Cher Monsieur Lesage,
Je vous remercie pour ces éclaircissements. Il ne s’agissait nullement pour
moi de parler de “déconstruction” mais de processus locaux, de dispositifs
d’homogénéisation de discours, d’équivalence “postmoderne” entre des
tendances hétérogènes et des foyers de production insipide de pensées
extraites de leur nécessités. C’est ce que je retire notamment de
l’exposition “Laboratorium” qui s’était tenue à Anvers. J’entends par
postmoderne la mise en scène d’une équivalence entre des auteurs comme
Deleuze, Foucault, Lyotard, Derrida, Serres, Latour, Stengers, Koolhaas,
Virilio, Varela, (utilisés dans ces expositions) et j’en passe, et
l’utilisation d’une terminologie extraite de ses nécessités comme
“nomadisme”, “intelligence collective”, “auto-organisation”, “différence
pure”, etc. Je vous renvoie sur le passage de ces concepts à une idéologie
postmoderne aux ouvrages de Boltanski et Chatelet. J’entends par “supplément
d’ame”, le fait d’avoir dans un premier temps réduit la portée politique de
ces concepts en les liant en surface dans une esthétique “up-to-date” pour,
une fois cette opération de neutralisation effectuée, essayer de poser des
questions politiques plus générales. Ces remarques ne concernent que les
expositions passées; je n’ai absolument pas suivi le programme du “Palais
des beaux arts”; je sais juste que R. Koolhaas est invité et cela confirme
en partie mon impression. Tout ceci ne remet nullement en question la table
ronde que vous organisez et qui me parait très intéressante. Comme je le
disais dans mon précédent courrier la présence de participants aussi
intéressants en fera certainement un événement et je ne crois pas que l’on
trouvera dans cette exposition ci, les risques que j’ai mentionné
préalablement. Il me semblait nécessaire d’ouvrir la question étant donné
l’historique des expositions organisées.