Entre 2008 et 2011, la flambée des prix des céréales est si importante que des émeutes éclatent dans plusieurs pays, en 2008 à Haïti et en Égypte, puis à Dakar, en Indonésie et au Yémen. Les émeutes gagnent Conakry, Maputo, les principales villes du Burkina-Faso, la Guinée et le Cameroun, mais aussi le Maroc. Les printemps arabes doivent aussi beaucoup à ces mouvements de prix, élément déclencheur et souvent sous-estimé1. Ce n’est pas qu’une affaire des pays du Sud. Entre temps, 28 millions de personnes aux États-Unis souffrent de la faim, frappées par cette même crise. Comment expliquer cette paupérisation ? Une population trop nombreuse ? Des réseaux commerciaux peu efficaces ? L’impact de la spéculation ou encore une crise environnementale ?
Écartons d’emblée l’hypothèse démographique malthusienne : à chaque fois que des déficits de ressources, des fléaux sanitaires ou environnementaux ou même une guerre surgissent, le même refrain se répète : nous sommes trop nombreux sur Terre. Cet argument était répandu au XIXe siècle et encore à la veille de la Première Guerre mondiale, puis chez les nazis, les soviétiques, les fascistes, même chez certains libéraux. Ce même refrain a accompagné certaines politiques dites du développement jusqu’à nos jours. Si en Asie ou en Inde les famines, puis la malnutrition, les maladies sont si répandues, c’est que ces pays font trop d’enfants ! Ce constat est largement erroné2 : la population mondiale est passée d’environ 700 millions en 1750 à 7,8 milliards de nos jours et, dans le même temps, le PIB mondial a explosé, surtout à partir des années 1870 et plus encore après 1970. Le résultat est que le revenu par tête a même augmenté, d’autant que le taux de croissance de la population a fortement ralenti, d’abord en Europe et dans les pays avancés, puis en Asie, désormais en Afrique. Du XVIIIe siècle à nos jours, et plus encore à partir des années 1950, la croissance de la production de céréales a largement dépassé celle de la population mondiale. À tel point que le système actuel conduit à gaspiller des quantités de denrées alimentaires si importantes que le dixième suffirait à enrayer la faim et la malnutrition dans le monde3. Comment expliquer alors que, malgré nos prouesses technologiques, une partie de l’humanité ne mange pas à sa faim et, qu’avec le réchauffement climatique, les pénuries extrêmes et les famines risquent de s’aggraver ?
Heurs et malheurs de la régulation des marchés céréaliers
Le prix Nobel d’économie Amartiya Sen a distingué mauvaise récolte et pénurie : la première est liée à des phénomènes climatiques, la seconde à l’action des marchés. En présence de mauvaises récoltes, les spéculations s’emballent et font artificiellement flamber le prix des denrées alimentaires4. C’est dire que les prix ne dépendent pas du jeu de l’offre et de la demande, mais du pouvoir sur le marché. Or, les investigations historiques ont permis de montrer que, du moins en Europe et dans certaines régions d’Asie, ces mouvements spéculatifs autour des céréales sont présents dès le XIIe siècle. Les famines dites d’Ancien régime seraient donc moins liées à une agriculture arriérée et à une population en excès qu’à la conjoncture de mauvaises récoltes et de mouvements de marché. En même temps, jusque vers le dernier quart du XIXe siècle, en Europe comme en Asie, ces tensions sont limitées car les autorités mettent en place des systèmes de régulation des marchés : des réserves céréalières sont constituées et les prix des céréales et de la farine sont contrôlés en ville, afin d’éviter les émeutes. Il faut éviter de confondre ces mesures avec des politiques redistributives telles que nous les connaissons avec l’essor de l’État social : dans les sociétés préindustrielles, les niveaux de vie sont relativement modestes et les inégalités sociales sont figées (la société est divisée en « ordres » ou états : seigneurs, paysans, marchands, ecclésiastiques, etc.). Les nouvelles économies et sociétés « bourgeoises » qui dominent à partir du XIXe siècle ne défont qu’en partie cet ordre social. Elles se définissent libérales mais gardent une certaine méfiance vis-à-vis des « spéculateurs » qui font des profits sur la rareté des céréales. Les marchés céréaliers demeurent alors relativement contrôlés et les marchés à terme, conclus à partir des récoltes à venir, sont soumis à des contrôles sévères5.
Cet équilibre est remis en cause à partir du dernier quart du XIXe siècle : l’essor des moyens de transports et de communication (le télégraphe), celui de nouveaux pays producteurs (Russie, États-Unis, Canada) bouleversent l’ordre économique mondial et encouragent les responsables politiques et économiques des pays avancés à libéraliser radicalement les marchés à terme des céréales. Les futures n’ont rien à voir avec les marchés à terme existant depuis le Moyen-Âge. Ces derniers consistaient à acheter à l’avance des produits en espérant réduire le risque et, si possible, engendrer des profits liés à la distance et aux fluctuations des marchés. Ils permettaient également aux agriculteurs d’avoir des avances, des crédits sur les récoltes à venir. Les futures, au contraire, sont des promesses de produits virtuels qui s’échangent contre d’autres promesses de produits qui ne verront peut-être jamais le jour. C’est un pur pari spéculatif qui ne porte pas sur des produits à venir mais sur des promesses autour de produits virtuels. Ces nouveaux instruments sont admis pendant le dernier quart du XIXe siècle. Cependant, les réticences demeurent : la Première Guerre mondiale et l’après-guerre obligent à réintroduire des contrôles sur ces activités. Ils restent en vigueur pendant les années 1920, avant la libéralisation du milieu de cette décennie, aussitôt suivie par la crise de 1929. Suite à cette dernière, en France, comme aux États-Unis et dans la plupart des pays européens, de nouvelles politiques de régulation s’imposent. Ces mesures sont reprises après la Seconde Guerre mondiale et il faudra attendre les années 1980 pour revenir à une libéralisation sauvage. C’est dire que, pendant plusieurs phases, le capitalisme et ses variantes, tout en jouant sur les marchés et les profits, ont pu se passer des spéculations sauvages sur les céréales, ces dernières étant une création de l’époque néolibérale.
Spéculations et famines
C’est à partir de ces constats qu’il est possible d’appréhender le lien entre spéculations et famines. L’essor des futures ne creuse pas juste les inégalités au sein des pays développés, il contribue également à accroître le fossé entre ces pays et leurs colonies. À partir des années 1870, malgré la hausse de la production céréalière mondiale, des famines répétées frappent plusieurs régions du monde, en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Entre 8 et 10 millions de victimes sont comptabilisées en Inde entre 1876 et 1879, dix autres millions dix ans plus tard, accompagnés de 20 millions de victimes en Chine entre 1876 et 1879, un million au Brésil pendant ces mêmes années et encore deux millions dix ans plus tard6. Certaines interprétations considèrent que ces famines faisaient partie de l’histoire de ces régions. De nombreuses données, environnementales et archéologiques, bien au-delà de simples données économiques, prouvent qu’il n’en est rien : les mauvaises récoltes, certes déjà présentes dans ces régions, se transforment progressivement en famines avec l’essor du capitalisme mondial qui encourage les spéculations dans ces pays et en soumet la production aux règles des bourses de commerce internationales. La révolution des transports du dernier quart du XIXe siècle, au lieu de réduire les famines, les aggrave, contrairement aux théories économiques libérales. Ces tensions se reproduisent pendant l’entre-deux-guerres où, à côté de la crise financière bien connue de 1929, les spéculations sur les denrées de première nécessité s’envolent au « Nord » et accentuent les mauvaises récoltes et les disettes dans les mondes coloniaux7.
Finalement, l’essor des bourses et des actifs financiers oriente les dynamiques économiques globales depuis l’euphorie des années Clinton et Blair jusqu’à la crise de 2008 par laquelle nous avons commencé notre récit. Actuellement, seuls 2 % des transactions sur les marchés des matières premières correspondent à des échanges de produits réels. Pour les 98 % restants, il s’agit de transactions financières portant sur des produits « imaginaires », purement virtuels8. Les records de production sont battus l’un après l’autre sans que la spéculation et l’insuffisance de denrées pour une partie importante de la population mondiale ne s’arrêtent. À cela, il faut ajouter l’accaparement de terres à l’échelle planétaire.
Il ne s’agit pas seulement d’échanger des produits virtuels dont la plupart ne verront jamais le jour, mais de contrôler ces flux hypothétiques à l’échelle mondiale. Alors, de grandes entreprises des pays développés achètent des terres dans les pays les moins développés. Et désormais, et c’est là une nouveauté majeure, des entreprises de Chine, d’Inde, de Corée du Sud, d’Arabie Saoudite et d’Afrique du Sud font de même, et par ricochet, commencent elles aussi à acquérir des terres dans les pays les moins développés. Selon les données de la Banque mondiale, seulement 37 % des acquisitions internationales de terres réalisées entre 2008 et 2010 se traduisent en exploitation véritable9. Ces appropriations des terres s’accompagnent de celles des ressources hydrauliques. C’est le cas notamment au Soudan et en Éthiopie où des cours d’eau sont privatisés, voire détournés, en déplaçant les populations concernées. C’est dire aussi que la pénurie de céréales est artificielle et liée aux spéculations sur les produits et sur les terres. Alors qu’une partie de la planète détruit des millions de tonnes de céréales afin d’en maintenir les prix élevés, une autre partie n’y en a pas accès.
Concurrence de l’alimentation animale
Ces tensions sont d’autant plus radicales que, au fil du XXe siècle, de nouveaux concurrents se dressent face aux consommateurs de céréales : les mangeurs de viande. Jusqu’au milieu du XIXe siècle, même en Europe, la consommation de viande était réservée aux élites et aux occasions festives. Les bêtes étaient destinées au labeur et à la production de lait. C’est à partir de la fin du XIXe siècle qu’une nouvelle stratégie gagne les éleveurs et les marchands : la consommation de viande pourrait se généraliser à l’ensemble des consommateurs et les bêtes pourraient être élevées à cette fin. Depuis lors, la consommation de viande n’a cessé de progresser. De nos jours, l’élevage représente 40 % du produit intérieur brut (PIB) agricole mondial. À l’échelle planétaire, la surface des pâturages a été multipliée par six depuis 1800 ; en hausse importante depuis 1900, son extension s’accélère fortement après 1945 et encore plus à partir de 1970. Cette production est à la hausse surtout en Amérique Latine et en Chine. 70 % des terres autrefois boisées de l’Amazonie servent aujourd’hui de pâturages10. La production de maïs à usage animal a doublé aux États-Unis entre 1960 et 200011. Pendant cette même période, elle a quadruplé en Asie de l’Est où elle avoisine désormais les valeurs états-uniennes. En France, pendant cette même période, la production de blé à destination de l’élevage a été multipliée par six (en passant de 20 000 à 120 000 tonnes par an), tandis qu’elle a doublé en Europe (de 40 000 à 80 000 tonnes). La production mondiale de soja, indice =100 en 1961, s’élève à 200 en 1973, puis 300 en 1978, 400 dix ans plus tard, 500 en 1994, 800 en 200412. Le soja participe pour environ 20 à 25 % à l’alimentation de la volaille, surtout en Asie. Cependant, son essor principal est dû à la pisciculture intensive. L’intensification et la diversification de la production des céréales pour l’alimentation animale accompagnent la diversification de l’élevage intensif.
Spéculations et tensions géopolitiques
Les mouvements spéculatifs sur les terres et les céréales, l’explosion des surfaces destinées à l’élevage et surtout aux céréales destinées au bétail sont à l’origine des tensions économiques et géopolitiques autour des céréales. Ces transformations provoquent plus que jamais inégalités et atteintes à l’environnement. En 1990, c’est le secteur agricole qui génère le plus d’inégalités : les différences de PIB agricole comptent pour 90 % dans les inégalités entre pays, alors qu’en 2013, ce facteur était de 65 %. De même, les inégalités entre secteurs, entre ville et campagne à l’intérieur d’un même pays comptent de plus en plus13. Selon la Banque mondiale, 78 % des « pauvres extrêmes » vivent dans des zones rurales. La large majorité de ces personnes vivent en Afrique sub-saharienne. Les personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté vivent à 10,8 % dans les pays avec des revenus élevés et à 56,5 % dans les pays à bas revenus14. Sans doute, dans les pays du Sud, les famines classiques ont eu tendance à disparaître au cours du dernier quart du XXe siècle. Liées au colonialisme, puis au productivisme sauvage à l’époque de la décolonisation, les famines se sont raréfiées une fois ces processus achevés. Cependant, même les pays comme l’Inde et d’autres qui bénéficient de « la révolution verte » commencent à montrer des difficultés. Au début du nouveau millénaire, inondations, sécheresses et épidémies repartent à la hausse, du fait de la dégradation des habitats naturels et des écosystèmes, des privatisations sauvages des forêts, des cours d’eau et des ressources naturelles.
C’est dans ce cadre général qu’il faut inscrire les famines liées aux guerres : l’Éthiopie pendant les années 1970-80 ou le Rwanda vers le milieu des années 1990, mais aussi l’Angola, le Soudan, le Tchad et la République Centre-Africaine en sont les exemples les plus criants. Le délitement des institutions pendant et après le processus de décolonisation contribue sans doute à exacerber ces tensions. Le problème est que, dans un monde globalisé, il parait difficile d’isoler ces tensions locales des marchés des armements et des influences de nombreux pouvoirs extérieurs aux régions concernées (les pays européens et les USA, mais aussi la Russie et la Chine).
Géopolitique et spéculation sont étroitement liées. En témoigne la guerre en Ukraine. La reconstruction de la Russie après Eltsine s’est appuyée sur des piliers classiques : d’une part, la géopolitique et la diplomatie habilement orchestrée, de l’autre, le blé. La production russe n’a cessé de grimper au cours des vingt dernières années. Le contrôle de l’Ukraine ne vise pas juste celui de la Mer Noire et de son accès à la Méditerranée, mais aussi et surtout la production céréalière et son rôle stratégique dans les équilibres mondiaux. Les pays autour de la Mer Noire deviennent à nouveaux cruciaux : Russie, Ukraine, Kazakhstan, Turquie et Roumanie réalisent 25 % des exportations mondiales de blé. Les ambitions expansionnistes de la Russie pour appuyer son rôle dans le commerce international puis mondial du blé sont concomitantes à la lente évolution des marchés occidentaux puis mondiaux, vers une dérégulation spéculative globale sur les matières premières et les denrées de première nécessité. Autrement dit, la stratégie de Poutine a pu s’appuyer sur le contexte spéculatif international. Ces dynamiques s’alimentent mutuellement et il parait difficile d’arrêter l’une sans remettre l’autre en question. Dès lors, quelles solutions apporter ?
Comment atterrir ?
Si, sur le plan géopolitique, la crise actuelle souffre de la fragmentation de l’Europe et de l’éparpillement des droits de vote à l’ONU, sur le plan économique, c’est au contrôle des marchés qu’il convient de s’attaquer. Nous avons montré que si la planète se meurt, si les inégalités s’accroissent et si la faim persiste, ce n’est pas parce que les Indiens ou les Africains font trop d’enfants, mais pour de toutes autres raisons. Au cours des derniers siècles, le colonialisme, les formes de la décolonisation, puis la globalisation, sans oublier les spéculations globales sur les denrées et les terres ont provoqué les famines et détruit les écosystèmes15. On pourrait accueillir beaucoup plus de personnes sur la planète sans que des millions meurent de faim et que les écosystèmes soient détruits. Le problème est la distribution des ressources et l’usage des techniques.
Nous avons montré l’importance des bourses des marchandises. C’est en effet dans ce cadre que les profits spéculatifs les plus importants ont été réalisés au cours des dernières années et que, vraisemblablement, ils continueront d’être réalisés. Aucune possibilité de sortir des tensions actuelles tant que les spéculateurs mondiaux contrôlent la production et ses possibilités à venir via les futures16. Nous avons besoin de davantage qu’une réforme à la marge de ces transactions spéculatives. Il est nécessaire, non pas de réguler, mais d’interdire tout court ces échanges sur des produits virtuels qui accablent des millions de petits producteurs et de consommateurs sur tous les continents.
Bien entendu, ces mesures ne seraient efficaces que si elles étaient accompagnées de changements profonds des régimes de propriété foncière et de propriété intellectuelle. Les terres sont accaparées à l’échelle mondiale non pas dans le but de produire et d’extraire de la valeur du travail, mais, au contraire, pour échanger des promesses de vente de produits qui souvent ne verront même pas le jour. En 2012, un rapport de l’ONU suggère de relier l’accès à la terre aux droits de l’homme, une piste qui est largement suivie de nos jours afin de considérer la terre comme un droit fondamental, en particulier dans les régions rurales des pays les moins développés.
En troisième lieu, de plus en plus d’organisations paysannes et d’ONG exercent une pression sur les institutions nationales et internationales pour faire reconnaître les systèmes semenciers paysans en tant que composante des droits de l’homme. L’argument avancé est que ces systèmes écartent les famines provoquées par les semences industrielles tout en protégeant la biodiversité17. En effet, depuis le début du XXe siècle, et encore plus à partir de son milieu, la production de semences hybrides, puis des OGM, ont radicalement bouleversé les équilibres économiques, sociaux et environnementaux : des semences qui durent un-deux ans, qui ne peuvent pas être replantées car périssables, ont été brevetées. Des semences qui imposent le recours massif aux produits chimiques, détruisent les écosystèmes et accentuent la dépendance des petits producteurs et des paysans vis-à-vis de la grande distribution et des producteurs de semences et fertilisants. Actuellement, trois multinationales, Monsanto-Bayer, Syngenta-ChemChina et Dupont-Dow contrôlent à elles seules 50 % du marché mondial des semences. Interdire la brevetabilité des plantes et déclarer les semences patrimoine de l’humanité s’impose indubitablement. Face aux famines et au réchauffement climatique, c’est peut-être plus important que d’inclure les vins de Bordeaux ou le Parmesan dans ce patrimoine mondial.
À l’évidence, ces mesures nécessitent de s’accompagner de la réorganisation des institutions nationales, supranationales et internationales. Les institutions européennes au lieu d’être le chantre des politiques néolibérales pourraient placer les politiques sociales au cœur de leur action. Imaginons une Europe avec une politique fiscale commune allant dans la direction indiquée par Thomas Piketty : une Europe qui interdit les spéculations, les ventes de semences modifiées, l’accaparement et les spéculations sur les terres (y compris celles que des entreprises européennes exercent en dehors de l’Europe) ; qui protège les immigrées et garantit un véritable welfare à l’ensemble de ses populations. Une Europe qui protège les communautés paysannes locales, qui soutient la recherche publique visant les objectifs indiqués ici, sans penser aux classements chinois ou américains. Ces mêmes transformations sont nécessaires au sein des organisations internationales. L’influence des lobbies, directement ou par l’intermédiaire des gouvernements nationaux, doit cesser, tandis que la participation des pays du Sud devrait être renforcée. Ces changements accompagneraient une modification tout aussi radicale des objectifs : ne plus se plier aux dogmes du néolibéralisme et aux exigences des pays développés, mais soutenir un développement capable de réduire les inégalités tout en préservant la planète, accorder un poids égal aux différents pays et surtout inclure les ONG dans leurs instances et pas seulement les consulter à l’occasion.
1Michel Gueldry, « Changement climatique et sécurité alimentaire dans le monde arabe », Politique étrangère, 3 (2013), p. 161-174. Alia Gana, « Aux origines rurales et agricoles de la révolution tunisienne », Maghreb-Machrek, 215, 1 (2013), p. 57-80.
2Ian Angus, Simon Butler, Une planète trop peuplée ? Montréal, Éditions écosociété, 2014.
3Lester Brown, Full Planet, Empty Plates, New York, Norton, 2012.
4Amartiya Sen, Poverty and Famine. An Essay on Entitlement and Deprivation, Oxford, Clarendon Press, 1982.
5Alessandro Stanziani, Rules of Exchange. French Capitalism in Comparative Perspective, 18th-early 20th century, Cambridge, Cambridge University Press, 2012.
6Arap Maharatna, The Demography of Famine, Delhi, Oxford University Press, 1996 ; Mike Davis, Génocides tropicaux, Paris, La Découverte 2006, orig. anglais 2001.
7Alessandro Stanziani, Capital terre. Une histoire longue du monde d’après, Paris, Payot, 2021.
8GRAIN, « Les fonds de pensions : des acteurs clés dans l’accaparement mondial des terres agricoles », 20 juin 2011, www.grain.org/e/4288 ; GRAIN, Inter Pares et Solidarity Sweden-Latin America, « Fonds de pension étrangers et accaparement des terres au Brésil », 16 novembre 2015, www.grain.org/e/5337
9Lester Brown, Full Planet, Empty Plates, New York, Norton, 2012, p. 103.
10E. M. Ecosystems and human well-being: biodiversity synthesis, Washington DC, Institute of World Resources 2015.
11Catherine Baroin, Jean Boutrais, « Bétail et société en Afrique », Journal des africanistes, 78, 1-2 (2008), p. 9-52. Données in : FAOSTAT. Rome http://faostat.fao.org/default.aspx?lang=fr
12FAOSTAT. Rome. http://faostat.fao.org/default.aspx?lang=fr
13FAO, The Future of Food and Agriculture, p. 73.
14M. D. Mith, M. P. Rabbitt, A. Coleman-Jensen, « Who Are the World’s Food Insecure? New Evidence from the Food and Agriculture Organization’s Food Insecurity Experience Scale », World Development, 93 (2017):402–12.
15Ian Angus, Simon Butler, Une planète trop peuplée ? Le mythe populationniste, l’immigration et la crise écologique, Paris, Éditions écosociété, 2015.
16www.foodwatch.org/fileadmin/Themen/Spekulation_mit_Nahrungsmitteln/foodwatch-report_Les-spculateurs-de-la-faim_oct2011_ger.pdf
17Réseau mondial pour le droit à l’alimentation et à la nutrition, Bénéfices des entreprises ou diversité des systèmes alimentaires ? Heidelberg : Fian International, 2018. www.fian.org/fileadmin/media/publications_2018/Reports_and_guidelines/180208_FIAN_FFM_BurkinaFaso_Web.pdf
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