Le lundi 16 octobre 2023, le plan du pont principal du Navire Avenir est apparu à l’échelle 1 sur la Piazza du Centre-Pompidou. Sur place, un QR-Code conduisait à la plateforme www.navireavenir.eu et invitait le public à contribuer au financement du chantier naval. Un débat organisé le mercredi 18 octobre à 19h, au Forum 0 du Centre-Pompidou, présentait le projet, soutenu par une cinquantaine d’institutions culturelles européennes.
Quelle que soit leur localisation sur le continent européen, nos musées, théâtres, opéras, centres d’art, salles de concert donnent sur la mer, espace d’invention de nos écritures et de leurs métissages sans fin. Les parvis qui mènent jusqu’à nos bâtiments donnent sur la haute mer et les naufrages incessants qu’elle connaît. Il n’est pas un seul cahier des charges des institutions culturelles qui n’énonce quasi littéralement la promesse que, sur cet horizon maritime, il en soit tout autrement.
Le Navire Avenir, catamaran de 69 mètres de long, est le premier navire d’une flotte mondiale de sauvetage en haute mer, outil pionnier d’intervention, imaginé avec marins sauveteurs, rescapés, soignants, architectes, juristes, chercheurs et étudiants d’écoles d’art, de design, d’architecture d’Europe et d’Amérique du Sud. Il s’agit d’une œuvre échappant à l’infinie répétition des formes d’indignation et de déploration, nouant une relation affective et effective avec le monde. Il s’agit d’une œuvre commune, sans autre origine que celle d’un appel du lointain, de la haute mer comme des générations futures qui connaîtront des mouvements migratoires au centuple et auront le besoin vital que ces gestes de sauvetage et de soin leur aient été transmis.
Il s’agit d’une œuvre composée d’aciers et de droits, de textiles et de signes, de langues et de voiles, qu’un collectif sans bord ni frontière poursuit contre vents et marées. Il s’agit d’une œuvre qui exige le nouage des établissements et la convergence des directions des institutions assemblées. Il s’agit d’une œuvre collective en appelant d’innombrables, qui ouvre à la création de refuges de haute mer et de havres de terre ferme qui ne cesseront de manquer. Il s’agit d’une œuvre qui rend pensable et possible la nécessaire amplification des gestes de l’hospitalité vive. Il s’agit d’une œuvre qui donne à la création artistique comme à la construction de l’Europe un nouvel horizon.
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