Le capitalisme cognitif est une forme nouvelle de capitalisme, dans laquelle la production de connaissances et, plus généralement, ” la production de l’homme par l’homme” jouent le rôle principal, alors que, dans le fordisme, prédominaient la spécialisation des tâches, la recherche d’économies d’échelle et l’investissement matériel. Toni Negri et Carlo Vercellone soulignent les conséquences de cette novation : “Le phénomène clé n’est plus l’accumulation de capital fixe, mais la capacité d’apprentissage et de création de la force de travail.” L’efficacité ne réside plus dans les gains de temps de travail, mais dans les processus d’apprentissage et d’innovation. La capacité créatrice est dans la tête des détenteurs des connaissances, non dans celles du propriétaire des machines. Lequel, par le biais des droits de propriété et la privatisation du savoir et du vivant, vise à capter la part la plus importante possible de cette richesse produite par l’intelligence collective : d’où le retour de formes de rente.
Le processus de financiarisation, loin d’être, comme certains le soutiennent, l’élément moteur de la transformation du capitalisme contemporain, est également une réponse à l’apparition du capitalisme cognitif, ajoute Bernard Paulré. Une thèse reprise par Yann Moulier-Boutang, qui analyse la financiarisation comme un “gouvernement des nouvelles contradictions du capitalisme cognitif”.
Cette approche renouvelle et enrichit la problématique marxiste traditionnelle, en même temps qu’elle la bouscule. On regrettera cependant que les auteurs, quelque peu enfermés dans le jargon marxisant, présupposent un peu trop que les lecteurs connaissent et partagent leurs catégories analytiques, ce qui rend la lecture souvent difficile pour le profane et risque d’en écarter tous ceux qui ne partagent pas ces catégories. Alors même qu’il y a là des éléments majeurs pour la compréhension des transformations de notre société.
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