Archives par mot-clé : multitudes

Pour une culture critique de l’IA, par , et

Des génies accueillants  au Laos, par

Des génies accueillants au Laos
Au Laos, pays majoritairement bouddhiste, toujours dirigé par un État-parti communiste rigide et répressif, les cultes aux génies continuent à se développer et se transforment, en réponse aux contraintes vécues par la population et à ses désirs d’y échapper. La dimension de refuge des cultes et en même temps, d’échappement imaginaire par le haut à des oppressions de toutes sortes, en est un trait récurrent, manifeste en particulier dans les années quatre-vingt-dix dans l’exaltation des figures royales, opposées aux cadres politiques rendus impuissants de l’État-parti communiste. Aujourd’hui les homosexuels masculins trouvent désormais dans les cultes aux génies, en perpétuel remaniement tant au plan des pratiques que des élaborations des personnages mythiques, une atmosphère accueillante, très séduisante en regard des barrières auxquels ils se heurtent dans la vie quotidienne. Les cérémonies se présentent alors, en résonance avec les images en provenance de Thaïlande, comme des dépassements possibles en phase avec un contexte de globalisation idéologique où les plateaux LGBT rayonnent de leurs potentialités libératoires.

Welcoming geniuses in Laos
In Laos, a predominantly Buddhist country, still run by a rigid and repressive communist party-state, cults devoted to genius continue to develop and transform in response to the constraints faced by the population and their desire to escape. The shelter dimension of the cults and, at the same time, an imaginary escape from the top to oppressions of all kinds, is a recurring feature, manifested particularly in the nineties in the exaltation of the royal figures, opposed to the impotent political frameworks of the communist party-state. Today, male homosexuals find in cults to geniuses, in perpetual shuffling both in terms of practices and elaborations of mythical characters, a welcoming atmosphere, very attractive compared to the barriers they face in everyday life. The ceremonies present themselves, in resonance with the images coming from Thailand, as possible overtaking in phase with a context of ideological globalization where the LGBT plateaux radiate their liberating potentialities.

Est-il trop tard pour l’effondrement ?, par , et

Est-il trop tard
pour l’effondrement ?
Cette introduction invite à décadrer et à recadrer la thématique de l’effondrement, popularisée et médiatisée par la théorie dite « collapsologie », vers le plan des acteurs, des terrains, des temporalités, et des régimes d’énonciation. Nous appelons à documenter empiriquement ce que fait l’effondrement, et ce qu’en font celles et ceux à qui cette idée « fait » quelque chose. En effet, l’effondrisme pose la question des façons de se positionner non pas uniquement par rapport à une théorie, mais également par rapport à des expériences individuelles et collectives. Le dossier vise à comprendre comment la réception de la « collapsologie » donne lieu à des jeux complexes entre désemparement et capacités d’agir. L’atterrissage sur un sol anthropocénique de plus en plus critique mérite une décisive discussion collective. L’hypothèse de cette majeure est que les expériences effondristes ont une valeur d’expérimentation à cet égard, notamment en créant un zone discursive et praxique où des cultures et des expériences politiques différentes sont amenées à se rencontrer et à collaborer.

Is it too late for collapse?
This introduction invites the reader to displace and reframe the theme of collapse—which currently receives heavy media coverage—towards a sociological approach to the actors, the places, the temporalities and the regimes of discourse. We claim the need empirically to document what collapse does to people, what people do with it, once they are touched by this idea. Collapsology calls for people to position themselves not only in relation to a theory but, more importantly, in relation to individual and collective experiences. This issue attempts to understand how the reception of collapsology provides a location for complex interplays of disarray and empowerment. Landing on an and ever more critical Anthropocenic ground deserves collective discussion. This issue promotes the hypothesis that collapsological experiences provide occasions for experimentations, by creating discursive and practical zones where different political cultures and practices can meet and collaborate.

Brève chronologie de la médiatisation de la collapsologie en France (2015-2019), par

Agir avant et après la fin du monde, dans l’infinité des milieux en interaction, par et

Agir avant et après la fin du monde, dans l’infinité des milieux en interaction
Suivant une perspective de sociologie pragmatique des transformations, cet article explore, à travers l’engagement discursif et pratique des figures de l’irréversibilité, une diversité de formes de bifurcations et d’ouvertures d’avenir qui prennent corps dans des micromondes. Il plaide pour la nécessité de rendre intelligible la manière dont s’élaborent, en contexte, de nouvelles prises individuelles et collectives sur des mondes constamment en train de se refaire. L’enquête sociologique s’ouvre à de nouvelles cosmologies moins exclusives où se jouent les capacités de reconfiguration, de rebondissement ou de rupture, ainsi qu’à un agir démocratique qui se forme et se réforme dans ces interstices qui hantent les régimes autoritaires et défient les prophéties déterministes.

Acting Before and After the End of the World Within Infinite Milieus of Interaction
Following a perspective of pragmatic sociology of transformations, this article explores, through the discursive and practical engagement of the figures of irreversibility, a diversity of forms of bifurcations and openings for the future that take shape in microworlds. It argues for the need to make intelligible the way in which are elaborated, in context, new individual and collective affordances on worlds that are constantly being rebuilt. The sociological inquiry opens up new and less exclusive cosmologies empowering our capacities for reconfiguration, rebounding or rupture, as well as for democratic actions that are formed and reformed in these interstices that haunt authoritarian regimes and challenge deterministic prophecies.

Multitudes