"Qu'est-ce que la politique ?"

Traiter, Régler

Partagez —> /

Traiter / règler ?
est-ce qu’on ne pourrait pas alors dire cela : le politique c’est la règle,
la politique c’est le traitement ?
la question “que faire ?” dit ainsi premièrement qu’il faut penser les
conditions du faire pour savoir quoi faire (qu’est-ce que faire ?) et
qu’ensuite il faut établir le faire lui-même et le faire (faire quoi ?),
donc traiter les torts en effet.
Le politique c’est la part pour un premier temps de ceux qui disent car ils
ne font pas encore. Rousseau, contrat social, préambule, “Si j’étais prince
ou législateur je ne perdrais pas mon temps à dire ce qu’il faut faire; je
le ferais ou je me tairais” : ce qui veut dire que l’être politique de
l’homme n’est pas la politique des hommes. Penser le politique c’est se
penser dans la situation humaine, selon notre étant politique. C’est
clairement la base d’une philosophie du tout est politique. Arendt pose cela
aussi comme base en effet en distribuant à l’humanité politique son être en
tant qu’initiative (commencement ET nouveauté). Nous nous posons nous-même
comme une avant-garde politique, toujours : sans papiers ou avec papiers,
travailleurs ou chômeurs, déplacés ou installés sociaux, éducateurs ou
éduqués, citoyens ou clandestins… nous sommes à ce titre-là les
multitudes, il me semble (et ce terme, C’EST VRAI est très problématique, il
faut continuer à le mettre en crise, en valeur…).
Aussi je pense que l’urgence de la théorie réside là : c’est d’une ontologie
politique qu’il faut traiter, si notre travail est plutôt pour l’heure
intellectuel, mais travail quand même. Negri, Rancière proposent cela, une
ontologie politique. Pour l’un des multitudes, pour l’autre du peuple, pour
nous, c’est à voir et à savoir : je redis simplement une pensée de l’être
politique.
Schmitt et Arendt ne sont pas intéressants parce qu’ils sont Schmitt ou
Arendt, ils le sont quand ils sont fabricateurs de noms à donner à des
règles qui disent présentent l’être politique : pour traiter notre problème
politique il faut régler notre étant politique : contre le politiquement
correct et contre le spectacle nous pouvons user de toutes les catégories,
hors des clans constitués autour de Debord Arendt Negri Rancière mais en
réseau direct avec les textes de Debord Arendt Negri Rancière (d’où
l’intérêt d’un travail théorique par le biais des web listes)
“Dans l’histoire de la culture humaine, notre temps risque d’apparaître un
jour comme marqué par l’épreuve la plus dramatique et la plus laborieuse qui
soit, la découverte et l’apprentissage du sens des gestes les plus “simples”
de l’existence : voir, écouter, parler, lire, ces gestes qui mettent les
hommes en rapport avec leurs oeuvres et ces oeuvres retournées en leur
propre gorge que sont leurs absences d’oeuvre.” Lire le Capital, Althusser
cité par Rancière dans “La fable cinématographique” p 188 (ce que fait
Rancière en philosophie entre cinéma et politique est pour moi d’une utilité
politique foncière et formidable… à règler donc pour traiter)
“voir, écouter, parler, lire” comme la première initiative du “Que faire ?”
: prendre le dessus donc et en même temps ne pas avaler les oeuvres de Negri
Rancière ou autres (les garder un temps dans la gorge) mais les “vomir” au
bon moment, se persuader que ce geste là est producteur; notre état est
pauvre mais notre situation est initiale !
Si je parle encore de règles c’est donc pour donner les lignes d’un jeu
politique qui entre dur et mou montre un peuple qui manque nécessairement
(Deleuze), un peuple qui est touours plus ou moins que lui-même (Rancière),
une(s) multitude(s) qui fabrique(nt) du commun sur le bord du temps
(Negri)… toutes philosophies politiques qui semblent inventer des
bordures, des cadrages, des plans et pans d’être, des formes de devenir et
donc des règles ou bien comme le mot fait peur des scènes, des tableaux des
lieux des chemins : bref un truc que l’on peut dessiner humainement parlant,
un truc qui nous pose matériellement dans un monde qui ouvre sur un autre
monde, donc un jeu de construction qui veut des règles…
La table politique n’est donc pas une table ronde mise en lumière SOUS
l’Etat, sous la loi, elle est la table du monde multiforme,
multidimensionnelle… c’est la table du jeu de dé, nous sommes nous-même la
table les dés et le jeu (anciennement appelé divin, récemment nommé commun)
si l’ontologie politique est de mise c’est que la philosophie politique peut
abandonner l’Etat c’est que la philosophie politique des multitudes peut
prendre le risque de penser justement les multitudes (assumer le flou du
terme et du fait) : c’est aussi donc recadrer la réflexion et l’action sur
d’autres enjeux et règles pour inventer d’autres traitements
le geste est ainsi (je relance l’idée) de produire d’autres mises en scène
du politique : peut-être qu’une relecture du Mille plateaux de deleuze et
guattari serait à ce propos une vraie urgence ! c’est une mine de mises en
scène inédites !
Je sais que je ne suis pas encore très clair avec tout ça ! mais le tout ça
en question et le support ici présent poussent à une réflexion plus
gymnastique que scientifique !

A la TV à l’instant un bagdadi qui se demande au milieu d’une assemblée de
bagdadis comment faire quelque chose pour arrêter le désordre… il dit :
par quoi on commence ? quoi faire “en premier” ? et il continue : démocratie
? liberté ? sécurité ? ceci est un travail donc, une technique et une scène
pour vivre encore un jour encore un mois encore une vie… que faire en
premier ? il faut déjà règler quelque chose, déjà dire qui sont ceux qui
veulent commencer quelque chose… pour traiter les problèmes, il faut donc
se compter, les vivants ici et maintenant, et oublier les morts, les
absents, oublier le Droit, l’Etat… il faut délicatement avec tout le
doigté nécessaire poser au sol des règles, ce qui organise au sens organique
le parc humain, il faut se garer, se règler sur le pas et la voix de
l’autre, se règler sur la sueur et la souffrance de l’autre, se règler sur
le visage de l’autre, se règler sans cesse… avant que la loi ne revienne
en force, américaine ou onusienne… il faut faire les réglages sans cesse,
et puis à un moment donné inventer le reste…