Majeure 29. Narrations postcoloniales

“Draupadi”: Avant-propos de la traductrice

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Draupadi, protagoniste de la nouvelle de Mahasweta Devi publiée ici dans sa version anglaise, est une femme assujettie, mais capable de se rebeller, de résister jusqu’à la mort. Elle ne cherche pas la compassion. Son corps nu et mourant devant l’ennemi, elle résiste, son dernier acte est un acte de résistance dans lequel elle défie son ennemi de la (ren)contrer : pour la première fois, son ennemi, Senanayak, a peur, peur de faire face à un « objectif désarmé ». Mais qui est Senanayak ? Dans la nouvelle, Senanyak est un officier de l’armée du gouvernement du Bengale qui commande l’arrestation et l’humiliation de Draupadi, la femme qui a pris la tête de la révolte tribale au moment des luttes des Naxalites pour la réforme agraire, dans les années 1960. Mais dans sa préface à la nouvelle, Gayatri Spivak suggère de rapprocher la figure de Senanayak de celle de l’intellectuel du Premier-monde, coproducteur malgré lui des régimes d’exploitation et de domination dans le Tiers-monde. Son point de vue sur l’engagement des féministes occidentales est alors clair : « nous ne serons pas capables de parler aux femmes de là-bas si nous dépendons entièrement des conférences et des anthologies d’informateurs formés à l’Ouest ».

Spivak focuses on Draupadi, the protagonist in the short story by Mahasweta Devi published here in the English version. Oppressed, Draupadi is capable of rebellion, of resistance to the death. She does not seek compassion. Naked before the enemy, she resists : her last act is an act of resistance in which she defies her enemy with the force of an (en)counter. For the first time, her enemy Senanayak feels fear, the fear of facing an « unarmed objective ». But who is Senanayak ? In the story, Senanayak is an army officer for the government of Bengal who orders the arrest and humiliation of Draupadi, the woman who led the tribal revolt in the Naxalites’ struggle for agrarian reform during the 1960s. Significantly, Spivak relates the figure of Senanayak to that of the first-world intellectual, complicit in spite of himself in the regimes of exploitation and domination in the Third World. Her point of view concerning the commitment of Western feminists is clear: « we will not be able to speak about women over there if we depend entirely on conferences and anthologies of informants educated in the West