appel-pétition intercatégoriel : repoussé par le Bureau National, il est repris et diffusé par la Coordination Île-de-France après une assemblée générale.
– 24-25 juin, 5 août : deux bureaux nationaux où les clivages s’exacerbent, clivages qui aboutiront à ce que le B.N. appelle à deux manifestations nationales à Paris, celle du 12 octobre (base professionnelle), et celle du 21 octobre (base unitaire et européenne).

Nous l’avons dit: le texte “Réagir” a rempli le rôle d’un détonateur. Les oppositions s’exacerbent. Les messages reflètent parfaitement cette situation mais ne font pas que la refléter, l’amplifiant et même la créant d’une certaine manière. Les invectives pleuvent: personnelles, anti-Bureau Ile-deFrance (lequel ne répondra jamais), anti SIAN, anti-Bureau National, etc.

LES MILITANTS DE LUTTE OUVRIERE
LES MILITANTS DE LA LCR, LES DINDES – B*** – A*** – QUI N’ONT PAS QUITTE LE NAVIRE A TEMPS LE BUREAU ILE DE FRANCE DE LA COORDINATION INFIRMIERE PORTE UNE LOURDE RESPONSABILITÉ, – NOUS DEMANDONS SA DÉMISSION
COLLECTIF INFIRMIERES SAINT ANTOINE
24.05.89, 04h24

LORSQUE LE DOIGT DES INFIRMIERES MONTRE LA LUNE, L’IMBÉCILE BUREAUCRATE DU C.R.C. REGARDE LE DOIGT
24.09.89, 13h19

Peu des messages s’insurgent contre ces attaques. Le gros d’entre eux consiste en des communiqués de Montpellier et Limoges, du CREM. Quelques allusions sont faites au système de santé :

LA CHARTE PRÉVOIT UNE AUGMENTATION DE 30.000 POSTES. ELLE NE TIENT PAS COMPTE DES PROJETS EVIN ROCARD QUI LUI PRÉVOIT 65.000 LITS EN MOINS: TROP D’HOSPITALISATIONS SOCIALES. SEUL L’HYPERTECHNICITE SUBSISTERA? LE SOCIAL IRA OU IL POURRA. QU’EN DISENT LES USAGERS ? VOUS AVEZ DIT PROGRES, HUMANISATION ? LES TECHNOCRATES NOUS TUENT.
27.09.89, 20h55

Des oppositions d’un type nouveau se manifestent :

LA LUTTE POUR LA REVALORISATION DE NOTRE PROFESSION N’EST PAS UNE LUTTE DES CLASSES. QUEL EST NOTRE ENNEMI? FOIN DES DISCOURS AIGRIS. NOS COLLEGUES QUI ANIMAIENT LE DÉBAT “I.D.E. LIBÉRALES SE PRÉPARANT A DEVENIR CHEF D’ENTREPRISE” AU SALON INFIRMIER EUROPÉEN SONT A CE SUJET INTÉRESSANTES. ELLES NE PLEURNICHENT PAS CHRISTOPHE
16.06.89, 12h04

DES SALAIRES A MOINS DE 6000 BALLES, LA BOURRE PERMANENTE, DES MENTALITÉS DE BONNICHE OU DE KAPO OU ALORS LA FUITE VERS DES SECTEURS OU ON NOUS PREND MOINS POUR DES BILLES, T’AS RAISON COCO Y A PLUS DE LUTTE DES CLASSES FAUT PAS ETRE AIGRI MAIS POSITIF, TOUJOURS PLUS POSITIF. C’EST LE DISCOURS DES LI-PENG DE LA “PENSÉE” MODERNISTE. SIGNE: UN RINGARD ANTI-LOBOTOMIE.
17.06.89, 09h53

Ce qui est peut-être le plus frappant, c’est le basculement quasi total dans la langue de bois, “gauchiste” ou “anti-gauchiste”, rappelant souvent mai 68 et en tout cas bien éloignée des échanges des premières périodes.

DE SUN TSE A SUN ZI…
CELUI QUI ARRIVE LE PREMIER SUR LE CHAMP DE BATAILLE SERA REPOSE, CELUI QUI ARRIVE LE DERNIER SUR LE CHAMP DE BATAILLE ET SE PRÉCIPITE AU COMBAT SERA ÉPUISE. C’EST POURQUOI LE BON COMBATTANT DOIT ATTIRER L’ENNEMI ET NE PAS ETRE ATTIRE PAR LUI. OUI ! ! ! EN AVANT ! ! !
4.09.89, 22h50

RÉPONSE A UN PARTISAN DE LA CLARTÉ…
TIENS! LES “ARCHEO-SYNDICATS” N’AURAIENT JAMAIS TENTE DE FAIRE TOMBER LA COORD ? ! ! C’EST NOUVEAU!! AU FAIT, COMMENT CONCILIES-TU CETTE DÉFENSE ‘TOUCHANTE” DE L’ARCHEO-SYNDICALISME Er L’ACCUSATION, A NOTRE ADRESSE, DE VOULOIR EN CONSTITUER UN DE PLUS ? SI TEL ÉTAIT LE CAS, NE DEVRAIS-TU PAS T’EN FÉLICITER DIGNE “CHEVALIER BLANC” DE L’ANCIEN ??? NOUS, C’EST LE NOUVEAU QUI NOUS INTÉRESSE!!! NOUS NOUS BATTONS DEPUIS DES MOIS POUR QUE LA COORDINATION VIVE PLUS FORTE, MIEUX ORGANISÉE, PLUS DÉMOCRATIQUE ET TRANSPARENTE, AVEC TOUTE SON ORIGINALITÉ ET DANS LE RESPECT DE SES PRINCIPES DE BASE. COMBAT DÉCISIF PAR LES TEMPS QUI COURENT OU DE PETITS, OUI DE PETITS MALFRATS BAFOUENT ALLEGREMENT CES MEMES PRINCIPES. UNE COORDINATION INFIRMIERE DURABLE HEURTERAIT-ELLE DES INTERETS SI PARTICULIERS QU’ELLE LES AMENÉ A RECOURIR AUX MAGOUILLES DU CONSERVATISME ORDINAIRE ?! ! POUR LES STATUTS DÉTAILLES, PATIENCE! TU ESPERES QUE NOUS NE REPRÉSENTONS QUE NOUS-MEMES MAIS TON “ESPOIR” TRAHIT TA CRAINTE W ! ! NOUS SOMMES ENCORE LOIN D’AVOIR RASSEMBLE TOUTES CELLES ET TOUS CEUX QUI SE RECONNAISSENT DANS NOS PROPOSITIONS POUR DE PLUS AMPLES DEVELOPPEMENTS, RENDEZVOUS A L’AG DU 16/9 A 10H BOURSE DU TRAVAIL, RUE CHARLOT UN SALUT BIEN COOL DE LIMOGES ERICK
08.09.89,13h27

La réponse du berger à la bergère se situe au même niveau :

ETRE EN DÉSACCORD EST UNE CHOSE, SE FAIRE TRAITER DE MALFRAT EN EST UNE AUTRE. EST-IL BESOIN D’ÉTALER TOUTES SES NÉVROSES ET TOUS SES PENCHANTS MÉGALOMANES POUR CROIRE QUE L’ON EXISTE? LA NOTION DE DÉBAT EST ESSENTIELLE POUR LES MALFRATS, A CONDITION QU’ILS CONTROLENT, PAS VRAI ? MAIS JE COMPRENDS QUE DE JEUNES PUTES GAUCHISTES REFUSENT L’ÉTIQUETTE DE MALFRAT, PUISQU’ILS N’ASPIRENT QU’A DEVENIR DE VIEILLES PUTES, COMME LEURS CHEFS DE BANDES ET DE PARTIS CORPORATISTE, VA…
03.10.89, 14h46

Pour la cinquième période (du 15 au 26.10.89), nous renvoyons à l’analyse quantitative (36 messages) : la désagrégation continue et devient évidente dans la dernière période. Du 28.10.89 au 22.02.90

79 messages

rappel:
– 4.11:89: l’A.G. de Montpellier vote à une large majorité (76 établissements représentés) la transformation de la CNI en syndicat infirmier.

La dissolution de la CNI-association de 1901 en CNIsyndicat devient effective le 16 décembre à Poitiers (92 mandats).

Les insultes pleuvent. Un exemple, certes extrême, mais qui rend bien compte de la dissolution du nous :

X, TU ES UN CON ET UN IMPUISSANT. UN CON PARCE QUE TU N’ES BON QUA NETTOYER LES CHIOTTTES DES COPINES ET UN IMPUISSANT DE PAR TON ATTITUDE LACHE ENVERS CERTAINES FEMMES. VOIR TON ATTITUDE PAR EX. DU 22 POUR RENTRER DANS LA SALLE OU AVAIT LIEU L’A.G. NATIONALE. TA MERE A DU TERRIBLEMENT TE BRIMER. PAUVRE GARCON
2.11-89, 19h53

Les clivages politiques sont rabattus sur des stigmatisations individuelles où le je s’érige en juge de l’autre. Le style est souvent imprécatoire, les termes utilisés scatologiques et à connotation sexuelle. On veut insulter l’autre, en fait dénier son existence comme sujet, comme membre à part entière de la coordination. En fait, les messages ne sont plus qu’une longue suite de communiqués et de contre-communiqués, d’imprécations, de dénonciations de ces dernières (dénonciations qui, le plus souvent, sont au même niveau que ce qu’elles dénoncent ; par exemple: “beaucoup d’agressivité par quelques paranos castrés”, 05.01.90, 18638).

La coordination est bel et bien morte…

III. LES ALEAS DU COLLECTIF

Nous l’avons vu, la montée des invectives est un indicateur de la déliquescence du mouvement. Le tableau suivant est révélateur :

| |Invectives envers les organisations, attaques personnelles |Autres types de messages |Total |
|2.10 au 2.10.88 |11 (4%) |250 |261 |
|28.10.88 au 09.02.89 |Pas de corpus |Pas de corpus | |
|09.02 au 24.05.89 |3 (9%) |32 |35 |
|24.05 au 31.08 |12 (43%) |16 |28 |
|01.09 au 27.10 |15 (32%) |47 |62 |
|28.10 au 22.02.90 |29 (38%) |47 |76 |

Et il est nécessaire de souligner que, dans plus de 90 % des cas, les attaques personnelles s’adressent à des femmes et ne sont en fait que des injures (cf. Le concept de “haine de genre” développé in Kergoat et alii, 1992). Le sentiment profond de beaucoup d’hommes semble bien être résumé par ce message :

POURQUOI PORTER LE VOILE, LES IDE ONT UN TCHADOR A L’INTERIEUR DE LA TETE, ET LA FOI A DE L’AVENIR CHEZ NOUS, MAN.
09.11.89, 13h37

Bref, comme le tape l’un(e) d’entre elles :

COMME SI UNE IDENTITÉ NE POUVAIT ETRE VÉCUE QUE DANS L’ABAISSEMENT ET LA NEGATIVITE DE CELLE DES AUTRES TIENS CA ME FAIT PENSER AUX MÉDECINS (PAS TOUS HEUREUSEMENT) ET A LEUR COMPORTEMENT PAR RAPPORT AU RESTE DU PERSONNEL…
07.12.89, 20h10

Alors que la colère était tournée vers le gouvernement en 1988, c’est contre l’autre, devenu ennemi, que la colère se cristallise.

Si l’on prend chronologiquement les événements du point de vue de la constitution du collectif, on observe donc dans un premier temps, une sorte d’agrégat timide autour de la notion de coordination. Le passage de groupe-agrégat au collectif[[Nous employons le mot “collectif” (versus : groupe) au sens gramscien (versus sartrien)., au mouvement de masse dont on se reconnaît partie prenante, se fait dans la seconde période.

SI LES IDE ONT COMPRIS QUE L’UNION ET LA SOLIDARITÉ POUVAIENT RÉSOUDRE CERTAINES CONDITIONS DE TRAVAIL, NÔTRE LUTTE AURA ETE UNE VICTOIRE. DANS CHAQUE SERVICE SI TOUTE L’ÉQUIPE SUR 24 H S’UNIT ET TRAVAILLE SUR UN PROJET COMMUN, QU’IL SOIT PRÉSENTE EN AYANT ETE BIEN PRÉPARE A LA DIRECTION, IL AURA QUELQUES CHANCES D’ABOUTIR! PARLONS-NOUS, RENCONTRONS-NOUS.
17.10.88, 1OhO9

1989 ON VEUT TOUT, C’EST UN DROIT !
22.10.88, 06h00

MARSEILLE
RÉUNION POUR LES RESPONSABLES DE LA COORDINATION DES DIFFÉRENTS HÔPITAUX : RÉUNION A 9 HEURES LUNDI A L’HOPTTAL DE LA CONCEPTION AFIN DE RENDRE COMPTE DE L’ASSEMBLÉE GENERALE DE PARIS DE DIMANCHE… ENSUITE: RÉUNION DANS LES DIFFÉRENTS HÔPITAUX A 13 H VIVE LA COORDINATION
22.10.88, 15h13

NOUS AVONS ETE COUPES : CENSURE ??? LA COORDINATION NATIONALE EST-ELLE AUSSI PEU RECONNUE QUE NÔTRE PETITE COORDINATION LOCALE… POURTANT POUR UNE FOIS QUE LES IDE SE SOUTIENNENT AU NOM DE LEURS TRIPES… SIGNE: LOUDEACOOR DÉPARTEMENT 22
25.10.88, 1Oh57

Nombre de messages parlent d’ailleurs du support minitel, de la découverte (positive) que cela représente pour eux. C’est alors que l’on passe du minitel simple reflet des luttes au minitel outil de transformation de la réalité sociale, outil d’ailleurs utilisé de façon très différenciée :

– le collectif se crée à travers l’échange individuel permis par le minitel :

DE PATRICE A CHARLES PERRENS
J’AI OUBLIE MON CALEPIN AU LOCAL DE LA COO. PARIS FAIT CE QU’IL FAUT POUR LE 16. PAS DE PRÉAVIS DE GREVÉ POUR CE JOUR, DÉMERDEZ-VOUS LOCALEMENT, 5 OU 6 PSY DU BUREAU SERONT LA LE 16. LA PROVINCE AURA LA PRIORITÉ POUR MONTER. RAPPELEZ-MOI SI VOUS VOULEZ, SYLVIE A MON NUMÉRO. SALUT
14.03.89, 11hO3

– le collectif est créé d’emblée par le Minitel :

YOUPI J’AI PIGE
POUR LES INFIR. JE TAPE HOSTO
POUR LES ASH JE TAPE GREVE
POUR LES AUTRES DEB OU DEB
POUR LE RESTE ALTER…
KE C’EST DUR POUR DES VIEUX LA TECHNIQUE
22.10.88

BONJOUR A TOUS
UTILISONS MNTL A L’HOSTO POUR ETRE AVEC VOUS. NOUS SOMMES IDE, PETIT HÔPITAL DE PROVINCE, AVIONS MOBILISE NÔS TROUPES, AU NOM D’UNE COOR LOCALE SOLIDAIRE DE VÔTRE MVT NAT
25.10.88, 12h40

A partir de 1989, le minitel continue à fonctionner comme générateur de collectif, mais cette fois de collectifs au pluriel, en fait de groupes, de nature très différente :

– déclenchement de la solidarité à partir d’éléments traumatisants comme la mort, la maladie, la dépression d’une infirmière : l’événement est signalé, et aussitôt quelques messages de réponse apparaissent.

MADELEINE LAGADEC, 27 ANS, INFIRMIERS ORIGINAIRE DE QUIMPER, A ETE ASSASSINES DANS LA REGION DE SAN VICENTE, AU SALVADOR LE 26 AVRIL 1989 LORS D’UNE ATTAQUE DE L’ARMES CONTRE L’HOPITAL OU ELLE TRAVAILLAIT. LE SILENCE TOMBE SUR ELLE COMME SUR ANNIE ESBERT.
DES IDE D’AIX EN PROVENCE
message non daté.

CLAUDE MERENS D’AGENLOT ET GARONNE EST DECEDEE, AYEZ UNE PENSES POUR CETTE INFIRMIERS. ELLE A TOUT DONNE A NOTRE CAUSE MEME SA SANTE. NE L’OUBLIEZ PAS. MERCI
24.07.89, 11h52

C’EST SYMPA DE NOUS SIGNALER MEME DES EVENEMENTS TRISTES… SI LE MINITEL PERMET DE MAINTENIR LA MEMOIRE DE CEUX QUI SE SONT ENGAGE(E)S ALORS JE LE TROUVE UN PEU MOINS NUISIBLE BIEN A VOUS TOUS…
03.08.89, 19h55

– on recherche des contacts autour d’idées politiques ou de causes communes :

ASSOCIATION ENFANTS REFUGES DU MONDE RECHERCHE URGENT DEPART IMMÉDIAT POUR QUITCHE GUATEMALA STATUT VOLONTAIRE 1 AN MEDECIN OU INFIRMIER PARLANT ESPAGNOL POUR SUIVI PROMOTEURS DE SANTE CADRE EQUIPE 4 PERSONNES Er PROGRAMME POLYVALENT SANTE EDUCATION ANIMATION SANITATION NUTRITION TEL 40 35 70 11
04.04.89, 13h36

BONJOUR ELEVE-INFIRMIERS ET MEMBRE DE LA FEDERATION ANARCHISTE, J’AIMERAIS RENCONTRER DES LIBERTAIRES
18.11.89, 1Oh56

Il y a donc, entre les deux périodes, déplacement des formes d’individualité: travailleur(se) (en lutte) collectif en 1988, c’est autour du collectif construit/à construire que se rassemblent et que se forment les subjectivités. Par contre, dans la période de reflux, où alternent bouffées d’agressivité intense et volonté de se ressaisir, ce qui est frappant, c’est le vide collectif, ou plutôt la coexistence difficile de collectifs et d’individualismes antagonistes. Le minitel est redevenu essentiellement un reflet du mouvement, et quand il est un outil de transformation, c’est d’un outil de désagrégation qu’il s’agit. La nature du discours en témoigne.

Ainsi, autant la période de reflux des luttes offre des messages “classiques” au regard du support minitel (JEAY A.-M., 1991), autant la période de montée des luttes infirme ce type d’analyse et montre au contraire que le minitel peut aider à l’émergence et à la constitution du collectif.

Comme tous les outils de communication, le minitel est complexe. L’important est ici d’avoir montré que cette complexité n’interdit pas tout changement ou plutôt n’induit pas qu’un seul modèle d’utilisation ; qu’au contraire, on peut se servir de cette complexité pour le changement. Il y a transitivité du minitel : il renvoie à la communication illusoire aussi bien qu’il peut aider à créer un sujet collectif.

Ceci montre, une fois encore, que toute technique est subversifiable, que la technique et son utilisation dépendent des rapports sociaux. Ouverture d’un espace public, aide à la fabrication d’un sujet collectif et d’une mémoire collective, échange et transmission dynamiques de l’expérience d’une part ; il s’agit alors d’une “communication comme récit partagé” (ZARIFIAN Ph., 1992). Mais c’est aussi un terrible outil de réification de l’expérience, de destruction du sujet collectif et de la coopération, de fermeture, d’autodestruction et de solipsisme.

Nicole-Edith THEVENIN (1993) a donc raison de s’interroger : “ne nous illusionnons-nous pas sur les ‘nouvelles’ formes de surgissement de la politique telle qu’elle se donne dans les divers mouvements sociaux, dans la mesure où la’constitution de subjectivité’ comme on se plait à le dire, reste fortement prise dans les structures dominantes ou classiques, même si ces mouvements occupent une place jamais occupée auparavant?”

Reste cependant que l’expérience de ce nous jubilatoire, qui n’efface pas la subjectivité mais au contraire lui permet de s’exprimer, a existé. En ce sens, la coordination a bien été une forme d’expérimentation sociale, tant individuelle que collective. Et il est évident que le minitel a concouru à la naissance d’un sentiment collectif et a permis que la subjectivité s’exprime et s’intègre dans la lutte. L’expérience de ce nous jubilatoire débouche directement sur le problème du pouvoir et de l’universel ; et avoir goûté à ce dernier, c’est avoir basculé, ne serait-ce qu’un temps, dans des pratiques profondément subversives pour l’ordre productif/politique.

“On reprend mais ça ne sera jamais plus comme avant”: c’est un leitmotiv que l’on retrouve lors des reprises de travail après un mouvement social puissant. Nous ne pouvons faire ici un quelconque bilan de la coordination – qui le pourrait ? – mais de nombreux indices tendent à prouver que des apprentissages collectifs se sont réalisés et inscrits dans des pratiques nouvelles ; cf. pour le mouvement social : les grèves depuis 1989, la nature des affrontements au sein du syndicat CNI, le climat social de nombre de grands hôpitaux… Au niveau des individus, nous n’avons d’éléments que ceux fournis par les nombreux contacts individuels que nous avons gardés ; une fois le mouvement terminé, nombre des ex-responsables ont changé quelque chose dans leur travail passage de la nuit au jour, du public au privé, acquisition d’une spécialité qui permet une réorientation dans la profession (anesthésie-réanimation, par exemple)… Dans tous les cas, il s’agissait de marquer matériellement l’autonomie nouvelle acquise grâce à l’expérience coordination. Et beaucoup d’entre elles soulignent un changement sensible : dans bien des services, il n’est plus question d’accepter n’importe quelles conditions de travail, la soumission totale aux médecins n’est plus de mise, on court-circuite fréquemment la petite et moyenne hiérarchie, tandis que dans le secteur privé, la négociation sur le salaire est de plus en plus fréquente et de plus en plus âpre. Comme le dit une infirmière ayant, à la fin du mouvement, quitté l’AP pour travailler en intérim :

“J’ai 10 ans d’ancienneté, je sais ce que je vaux. Je suis prête à m’investir dans un boulot qui me plait mais à condition d’être convenablement payée…”. Pour les infirmières, il s’agit bien là d’une nouvelle modalité de subjectivité, qui n’a pu être acquise qu’à travers un apprentissage collectif, particulier, celui qu’a permis la coordination, et les moyens qu’elle s’est donnés, dont le minitel.

Bibliographie

– JEAY, A.-M., Les Messageries télématiques : une communication paradoxale, éd. Eyrolles, Paris, 1991, 156p.

– KERGOAT, D., IMBERT, F., LE DOARE, H., SENOTIER, D. Les Infirmières et leur coordination, 19881989. Paris, ed. Lamarre, 1992,192 p.

– LAZZARATO, M., [“La “Panthère” et la communication”->520, FuturAntérieur, n°2, été 1990.

– NARRITSENS, A., CLOUZE, J.-L., LE DUIGOU, J.C., Grévistes aux Impôts en 1989, CGT, Études et Documents Économiques, 1990.

– THEVENIN, N.E., [“De l’obstacle à l’émancipation (critique d’une certaine idée de la communauté)”->999, in Féminismes au présent, suppl. de Futur Antérieur, 1993.

– ZARIFIAN, Ph., [“La communication comme récit partagé”->649, FuturAntérieur, n°11, 1992,p.147.