Entre 1965 et 1966, Pistoletto expose des pièces dans son atelier : chez
lui. Chaque objet n¹est référé à rien d¹autre que lui-même : il est lui-même
moins sa représentation. Tous les objets portent un titre spécifique et le
groupe d¹objets en question ne porte pas d¹emblée le titre générique « oggetti
in meno » qui lui sera attribué par la suite. Dans une phrase tirée du dernier
tiers d’un texte de catalogue d¹exposition individuelle (la galerie
Bertesca, 1967) où il est aussi question d’un autre groupe d’oeuvres (quadri
specchianti / les peintures miroirs), l’artiste italien fait la remarque
suivante :
” Mes oeuvres ne sont pas des constructions ou des fabrications de nouvelles
idées, tout comme elles ne veulent être des objets qui me représentent,
auxquels on impose quelque chose et par lesquelles je m¹impose aux autres.
Ce sont des objets au travers desquels je me libère de quelque chose. Ce ne
sont pas des constructions mais des libérations. Je ne le considère pas
comme des objets en plus mais comme des objets en moins (« oggetti in meno »),
au sens où ils s¹accompagnent d¹une expérience perceptive qui a été
définitivement externalisée. ”
Enfin en 1967, lorsqu¹il réexpose les « oggetti in meno » dans la galerie
Sperone, Pistoletto offre l¹espace libéré de son atelier pour que d¹autres
artistes puissent y travailler, se rencontrer, exposer. Des artistes ”
moins” consacrés, ne pouvant disposer d¹une galerie, viennent déjà en
“plus”, perturber la logique représentative du nom propre de l¹artiste.
C’est un détail mais Pistoletto n’a jamais voulu être un conceptuel même si
évidemment il l’est au sens le plus immédiat mais pas au sens d’appartenir à
ce “courant”. Ca naviguerait entre l’objet et le concept…. Il dit avoir
fait les objets en moins en quantité y avoir introduit une diversité la plus
ample pour que l’on ne puisse pas la rattacher au concept ni à l’objet,
qu’on soit obligé d’aller à chaque fois d’une chose à une autre, de se
frayer cette voie au dedans de l’ensemble qui l’excède…. et dans lequel
on est inclus
Par contre Lawrence Weiner lui alors là il fait tout à partir de ses
“statements” que l’on traduit pas énoncés; general and specific works.
Un de ses énoncés: « beside itself », ce qui en anglais se traduit soit par à
côté de soi même soi par hors de soi…
Tous ces énoncés suivent trois règles génériques:
l’oeuvre peut être réalisée
l’oeuvre peut être réalisé par quelqu’un d’autre
l’oeuvre n’a pas besoin d’être réalisé
ensuite des énoncés tautologiques souvent sans verbe:
“Many colored objects placed side by side to form a row of many colored
objects” (énoncé numéro 462)
Row évoque au moions deux choses: la rangée (l’ordre) d’objets placé dans
les musées mais aussi la dispute le “tumulte de créatures congelées” évoqué
par Paul Valéry
Une version est une série d’objets bleu incluant une oeuvre de Klein.
Une autre actualisation est l’énoncé en bleu (des signes bleus placés côte
à côte placés sur le bandeau du catalogue de la Dokumenta 7 de kassel (1982)
(genre bandeau Goncourt lui-même en fond bleu un peu plus clair), donc un
déplacement de l’oeuvre sur le moyen le plus jetable de sa circulation, hors
du catalogue et sur lui= beside itself.
Où ça va se loger !!!! ça circule entre les énoncés auxquels on pourrait la
rattacher…..
Il y a aussi “un objet avec des qualités essentielles supprimées sans aucune
considération pour la fonction” ou “un objet fait pour ressembler à un autre
par ‘l’addition d’une quantité suffisante de qualités externes”.
Ces énoncés donnent: “quelque chose de dispersé”
“quelque chose de flou” etc.
En voyageant (c’est vraiment le mot ) dans l’écart entre les occurrences
matérielles d’un énoncé et son adage ou son “idée”, Weiner a vraiment
vraiment mis en jeu le concept comme un matériau esthétique. Le plus drôle
dans tout cela c’est que c’est un art hautement sensible au double sens du
terme: sur une cheminée d’usine (je crois un haut fourneau) à Rotterdam il a
inscrit en lettres comme ceci en en un très beau bleu néon :
A
S
L
O
N
G
A
S
I
T
L
A
S
T
S
ça clignote dans la nuit du haut fourneau, lisible pâle dans bleu du jour,
et ça fait ce que cela dit …… une élongation du cou !!!!! On peut pas la
regarder « a long time »…..
Il travaille avec un graphiste extraordinaire un vrai Don Quichotte qui
s’est acheté sur emprunt une maison à) Brooklyn en déposant comme caution
pour un emprunt de 8 millions de dollars un petit billet d’énoncé
original!!!!!!
Lawrence Weiner forever il a un groupe rock aussi il est toujours VIVANT
!!!!