Intelligences artificielles et créativité au sens extra-moral
Alors que Le Sony World Photography Award 2023 a été attribué à une œuvre générée par IA, que les scénaristes d’Hollywood manifestent dans les rues de Los Angeles, et que les Large Language Models sont appelées à prendre de plus en plus de place dans nos activités cognitives, il est urgent de se demander si la force de création humaine, celle des auteurs, des scénaristes, des artistes et même des scientifiques ne s’est pas aliénée dans la combinatoire. Les IA LLM ont-elles concrétisé « l’exploitation de niveau 2 » du capitalisme cognitif, c’est-à-dire l’exploitation totale de la force-invention (créativité, intelligence, innovation) ? Pour répondre à cette question, l’article propose d’entrer dans la combinatoire comme on rentre dans la Bibliothèque de Babel, c’est-à-dire de s’y perdre pour mieux s’y retrouver.
Artificial Intelligence and Creativity in the extra-moral Sense
At a time when the Sony World Photography Award 2023 has been awarded to an AI-generated work of art, when Hollywood screenwriters are protesting in the streets of Los Angeles, and when Large Language Models are set to take up more and more of our cognitive activities, it’s urgent to ask whether the human creative force—that of authors, screenwriters, artists and even scientists—has not become alienated in combinatorics. Have LLM AIs embodied the “level 2 exploitation” of cognitive capitalism, i.e. the total exploitation of the force of invention (creativity, intelligence, innovation)? To answer this question, the article proposes to enter into combinatorics as one enters into the Library of Babel, i.e. to lose oneself in order to better find oneself.