Mineure 40. Colombie : de l'opposition à la résistance

Colombie : travaux sur terrains instables

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En France, quand on parle des Colombiens, c’est généralement pour énumérer la liste des exactions dont ils sont les victimes : meurtres ciblés de syndicalistes ou de leaders populaires, massacre de populations rurales, déplacements forcés, séquestrations… La dénonciation l’emporte souvent sur l’effort d’analyse, sans parvenir à se défaire d’une vision catastrophiste d’un pays qui semblerait voué à la violence, l’anarchie et le conflit. Au point qu’on finit par se demander : comment des millions de gens font-ils pour vivre dans un pays marqué aussi durablement par la violence ? Comment est-ce encore possible qu’il y ait des syndicalistes ? Des leaders populaires ? Des mouvements sociaux ? En posant ces questions, on se tourne non plus vers la mort, mais vers la vie. Une vie tissée, certes, de douleurs, crises et précarités, mais aussi d’espoirs, solidarités et créativité. Contribuer à analyser cette complexité en la resituant aussi dans une perspective historique, c’est le propos de ce dossier.

Les Colombiens sont vivants, ils ne subissent pas passivement leur destin souvent marqué par le poids d’une histoire coloniale et les diverses difficultés pour construire un projet de nation. Confrontés à une crise multiforme, ils et elles se lèvent tous les matins et pour certains inventent des formes originales de lutte et d’action dont les objectifs engagent souvent directement leur survie et leurs modes de vie. C’est le cas de certains groupes sociaux, souvent minorisés, tels que les Indiens, les Afrocolombiens, les déplacés, les habitants des quartiers populaires, les femmes, les ouvriers de la canne à sucre (industrie des biocombustibles), les gais, lesbiennes et transsexuels, entre autres. Leurs luttes vitales interrogent ce que le Politique veut dire, quel est son vrai site et qui sont ses véritables acteurs, tant elles débordent largement le cadre des structures ou partis politiques. En effet, les formes classiques de pensée et d’organisation politiques échouent souvent à représenter ces luttes, voire à les identifier, ou à les soutenir et les renforcer. Le dossier se poursuit avec d’autres articles en espagnol sur le site Internet de la revue Multitudes.