Tous les articles par Albert Ogien

E la nave va…
Notes sur la nature de la démocratie européenne, par

E la nave va…
Notes sur la nature de la démocratie européenne
L’Union Européenne vit sous un régime de démocratie représentative de type fédéral dont la particularité est d’être en vigueur dans un État qui n’est pas fédéral. Les critiques qui l’accablent aujourd’hui sont en grande partie liées aux ambiguïtés et aux impasses qu’engendre l’enchevêtrement, pas toujours très clair, des pouvoirs actuellement exercés par le Parlement, la Commission et le Conseil. Une autre partie de la critique est plus tranchante : elle récuse le principe même de la construction européenne en l’accusant d’instituer un déni de démocratie. Trois arguments étayent ce réquisitoire : le premier pointe la perte de souveraineté nationale ; le second le manque de représentativité des élus ; le troisième le déficit de légitimité des autorités en place. Des révisions apportées à chacun de ces trois facteurs permettraient-elles de conforter la démocratie dans le cadre européen ?

E la nave va…
Notes on the Nature of the European Democracy
The European Union lives under a federal system of representative democracy, the particularity of which is that it operates in a non-federal state. Much of the criticism levelled at it is related to the ambiguities and impasses created by the not always clear tangle of powers currently exercised by the Parliament, the Commission and the Council. Another part of the criticism is more trenchant: it challenges the very principle of European integration, accusing it of instituting a denial of democracy. Three arguments underpin this indictment: the first points to the loss of national sovereignty; the second to the lack of representativeness of elected representatives; and the third to the lack of legitimacy of the authorities in place. Would revisions to each of these three factors make it possible to strengthen democracy in the European context?

La question démocratique., par

La question démocratique
Politique et forme de vie
Si le système de gouvernement représentatif a perdu une grande part de sa légitimité, c’est que les personnes qui font l’expérience des manières ordinaires d’exercer les droits et devoirs attachés à leur statut de citoyen ont développé une conception du politique qui leur permet de porter des jugements sur l’action des pouvoirs publics, de contester la façon dont ceux-ci assurent le bien commun, et de revendiquer de nouveaux droits. Au lieu de considérer la disparition du consentement aveugle des gouvernés comme une preuve d’infantilisme ou d’irrationalité, il faut y voir l’extension de la vigilance des citoyen.ne.s à l’égard de ceux et celles qui les représentent. Cette vigilance tient sa légitimité de l’idée de démocratie comme forme de vie. La question démocratique, telle qu’elle se pose aujourd’hui, est celle de la reconnaissance de la capacité politique pleine et entière des citoyen.ne.s, à laquelle la pensée de l’antidémocratie s’oppose de façon obstinée. C’est à cette pensée qu’il faut donc renoncer.

The democratic question
Politics and life form
If the system of representative
government has lost much of its
legitimacy, it is because people who experience ordinary ways of exercising the rights and duties attached to their citizenship have developed a conception of politics that makes it possible to make judgements about the action of public authorities, to dispute the way in which they insure the common good and to claim new rights. Instead of considering the disappearance of the blind consent of the governed as a proof of infantilism or irrationality, it must be seen as an extension of the vigilance of citizens towards those who represent them. This vigilance derives its legitimacy from the idea of democracy as a form of life. The democratic question, as it is posed today, is that of the recognition of the full political capacity of the citizens, to which anti democracy thinking stubbornly opposes. It is to this thought that we must renounce.

Une République du XXIe siècle, par et

Une République du XXIe siècle

La vision de la République que diffusent ses idéologues contemporains n’est plus celle qu’en donnait Durkheim à l’époque du combat contre l’Église. Une des grandes différences tient à ce qu’elle institue un droit d’entrée à la citoyenneté : ne peuvent prétendre au titre de « vrais » citoyens que ceux qui adoptent et se plient sincèrement aux valeurs de la « nation ». Au contraire de cette définition exclusionniste de la République, accomplir la démocratie, c’est avoir le courage de refuser de n’exclure aucune des multiples voix qui s’expriment – même les plus odieuses. Cela implique aussi de comprendre la nature des phénomènes de domination envers des « minorités », bien au-delà de la seule question « post-coloniale ».

A Republic for the 21st Century

What is currently promoted as the Republican ideal has only little left to do with what Durkheim had in mind when fighting against the grip of the Catholic Church. Today’s advocates of the Republic institute a right of entry to citizenship: the only “true” citizens are those who fully adopt the values of the “Republic”. Against this exclusionist conception of the Republic, democracy can be defined by the courage not to exclude any of the multiple voices expressed in society—even the most disturbing ones. More importantly, this requires us to understand the many forms of domination imposed upon “minorities” which cannot be reduced to mere “post-colonial” issues.

Multitudes