Les attaches affectives d’un État nécrocapitaliste
Dans cet article, le « nécrocapitalisme » est considéré comme une catégorie analytique et un système social qui régit le Liban d’« après-guerre ». En tant que système, il organise psychiquement et socialement une économie politique fondée sur le sectarisme, la kleptocratie et la capture de l’État. Le nécrocapitalisme structure également une série d’attachements idéologico-affectifs qui lient les élites aux subordonnés, et l’État aux uns et aux autres. Ce terme de « nécrocapitalisme » permet également à l’auteur de qualifier comment les souffrances psychiques des populations qui vivent (mal) et qui meurent sont devenues, soit des actifs politiques et économiques à cultiver et à reproduire (par le biais d’un sectarisme clientéliste), soit, au pire, des coûts collatéraux où la vie, le bien-être physique sont dévalués dans une totale désinvolture.
The Emotional Attachments of a Necrocapitalist State
This article considers “necrocapitalism” as an analytic rubric and social system that governs Lebanon in its “post-War”. Necrocapitalism as a system that psychically and socially organizes the political economy of sectarianism, kleptocracy and state capture, necrocapitalism also organizes a series of ideological-affective attachments that bind elites to subordinates and the state to both. The author deploys the term “necrocapitalism” because the lives, deaths and psychic suffering of the population are either political and economic assets to be protected and cultivated (through sectarianism and clientelism) or, at worst, collateral cost, where life, physical well-being and psychic suffering are casually overlooked.