Les voies étroites d’un évangélisme de gauche au Guatemala
Le courant évangélique est largement associé à une lecture conservatrice et orientée à droite. Cette affinité élective correspond à une réalité, au Guatemala comme ailleurs. Pourtant, les récents résultats de l’élection présidentielle, avec la victoire du candidat Bernardo Arévalo, ont montré qu’une forte présence évangélique (près de 45 % de la population guatémaltèque) n’obérait pas le potentiel électoral d’un candidat de gauche. Rendre compte de cette petite révolution politique nécessite d’abord de rappeler les fondements du conservatisme dominant, hérité de la guerre civile et qui est sous-tendu par une relation particulière entre nation et religion, mais aussi de souligner l’existence d’un courant théologique propre au monde évangélique, largement ignoré, la « misión integral », qui constitue le noyau d’une « théologie contextualisée », porteuse d’une vision progressiste.
The Narrow Path of Left Evangelicals in Guatemala
The evangelical movement is widely associated with a conservative, right-wing interpretations. This elective affinity corresponds to a reality, in Guatemala as elsewhere. However, the recent results of the presidential election, with the victory of candidate Bernardo Arévalo, showed that a strong evangelical presence (nearly 45 % of the Guatemalan population) did not obviate the electoral potential of a left-wing candidate. To account for this small-scale political revolution, it is first necessary to recall the foundations of the prevailing conservatism, inherited from the civil war and underpinned by a particular relationship between nationhood and religion, but also to highlight the existence of a theological current specific to the evangelical world, often ignored, the “misión integral”, which constitutes the core of a “contextualized theology”, conveying a progressive worldvision.