La théorie foucaldienne de la biopolitique a subi un certain nombre de transformations. Initialement formulée dans le cadre d’une analyse des sociétés disciplinaires, elle a été profondément remaniée dans les cours qui étaient supposés en développer le contenu. Un premier déplacement a résulté de l’opposition des sociétés disciplinaires et des sociétés de sécurité : au lieu d’être conçue comme un discipline portant directement sur la population, la biopolitique devenait un forme de pouvoir définie par la régulation de l’environnement naturel et artificiel (Sécurité, territoire, population, 1977-1978). Un second déplacement a partie liée avec le projet d’une histoire de la gouvernementalité (Naissance de la biopolitique, 1978-1979) : alors que la biopolitique était présentée comme une technologie commune à la « l’État de police » et au libéralisme, il apparaît alors que le libéralisme doit être conçu comme le « cadre général de la biopolitique »[1].
Dans la mesure où les articles consacrés par Foucault à la « médecine sociale »[2] en 1976 constituent les seules véritables applications développées du concept de biopolitique, ils présentent un intérêt tout particulier. Même s’ils appartiennent à la phase initiale de la réflexion foucaldienne sur la « biopolitique », ils permettent d’interroger deux thèses qui continuent de jouer un rôle important dans les débats contemporains sur le statut des références à la vie et à la santé : la médecine sociale serait la forme par excellence des références normalisatrices à la vie et à la santé qui caractérisent la biopolitique, et sous différentes modalités (santé publique, psychologisation et médicalisation du travail social, émergence de la problématique des « risques psychosociaux »), elle constituerait en outre l’une des formes caractéristique du type de politisation de la vie qui est propre au libéralisme et à ses transformation néolibérales[3].
Biopolitique et libéralisme selon Foucault
Selon ces articles, la biopolitique précède le libéralisme. Même si la biopolitique vient après l’anatomo-politique, la « médecine sociale » serait déjà l’un des instruments de l’État de police du XVIIIe siècle. L’article « La naissance de la biopolitique » explique ainsi qu’en Allemagne tout particulièrement, une « police médicale » s’est développée alors qui faisait de la santé de la population un moyen d’accroître la puissance militaire et économique de l’État. La seconde étape du développement de la médecine sociale correspondrait aux transformations économiques et géographiques qui ont conduit à la croissance et à l’unification des villes au XVIIIe siècle. Celles-ci devenant le principal lieu des troubles sociaux et politiques, ainsi que l’objet de différentes craintes liées à la possibilité d’épidémies et de différentes formes de dégénérescence, elles auraient donné lieu à la naissance d’une « médecine urbaine » qui, tout particulièrement en France, tenta de contrôler la santé des populations par l’intermédiaire d’une « hygiène publique », dans le cadre d’une problématique de la « salubrité » et du « milieu ambiant ». Ce n’est que dans un troisième temps que la médecine se serait développée comme technique de normalisation de la force de travail, d’une part, en distinguant les bons (infirmes et malades) et les mauvais (en bonne santé) pauvres, et d’autre part, sous forme de médecine du travail cœrcitive. La médecine sociale aurait alors visé deux buts principaux : a) une médicalisation de l’assistance destinée à la rendre plus efficace et moins coûteuse, b) le développement de contrôles médicaux pour améliorer la qualité de la force de travail, c) tout en continuant à tenter de prévenir le développement d’épidémies à partir des quartiers miséreux des grandes villes. De la police médicale du XVIIIe à l’hygiène publique du XIXe siècle, nous n’aurions donc affaire qu’à des déplacements, et les transformations de la médecine sociale s’expliqueraient par l’extension d’un principe à des objets toujours plus nombreux et spécifiques, davantage que par des changements de principe : « les autres systèmes de médecine sociale aux XVIIIe et au XIXe ne sont que des déclinaisons atténuées [du] modèle profondément étatique et administratif […] introduit en Allemagne »[4].
On peut certes considérer que la distinction de « l’État de police » et du « libéralisme » (introduite après la rédaction de ces articles) et l’identification du libéralisme au « cadre général de la biopolitique »[5] auraient été de nature à modifier cette présentation en introduisant un élément de discontinuité dans la succession des trois étapes. Le mot d’ordre de l’État de police est « on ne gouverne jamais assez », alors que celui du libéralisme est « on gouverne toujours trop »[6]. La gouvernementalité libérale se définit comme une conduite des libertés, elle se propose tout à la fois de développer les libertés et de les contrôler à partir de leurs conditions, ce qui la conduit à prendre en charge les individus dans les différentes sphères de leur existence, de leur naissance à leur mort[7]. Mais du point de vue matérialiste qui est adopté par Foucault dans ces articles, il est aisé de comprendre comment la référence à la gouvernementalité libérale aurait pu être interprétée en termes continuistes. Selon Foucault, le développement de la médecine sociale doit être référé au développement du capitalisme[8]. On peut comprendre que ce soit une même exigence de discipliner, contrôler et normaliser la vie au profit du capitalisme qui ait conduit dans un premier temps à mobiliser les techniques de pouvoir propres à l’État de police, avant d’avoir recours ensuite à celle de la gouvernementalité libérale. On peut comprendre aussi que c’est seulement sous le régime libéral que la médecine sociale a pu trouver toute son importance sociale et tout son développement, et qu’elle a pu servir de nouveaux objectifs fonctionnels sans nécessairement être remaniée dans ses principes.
D’après Foucault, le libéralisme ne peut pas être réduit à une simple idéologie au service d’une classe dominante, pas plus qu’à une théorie et une pratique politique destinées à limiter le pouvoir de l’État au nom des droits individuels. Bien plutôt, il doit être conçu comme une nouvelle manière de gouverner centrée sur l’institutionnalisation des libertés[9]. Il suppose notamment une nouvelle relation entre pouvoir et vérité dans laquelle le gouvernement prend la « naturalité » de la vie sociale en compte. Loin d’être limitée de l’extérieur par des droits naturels ou par la protection de la liberté individuelle, la gouvernementalité libérale est limitée de l’intérieur par les conditions de son efficacité sociale[10]. Cette conception du libéralisme permet de comprendre l’erreur de tous ceux qui voudraient aujourd’hui le réduire à une théorie politique ou à un modèle critique (dont paraît-il la gauche devrait s’inspirer au lieu de se définir comme antilibérale) : les principes normatifs du libéralisme sont indissociables d’un ensemble de techniques de discipline, de contrôle et de normalisation des individus et des populations. Cette conception permet également de comprendre que l’émergence de la santé publique à titre de problème politique a été rendue possible par un nouveau régime de pouvoir et une nouvelle organisation sociale[11.
Foucault soutient en effet que l’importance grandissante de la médecine dans la société, à partir de la Révolution française, n’est pas tant à interpréter comme l’effet d’une lutte engagée par une fraction de la classe dominante pour accroître son pouvoir (suivant le thème de la critique orthodoxe de la médicalisation qui avait cours dans les années 1960 et 1970[12]), mais bien plutôt comme la conséquence d’un nouveau régime de pouvoir qui fait de la médecine l’un de ses savoirs tout en contribuant à son développement[13].
Mais le lien historique, assez indéniable semble-t-il, entre les différentes références institutionnelles à la santé avec des techniques de contrôle et de régulation sociale suffit-il à récuser toute pertinence politique aux références à la santé et à la vie ? Sur son versant historique, cette question mérite d’être examinée à la lumière de ce qui constitue la forme la plus consciemment politique de la médecine publique : le mouvement de réforme sanitaire qui se développe dans la première moitié du XIXe siècle (Villermé, Parent-Duchâtelet, Chadwick, Virchow…). Peut-on réduire ce mouvement à une entreprise de normalisation sociale ? Qu’en est-il du rapport entre libéralisme et médecine sociale à l’époque de l’émergence de la question sociale ? Sur son versant normatif, la question concerne le problème de la pertinence d’une référence à la santé pour la critique sociale en général, et à l’époque contemporaine en particulier. Essayons de poser le problème à partir de son aspect historique[14].
La réforme sanitaire au milieu du XIXe siècle
Selon Foucault, l’idée même de médecine sociale aurait résulté de deux déplacements illégitimes : d’une part, une substitution de la santé à la maladie comme objet de la médecine ; d’autre part, une substitution d’une médecine cœrcitive à une médecine conçue comme réponse à la demande formulée des patients[15]. En tant que cœrcition administrative, elle aurait un lien indissociable avec les techniques de contrôle et de régulation. En tant que théorie médicale de la santé, et non plus de la maladie, elle serait l’indice du passage d’une société des lois à une société des normes[16]. Et en tant qu’approche sociologique de la norme de santé, elle serait l’un des vecteurs principaux d’un mouvement de médicalisation « sans limite » du social[17]. Cette interprétation pourrait être discutée par la définition normative de la médecine qu’elle présuppose. Contentons-nous de relever qu’elle repose sur trois présuppositions contestables : le mouvement de réforme sanitaire n’est réductible ni à une médecine administrative, ni à une branche de la médecine, ni à une approche sociologique de la santé.
Par illusion rétrospective, Foucault interprète le développement de l’hygiène publique et de la médecine sociale du point de vue de la santé publique du XXe siècle comme celui d’une branche du savoir médical caractérisée par son approche préventive et sociologique de la santé, associée de surcroît à des techniques administratives. Or, c’est seulement à la fin du XIXe siècle que cette conception de la santé publique a émergé et trouvé son institutionnalisation médicale et administrative[18].
La méthodologie de l’a priori historique se solde en outre par un biais continuiste et par une homogénéisation abusive. Foucault interprète en effet le mouvement de reforme sanitaire comme un perfectionnement de la problématique du « milieu ambiant », elle-même entendue comme définition par la médecine des conditions sociales devant être mises en place pour garantir la santé[19]. Il est vrai que le mouvement de réforme médicale qui se développe au milieu du XIXe siècle s’inscrit initialement dans le cadre d’une problématique de l’hygiène publique qui, elle-même, constituait l’un des objets de l’État de police du XVIIIe siècle. Et sans doute cette problématique produit-elle des effets à long terme. Mais le fait marquant est surtout que l’apparition de ces deux espaces que sont l’usine et le bidonville ouvrier de centre-ville, ainsi que l’explosion connexe des inégalités face à la mort et à la maladie, laissent les techniques et les savoirs de la police médicale partiellement impuissants[20]. Plutôt qu’un simple perfectionnement d’une science de la salubrité, le mouvement de réforme sanitaire se développe comme une double réflexion critique. Réflexion critique sur des formes de pathologie tout aussi spectaculaires qu’imprévues du point de vue des préjugés progressistes de ces hommes des Lumières qu’étaient les hauts fonctionnaires et les médecins de l’époque. Réflexion critique également sur les formes administratives et médicales qui s’avéraient incapables de faire face à la nouvelle situation sociale et sanitaire.
Enfin, les analyses foucaldiennes sous-estiment l’hétérogénéité du mouvement de réforme sanitaire et la divergence de ses modes d’institutionnalisation et de ses objectifs en Angleterre, en France et en Allemagne. La version anglaise[21] est prescriptive mais non médicale. Sa figure centrale, Chadwick n’était pas un médecin mais un haut fonctionnaire membre de la commission des Poor Laws. Le projet de Chadwick était de contrôler les effets négatifs de la société industrielle en définissant l’ingénierie sociale qui permettrait de rationaliser l’assistance publique et le développement économique. À première vue, cette version de la réforme sanitaire semble correspondre à l’interprétation foucaldienne. Mais si la réforme sanitaire participe ici d’un dispositif de gouvernementalité libérale, et si elle est directement prescriptive, elle n’est pas médicale. Deux caractéristiques y sont liées l’une à l’autre : d’une part, une ingénierie sociale informée par l’enquête statistique sur la nature, les causes et les contextes sociaux de la morbidité et de la mortalité, d’autre part une conception traditionnelle de la médecine dont les méthodes et l’objet ne sont pas affectés par le développement de cette ingénierie. Il n’en demeure pas moins que Chadwick a été constamment en butte non seulement à l’hostilité des industriels (qui refusaient l’idée d’un contrôle des conditions de travail par l’administration) mais aussi à celle des médecins (dont l’utilité sociale était concurrencée par une ingénierie sociale efficace)[22] [22] Ibid. , p. 223. …
suite.
12 En France les enquêtes sur les inégalités sociales face à la mort et à la maladie sont menées par des acteurs sociaux différents dans un contexte institutionnel différent. Ici, ce ne sont plus tant des fonctionnaires administratifs qui jouent un rôle décisif que des médecins et des pharmaciens chimistes disposant pour la plupart de positions institutionnelles dans les organes de surveillance sanitaire associés au gouvernement[23]. Par ailleurs, le développement de l’hygiène publique est, en France, conditionné aussi bien par sa reconnaissance comme activité médicale à part entière depuis la Société royale de médecine (1774-94) que par le statut qui lui fut conféré lors de la Révolution. L’assemblée constituante était dotée d’un Comité de salubrité qui défendit l’idée d’un droit naturel à la santé[24], et entre 1790 et 1794, une série de lois instituaient un système d’aide sociale incluant la médecine. Associé à des noms comme Parent-Duchâtelet et Villermé, le mouvement de réforme sanitaire à la française pensait contribuer au progrès de la civilisation en fournissant au législateur et au gouvernement la mesure scientifique des inégalités en matière de santé. Cette entreprise porte la trace d’une ambition, née lors de la Révolution française, de lutter par l’intervention de l’État contre l’injustice sociale. Cependant, qu’ils soient partisans du laisser-faire comme Villermé, ou d’une intervention de l’État comme Parent-Duchâtelet, les hygiénistes français croyaient que l’ordre social libéral définit le cadre indépassable que les reformes sanitaires ne doivent pas chercher à transgresser[25]. Répliquant à la critique socialiste des inégalités de santé, ils expliquaient que les problèmes de santé publique doivent être réglés par des ajustements plus que par des transformations sociales[26]. D’une certaine manière, donc, la version française du mouvement de réforme sanitaire semble plus conforme encore que la version anglaise à l’interprétation foucaldienne : dotée d’une institutionnalisation à la fois médicale et administrative, elle procède en effet d’une extension des catégories médicales au social. Cependant, cette version française, à l’inverse de l’anglaise, est médicale et non prescriptive : elle développe des arguments qui appellent des ajustements, sans définir ces ajustements qui ne relèvent pas selon elle de la juridiction médicale.
Il n’est pas inutile de souligner que le concept de « médecine sociale » fut forgé très précisément pour critiquer ce type de prise en charge médicale et administrative des questions de santé publique. L’acception historique du terme de « médecine social » est donc en conflit ouvert avec ce que Foucault considère comme le cœur de la « médecine sociale ». Lorsque Guérin forge le néologisme de « médecine sociale », dans la tourmente du printemps 1848, c’est dans le cadre d’une critique des termes de « police médicale », « hygiène publique » et « médecine légale », qui expriment selon lui le manque d’audace de la médecine du passé face aux problèmes posés par le cercle de la maladie et de la pauvreté[27]. À cette critique du savoir médical s’ajoute une critique des formes administratives qui lui sont associées : au moment en effet où la révolution politique semble ouvrir sur une révolution sociale, les médecins ne peuvent plus se contenter de conseiller les gouvernements, mais doivent participer au processus de transformation sociale (d’où une opposition de la « médecine politique » et de la « médecine sociale »)[28]. C’est également dans le contexte révolutionnaire de 1848, que le mouvement de réforme médicale se développa en Allemagne. Et chez Virchow, Neumann et Leubuscher, les mêmes intentions donnèrent lieu à des innovations terminologiques analogues. Lorsque Virchow emploie le terme de « médecine publique » (öffentliche Gesundheitspflege), c’est en effet pour dénoncer l’insuffisance d’une médecine qui se contente d’administrer la santé à travers les logiques de la police sanitaire, pour exiger la constitution de la véritable médecine des pauvres[29], et pour présenter le médecin en critique social : « Les médecins sont les avocats naturels des pauvres et la question sociale, pour sa plus grande part, relève de leur juridiction »[30].
Il pourrait sembler que cette version du mouvement de réforme sanitaire promeuve l’approche sociologique de la santé qui conduise en retour à médicaliser le social. Cependant, le terme de social ne renvoie pas ici aux significations qui se cristalliseront dans le terme de sociologie, mais bien plutôt à celles qui définissent à l’époque le socialisme[31]. Chez Guérin, le terme de médecine sociale a manifestement deux sens. En un premier sens, il désigne une étude de l’interaction de la santé et de la société, une investigation des causes sociales de la santé, de la morbidité et de la mortalité – ce que l’on appelle aujourd’hui une sociologie de la santé[32]. Mais dans « médecine sociale », le terme de social à également une signification plus directement politique, comme l’indique par exemple l’affirmation suivant laquelle « la médecine sociale, humanitaire, est la clef des principaux problèmes de notre époque »[33. C’est également en ce sens qu’en Allemagne, Salomon Neumann soutenait en 1847 que « la science médicale est dans son noyau intime et dans son essence une science sociale »[34], avant que Virchow et Leubuscher ne reprennent à leur compte, en 1848, dans Die medizinische Reform, la définition de la médecine publique comme une « science sociale ». Le concept de « médecine sociale » est donc forgé dans une conjoncture historique et dans une série d’innovations terminologiques dont les enjeux sociaux et politiques sont limpides. Non seulement ce concept procède d’une critique de presque tout ce que Foucault juge caractéristique de la médecine sociale, mais il a pour fonction politique de contester le libéralisme.
Médecine sociale et libéralisme
L’interprétation de la médecine sociale comme une stratégie libérale peut être soumise à deux types de critiques : les premières portent sur l’extension de la gouvernementalité libérale, les secondes sur le contenu normatif spécifique du libéralisme.
Premièrement, il est clair que certaines version de la médicine sociale, en tant que critique de la question sociale, contestaient l’ordre social capitaliste que la gouvernementalité libérale tentait d’organiser. Foucault a mis en lumière les effets de la gouvernementalité libérale sur le développement du mouvement de réforme sanitaire. Mais il est allé trop vite en en concluant que la médecine sociale est une politisation libérale de la vie. La question des incidences du travail sur la santé en fournit une illustration. Curieusement, lorsque Foucault esquisse l’histoire de la médecine du travail, il n’en retient que ce qui relève d’une stratégie de contrôle de la santé des travailleurs au moyen d’une médicalisation de leurs conditions de vie et de leur accès au travail. Villermé ou Chadwick préconisaient certes des mesures pour améliorer la vie des ouvriers et rendre l’économie industrielle et marchande plus fonctionnelle et plus compatible avec les principes normatifs du libéralisme politique, mais certaines enquêtes ouvrières faisaient apparaître le capitalisme comme une destruction de la vie potentiellement sans limite. Non seulement ces enquêtes révélaient la routinisation de formidables tendances pathogènes, et l’inefficacité récurrente de toutes les réponses libérales aux problèmes ainsi mis en lumière, mais elles montraient en outre à quel point les intérêts capitalistes étaient opposés à un contrôle médical des conditions de travail. C’est d’ailleurs ce que Marx en retenait[35].
Derrière ce qui pourrait apparaître comme un simple détail historiographique se profile en fait la question de l’interprétation de l’émergence de la gouvernementalité libérale. Constitue-t-elle fondamentalement une forme de rationalisation administrative destinée à faciliter l’institutionnalisation d’un ordre social capitaliste, comme le suggère Foucault, ou bien doit-elle tout aussi essentiellement être référée à une réaction politique contre l’émergence d’un projet, lors de la Révolution Française, de réduction des inégalités sociales par une intervention de l’État[36] ? La seconde hypothèse permet de mieux rendre compte de la manière dont la réforme médicale peut être intégrée soit à des technologies libérales, soit à la critique de ces technologies.
Deuxièmement, l’assimilation de la médecine sociale à une technologie libérale peut être contestée d’un point de vue normatif. Même si le libéralisme était avant tout un ensemble de technologies de pouvoir, elles s’accompagnent de théories normatives, et celles-ci ne peuvent être réduites à un savoir sécrété par un nouveau dispositif de pouvoir si le libéralisme est d’emblée dirigé non pas seulement par un idéal de rationalisation administrative mais aussi par une lutte contre des projets politiques alternatifs (le conservatisme d’une part, et ce qui deviendra le socialisme d’autre part). Foucault a souligné la variété des effets du nouveau dispositif de pouvoir, mais il a sous-estimé les effets de la théorie libérale des droits sur la logique et les objets des débats politiques, ainsi que sur la dynamique des conflits sociaux : effets de légitimation, de cadrage, d’invisibilisation et de disqualification.
Pour Foucault, c’est parce que le libéralisme est une technologie de contrôle du risque qu’il doit continûment politiser la vie, la santé et le bien-être des individus et des populations. Mais c’est seulement d’un point de vue descriptif (ou historique) que le libéralisme peut être interprété comme une politisation de la santé. D’un point de vue normatif (du point de vue de ses propres principes normatifs et de leurs effets), il est plus difficile d’admettre que la politisation de la vie est la contrepartie de la promotion libérale de la liberté. En raison de la définition libérale de la justice à partir des droits de la liberté négative, la plupart des problèmes relatifs à la santé et à ses conditions sociales étaient exclus des questions dignes de considération politique. Inversement, soulever le problème des conditions sociales de la santé dans une discussion politique supposait de réfuter la définition libérale de la justice et conduisait à défendre la position socialiste suivant laquelle les droits sociaux eux aussi sont dignes de considération.
La question du travail fournit de nouveau une bonne illustration de ce conflit. Les historiens du droit du travail s’accordent à considérer que c’est la description de la dégradation du corps des travailleurs qui a conduit à la critique de la définition libérale du travail salarié comme simple exécution d’un libre contrat entre deux volontés. C’est la médecine sociale qui est parvenue à sortir le travailleur du face-à-face d’une qualification juridique comme volonté sans corps, et d’une qualification économique comme corps mécanique utilisable à merci. C’est la médecine sociale qui a défini le travailleur comme sujet de droits spécifiques tout en dénonçant aussi bien la fiction juridique d’une volonté sans corps que celle d’une relation de travail appartenant à l’espace privé d’un libre usage soustrait à toute juridiction publique[37].
On ne peut ignorer que la médecine sociale a donné lieu à l’une des critiques les plus efficaces et les plus radicales des principes normatifs du libéralisme. Elle a pointé le paradoxe, d’ordre normatif, qui caractérise la découverte de la « question sociale » : découverte politiquement structurante qu’un ordre social respectant les droits de la liberté individuelle est compatible avec des formes de dégradation extrêmes de l’existence des populations. Si Virchow pouvait prétendre que « la question sociale, pour sa plus grande part, relève de la juridiction »[38] de la médecine sociale, c’est bien parce qu’elle procédait à une description réaliste d’un ensemble de phénomènes invisibilisés par la société libérale, et qu’elle exigeait, implicitement ou expressément, des mesures politiques incompatibles avec ses principes normatifs. La médecine sociale décrit même ce qui fait le plus paradoxe dans la question sociale, et puisque la question sociale définissait l’antagonisme fondamental de l’époque (le conflit du libéralisme et du socialisme – qui ressurgit sous des formes nouvelles dès que l’on redécouvre la question sociale), on peut comprendre que Virchow se soit risqué à écrire : « la médecine est une science sociale et la politique n’est rien d’autre que la médecine en grand »[39].
Le libéralisme n’est pas seulement un ensemble de techniques de pouvoir mais aussi un ensemble de principes définis par la polémique avec des projets politiques alternatifs. Ainsi, un conflit politique comme celui du libéralisme et du socialisme n’oppose pas deux versions de libéralisme, mais définit bien plutôt l’une des grandes polarités qui donnent son sens à l’idée de libéralisme. Il pose notamment le problème des limites des principes normatifs du libéralisme et de leurs effets de cadrage réducteurs de leurs effets de disqualification des acteurs et d’invisibilisation des problèmes[40]. Si la médecine sociale met précisément certaines de ces limites en lumière, et si elle s’efforce de thématiser des pathologies sociales invisibilisées, son rapport au libéralisme est plus polémique que Foucault l’affirmait.
Biopolitique et critique sociale
Foucault a décrit la manière dont la santé est devenue un enjeu politique au moment où certaines techniques de pouvoir propres à la gouvernementalité libérale se sont emparées de savoirs et de pratiques relevant du champ médical. Il a expliqué comment l’État a commencé par imposer aux populations de se soumettre à des contrôles médicaux (médecine du travail, médecine scolaire) et à des mesures d’hygiène pour contrôler la qualité de la force de travail. Il a expliqué comment, par la suite, une nouvelle biopolitique s’est mise en place dans la deuxième moitié du XXe siècle dont l’enjeu était davantage de présenter l’État comme étant au service de la santé des individus[41]. À la lumière de ce renversement, et au vu de la relative inefficacité des politiques de santé publique, on peut conclure que les institutions de santé publique doivent sans doute être considérées comme les éléments d’une « bio-légitimité »[42] plus que comme des techniques de contrôle et de normalisation sociales. Parler de bio-légitimité revient à désigner un ensemble de valeurs utilisées pour légitimer l’ordre social et son mode d’organisation politique, et c’est aussi prendre en compte la possibilité que ces valeurs puissent être utilisées comme instance de légitimation de positions politiques divergentes. Foucault a souligné à ce propos que, depuis la fin du XVIIIe siècle, la santé est l’objet de différentes luttes politiques et sociales.
Mais quel est le statut exact de ces luttes ? Et comment les pratiques de résistance doivent-elles se référer à la santé ? Foucault a expliqué comment la biopolitique a donné lieu aux conflits opposant ces manières d’associer liberté et risques qui définissent les options sociales-démocrates, conservatrices et néo-libérales[43]. Il a également interprété des formes de résistance populaires à la médecine, comme les résistances religieuses de la fin du XIXe siècle, comme une lutte contre le contrôle politique[4. Mais entre les conflits portant sur l’interprétation des principes libéraux et les résistances à la politisation de la vie en général, il ne semble pas laisser pas de place pour une contestation du mode spécifiquement libéral de politisation de la santé.
Certes, il souligne que la santé est en jeu dans des luttes pour la satisfaction des besoins fondamentaux. Dans l’entretien de 1983 sur la Sécurité sociale, s’il rejette l’idée d’un « droit à la santé », il retient celle d’un « droit à des conditions de travail qui n’augmentent pas de façon significative les risques de maladie ou de handicaps divers ». Il parle à ce propos d’un « droit » aux « moyens de santé », « et par là, il faut entendre non pas simplement les installations hospitalières et les médicaments, mais tout ce dont une société peut disposer à un moment donné pour effectuer les corrections et les ajustements de santé dont on est techniquement capable »[45]. Dans un article de Libération datant de 1984, il évoquait par ailleurs, à propos des boat people, un droit fondé dans la souffrance et le malheur : « Le malheur des hommes ne doit pas rester un reste muet de la politique. Il fonde un droit absolu à se lever et à s’adresser à ceux qui détiennent le pouvoir »[46]. Mais ce qui reste indéterminé chez lui, c’est si de telles luttes contre la souffrance, dont la santé peut être présentée comme l’horizon normatif, doivent être conçues comme des luttes biopolitiques (ou pour une autre biopolitique – non libérale, non néolibérale ?) ou plutôt comme des luttes contre la biopolitique (contre les formes de pouvoir qui s’inscrivent dans la biopolitique en général).
Alors que la question sociale ressurgit sous différentes formes à l’époque néolibérale (conditions de vie et formes de souffrance sociale liées à l’extension du bidonville mondial, à l’exclusion et aux nouvelles formes de travail), la question du statut des références à la santé reste un problème ouvert pour la critique sociale.
Notes
[ 1] Sur la généalogie du concept de biopolitique, voir M. Bertani, « Sur la généalogie du bio-pouvoir », in J.-C. Zancarini (dir.), Lectures de Foucault. A propos de « Il faut défendre la société », ENS Éditions, 2001 ; Ph. Artières, E. Da Silva, « Introduction », in Michel Foucault et la Médecine, Kimé, 2001 ; M. Sénellart, « Situation des cours », in M. Foucault, Sécurité, Territoire, Population, Seuil/Gallimard, 2004 ; G. Le Blanc, « Foucault et la médecine », in La Pensée Foucault, Ellipses, 2005.
[ 2] M. Foucault, « Crise de la médecine ou crise de l’antimédecine », in Dits et Écrits (cité DÉ), Gallimard, 1994, t. III, n° 170, p. 40-58 ; « La naissance de la médecine sociale », ibid., n° 196, p. 207-228 ; « L’incorporation de l’hôpital dans la technologie moderne », ibid., n° 229, p. 508-521 ; voir également « La politique de la santé au XVIIIe siècle », ibid., n° 257, p. 725-742.
[ 3] Pour un examen du débat contemporain relatif à la médicalisation et à la psychologisation du social, voir Ch. Laval, E. Renault, « La santé mentale : une préoccupation partagée, des enjeux controversés », in J. Furtos, Ch. Laval, La Santé mentale en acte. De la clinique au politique, Érès, 2005.
[ 4] M. Foucault, « La naissance de la médecine sociale », ibid, p. 214-215.
[ 5] M. Foucault, Naissance de la biopolitique. Cours au collège de France. 1978-1979, Gallimard/Seuil, 2004, p. 24.
[ 6] M. Foucault, DÉ III, n° 274 : « La naissance de la biopolitique ».
[ 7] M. Foucault, La naissance de la biopolitique, op. cit., cours du 24/01/79.
[ 8] M. Foucault, « La naissance de la médecine sociale », op. cit., p. 209-210. Voir également dans La Volonté de savoir, Gallimard, 1976, p. 185.
[ 9] M. Foucault, Sécurité, Territoire, Population, op. cit., « 18 janvier 197 », p. 49-50.
[ 10] M. Foucault, La Naissance de la Biopolitique, op. cit., « 17 janvier 1979 », « 24 janvier 1979 ».
[ 11] M. Foucault, « Crise de la médecine ou crise de l’antimédecine », op. cit., p. 57- 58.
[ 12] D. Lupton, « Foucault and the Medicalisation Critique », in A. Petersen, R. Bunton, Foucault, Health and Medicine, Routledge, 1997.
[ 13] M. Foucault, « La politique de la santé au XVIIIe siècle », op. cit. p. 736.
[ 14] Nous avons développé ce qui suit dans Souffrance sociale. Sociologie, politique et psychologie, La Découverte, 2008, p. 219-246.
[ 15] M. Foucault, « Crise de la médecine ou crise de l’antimédecine », op. cit., p. 49 ; voir aussi Naissance de la clinique, PUF, 1962, p. 62.
[ 16] M. Foucault, « Crise de la médecine ou crise de l’antimédecine », op. cit., p. 50 : « on peut dire que les médecins du XXe sont en train d’inventer une société de la norme et non de la loi ».
[ 17] Ibid., p. 53.
[ 18] À ce propos, voir E. Fee, D. Porter, « Public Health, Preventive Medicine and Professionalisation : England and America in the 19th Century », in A. Wear, Medicine in Society. Historical Essays, Cambridge University Press, 1992. Voir aussi G. Rosen, From Medical Police to Social Medicine, Science History Publications, 1974.
[ 19] M. Foucault, « La naissance de la médecine sociale », op. cit., p. 223 : « Salubrité et insalubrité désignent l’état des choses et du milieu en tant qu’ils affectent la santé : l’hygiène publique est le contrôle politico-scientifique de ce milieu. Le concept de salubrité apparaît donc au début de la Révolution française. Celui d’hygiène publique devait être dans la France du XIXe siècle celui qui allait rassembler l’essentiel de la médecine sociale ».
[ 20] W. Coleman, Death is a Social Disease : Public Health and Political Economy in Early Industrial France, University of Wisconsin Press, 1982, p. xviii. Voir également R. H. Shryock, The Development of Modern Medecine. An Interprétation of the Social and Scientific Factors Involved, Alfred A. Knopf, 1936, p. 221-223.
[ 21] Nous suivons ici G. Rosen, A History of Public Health, MD Publications, 1958, p. 195 sq.
[ 22] Ibid., p. 223.
[ 23] A. La Berge, Mission and Method : the Early Nineteenth-Century French Public Health Movement, Cambridge University Press, 1992, p. 18-33.
[ 24] D. B. Weimer, « Le Droit de l’homme à la santé – une belle idée devant l’Assemblée constituante : 1790-1991 », Clio Medica 5, 1970, p. 209-223.
[ 25] W. Coleman, Death Is a Social Disease, op. cit., p. 277-306.
[ 26] Dans son Tableau de l’état physique et moral des ouvriers, Villermé explique en 1840 que l’industrialisation n’est pas la cause générale de l’aggravation de la santé des classes laborieuses, laquelle s’explique bien plutôt par les conditions de vie (habitation, logement, hygiène) et la dépravation morale (alcoolisme, débauche). En 1848, il rédige l’un des Petits Traités commandé par le Général Cavaignac, maître d’œuvre de la répression sanglante, pour défendre l’esprit du libéralisme tout juste vainqueur par les armes. Sous le titre Des associations ouvrières, il disserte sur l’histoire des progrès du travail depuis l’esclavage, et sur les avantages d’une organisation sociale fondée sur la liberté du travail.
[ 27] J.-R. Guérin, « Au corps médical de France », in Gazette médicale de Paris, n° 11, 11 mars 1848, p. 184 : « Au lieu d’applications indécises et séparées que l’on avait comprises sous les noms de police médicale, d’hygiène publique, de médecine légale, le moment est venu de rassembler tous les faits épars, de les régulariser dans un ensemble, et de les élever à leur plus haute signification sous la dénomination mieux appropriée à son but, de médecine sociale (…). Ce n’est pas une révélation que nous avons la prétention de faire à nos confrères, mais c’est une formule que la grandeur des circonstances nous commande de leur proposer comme éclairant clairement et justement la nature de l’ensemble des services qu’ils sont appelés à rendre à la chose publique » (suite de la citation précédente du même article).
[ 28] J.-R. Guérin, « La médecine sociale et la médecine politique », in Gazette médicale de Paris, n° 13 bis, 25 mars 1848.
[ 29] R. Virchow, « Die öffentliche Gesundheitspfege », Die Medecinische Reform, 5, 1848 (H.-U. Deppe, M. Regus, Seminar: Medizin, Gesellschaft, Geschichte. Beiträge zur Entwicklungsgeschichte der Medizinsoziologie, Suhrkamp, Francfort/Main, 1975, p. 171) : « Le terme ‘médecine publique’ dit, à celui qui en comprend tout le sens, la modification entière et radicale dans les relations que nous établissons entre l’État et la médecine. Nous n’avons eu qu’une police sanitaire – et en fait, comme Mr Schmidt l’a très bien dit, nous n’avons eu qu’un traitement des maladies des pauvres – dans quelques grandes villes, et à vrai dire plus comme administration des malades pauvres que comme traitement des malades pauvres. »
[ 30] Die Medizinische Reform, cité par A. Grotjahn, Soziale Pathologie. Versuch einer Lehre von den sozialen Beziehungen der menschlichen Krankheiten als Grundlage der sozialen Medizin und der sozialen Hygiene, Springler, 1923, p. 3.
[ 31] G. Rosen, From Medical Police to Social Medicine, op. cit., p. 97-98.
[ 32] Voir l’article « Médecine sociale et médecine socialiste », in Gazette médicale de Paris, n° 12 et 12 bis, 15 et 18 mars.
[ 33] J.-R. Guérin, « Au corps médical de France », op. cit., p. 184.
[ 34] S. Neumann, Die öffentliche Gesundheitspflege im Staate des Eigentumsrechts, ihre rechtliche Begründung und zweckmässige Organisation, 1847 (H.-U. Deppe, M. Regus, Seminar: Medizin, Gesellschaft, Geschichte, op. cit., p. 164).
[ 35] K. Marx, Le Capital, Éditions sociales, 1983, p. 408-409. Il est d’ailleurs frappant que la question de la « souffrance » et de la « pathologie industrielle » soit chez Marx assez directement associée à une mise en question du droit du travail, voir S. Haber, E. Renault, « Une analyse marxiste des corps ? », Actuel Marx, 41 : Corps dominés/corps en rupture, 2007.
[ 36] Comme le suggère G. Stedman Jones, La Fin de la pauvreté ? Un débat historique, Ère, 2007.
[ 37] A. Supiot, Critique du droit du travail, PUF, 1994, ch. 1.
[ 38] Die Medizinische Reform, cité par A. Grotjahn, Soziale Pathologie, op. cit., p. 3.
[ 39] R. Virchow, « Der Armenartz », op. cit. (H.-U. Deppe, M. Regus, Seminar: Medizin, Gesellschaft, Geschichte. Beiträge zur Entwicklungsgeschichte der Medizinsoziologie, op. cit., p. 175-176).
[ 40] Voir à ce propos l’opposition de la « justice » et de la « pathologie sociale » (comme « autre de la justice »), ainsi que le concept de « critique comme mise au jour » chez A. Honneth, La Société du mépris, La Découverte, 2006. Voir également, E. Renault, « Radical Democracy and an Abolitionist Concept of Justice », Critical Horizons, vol. 6, 2005.
[ 41] M. Foucault, « Crise de la médecine ou crise de l’antimédecine ? », op. cit., p. 40-43.
[ 42] J.-P. Donzon, D. Fassin, « Entre culture et politique. L’espace problématique d’une anthropologie de la santé », in J.-P. Donzon, D. Fassin, Critique de la santé publique, op. cit.
[ 43] M. Foucault, « Crise de la médecine ou crise de l’antimédecine ? », op. cit., p. 42.
[ 44] M. Foucault, « La naissance de la médecine sociale », op. cit., p. 227.
[ 45] M. Foucault, DÉ IV, n° 324, « Un système fini face à une demande infinie », p. 376-377.
[ 46] M. Foucault, DÉ IV, n° 355, « Face aux gouvernements, les droits de l’homme », p. 708.
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