Quelques extraits du journal Libération (on aurait pu prendre Le Monde ou d’autres mais l’opération est fastidieuse) dans lesquels on peut prendre connaissance de ce que vous appelez “la thèse officielle”: une population en retrait que les séides du régime n’ont pas réussi à mobiliser, une armée également en retrait, les seuls combattants appartiennent à la garde républicaine, la garde républicaine spéciale, les Fedayins de Saddam, les hommes d’Amn al-Khas (Sécurité spéciale), les miliciens du parti Baas, ces trois derniers corps combattant en civil ce qui explique peut-être l’illusion de certains sur la participation de la population.
http://www.liberation.fr/page.php?Article=102621 : (10/04/03) “la défaite d’une armée fantôme”
Extrait :” Mais le raïs, isolé du monde extérieur, sans doute renseigné uniquement par une camarilla qui n’osait pas lui déplaire, comptait sur une population qui lui a fait défaut. En fait, il lui a été impossible de la mobiliser. Dès que l’armée américaine est parvenue aux alentours de la ville, la peur que les Moukhabarat (services secrets) faisaient régner a commencé à s’estomper. Cela a privé les milices de leurs bataillons.”
http://www.liberation.fr/page.php?Article=102314(09/04/03) A Bagdad, “tout est en train de s’effondrer”
Extrait :”L’armée irakienne semble s’être évanouie. Ne résistent plus que des groupes épars de miliciens, dont on ignore s’ils sont encore véritablement commandés. Un homme des Moukhabarat (services secrets irakiens) est venu saluer les pacifistes américains du groupe Irak Peace Team qu’il était chargé de surveiller. Il leur a dit : «Vous ne me verrez plus. Tout est en train de s’effondrer.»
http://www.liberation.fr/page.php?Article=101714(07/04/03) «Saddam a fait de nous un peuple d’animaux»
Extrait : ” Mais, «tous les matins, des graffitis appellent la population à se battre», raconte Adel. Avec Youssouf, son ami qui «bosse dans la peinture», il les recouvre. Sur le coup de midi, quand le soleil assomme. Adel laisse aussi des pots dans les maisons alentour. Il ne veut «plus de guerre, plus de larmes…».
http://www.liberation.fr/page.php?Article=101709 (07/04/03) A Bagdad, après le passage des blindés américains
Extrait : “Au-dessus d’un pont, à une dizaine de kilomètres de l’aéroport, des civils, vêtus de survêtements de couleur, avec des chaussures légères et des pistolets à la ceinture, sont en position. Le chauffeur irakien, terrifié comme s’il avait croisé le diable, refuse d’indiquer à quel corps ils appartiennent. Il dit simplement : «Ceux-là sont plus forts que la garde républicaine spéciale ou que les Fedayin de Saddam. Ils ont tous les droits. On ne peut rien leur demander. Le seul fait de leur poser la moindre question peut nous amener beaucoup de problèmes.» Comme celui de disparaître ? «Peut-être bien», répond-il. Il finit par admettre que ce sont les hommes d’Amn al-Khas (Sécurité spéciale), la milice chargée de la protection personnelle du raïs et de sa famille et qui serait forte d’environ 8 000 hommes.”
http://www.liberation.fr/page.php?Article=101713(07/04/03) Où en sont les forces irakiennes ?
Extrait : “Or personne n’a vu l’armée régulière se battre ou se rendre. Le Pentagone reconnaissait hier ne détenir que 6 500 prisonniers de guerre. Les combats sont le fait de la garde, des miliciens du parti Baas et des Fedayin de Saddam, même si, ici ou là, quelques militaires de l’armée régulière ont pu y participer.”
Extrait : “Quelles forces peuvent encore résister ? Impossible de les chiffrer. Ce sont surtout des miliciens, présentés comme des «irréguliers» par la coalition, ainsi que les membres des services de sécurité. Combattant souvent en civil, légèrement armés, ils circulent à bord de 4 x 4. Ils semblent déterminés, accrocheurs, courageux, mais peu formés aux techniques modernes de combat. Quant aux hommes du vaste appareil répressif de la dictature, les Moukhabarat, ils sont plus habitués à terroriser la population qu’à affronter des blindés de dernière génération.”
http://www.liberation.fr/page.php?Article=102617
Le (10/04/03) le jour où Bagdad est tombé
Extrait :”Bilal, un jeune Libanais de Tripoli, tourne en rond devant l’entrée de l’hôtel Palestine. «Vous ne connaissez pas un moyen de rejoindre la frontière syrienne ?» Il est arrivé en Irak il y a deux semaines, pour faire la guerre sainte contre les Américains. «On peut pas faire le jihad contre les avions.» Il a combattu à Bassora, à Al-Kout et il y a deux jours encore à Bagdad, à l’hôtel Rachid, sur la rive occidentale du fleuve, avec des RPG, des kalachnikovs et des grenades. «C’était trop inégal, ils nous ont bombardés sans arrêt. Ce sont des lâches. Mais l’un d’entre nous a réussi à détruire un tank en se jetant dessus avec une ceinture d’explosifs.» Même les Irakiens l’ont trahi. Vendredi, de retour du front, les moudjahidin se sont aperçus qu’ils s’étaient fait tout voler, l’argent, les papiers, même les vêtements.”
Extrait :” A la tombée de la nuit, les Bagdadiens, restés terrés chez eux pendant les trois semaines de guerre, commençaient à ressortir dans les rues, le pas hésitant et la démarche titubante comme pris de vertige face à l’inconnu qui s’ouvre sous leurs pieds.”
Vous avez une phrase étrange avec deux verbes à l’imparfait (était…était) : “si vous parlez aux gens qui se sont rendus sur place pour soutenir les irakiens et s’opposer à la guerre, ils pourront tous vous confirmer que la population s’était armée massivement et qu’elle était disposée à résister”.
Peut-être était-elle armée et disposée à cela mais elle a agit autrement. Peut-être se montrait-elle ainsi parce que le dictateur souhaitait qu’il en fut ainsi. Et ainsi de suite.
Mais permettez-moi de m’étonner. Vous semblez avoir besoin que le peuple irakien soit crédité d’une “héroïque résistance militaire”. Pourquoi voulez-vous donc qu’un peuple se suicide pour les beaux yeux d’un despote qui a pillé les richesses du pays pendant plus de deux décennies, qui se terre dans un bunker et se sert de son armée et de la population civile comme d’un bouclier humain pour assurer sa fuite ? Personnellement je ne souhaite à aucun peuple d’être aussi stupide, aussi servile, aussi méprisable.
