Il n’y a pas de stabilité en art. Aucune tentative de colmatage ne saurait écarter l’imminente sortie de la société de classe et aucune image artistique de la bourgeoisie ne peut perdurer. Aussi la classification des peintres dans les nouvelles catégories de la technique, de l’architecture et de l’enseignement des images ne pourra favoriser la naissance d’une nouvelle culture au pacifique chemin. Cette classification fait partie d’une rationalisation générale et cette organisation des éléments, elle, aide à réaliser l’abolition de la société actuelle.
Dans la peinture, on observe bien plus que la simple copie de ce processus révolutionnaire, et bel et bien les prémices d’une révolution des esprits.
Notre représentation du monde s’est construite dans l’entourage des machines et les grands bouleversements ont suscité en nous la volonté de participer aux transformations de nos vies. La non-réalisation et les défaites de la révolution ne nous ont pas entravés au point de nous faire reculer dans la prochaine constitution de notre idée du monde, qui, une fois commencée l’action, suivra sa propre loi, sans connaître de point mort. Une nouvelle impulsion ne sera pas si longue à attendre, dans la poursuite de l’action qui traverse la lutte économique.
Le travail scientifique et artistique contraint les travailleurs à se situer dans une opposition à la hiérarchie de classe, laquelle est condamnée à mort. Et on doit sans cesse être clair et signaler combien les choses peuvent être différentes grâce à la révolution.
Nous indiquons la brèche dans la société bourgeoise en même temps que s’élabore le début du nouveau. C’est le meilleur avenir dont on puisse augurer, celui que nous pouvons façonner, mais non achever. C’est nous l’action et la fraction saisissant nos propres vies.
Nous montrons la rigidité et l’étroitesse de nos modes de vie et les forces qui consentent aux lieux d’exploitation. Celles-ci accumulent les tensions. Une fois abolies, elles feront qu’une nouvelle vie verra le jour, qui nous attend, et aspire à se réaliser ici-bas, quand sera dépassé le conflit entre le capital et le travail.
Le peintre est aujourd’hui dans cette société comme une aide à la rationalisation et son rôle évolue toujours plus vers une fonction d’« embellissement du quotidien » dans la société et la vie des esprits. Cependant, plus une chose est représentée dans sa forme pure, plus elle se révèle utile dans une application universelle, et plus elle se montre au service d’une bonne idée. Cela entraîne aussi à une révolution de la place que la peinture occupe dans la vie telle qu’elle est. Les statistiques agissent de la même manière.
L’impression que nous touchons à la fin nécessaire du développement économique, tel qu’il a été fait jusqu’à maintenant, découle des chiffres et des nombres, du développement économique et de l’évolution des secteurs de production ainsi que de l’organisation des ressources humaines. Rendre cette impression sous la forme d’une métaphore transmissible est très important. Cette nécessité n’a pas encore pris le dessus sur les formes des peintres contemporains, et c’est pourquoi il est impératif d’établir une communication entre les deux territoires, sans qu’il soit important ici d’en discuter précisément les détails.
La statistique possède d’autres éléments et d’autres lois que la peinture. En son sein, la proportion est donnée par la quantité des choses. Une harmonisation des surfaces n’est pas possible, mais le contenu, même dans ses contradictions, se doit d’être éclairci. Il est nécessaire d’amorcer un nouveau commencement. Il est nécessaire désormais d’emprunter un chemin qui rende reconnaissable le développement historique dans l’image. La relation entre les modes de production et la culture doit se manifester. De nouvelles occasions se présentent dans un processus dialectique entre l’accord des formes de l’art du paysage et les réserves de matériaux naturels. Ce n’est encore qu’un début. Mais il est possible d’aller plus loin dans l’enfantement du commencement, et il s’agit d’extraire de nos dépendances et de nos possibilités, en tant qu’elles sont liées au matériel et à la quantité, de quoi donner et connaître une accélération et une pression, ainsi que le moyen de pointer et d’analyser nos vies actuelles. Le travail sur les moyens pédagogiques est une tâche, que l’expérience du peintre de ces dernières années permet de mener à bien. La formation donne de plus en plus de possibilités et de variétés. Elle conduit plus loin que la simple constatation d’une mise en demeure pour changer les choses de la vie. Elle va plus loin afin de créer une situation unique sur le fond comme sur la forme, susceptible de mener à la meilleure solution, pour les choses mais aussi pour l’art.
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