Jhonel, de son vrai nom Hamani Kassoum Himou, est un artiste, slameur, auteur et interprète nigérien1, âgé d’une trentaine d’années ; il est aussi le fondateur en 2012, à Niamey, d’un festival de slam et d’humour2. Fils de nobles zarma du Niger, il a grandi en Côte d’Ivoire avant de revenir à Niamey en 2005 en tant que slameur. Jhonel a commencé à 14 ans par le rap, tout en s’inspirant de l’art oratoire des griots du Niger. Il devient ensuite chanteur de reggae et, alors qu’il devait se produire au Festival de la Mode en Afrique (FIMA), se voit obligé d’improviser en l’absence de son guitariste Il se met alors à déclamer ses textes. Après sa prestation très appréciée du public, des Français·es sont venus lui dire que son slam leur plaisait. C’est à cette occasion qu’il entend parler pour la première fois de « slam ». Il finit par accepter cette étiquette, mais continue à se définir comme « griot moderne ». Sa famille ne pouvait l’imaginer embrasser une telle carrière, car la prise de parole publique – à l’instar de celle du griot – est humiliante pour un noble. C’est pourtant cette voie qu’il choisit et son succès est rapide dans les années 2010 grâce aux réseaux sociaux, tout en portant une grande attention à la publication de ses textes3. En multipliant les canaux de diffusion, il tire parti tout à la fois des réseaux numériques, où il publie gratuitement ses clips, et des ressources de légitimation, puisqu’il édite ses textes chez L’Harmattan, une maison d’édition bien implantée en Afrique et a sorti en tant que vainqueur de la 10e édition du « Rêve africain4 » un premier album chez ce label5. La majeure partie de ses chansons est en français, mais il slame également en zarma et insère parfois des vers en arabe ou en haoussa.
Se définissant lui-même comme un « griot moderne » (voir le slam Sanniize : « Enfant de la parole », 2019), il s’inscrit dans la filiation des « maîtres de la parole » pour brosser un portrait parfois ironique, parfois empathique, mais toujours profondément engagé de la vie nigérienne contemporaine.
Nous allons dans un premier temps retracer la trajectoire de Jhonel pour analyser comment il conçoit la prise de parole politique dans la cité, car, en glissant de la parole du griot vers la parole du slameur, il délaisse en réalité la représentation de la voix des puissants, autrement dit des nobles dont le griot chante les louanges, au profit de celle des opprimés. Nous prendrons le temps à cette occasion de rappeler le rôle du griot en contexte zarma, qui inspire très largement Jhonel, tout en montrant le « pas de côté » qu’il réalise à partir de cette position du maître de la parole. Nous nous focaliserons ensuite sur Politicien6, un slam très contemporain en lien direct avec l’actualité publié sur Youtube et Facebook, juste avant les élections présidentielles de 2020-20217, et le mettrons en perspective avec Kay Diaa 8, un autre slam contemporain également écrit en réaction aux inondations qui ont touché Niamey en août et septembre 2020. Dans les deux cas, Jhonel revendique son engagement politique, dans le texte même de ses slams bien sûr, mais aussi par ses prises de parole, dans les médias9, comme sur les réseaux sociaux. Il adopte une posture moralisatrice, de surplomb, pour tancer les puissants de quelques traits satiriques mordants, et affiche dans le même temps les souffrances du peuple. C’est cette volonté de parole « populaire » qui nous intéressera ici, dans un enchâssement des voix et de mécanismes de porte-voix : de quel engagement en faveur « du peuple » est-il question exactement ? Et quelle place occupe le slameur aujourd’hui au Niger ?
Parole de griot / parole de slameur, voix des puissants / voix des opprimés : trajectoire d’un « griot moderne »
Jhonel joue ainsi de son rôle de griot moderne (« griot 2.0 » comme il se présente sur son site10) : il n’est plus le porte-parole des puissants comme l’étaient autrefois les jasare, griots généalogistes et historiens zarma11, mais il se pose au contraire comme un témoin acerbe des injustices du présent et un émissaire des sans-voix. Son tableau des migrations intra-africaines (Je pars d’ici, parution sur internet en 2013 / repris dans un album en 2021) dresse une image de la sous-région marquée par la corruption et l’insécurité. L’heure a sonné (2014), présente une jeunesse désœuvrée, sans perspective professionnelle, dans des quartiers populaires délaissés par les autorités, dont témoigne également Ils ne sont que des pauvres (sur internet en 2016 / sur album en 2021)12. La dénonciation du rôle que joue l’argent dans le monde contemporain (notamment dans Elle n’est pas collante mais exigeante, écrit vers 2013 mais jamais parue), la mise en scène d’une élite corrompue, l’appel à une communauté imaginée (Niamey, cour commune) sont autant de traits qui caractérisent son écriture.
Ses textes, particulièrement appréciés à Niamey mais aussi en Afrique et dans la diaspora africaine en général13, cherchent à s’inscrire dans la réalité urbaine contemporaine et visent à produire un « impact » sur la vie sociale et politique nigérienne : en cela ils sont « politiques » au sens noble que lui donne Neveux dans son analyse du théâtre14. Ils sont aussi « contextuels »15 en ce qu’ils appellent à une « participation » du public, qui est précisément celui des quartiers populaires niaméens, que ce soit lors des concerts ou lors des clips (où on voit les jeunes des quartiers participer volontairement aux tournages).
Jhonel travaille notamment avec l’association « Goni » spécialisée dans l’intervention, la participation citoyenne et l’inclusion sociale à travers les arts et la culture. Il a ainsi participé au projet « À toi la parole », financé par #Voice à travers Oxfam Niger, qui entend amplifier la voix des personnes handicapées au Niger16. Cette prise de parole insérée dans la ville, en résonance directe avec son public, se branche également à d’autres lignes de réception, comme lors de sa participation à des mises en musique, via l’UNICEF, pour dénoncer les conditions de migrations en Afrique. Ces lectures et mises en scène de soi à plusieurs échelles révèlent les différentes stratégies d’un artiste capable de jongler avec des instances commanditaires différentes afin de financer son propre parcours artistique. À chaque fois, il s’agit pour lui de pouvoir répondre à des commandes nationales ou internationales qui le financent sur des thèmes considérés traditionnellement comme « engagés » (la défense des droits humains, l’aide au handicap, etc.), tout en développant ses textes personnels.
Ce jeu autour du statut du griot zarma – le jasare, porteur de la voix et de la mémoire des nobles – et de son renouvellement dans la poésie slamée de Jhonel se voit singulièrement dans le slam 1 000 poèmes sorti sur internet en avril 2020. Jhonel imagine qu’un matin, les habitants d’une ville du royaume imaginaire du roi Salam, découvrent à leur réveil « 1 000 poèmes écrits et apposés / sur tous les murs de la cité ». Ces vers révèlent la face sombre des habitants et leurs secrets enfuis, constituant ainsi autant de portraits satiriques et véridiques des habitants de la cité : les poètes, naturellement accusés du méfait, sont alors traqués par le roi Salam. Mais un nouveau personnage, interprété par Jhonel, se présente en majesté devant le roi17 : slamant et haranguant la foule, il déclare être le véritable auteur de ces portraits.
Jhonel réactive ici le rôle de ces maîtres de la parole que sont les griots d’Afrique de l’Ouest, en rappelant à ses auditeurs des exemples du passé : Touré, Olympio sont tour à tour cités, en tant que précédents historiques dignes d’être imités. Le premier, c’est Sékou Touré, qui s’est opposé à la France pour exiger l’indépendance de la Guinée dès 195818 ; le second, c’est Sylvanus Olympio, premier président du Togo, assassiné en 1963, et grande figure des indépendances africaines. Si Jhonel joue de son rôle de griot pour s’adresser au roi, il ne s’agit pourtant pas pour lui de chanter ses louanges, ni de lui adresser un blâme indirect comme peut le faire un jasare19. Les jasare étaient en effet des dépendants et ne pouvaient pas adresser des critiques trop frontales aux puissants, aux dépens desquels ils vivaient. Ils usaient donc constamment des détours et des euphémismes. Au contraire, ici, Jhonel use de son art oratoire pour énoncer publiquement et frontalement les vices de chacun, roi et sujets, leur nature cachée et inavouée, en autant de portraits individuels au vitriol. Ce slam met donc en abyme le procédé de renouvellement de la langue poétique que Jhonel revendique à l’intérieur du système de prise de parole zarma : en incarnant le vrai, il veut tendre un miroir à la société. Il n’est plus question pour lui d’établir d’illustres généalogies ou des flatteuses élégies à la gloire des puissants, comme pouvaient le faire les jasare. Partisan d’une vérité nue, il dénonce les hypocrisies religieuses autant que la corruption politique et prend le parti des faibles et des opprimés, dont il se fait le porte-parole.
Le refrain en malinké (avec une amorce en arabe) est chanté par Diamy Sacko20, une griote malienne, qui a créé un refrain sur la communauté et le vivre-ensemble en arrangeant pour les besoins du slam la mélodie d’une ancienne chanson du Mali. En collaborant ainsi avec une artiste malienne, Jhonel renforce sa posture de « griot » moderne : il enracine symboliquement son œuvre dans le Mali – symbole du monde griotique d’Afrique de l’Ouest – et l’internationalise. Il valorise ainsi non seulement sa position de slameur, mais sa critique franchit les frontières de son pays pour s’adresser à l’ensemble du continent, ce qui lui permet d’éviter d’affronter le gouvernement nigérien trop frontalement.
Cet ethos de moraliste fait la spécificité du parcours de Jhonel, descendant d’homme libre qui choisit de se positionner comme griot, mais un griot particulier qui ne serait affilié à aucun maître, si ce n’est ce « peuple » au nom duquel il parle. L’enchâssement des voix – Jhonel parlant au nom des « sans-voix » et s’adressant aux puissants – rend compte d’un statut énonciatif de « griot moderne », qu’il contribue à définir dans et par sa pratique poétique.
Réagir sur le vif en poète : des « sons qui collent à l’actualité »
En septembre et octobre 2020, il publie coup sur coup deux chansons : Kay Diaa (« Saison des pluies ») et Politicien, dont il dit dans un entretien au journal Le Sahel qu’elles « collent à l’actualité21 », l’une en zarma, l’autre en français. Cette volonté de documenter sur le vif l’actualité sociale et politique est caractéristique de son parcours mais jamais sa réplique musicale à l’actualité n’aura été si rapide. Dans Kay Diaa, le slameur dresse en zarma un bilan des dévastations (des maisons effondrées, des centaines de milliers de personnes déplacées) au cœur même des quartiers populaires de Niamey22. Dédié aux personnes sinistrées, ce slam en lui-même est relativement sobre et mesuré : il épargne la classe politique nigérienne, pourtant accusée dans la presse d’opposition d’inaction coupable23 face aux inondations. L’explication de cette sobriété réside sans doute dans le fait que Jhonel prépare au même moment un texte beaucoup plus acide sur la classe politique en général, tandis que les campagnes électorales battent leur plein : il ménage donc des effets d’attente, en privilégiant d’abord une attitude de déploration, en soutien aux victimes et aux déplacé·e·s, avant, dans un second temps, d’attaquer plus frontalement le gouvernement avec Politicien (38 000 vues au 13.09.2021)24 et vise un public plus large que la seule population niaméenne, voire en partie internationale ; d’où l’utilisation du français.
Le dispositif énonciatif de ce slam est complètement différent de celui de Kay Diaa (dédié aux sinistré·e·s et faisant participer ces dernier·ère·s au tournage du clip). Jhonel apparaît d’ailleurs dans Politicien comme figure tutélaire, ornée d’un pagne qui lui tombe élégamment sur l’épaule, en référence aux cartes postales dépeignant le roi du Dahomey, Béhanzin25. Mais il effectue un « branchement », pour reprendre le terme d’Amselle26, entre ce rôle de chroniqueur historique et celui de commentateur de l’actualité immédiate, ancré dans le réel.
Le contexte électoral a été particulier cette année-là : pour la première fois de son histoire, le Niger vit une transition démocratique, sans mainmise militaire ou coup d’État. Afin de succéder à Mahamadou Issoufou (2011-2021), le PNDS (Parti Nigérien pour la Démocratie et le Socialisme) au pouvoir a choisi Mohamed Bazoum. Il gagne au second tour contre Mahamane Ousmane du RDR (Renouveau Démocratique et Républicain), un ancien président de la République. Ce dernier conteste toujours la victoire de Bazoum à l’issue du second tour des élections, dénonçant de nombreuses fraudes dans le décompte des voix. Plusieurs manifestations ont succédé aux résultats officiels du second tour des présidentielles, suscitant des coupures internet inédites dans le pays, pendant dix jours. Jhonel ne prend pas parti dans ce slam pour l’un ou l’autre des candidats : en cela son engagement est avant tout citoyen et non pas militant d’un parti politique. Il se contente de dénoncer une pratique très répandue lors des campagnes électorales, et ce, de part et d’autre de l’échiquier politique : la distribution de liquidités et de nourriture pour s’assurer le vote des quartiers populaires et des villages. Cette dénonciation par Jhonel lui permet de ne heurter aucun partisan, en s’accordant sur une dénonciation globale des pratiques de la classe politique en général.
L’ouverture de son texte est le suivant : « Avec mon père le voyageur, j’ai appris à connaître les hommes et la nature / afin de comprendre la nature des hommes », vers qu’il reprend d’un slam précédent « Sanniize » (Fils de la parole). Sachant que les griots se disent « fils de la parole et fils de voyageur » et que son père était un migrant en Côte d’Ivoire, il branche donc sa propre généalogie biologique à une généalogie mythique. Il se positionne ainsi véritablement en griot, en explicitant son cheminement et sa trajectoire. Dans le clip, le politicien va lui donner une liasse de billets de francs CFA et Jhonel veut la lui rendre. Le politicien lui dit : « C’est cadeau, mon frère ! ». Jhonel prend les billets et les jette, ce qui fait réagir le politicien : « Eh c’est de l’argent, mais Monsieur vous êtes malade, on vous donne l’argent, vous refusez ! » Jhonel joue entre la position du griot, dont la parole est habituellement récompensée par de l’argent, et sa propre posture de refus d’achat des votes. Il refuse ici sa position de débiteur pour assumer une position de « griot » libre qui parle et qui n’a pas besoin d’être récompensé. Sa posture est donc celle d’un moraliste indépendant27.
Jhonel alterne entre des phrases longues où il dresse un tableau de la politique nigérienne et des phrases très courtes fonctionnant selon un effet-slogan, comme « L’argent aboie la conscience passe », qui joue sur le proverbe « les chiens aboient, la caravane passe ». Ce jeu en français peut s’interpréter diversement : tandis que le proverbe initial rappelle que les médisants n’empêchent pas un homme déterminé à poursuivre son chemin, le sens semble s’inverser ici puisque le spectaculaire des donations en nature (où l’argent est animalisé) mène à une perte de dignité de celui qui les reçoit. Mais le sens de cette expression n’est pas totalement fixe et il peut aussi signifier que l’argent déshumanise les donateurs, en les transformant éventuellement en canidés, méprisés à Niamey. La structure finale en chiasme « Tu feras un bon commerçant / Avec ton argent / Avec ton argent, un mauvais politicien » oppose très nettement l’argent et la pratique politique. Le politicien est rabaissé au rang de commerçant avec une ironie acide.
Conclusion
En conclusion, Jhonel, slameur qui joue sur les langues et sur les répertoires, défie aussi les normes de la société zarma en se posant en griot, alors même que ce statut est décrié dans sa communauté d’origine : être jasare pour la noblesse zarma, c’est appartenir à un groupe social inférieur aux nobles, un groupe de beaux parleurs dans une société où la parole rare est louée. Le slameur détourne les codes du griot, en proposant une critique sociale frontale, là où les jasare zarma privilégieraient la parole détournée, et en inversant le rapport entre celui qui parle et celui à qui il s’adresse. En effet, si les jasare sont à la fois décriés et appréciés, c’est parce que les hommes libres ont besoin d’eux pour être loués et asseoir leur réputation et leur pouvoir. Le slameur joue de ce pouvoir de la parole pour opérer une critique sociale en se mettant en scène dans le rôle d’un homme qui aurait choisi d’être griot et qui s’affranchirait de la dépendance qui le lie aux nobles.
Dès lors, Jhonel est-il rebelle ? Il se rebelle contre les préjugés de sa société (hiérarchie sociale « traditionnelle ») et se saisit de la parole pour défendre la cause des plus démunis. Il met sa voix au service de la justice sociale et fustige toutes celles et ceux qui profitent du système pour le mettre à leur propre service. Mais plus que cela, c’est un artiste qui, venant de la strate sociale dominante, a choisi de se retirer de la place assignée à son rang pour prendre la place de ceux qui, traditionnellement, font la louange de ses semblables, les griots. Il pervertit ensuite sa mission, puisqu’il met sa parole non pas, comme il le devrait, au service de ceux-là, mais contre eux, sachant alterner entre les temporalités politiques, et user de divers registres pour diverses instances dédicataires.
Le parcours de Jhonel permet donc de réévaluer la notion d’engagement de l’artiste, trop souvent analysée en termes binaires, qui sont, en réalité, eurocentrés. Jhonel se joue des catégories en sachant très bien jouer la carte de l’engagement politique pour pouvoir répondre à des commandes internationales, tout en développant dans le même temps sa propre poésie. Par ailleurs, il sait également très bien, au niveau nigérien, jouer des temporalités et des degrés de critique pour dresser un tableau sans concession de la classe politique nigérienne. Il manie donc avec grande finesse les échelles et les niveaux d’engagement politique, dans un contexte africain où les chanteurs, les rappeurs et les slameurs revêtent une importance grandissante dans la politisation des jeunes citoyens28.
1 Nous avons publié un texte commenté de Jhonel (Ils ne sont que des pauvres), dans le numéro spécial « Oralités contestataires » des Cahiers de Littérature Orale sous le titre « Jhonel, une voix en lutte contre les inégalités » (2020, https://journals.openedition.org/clo/6622). Nous en reprenons ici quelques éléments de contexte, sur la trajectoire de Jhonel notamment, même si nous nous concentrons dans cet article sur trois autres de ses textes.
2 Aujourd’hui, on retrouve le festival de slam et d’humour (F.I.S.H.) dans d’autres pays africains, comme la Guinée, la Mauritanie et le Mali. Le festival de slam et d’humour (F.I.S.H) / Goni (Niger) a donné le coup d’envoi au F.I.S.H / Mali, aujourd’hui l’un des plus importants festivals de slam et d’humour d’Afrique francophone ; et a également essaimé en Guinée et Mauritanie.
3 Jhonel, Cour commune, Paris, L’Harmattan, 2014. Il a aussi écrit un roman intitulé Un talaka sur la montagne, non édité, inspiré de son slam Ils ne sont que des pauvres, qu’il cherche à publier dans les années à venir.
4 https://lereveafricain.wixsite.com/lereveafricain/projets (consulté le 8 mars 2021).
5 L’album est intitulé Ils ne sont que des pauvres et comprend 8 titres, dont les deux examinés dans cet article (www.qobuz.com/ie-en/album/ils-ne-sont-que-des-pauvres-jhonel/nz1kp94w4s7lb). Précédemment, il avait édité deux albums : Sous le ciel bleu (2011), un CD de promotion pour les médias, et Salamaleikoum (2013), non diffusé.
6 Jhonel, Ma conscience n’est pas à vendre (sous-titre : Politicien) », publiée le 15 octobre 2020 (consulté le 2 mars 2021). www.youtube.com/watch?v=ic7DZPEYlAI.
7 20.12.2020 : 1er tour ; 21.02.2021 : second tour.
8 Jhonel, Kay Diaa publié le 18 septembre 2020, (consulté le 2 mars 2021, www.youtube.com/watch?v=V-q9zLYTSNk). Le zarma a été transcrit par Jhonel lui-même, que nous conservons.
9 Voir son intervention sur une chaîne privée nigérienne Labari (RTL-Niger) après que la France a placé, en août 2020, le Niger en zone rouge sur sa liste des pays à risque : https://m.facebook.com/jhonelslam/posts/3740188189327017?locale2=ne_NP. Voir aussi le lancement du Mouvement Dynamique Citoyenne : www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=137463274762121&id=121149846393464
10 www.griotmoderne.com. Il a en outre une chaîne youtube avec 9 650 abonné·e·s.
11 Bornand Sandra, 2005, Le discours du griot généalogiste et historien chez les Zarma du Niger, Paris Karthala.
12 Cf. Bertho & Bornand, 2020, précédemment mentionné.
13 La vidéo la plus vue, « 1 000 poèmes », a atteint 142 000 vues au 14.09.2021, et ses chansons sont abondamment commentées et admirées sur les réseaux sociaux.
14 Neveux Olivier, 2019, Contre le théâtre politique, Paris, La Fabrique.
15 Ardenne Paul, 2002, Un art contextuel, Paris, Flammarion.
16 https://voice.global/fr/blog/slameur-en-10-jours/ (consulté le 8 mars 2021).
17 Le roi arrête tous les passants, sauf Jhonel. Le slameur a repensé à une anecdote que Sandra Bornand lui avait raconté à propos du président Seyni Kountché et du jasare, Djéliba Badjé, avec qui elle avait travaillé.
18 Voir Goerg Odile, Pauthier Céline & Diallo Abdoullaye, 2010, Entre mythe, relecture historique et résonances contemporaines, Paris, L’Harmattan.
19 Par exemple, « Certains garçons sont comme des fruits de l’Annone du Sénégal », soit comme ceux d’un arbre n’ayant aucune valeur. L’interprétation diffère selon que la personne louée récompense ou non le griot : dans le premier cas, elle est l’inverse de ces fruits ; dans le second, elle est sans valeur à l’instar de ceux-ci (cf. Bornand, 2005).
20 www.youtube.com/playlist?list=PLa5pwI2iXFaL2NbIdzYmwpXgW200R0orq (consulté le 8 mars 2021, l’orthographe du nom de la chanteuse varie selon les morceaux).
21 Aïssa Abdoulaye Alfary, « La contribution des artistes dans le processus électoral du Niger », le Sahel, 6 novembre 2020, www.lesahel.org/la-contribution-des-artistes-dans-le-processus-electoral-au-niger-les-artistes-nigeriens-jouent-leur-partition/ (consulté le 2 mars 2021).
22 Le Monde dresse un bilan provisoire de 200 000 déplacés le 28 août 2020, www.lemonde.fr/afrique/article/2020/08/28/inondations-au-niger-au-moins-45-morts-et-plus-de-200-000-sinistres_6050140_3212.html (consulté le 2 mars 2021).
23 Voir cet article de Balima Boureima qui relaie l’initiative de députés interpellant le gouvernement www.nigerfocus.com/inondations-2020-des-deputes-de-lopposition-interpellent-le-gouvernement, (consulté le 2 mars 2021) ; un autre exemple de cette colère contre le gouvernement ici : www.tamtaminfo.com/des-inondations-qui-causent-des-degats-incalculables-sur-tout-le-continent-par-faute-danticipation (consulté à la même date).
24 Ce slam répond à une commande sur la « bonne gouvernance » de SOS-civisme dont le nom figure à la fin du clip. Plus d’informations sur l’association dans le descriptif de la page d’accueil : http://soscivisme-niger.org/presentation/ (consulté le 2 mars 2021). Jhonel se refuse parfois à changer ses textes lorsque ses commanditaires demandent des reformulations. C’est le cas pour ce texte où la notion de « gros ventre » pour désigner les élites politiques corrompues a posé question (l’articulation « bouffer / manger l’argent » est une expression lexicalisée pour désigner la corruption).
25 Voir l’entretien au Sahel, précédemment cité.
26 Amselle Jean-Loup, 2001, Branchements. Anthropologie de l’universalité des cultures, Paris, Flammarion.
27 En zarma, talaka signifie à l’époque précoloniale « dépendant », mais avec le temps il a acquis un second sens : celui de pauvre. Jhonel se positionne comme homme libre, indépendant, qui défend les plus faibles. En haoussa, talaka signifie plus largement « homme du peuple », le terme dans les deux langues est dérivé de l’arabe (ta’allaq (« être attaché à…, dépendre de… »).
28 Voir dans ce numéro le texte de Maëline Le Lay pour des cas semblables d’engagement en RDC.