Paroles de Yankee recombinées par Kongo Astronauts
Tracasseries après tracasseries, je circule malgré moi dans le MATOLO mystique hurlé par des prophètes sur un power sound réglé pour que les fréquences sonores saturent… Cette démesure électrique de leurs paroles se dissout dans l’excès de volume et balance les paradoxes du nouveau monde sur mes parcours. « Donnez, et il vous sera aussi donné dans une mesure qui déborde… », « Vous êtes mon investissement. Si j’échoue, je perds, et vous devenez des criminels économiques car vous empêchez la réalisation du temple de l’éternel… ».
Qui donnera valeur à nos pleurs ? MATOLO au jour le jour pour te faire sentir ma souffrance. Faut TO CHOQUER, ainsi soit-il la compassion ! LOBI hier et demain c’est pareil. Errer et se mettre down sans orgueil parce que la main qui donne est supérieure à celle qui reçoit. Je me débrouille, je baratine, je gère pour au moins choper le petit rien qui va assurer mes cascades dans la street et m’informer des news qui circulent dans l’atmosphère.
TOLEKA, on bouge, faut TO TRACER, tout le monde dans le ROULING pour trouver de quoi exister. Chacun pour soi, Dieu pour tous ! Mais avec effo perso en slogan, je continue ma routine. Sortir sans programme, se trimballer la capitale dans la tête avec le hasard comme direction et si mon coup de poker s’est bien joué, si j’ai ramassé un marché, je fais le come back et je berli dans le vice versa. KOLIA NA BATU, je mange avec les autres car si je bouffe seul, le jour où j’aurai la dalle je crèverai en solo.
Même si la vie est belle, le monde est hardcore Papa. Même avec notre courage on est perçu comme des racailles abandonnées dans la Milky Way des fumoirs et des coins de la cité. YEBELA ! Le cri de fuite quand les BUREAUX 2 en civil de l’anti-drogue « Opération MUSUKU » menaient l’assaut dans les NGANDA de l’extase. YEBELA ! Un signal anti-rêve qui donne la prudence d’un visionnaire pour ne pas se faire coffrer. YEBELA ! Faire tout ce qui te tombe sous la main pour GRAYER et ne pas CRAKA, une exclamation qui motive et spécule sur l’espoir, qui te pousse à même accepter de creuser la terre dans un DEAL à bas prix quand tu as les poches complètement trouées. YEBELA ! La formule des caïds des réseaux de télécommunication pour vendre leurs crédits. Et oui la poésie virile du YANKEE de l’UNDERGRINAGE s’est transmutée en panneaux publicitaires avec smartphones pour le social réhab d’une nouvelle classe moyenne qui trône aujourd’hui sur les tribulations des MOUVANCIERS de l’ancien Zaïre.
Pour commencer à bien entrer dans les flux du CHICON, du FLY, de la MONEY, il me faut la maitrise de l’ARTICLE 15. Pépé Kalle a bien visé l’article de la débrouille. Les paroles de sa chanson résonnent en monotonie et nous collent à la peau comme un tatouage imprégné de la sueur des porteurs de colis routiers. KALAYI NGANGU, KALAYI TECHNIQUE ! La technique de l’intelligence, c’est sauve-qui-peut alors on s’invente CHAYER : BANA CIRAGE pour les paires, BANA VERNIS pour les ongles, BANA EFFET pour les clopes. On s’invente BANA KWATA au Grand Marché pour guider les clients dans les couloirs cachés où les prix sont meilleurs, on s’invente CAMBISTE ELECTRONIQUE, CHANGEURS… mais la traque policière se fait de plus en plus visible pour tous les petits boulots de la rue.
KAKA A LELAKA TE, KAKA A KO ZUA KAKA ! Même si tu manques, ça finira toujours par venir, pour tchecker l’avenir sans provision. EKOSIMBA, ça va aller, tu as saisi, ça tiendra. Dans le full MASOLO des histoires sans fin à l’embrouillement facile, j’apprends à bien tirer sur tous les coops qui bougent même si je vais m’épuiser dans l’agenda des filles à NDJENDA. NDJENDA l’homme source de profit pour concubines à la recherche de standing, un pour le STYLEE, un pour le RING, un pour le TCHETCHE, un pour le BLING BLING et le portable VIP connecté sur WIFI… Et si tu as la syncope du BLINKEN ou du MIKILISTE, verrouille bien les accès !
KOBUNDA, la vie est un combat ! L’arme de l’intelligence est le couteau à double tranchant de la PANGAISON. À coup de flatterie pour faire sortir l’argent des poches des patrons, on gagne par la haute précision de la considération qu’on leur donne. Une tactique que l’on ne peut pas rater car elle est réservée aux experts. Du MATOLO suprême qui vend le respect. Des bandes de SHEGUES, enfants des rues plutôt adultes zonent sur le boulevard, ils courent à la poursuite des voitures aux vitres fumées des célébrités de Kin en chantant des slogans à leur honneur pour obtenir quelques billets. Les mêmes célébrités font aussi l’honneur de leurs riches admirateurs en citant leur nom dans leur chanson, un service bien rémunéré. Du LIBANGA à gogo qui prend parfois plus de temps que la chanson elle-même.
Si tu es vraiment futé, diplomate et que tu as le charisme, tu sauras te rendre chic et élégant, tu sauras te rendre utile avec des semblants de tout avoir et de tout savoir dans ta machine à draguer sans carburant qui t’ouvre les portes des réseaux fermés. Attentif à tout ce qui se dit, tu peux devenir le rapporteur des rumeurs SONGI SONGI, t’introduire dans la vie des gens et obtenir leur confiance en les valorisant et en leur révélant les racontars les concernant. Être aussi à l’écoute de ce qu’ils te dévoilent pour rediffuser à d’autres leurs pensées intimes. Être à soi seul tous les chaînons du bouche-à-oreille, l’animateur d’un radiotrottoir bien payé qui fait le tour de la ville.
Nous serons peu à devenir le MVUAMA intouchable, un BOSS à jeeps et domestiques qui roule avec de belles femmes et fait étudier ses enfants en Europe. Et maintenant faut se taper les Blabla des théories du complot, bien cerner la teneur de ses Illuminatis qui semblent incarner le pouvoir, la guerre et le capital.
Sans dommages et intérêts.
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