Tous les articles par Sandra Laugier

La démocratie comme enquête et comme forme de vie, par

La démocratie comme enquête et comme forme de vie
La notion de forme de vie se retrouve aujourd’hui dans des contextes théoriques divers – Théorie critique, Wittgenstein, biopolitique, étude des styles et anthropologies de la vie. Elle permet de penser de nouvelles formes de critique et d’éthique dans un monde touché par le changement global et la radicalisation des inégalités sociales, sanitaires et environnementales. Au-delà de la vulnérabilité des formes de (la) vie humaine, apparue en situations de désastre ou de dénuement, le concept de formes de vie s’est également développé à l’articulation du social et de la vie pour décrire les diverses façons de faire inventivité et créer de nouvelles formes de vie. Cette présentation vise à rendre compte de la transformation en cours que signale cet usage dans des domaines tels le travail, la critique sociale ou l’innovation démocratique et les lieux où s’expérimentent de nouvelles formes de vie démocratique.

Democracy as an investigation and a form of life
The notion of form of life is actually found in various theoretical contexts – Critical Theory, Wittgenstein, biopolitics, study of styles of life and anthropology of life. It makes possible to think of new forms of criticism and ethics in a world affected by global change and radicalization of social, health and environmental inequalities. Beyond the vulnerability of the forms of (the) human life, sprung in situations of disaster or bareness, the concept of forms of life has also developed at the articulation of the social and the life, to describe the various ways of doing inventiveness and creating new forms of life. The purpose of this presentation is to report on the ongoing transformation of the use of this concept in areas such as work, social criticism or social innovation, as well as place where new forms of democratic life are experimenting.

Une République du XXIe siècle, par et

Une République du XXIe siècle

La vision de la République que diffusent ses idéologues contemporains n’est plus celle qu’en donnait Durkheim à l’époque du combat contre l’Église. Une des grandes différences tient à ce qu’elle institue un droit d’entrée à la citoyenneté : ne peuvent prétendre au titre de « vrais » citoyens que ceux qui adoptent et se plient sincèrement aux valeurs de la « nation ». Au contraire de cette définition exclusionniste de la République, accomplir la démocratie, c’est avoir le courage de refuser de n’exclure aucune des multiples voix qui s’expriment – même les plus odieuses. Cela implique aussi de comprendre la nature des phénomènes de domination envers des « minorités », bien au-delà de la seule question « post-coloniale ».

A Republic for the 21st Century

What is currently promoted as the Republican ideal has only little left to do with what Durkheim had in mind when fighting against the grip of the Catholic Church. Today’s advocates of the Republic institute a right of entry to citizenship: the only “true” citizens are those who fully adopt the values of the “Republic”. Against this exclusionist conception of the Republic, democracy can be defined by the courage not to exclude any of the multiple voices expressed in society—even the most disturbing ones. More importantly, this requires us to understand the many forms of domination imposed upon “minorities” which cannot be reduced to mere “post-colonial” issues.

L’éthique comme politique de l’ordinaire, par

Les éthiques du care, en proposant de valoriser des caractéristiques morales d’abord identifiées comme féminines, ont introduit des enjeux éthiques dans le politique, et mis la vulnérabilité au cœur de la réflexion morale. En cela, elles ont affaibli, par une critique de la théorie de la justice, le lien entre éthique de la justice et libéralisme politique, et rejoignent des éthiques qu’on pourrait appeler « wittgensteiniennes ». Mais elles permettent aussi, par l’attention qu’elles prônent à la vie humaine ordinaire, de créer un nouvel espace de la réflexion politique, que nous définissons ici comme une politique de l’ordinaire dans la lignée de la « philosophie analytique de la politique » que proposait Foucault. Il s’agit alors de mettre en évidence le lien entre notre manque d’attention à des réalités négligées et le manque de théorisation qui les affecte.

Ethics as politics of the ordinary
Ethics as politics of the ordinary
The ethics of care has contributed to revise a dominant conception of ethics, by valuing what has been identified as female morality and by introducing ethical stakes into politics. It has weakended, through its critique of theories of justice, the seemingly obvious link between an ethics of justice and political liberalism, in the same way as other ethical trends, e.g. Those issued from readings of Wittgenstein. They also allow, by their attentiveness to ordinary human life, to open a new space for political thought : something we call here a « politics of the ordinary », following a suggestion by Foucault in his lecture on « Analytical philosophy of politics » (1978). The aim is here to show the connection between our inattentiveness ou carelessness for neglected realities and situations, and the lack of theorization that affects them.