« Nous sommes la contre-nature qui se défend »
Du sexe et des symbioses
Les écologies queers sont pleines de créatures indociles, non seulement aux schémas binaires mâle/femelle, hétéro/homo, cis/trans, mais encore aux mondes compétitifs individualistes sur lesquels ces schémas sont fondés. Elles sont ainsi « la contre-nature qui se défend » d’être contre-nature, c’est-à-dire qu’elles montrent que les formes réputées déviantes du genre, de la sexualité, de la parenté et de famille, sont bien plus répandues que les sciences hétéropatriarcales n’ont bien voulu l’admettre. Mais elles sont aussi « la contre-nature qui se défend » contre les assauts du capitalisme extractiviste, en montrant le caractère idéologique des idées de prédation, de lutte pour la survie et pour la transmission du patrimoine génétique individuel. À la place, suivant les leçons de la bactériologie de Lynn Margulis et des théoriciennes queer qui s’en sont inspirées, il s’agit de penser des formes de parentés et de solidarités pour vivre et mourir sur une planète symbiotique.
“We Are Counter-Nature Defending Itself”
Sex and symbioses
Queer ecologies are full of unruly creatures that not only defy the male/female, hetero/homo, cis/trans binary schemas, but also the individualistic competitive worlds on which these binaries are founded. They are thus “counter-nature defending itself” from being counter-nature: they show that forms of gender, sexuality, kinship and family that are reputed to be deviant are far more widespread than heteropatriarchal sciences have been willing to admit. But they are also “counter-nature defending itself” against the onslaught of extractivist capitalism, showing the ideological character of ideas of predation, of struggle for survival and for the transmission of individual genetic heritage. Instead, following the lessons of Margulis’s bacteriology and the queer theorists who drew inspiration from it, this article argues that we need to think of forms of kinship and solidarity for living and dying on a symbiotic planet.