Au travers d’une logique de détournement des sources iconiques premières, les graffitis analysés pointent des problématiques très complexes de la vie sociale, politique, économique et culturelle de la Colombie. Trois arguments principaux nous permettent d’affirmer que ces graffitis-pochoirs représentent une voie privilégiée de l’opinion politique alternative : d’abord, ils encouragent la prise de position des spectateurs vis-à -vis des pouvoirs et le dépassement d’une prétendue neutralité politique. Deuxièmement, ces graffitis sont en mesure de générer des tensions et des remises en question des informations données par les médias, entourées d’une auréole de véracité quasi-religieuse. Enfin, les buts revendicatifs et le caractère militant du graffiti politique font de lui une voie de lutte contre le projet d’homogénéisation identitaire caractéristique des gouvernements de droite. Les graffitis seraient ainsi une forme d’expression symbolique des pouvoirs instituants, caractérisée par une certaine dimension de « pédagogie politique », du fait qu’ils comportent une invitation à la réflexion critique de la réalité colombienne.
Ironic Protests on the Walls
This article analyses graffiti-stencils, which embezzle their primary iconic sources, and address crucial problems of Colombia’s social, political, economic and cultural life. They represent a privileged means of expression to alternative political beliefs for at least three reasons: first, they encourage the spectators to take a stand towards the powers in place, piercing through attitudes of political neutrality. Second, they generate tensions and questionings of the information given by the media, which are surrounded with a halo of quasi-religious truthfulness. Finally, the militant character of these political graffiti allows them to fight against the project of cultural homogenization, characteristic of right-wing governments.