Archives par mot-clé : capitalisme

Pour une culture critique de l’IA, par , et

Transformations énergétiques sous contrainte écologique forte, par et

Transformations énergétiques sous contrainte écologique forte
L’idée d’une « transition » énergétique, processus pilotable dans un monde relativement stable et anticipable, semble arriver à son terme. Même le GIEC en appelle désormais à des « transformations » énergétiques rapides et radicales. Toutefois, malgré la prise de conscience de l’urgence climatique et de la perte dramatique de biodiversité, qui s’actualise notamment dans une série de manifestations et de luttes, la question du climat est trop rarement articulée à la question de l’énergie. Dans cette Majeure, nous explorons ce que pourraient vouloir dire ces transformations énergétiques et partons à la recherche des bonnes échelles pour agir et des récits pertinents pour inspirer les collectifs.

Energy transformations under strong ecological constraint
The idea of an energy “transition”, a process that can be controlled in a relatively stable and predictable world, seems to be coming to an end. Even the IPCC now calls for fast and radical energy “transformations”. However, despite the awareness of the climatic urgency and the dramatic loss of biodiversity, which is actualized in particular in a series of demonstrations and struggles, the climate issue is too rarely linked to the issue of energy. In this Majeure, we explore what these energetic transformations could mean, as we look for the right scales to take action and narratives that are relevant to inspiring collectives.
Gordon Walker

Transitions énergétiques à Istanbul et Le Cap
À propos de transformations plurielles, par
, et

Transitions énergétiques à Istanbul et Le Cap
À propos de  transformations plurielles
Cet article propose d’élargir le débat sur la transition énergétique au-delà du contexte occidental. Partant d’études de cas situées dans deux métropoles des Suds, la réflexion invite à nuancer les scénarios normatifs et supposés universels de transformation des systèmes énergétiques pour confronter les transitions aux singularités des sociétés et des territoires dans lesquels elles prennent forme. Ainsi s’aperçoit-on que les discours sur le changement climatique global ont bien moins d’effets d’entraînement sur les trajectoires énergétiques d’Istanbul et du Cap que l’impact de crises écologiques plus locales ou que l’évolution de compromis socio-politiques, toujours fragiles et dépendants d’héritages historiques nationaux.

Energy Transitions in Istanbul and  Cape  Town
About Plural Transformations
The present article aims at widening the debate on energy transition beyond the Western context. Based on two metropolitan case studies from the “Global South”, it suggests to move away from normative and supposedly universal scenarios of energy changes and to confront transitions with the singularities of the societies and territories in which they take shape. It is then apparent that discourses on global climate change have far less impact on Istanbul and Cap Town energy trajectories than local ecological crisis or changes in socio-political compromises, always fragile and dependent on national historical legacies.

Des génies accueillants  au Laos, par

Des génies accueillants au Laos
Au Laos, pays majoritairement bouddhiste, toujours dirigé par un État-parti communiste rigide et répressif, les cultes aux génies continuent à se développer et se transforment, en réponse aux contraintes vécues par la population et à ses désirs d’y échapper. La dimension de refuge des cultes et en même temps, d’échappement imaginaire par le haut à des oppressions de toutes sortes, en est un trait récurrent, manifeste en particulier dans les années quatre-vingt-dix dans l’exaltation des figures royales, opposées aux cadres politiques rendus impuissants de l’État-parti communiste. Aujourd’hui les homosexuels masculins trouvent désormais dans les cultes aux génies, en perpétuel remaniement tant au plan des pratiques que des élaborations des personnages mythiques, une atmosphère accueillante, très séduisante en regard des barrières auxquels ils se heurtent dans la vie quotidienne. Les cérémonies se présentent alors, en résonance avec les images en provenance de Thaïlande, comme des dépassements possibles en phase avec un contexte de globalisation idéologique où les plateaux LGBT rayonnent de leurs potentialités libératoires.

Welcoming geniuses in Laos
In Laos, a predominantly Buddhist country, still run by a rigid and repressive communist party-state, cults devoted to genius continue to develop and transform in response to the constraints faced by the population and their desire to escape. The shelter dimension of the cults and, at the same time, an imaginary escape from the top to oppressions of all kinds, is a recurring feature, manifested particularly in the nineties in the exaltation of the royal figures, opposed to the impotent political frameworks of the communist party-state. Today, male homosexuals find in cults to geniuses, in perpetual shuffling both in terms of practices and elaborations of mythical characters, a welcoming atmosphere, very attractive compared to the barriers they face in everyday life. The ceremonies present themselves, in resonance with the images coming from Thailand, as possible overtaking in phase with a context of ideological globalization where the LGBT plateaux radiate their liberating potentialities.

Est-il trop tard pour l’effondrement ?, par , et

Est-il trop tard
pour l’effondrement ?
Cette introduction invite à décadrer et à recadrer la thématique de l’effondrement, popularisée et médiatisée par la théorie dite « collapsologie », vers le plan des acteurs, des terrains, des temporalités, et des régimes d’énonciation. Nous appelons à documenter empiriquement ce que fait l’effondrement, et ce qu’en font celles et ceux à qui cette idée « fait » quelque chose. En effet, l’effondrisme pose la question des façons de se positionner non pas uniquement par rapport à une théorie, mais également par rapport à des expériences individuelles et collectives. Le dossier vise à comprendre comment la réception de la « collapsologie » donne lieu à des jeux complexes entre désemparement et capacités d’agir. L’atterrissage sur un sol anthropocénique de plus en plus critique mérite une décisive discussion collective. L’hypothèse de cette majeure est que les expériences effondristes ont une valeur d’expérimentation à cet égard, notamment en créant un zone discursive et praxique où des cultures et des expériences politiques différentes sont amenées à se rencontrer et à collaborer.

Is it too late for collapse?
This introduction invites the reader to displace and reframe the theme of collapse—which currently receives heavy media coverage—towards a sociological approach to the actors, the places, the temporalities and the regimes of discourse. We claim the need empirically to document what collapse does to people, what people do with it, once they are touched by this idea. Collapsology calls for people to position themselves not only in relation to a theory but, more importantly, in relation to individual and collective experiences. This issue attempts to understand how the reception of collapsology provides a location for complex interplays of disarray and empowerment. Landing on an and ever more critical Anthropocenic ground deserves collective discussion. This issue promotes the hypothesis that collapsological experiences provide occasions for experimentations, by creating discursive and practical zones where different political cultures and practices can meet and collaborate.

La « civilisation écologique » contrôlée par le numérique en Chine, par

La « civilisation écologique » controlée par le numérique en Chine
Le concept de « civilisation écologique » a initialement été développé par des intellectuels chinois, à la fin des années 1980, comme une critique de la modernité industrielle et du système capitaliste face à la catastrophe écologique planétaire en cours. À partir du milieu des années 2000, et suite à l’accentuation des contestations environnementales dans les grandes villes du pays, le Parti Communiste Chinois (PCC) a décidé de faire de cette notion un de ses slogans politiques phares, mais au prix de vider ce concept de sa dimension critique pour l’instrumentaliser au service de la propagande d’État, de la croissance verte et du contrôle numérique des écosystèmes. La Chine serait-elle en train d’inventer de nouvelles normes de gouvernance ?

Digital Control as a Environmental Policy according to the Chinese Communist Party
The concept of «ecological civilization» was initially developed by Chinese intellectuals in the late 1980s as a critique of industrial modernity and the capitalist system, in the face of the ongoing global ecological catastrophe. Starting in the mid-2000s, and following the intensification of environmental challenges in the country’s major cities, the Chinese Communist Party (CCP) decided to make this notion one of its flagship political slogans, but at the price of emptying this concept of its critical dimension, to use it in the service of State propaganda, green growth and digital control of ecosystems. Is China inventing new standards of governance?

De la pluralité des fins du monde : les voies de la science-fiction, par et

De la pluralité des fins du monde :
les voies de
la science-fiction
Des effondrements, la science-fiction en recèle de nombreuses formes et pour une large variété de mondes. Considérer ces immenses productions de romans et de nouvelles, de films, de séries télévisées ou de jeux vidéo comme une simple manifestation d’anxiété ou de désespoir face à notre avenir serait très réducteur. Elles nous familiarisent avec l’éventualité du pire, dans la tradition des « dystopies » ou utopies négatives, mais elles nous permettent surtout d’accorder une visibilité aux conditions d’organisation de collectifs, aux dilemmes moraux pouvant résulter de certaines situations d’effondrement. Le genre SF propose des prototypes et prototopes du futur – de l’ordre de l’exercice de pensée, du dispositif expérimental nous plongeant, via des personnages, décors et situations inventées, dans les si humaines complexités de mondes potentiels de notre « à venir ».

Experiencing the Collapsological Plurality of Science-Fiction
Science-fiction contains many forms of collapsing, relative to a wide variety of worlds. To consider this immense production of novels and short stories, movies, television series or video games as a simple manifestation of anxiety or despair in the face of our future would be very reductive. They familiarize us with the possibility of the worst, in the tradition of «dystopias» or negative utopias, but they also allow to give visibility to the organizational conditions of collectives, to elaborate on moral dilemmas that may result from certain situations of collapse. The SciFi genre proposes prototypes and “prototopes” of the future—as thought-experiments, by plunging us, through characters, sets and invented situations, into the human complexities of potential worlds of our yet to come.

Agir avant et après la fin du monde, dans l’infinité des milieux en interaction, par et

Agir avant et après la fin du monde, dans l’infinité des milieux en interaction
Suivant une perspective de sociologie pragmatique des transformations, cet article explore, à travers l’engagement discursif et pratique des figures de l’irréversibilité, une diversité de formes de bifurcations et d’ouvertures d’avenir qui prennent corps dans des micromondes. Il plaide pour la nécessité de rendre intelligible la manière dont s’élaborent, en contexte, de nouvelles prises individuelles et collectives sur des mondes constamment en train de se refaire. L’enquête sociologique s’ouvre à de nouvelles cosmologies moins exclusives où se jouent les capacités de reconfiguration, de rebondissement ou de rupture, ainsi qu’à un agir démocratique qui se forme et se réforme dans ces interstices qui hantent les régimes autoritaires et défient les prophéties déterministes.

Acting Before and After the End of the World Within Infinite Milieus of Interaction
Following a perspective of pragmatic sociology of transformations, this article explores, through the discursive and practical engagement of the figures of irreversibility, a diversity of forms of bifurcations and openings for the future that take shape in microworlds. It argues for the need to make intelligible the way in which are elaborated, in context, new individual and collective affordances on worlds that are constantly being rebuilt. The sociological inquiry opens up new and less exclusive cosmologies empowering our capacities for reconfiguration, rebounding or rupture, as well as for democratic actions that are formed and reformed in these interstices that haunt authoritarian regimes and challenge deterministic prophecies.

Faut-il « avertir de la fin des temps pour exiger la fin des touillettes » ?, par

Faut-il « avertir de la fin des temps pour exiger la fin des touillettes » ? Les ressorts de l’engagement écocitoyen
À partir d’une incursion sur les forums électroniques d’« effondrés », cet article se penche sur ce que l’idée d’effondrement fait à celle et ceux qui y adhèrent. En décalage avec des questionnements sous l’angle des risques de démobilisation ou de dépolitisation, on voit que cette idée, en stimulant l’exploration en commun des relations concrètes et situées, peut favoriser une radicalisation du rapport au réel. Au contraire d’une fabrique de l’ignorance et du désemparement, les groupes Facebook des « effondrés » apparaissent comme des espaces d’exploration partagée, où les prises et les pistes le disputent sans cesse au désarroi. On peut alors voir, dans la fortune du terme effondrement, l’indice d’une multiplication des enquêtes lancées pour retrouver une terre où atterrir en expérimentant de nouveaux détachements-attachements.

Are Apocalyptic Threats Necessary to Recycle Plastic Spoons? On the Dynamics of EcoPolitical Involvement
Based on an incursion into the electronic forums of collapsonauts, this article looks at what the idea of ​​collapse does to those who adhere to it. At odds with the denunciations about the risks of demobilization or depoliticization, we can see that collapsology, by stimulating the joint exploration of concrete and situated relations, can encourage a radicalization of the relation to reality. Far from being a fabric of ignorance and distress, Facebook groups of collapsonauts appear as spaces of shared exploration, where the emergence of affordances and new paths prevail over dismay. We can thus see, in the fortunes of the term collapse, the index of a multiplication of investigations launched to find place where Earthbounds can land by experimenting with new modes of detachments-attachments.

Multitudes