Mouvement des Indigènes de la République (24.06.2006)La FIDH et la LDH ont adressé le 20 juin dernier une lettre à France 2 et au CSA pour protester contre le projet « Les caméléons », produit par Extra Box, filiale d’Endemol (Loft Story, Star Academy, La Ferme des célébrités), pour France 2. Cette émission, affirment justement ces associations, « contrevient aux obligations de la principale chaîne publique qui doit selon son cahier des charges, « promouvoir les valeurs d’intégration, de solidarité et de civisme » et non le spectacle affligeant des vieux clichés de l’exotisme colonial. » Elles appellent France 2 à renoncer à « ce projet qui relève de la même idéologie que les zoos humains dans lesquels on exhibait les peuples colonisés. » La campagne contre ce projet avait été lancé à la mi-mai par l’association IRCA international [1 qui avait révélé l’affaire et mis en ligne une pétition (plus de 9000 signatures en quinze jours).« Nulle peuplade dorénavant n’aura le droit de rester barbare à côté des nations civilisées. » Alfred de Vigny (vers 1850)
Le principe des 9 émissions, commandées par la chaîne publique, consiste à filmer le séjour de six Occidentaux dans différentes communautés dites autochtones (Papous de Nouvelle-Guinée, chasseurs-cueilleurs Hadzabé de Tanzanie, Mentawaï d’Indonésie, des Miaos du sud de la Chine, nomades Mongols, etc.), en leur demandant de mimer les mœurs et les coutumes de ces peuples, le gagnant étant désigné par un ethnologue et par les chefs des villages (l’« expert » blanc et le « témoin » sauvage !). Grâce à la campagne initiée par l’IRCA, le concept de l’émission a été légèrement modifié. Le programme s’intitule désormais « Au bout du monde » mais l’esprit colonial qui l’anime est toujours là.
L’éditorialiste du magazine Le Vif, publié en Belgique, l’a parfaitement résumé : « La télé va vous montrer comment nous, les « civilisés », nous débrouillons pour vivre parmi les « sauvages ». En Nouvelle-Guinée, Monsieur pourra troquer son complet Calvin Klein pour un rustique étui pénien. Tandis que Madame, enfin délivrée de son soutien-gorge La Perla, brandira des seins fraîchement tatoués aux pigments végétaux. Les uns apprendront à chasser à l’arc ou à la sarbacane, les autres à griller des lézards ou à confectionner des gâteaux de sauterelles. Tous se plieront de bonne grâce aux rites locaux et singeront les danses de leur communauté d’accueil. Pendant que vous, confortablement calés dans votre canapé ivoire, pourrez sourire de leur gaucherie tout en découvrant les us et coutumes de ces « ailleurs » insolites. Voyeurisme ? Exhibition indigne ? Irrespect pour des civilisations différentes des nôtres ? Viol médiatique de peuples en voie d’extinction ? Allons donc ! Où est le mal ? Il faut décidément avoir l’esprit bien chagrin pour s’indigner d’un aussi noble projet de « rencontre des civilisations » ! Caméléons et bons sauvages »(16 juin).
Aux différentes voix qui se sont élevées contre cette émission, le directeur des programmes de France 2, répondait récemment dans Le Monde, qu’il s’agissait tout simplement d’« un jeu documentaire d’aventures qui offre une porte d’entrée gourmande, humaniste, joyeuse, au grand public, pour lui permettre de découvrir des cultures méconnues ». Des paroles qui ne sont pas sans rappeler les termes de Jacques Chirac à l’occasion de l’inauguration du Musée des Arts et civilisations, autre divertissement colonial que l’Etat destine aux plus « cultivés » (le « grand public », dont le cerveau est un appendice du tube digestif, ayant besoin d’une « porte d’entrée gourmande » pour ingérer, en même temps que ses patates, quelques notions de culture) : « C’est, je le crois, a donc affirmé l’humaniste Jacques Chirac, un évènement d’une grande portée culturelle, politique et morale. Cette nouvelle institution dédiée aux cultures autres sera, pour ceux qui la visiteront, une incomparable expérience esthétique en même temps qu’une leçon d’humanité indispensable à notre temps. Alors que le monde voit se mêler les nations, comme jamais dans l’histoire, il était nécessaire d’imaginer un lieu original qui rende justice à l’infinie diversité des cultures, un lieu qui manifeste un autre regard sur le génie des peuples et des civilisations d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques. »
Au moment même où le président de la république prononçait ces mots, quelque part au sein d’une peuplade primitive n’ayant pas eu la chance de bénéficier de l’« œuvre positive » de la colonisation, était tourné le premier épisode de « Caméléon/Au bout du monde ». A la rentrée, si l’on n’a rien de mieux à faire, on pourra ainsi suivre avec délectation l’expérience excitante de quelques Français plongés au cœur de la sauvagerie. Quant à ceux qui n’aiment pas la télé, ils pourront partager les frissons des « aventuriers » de France 2 en sillonnant le musée du Quai Branly.
Pour la programmation de l’année 2007, nous offrons gracieusement à Arthur, patron de la société de production Endemol, un nouveau concept d’émission qu’il n’aura évidemment aucun mal à vendre à l’une des chaînes publiques.
Concept de l’émission n°1 :
Titre : « Les fourbes »
Principe : Le jeu consiste en l’immersion dans un territoire perdu de la République de 12 adolescents pendant un mois. Vous êtes 12 « garçons arabes » âgés de 16 à 25 ans. Lassés par le cérémonial répétitif des « tournantes » que vous pratiquez assidûment (finalement, ça tourne en rond), vous décidez de retrouver votre identité religieuse, l’islam. Vous fréquentez la mosquée, renoncez à manger du porc et à boire du vin, vous laissez pousser votre barbe, apprenez quelques versets du Coran et autres hadith (notamment ceux qui prônent la violence à l’encontre des femmes, le meurtre des Juifs et le jihad), vous faîtes vos 5 prières quotidiennes et jeûnez pendant 30 jours. Vous écoutez pieusement les conférences de Tariq Ramadan et repassez en boucle les enregistrements vidéo de Ben Laden. Vous fabriquez quelques bombes et allez faire des repérages dans le métro ou dans quelques synagogues. Au terme de ce parcours, l’imam de la mosquée et Gilles Kepel désigneront un gagnant parmi les candidats, en l’occurrence celui qui aura su mieux que les autres calquer avec exactitude le comportement naturel d’un jeune de banlieue. Il pourra emporter chez lui un somptueux buste de Jules Ferry qui lui sera remis en main propre par Alain Finkielkraut et le président de SOS-Racisme. Les perdants ne partiront pas les mains vides puisqu’ils seront seulement condamnés à se faire exploser dans un attentat-suicide, ce qui leur permettra de faire réellement connaissance avec le principe des « tournantes » en compagnie des 70 houris qu’ils trouveront au Paradis.
Concept de l’émission n°2 :
Cette émission réservée à des adolescentes sera couplée avec la précédente. La première partie du jeu pourrait être commune aux deux émissions.
Titre : « Les menteuses »
Principe : Le jeu consiste en l’immersion dans un territoire perdu de la République de 12 adolescentes pendant un mois. Agées de 12 à 18 ans, vous êtes fatiguées d’être violées dans une cave par tous les garçons arabes du quartier. Vous décidez de retrouver votre identité religieuse, l’islam. Vous vous adonnez à la pratique rigoureuse des dogmes anti-républicains de cette religion archaïque, vous vous soumettez à votre père et à vos frères qui vous infligeront quotidiennement une correction vigoureuse. Vous portez une burka ostentatoire pour culpabiliser d’autres adolescentes arabes mécréantes et faire du prosélytisme auprès des jeunes filles françaises que vous croisez à l’école républicaine et laïque. Vous vous faites naturellement exclure de tous les établissements d’enseignements publics. Vous choisissez alors une école musulmane gérée par une organisation intégriste ou vous épousez immédiatement un terroriste qui vous mettra enceinte de 5 petits musulmans. Le premier sera antisémite, le deuxième anti-républicain, le troisième délinquant, le quatrième, enfin, sera homophobe. Quant au cinquième, ce sera une fille qui voudra s’émanciper ; une raison supplémentaire, donc, de l’enterrer vivante, de la faire incendier par un des garçons arabes qui grouillent dans les HLM ou de la lapider jusqu’à ce que mort s’en suive. Au terme de ce parcours, un imam et Gilles Kepel décerneront le premier prix à l’adolescente qui aura su reproduire le plus précisément possible la vie d’une jeune adolescente musulmane. La gagnante recevra un splendide buste de Marianne des mains de Caroline Fourest et Fadela Amara. Les perdantes ne seront pas trop déçues puisqu’elles bénéficieront d’un abonnement à vie à l’hebdomadaire « Charlie Hebdo » ainsi que d’un exemplaire dédicacé du dernier roman de Max Gallo intitulé « Fanatisme ».
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