Ce virus m’a donné envie de lire le seul roman qui, à ma connaissance, a pris pour titre : Virus. Écrit par l’écrivain de science-fiction américain John Brunner, ce livre est sorti en 1973 aux États-Unis, et trois ans plus tard en France. Auteur du mythique Tous à Zanzibar en pleine folie contre-culturelle de la fin des années 1960, John Brunner multiplie les visions contradictoires de ses personnages, en empathie avec chacun d’entre eux. Et là, il les montre en pleine mutation… Car son virus est une bestiole « positive », utopique en quelque sorte, qui transforme un monde dystopique. « L’avenir n’est plus ce qu’il était. Il est proche, il est moche. Un fascisme rampant renaît dans toute l’Europe en proie à la stagflation. Le puritanisme domine l’Angleterre, où des bandes de voyous à cheveux ras lynchent les homosexuels et pourchassent les noirs. Dans des meetings de masse, des prédicateurs hystériques fanatisent contre l’immoralité des hordes de bigots refoulés. Jusqu’au jour où… » est créé le « V. C. ». Ce « n’est pas un virus au sens classique du terme, mais il possède un attribut viral inattendu : placé dans un milieu favorable, il se multiplie. Et le meilleur milieu que nous lui connaissons est le tissu animal vivant, où il prolifère littéralement. D’où son nom de «Virus Communiquant» : V. C. »… Et que fait ce merveilleux virus dont je rêve la nuit, surtout quand je m’abreuve trop de médias aux discours désespérants… Il rend contagieuse l’intelligence, qui « déferle comme une épidémie, et la société répressive se lézarde et s’effondre. Un rêve oui… ou bien une parabole utile. Une sacrée cavalcade, en tout cas, où l’hilarité rejoint la terreur tandis que les hypocrites arrachent leurs oripeaux », est-il écrit en dos de couverture.

[voir Catastrophe, Littérature]