On commence tout juste à saisir les États de la terre, à mesurer l’ampleur des effets des États et des empires industriels sur l’atmosphère. Lorsque l’Europe était au centre du monde, le développement industriel apparaissait comme « progrès » et « civilisation ». L’Europe était le grand pionnier, le sujet de l’histoire. L’horizon d’une possible catastrophe mondiale s’énonce désormais comme le secret du mot de « civilisation ». L’Europe cesse d’être seule responsable, seul sujet de l’histoire. La prolifération du concept d’Anthropocène suggère désormais que l’Humanité est responsable du réchauffement climatique. Ce mensonge est intenable, recouvrant la vérité toute terrestre sur laquelle reposait la « mission de civilisation1 ».

Comment saisir le rôle spécifique que l’Europe a joué dans l’avènement du réchauffement climatique avec l’Angleterre et les États-Unis d’Amérique ? La révolution industrielle a conduit, à partir de 1830, à la formation d’un modèle économique inédit fondé sur l’extraction et la combustion du charbon2. Si le concept d’Anthropocène participe à recouvrir le rôle spécifique de l’Europe dans l’avènement du réchauffement climatique, le concept de Capitalocène qu’on lui oppose souvent conduit peut-être à recouvrir le rôle des États et de leurs impérialismes dans ce bouleversement. Une critique du capitalisme-fossile sans une critique de l’État-fossile, dont l’impérialisme dépend, demeure incomplète.

Cet article entend contribuer à l’analyse des idéologies impériales de l’industrialisme-fossile et des formes de rationalité qui ont émergé avec le réchauffement du climat. Les grands États-fossiles européens sont indissociables des songes d’empire qui font battre le cœur de leurs idéologies. L’État impérial tel qu’institué par Bonaparte a probablement été un dispositif d’introduction du capitalisme-fossile en Europe par la puissance d’une industrie aux bras armés. Son impérialité s’est greffée à la chair des États européens eux-mêmes, de leurs industrialisations de rattrapage, bien avant de venir hanter les projets de leur Union. Les États modernes européens ont donc joué un rôle crucial dans le réchauffement climatique à l’échelle planétaire. Parce que la bourgeoisie capitaliste a exercé un pouvoir proprement politique à travers l’impérialisme, ce dernier a contribué à faire des États européens « développés » autant d’États capitalistes et fossiles. Le capitalisme continental européen s’est construit dans une rivalité mimétique avec l’Angleterre. Contre l’hégémonie de l’Angleterre sur les mers, l’industrialisation a été introduite par des réformes impulsées par des États rivaux et qui ont revendiqué, l’un contre l’autre, l’empire sur le continent européen.

L’Union économique

Le Système national d’économie politique, publié en 1844 par Friedrich List, développe une théorie des conditions d’industrialisation des États3. Père du protectionnisme allemand, List amorce une critique du libre-échange alors dominant. Le Système n’est pas seulement la théorie de l’impérialisme industriel allemand mais de ce que nous pourrions nommer l’Union des États-fossiles de l’Europe. En voulant combler le retard de l’Allemagne sur l’Angleterre capitaliste par une industrialisation de rattrapage, List énonce deux projets interdépendants : l’Union des pays d’Europe et la colonisation du monde. La domination de l’Europe centrale par l’Allemagne apparaît comme la condition de développement d’un capitalisme fondé sur l’extraction des énergies fossiles et des ressources du monde « tricontinental » : l’Amérique, l’Asie et l’Afrique. List est aussi le promoteur d’un projet d’union douanière des États allemands et de l’Autriche qui voit le jour en 1834 sous le nom de Zollverein. Il s’inscrit dans le cadre d’une théorie systématique qui statue sur l’ensemble du devenir historique des civilisations en fonction de leur économie. List conçoit cette union douanière et commerciale comme un premier moment nécessaire dans la formation d’une union économique entre des nations également développées, contre l’hégémonie de la Grande-Bretagne. Ces unions économiques et politiques sont les étapes d’une égalisation socio-économique des nations qui ne peut qu’être progressive. Le but de ces unions est cosmopolitique : établir la paix perpétuelle par l’Union.

L’Union européenne devient alors une étape décisive dans la formation d’un internationalisme-fossile. Cette Union devra rivaliser avec les États-Unis et la Russie. Dans le Système national, l’Union européenne réunit les puissances du continent. L’Angleterre ne saurait, dès lors, être considérée comme un agent décisif de la création d’une telle Union mais elle est appelée à la rejoindre, lorsque les États-Unis l’auront détrôné de sa position hégémonique dans le capitalisme mondialisé. Ce projet d’Union européenne réincarne un Empire mort de ses propres guerres par la paix. Napoléon Bonaparte est le précurseur militaire d’une Union économique. Il annonce ce vrai Empire d’Europe qui sera une Union pacifique, économique et fédérale. Le but de Napoléon était louable, selon List : rivaliser avec l’Angleterre en créant une vaste union continentale européenne. Mais parce que ce Premier Empire européen a été fondé sur la conquête, il a échoué en suscitant une crainte généralisée par l’invasion des autres nations européennes4. L’Empire est donc autant un modèle de l’Union européenne qu’une menace de division dès lors que l’empire européen devient un impérialisme militaire, une colonisation des pays faibles par les pays forts du continent européen. C’est pourquoi, écrit List, « une alliance continentale n’aura de résultats qu’autant que la France saura éviter les erreurs de Napoléon ». La France doit donc revoir certaines de ses prétentions impérialistes pour pouvoir entrer dans l’Union européenne car il est insensé « de parler de la Méditerranée comme d’un lac français5 ». C’est bien l’Allemagne qui, pour List, est à même d’éviter les erreurs de Napoléon et de réaliser le véritable Empire d’Europe, empire auquel l’Europe semble être appelée. La France devra, tôt ou tard, l’accepter et s’y soumettre.

Le projet impérial d’Union européenne suppose une élection de l’Allemagne au titre impérial. Cette élection procède de la position géographique de l’Allemagne au centre du monde, entre Orient et Occident. L’Allemagne est la Mitteleuropa : centre de l’Europe et Europe du centre, Europe du milieu et au milieu des deux mondes. Une nouvelle politique européenne devrait ainsi, selon List, procéder à partir de l’unification première de l’Europe centrale, qui non seulement unifie les pôles est et ouest du continent mais l’Occident et l’Orient eux-mêmes.

La condition de développement de cette Union européenne est la formation d’un impérialisme économique allemand. Dès lors, l’Europe ne pourra s’unir qu’à condition d’unir l’Europe centrale sur les décombres de l’Empire ottoman. C’est ce que, affirme List, seule l’Allemagne peut faire par l’extension de l’union douanière. La Mitteleuropa étant la sphère d’influence légitime de l’Allemagne, l’Europe devra dépendre de l’Union des pays du Nord sous domination allemande. Mais cette « étroite union du continent européen » rencontre un obstacle. C’est que l’Europe centrale ne joue pas le rôle politique qui correspond à sa position géographique. Le rôle qui appartient au centre du continent est de « servir d’intermédiaire entre l’Orient et l’Occident dans toutes les questions de territoire, de constitution, d’indépendance nationale et de puissance, mission qui lui est dévolue par sa position géographique, par son système fédératif qui exclut toute crainte de conquête par les nations voisines, par sa tolérance religieuse et par son esprit cosmopolite, enfin par ses éléments de civilisation6 ». L’Allemagne doit constituer « une robuste unité commerciale et politique » des pays qui lui sont voisins et ce, par-delà les intérêts monarchiques, dynastiques et aristocratiques existants. C’est alors que « l’Allemagne pourrait garantir une longue paix à l’Europe », formant « le noyau d’une alliance continentale faite pour durer7 ».

Cette alliance unirait le monde en instaurant la « paix » par un ordre fédéral. Ce fédéralisme unirait les nations d’Europe soumettant le monde par leur impérialisme. Défendre la paix est la fonction traditionnelle et médiévale du concept romain et chrétien d’Empire. Mais cet Empire n’est plus théologique. Il n’est plus un Empire sacré représentant le Christ sur Terre mais un empire profane colonisant les terres. L’Empire de l’Europe est séculier et libéral. L’Union se fonde sur la tolérance religieuse et non sur la conversion, sur le fédéralisme et non sur la conquête ou la guerre. Si cette impérialité séculière est économique en Europe, elle devient coloniale hors du continent. Elle y déclare le droit des grandes nations d’Europe continentale à posséder leurs propres colonies, elle énonce l’explosion de l’impérialisme contre le double monopole de la France et de l’Angleterre. L’Allemagne est la première intéressée.

Comment l’impérialisme-fossile unifie l’Europe

L’Amérique du Sud apparaît d’abord comme terre d’élection d’un colonialisme allemand par l’envoi de diplomates, de médecins et de commerçants mais aussi de naturalistes. C’est une colonisation de peuplement allemand par l’achat d’espaces de terre par des compagnies protégées par ce Zollverein que List défend. Il faudra coloniser ces terres « avec des Allemands, des sociétés de commerce et de navigation ayant pour but d’y ouvrir de nouveaux débouchés aux produits des fabriques allemandes et d’organiser des lignes de paquebots », les coloniser avec « des sociétés minières qui se proposeraient d’employer les lumières et le labeur des Allemands à l’exploitation d’immenses richesses minérales8 ».

L’empire d’Europe est le colonialisme d’une raison minière, la logique d’exploitation d’un impérialisme-fossile. Ce colonialisme matérialise l’idée impériale de l’Union européenne. Il fait littéralement revenir l’Empire au cœur du colonialisme. Les colonies disséminent cette Union impériale qu’elles incarnent. L’empire est indissociable d’une exploitation du sous-sol par des mines, l’empire européen se nourrit de l’impérialisme-fossile et industriel. Ce colonialisme ne se limite pas à l’Amérique mais doit s’étendre à tout l’espace qui environne l’Allemagne et coloniser la Turquie elle-même. La conclusion du traité de List est simple : les États européens associés devront se soumettre à la Prusse pour se développer. Ce qui sera réclamé d’eux « peut se résumer en un seul mot ». Ce mot est « énergie » : l’usage du charbon comme combustible faisant tourner les rouages des machines à vapeur et soutenant ainsi un réseau de voies de communication9.

L’idée d’un empire d’Europe se matérialise dans un impérialisme-fossile fondé sur l’extraction systématique des richesses souterraines. L’impérialité de l’Europe fonde un droit de toutes les nations à exploiter les richesses naturelles du sol et du sous-sol du monde. L’exemple à suivre est l’Empire anglais en Inde. Cette exploitation de l’Inde s’accompagnera de la « dissolution de l’empire turc » qui « rendra à la production une grande partie de l’Afrique ainsi que l’Asie occidentale et centrale », c’est-à-dire le Moyen-Orient. L’impérialisme-fossile matérialise l’unité d’un empire sur le monde qui se pluralise, mais qui s’articule autour de la division du Nord et du Sud. Ainsi, le Texas colonisera le Mexique et des « gouvernements réguliers » coloniseront l’Amérique du Sud et « favoriseront l’exploitation d’un sol dont la fécondité n’a pas de bornes10 ». Navigation à vapeur et extension des chemins de fer aux « zones torrides » par les pays des « zones tempérées » sont les fondements de ce nouvel ordre impérial11.

L’indépendance de l’Amérique du Sud est comparée à la dissolution prochaine de l’Empire ottoman parce qu’elle ouvre les pays « les plus fertiles du monde » à la domination industrielle et à l’extraction des énergies. List parle en lieu et place de ces pays dont il connaît les intérêts. Ces pays « attendent avec impatience que les peuples civilisés, par une cordiale entente, les guident dans la voie de la sécurité et de l’ordre, de la civilisation et de la prospérité ». Ils « demandent avant tout qu’on leur apporte des objets manufacturés et qu’on prenne en retour les denrées de leur climat12 ». Le fondement de l’échange inégal mondial est posé par List comme le résultat d’une attente des pays dominés eux-mêmes. L’impérialisme met en scène la volonté du Sud de soumettre son propre sol à la rationalité supérieure de l’exploitation industrielle et fossile des pays du Nord. Cet impérialisme est fossile : il énonce la puissance supérieure de la vapeur et de l’industrie sur l’agriculture13.

Dans cette économie impériale et fossile, l’Allemagne et l’Autriche unies doivent mener une politique coloniale et économique au Moyen-Orient et dans les pays d’Europe de l’Est. Cette colonisation est la plus simple, puisque la proximité de ces territoires ne nécessite pas de flotte développée. L’Allemagne pourra et devra opérer sur les décombres de la Turquie en passe de mourir. La théorie du colonialisme-fossile allemand de List est une course vers l’Est, de l’Orient de l’Europe vers l’Empire ottoman.

C’est la rivalité avec l’Angleterre impérialiste qui impose de coloniser l’Est, c’est la « politique anglaise dans les Indes orientales » qui « conduit à la question d’Orient ». Il faut donc unifier les intérêts des puissances européennes à l’Est qui y ont « un grand et même intérêt économique ». La Question posée par le déclin et la possible destruction de l’Empire ottoman est donc la Question de l’Europe elle-même. La Turquie apparaît, dans le texte listien comme dans la presse européenne de l’époque, comme un mort-vivant. La Turquie « ressemble à un cadavre qui peut tenir encore quelque temps debout avec l’appui des vivants, mais qui n’est pas moins en décomposition14 ». Cette théorie d’un empire agonisant participe au déploiement d’un racisme colonial, racisme qui réduit les peuples d’Asie et bientôt d’Afrique à l’état de cadavres. Car il « en est à peu près des Perses comme des Turcs, des Chinois comme des Hindous, et de même de toutes les populations asiatiques ». Le colonialisme saisit les Non-Européens comme déjà morts, comme appelés à la mort. Le déclin ottoman indique que l’Europe devra tôt ou tard réduire l’ensemble d’une Asie supposée « putréfiée » à un vaste espace colonial de l’Europe. La colonisation européenne apparaît comme seule « régénération » possible, comme seul principe de vie. L’Europe se déploie alors comme un Empire du Saint-Esprit, empire dont le « souffle frais » fait partout mordre la poussière à l’Asie15. Elle se déploie comme logique d’extermination pure et simple des peuples qui se sont rendus indignes de toute « régénération », comme double logique d’européanisation et de christianisation. L’Europe insuffle la vie. L’Orient n’aura donc qu’à livrer les richesses naturelles dont son sol est abondamment pourvu16.

Si, à travers son Union douanière, List est probablement artisan et précurseur du capitalisme d’État allemand, son œuvre atteste une chose : que l’impérialisme qui sera celui du Reich se proclame comme condition politique et militaire de la « pacification » économique du monde. À la Mitteleuropa, le colonialisme allemand voudra faire correspondre une Mittelafrika en reliant le Kamerun avec ses possessions d’Afrique « orientale », par l’intermédiaire du Congo17. Que cet empire ait échoué ne l’a en rien empêché d’y donner la mort au nom de la vie de ses industries.

L’Empire des revenants : songes et résurrections

Cet échec du songe impérial est l’essence même de l’empire. L’empire de l’Europe sur le monde est le nom d’une Idée spectrale qui ne s’est jamais réalisée. L’Europe voudrait être un Empire chez elle par la multiplication de colonies dans le monde. L’Europe est le nom d’un échec qui se nomme résurrection et c’est lui que consomment ses impérialismes. Cette Idée impériale est le secret du mot de « civilisation ». L’empire de l’Europe n’est pas seulement son colonialisme. Il n’est pas la somme des empires coloniaux européens. Comme Idée, l’Europe a été un mot d’ordre. Cet ordre s’est imposé au monde à travers le colonialisme et, au continent européen, par les États occidentaux eux-mêmes.

Le songe, toujours plus ou moins irréel, d’un Empire de l’Europe, fait se réaliser l’Union du continent par la colonisation du monde. Ce songe, si illusoire soit-il, a supposé la mise à mort très réelle de populations non-européennes. L’Europe est la multitude des renaissances différentielles d’un Empire chrétien assassiné par la Réforme, mais revenant dans la vie et la mort des colonies. La mort de l’Empire chrétien n’a jamais achevé le désir d’Empire en Europe. Mais ce désir impérial veut renaître et se transfigurer en disséminant l’impérialité d’un christianisme nouveau dans la multitude des colonisations. Cette répétition différentielle du songe impérial par sa dissémination coloniale est ce que les théories européennes de l’impérialisme n’ont pas pu voir. En disséminant les nations européennes dans le monde, les impérialismes ont rendu matériellement impossible l’Idée d’Empire qu’ils faisaient pourtant renaître. L’Europe n’est pas un empire, mais la volonté impossible de faire renaître l’empire chrétien défunt par de nouvelles colonies industrielles. L’impérialisme est à la fois le cœur qui fait battre son empire mais aussi ce qui, par la multiplicité des colonies qui mettent les États nations en concurrence, rend l’Union euro-impériale impossible. L’Europe serait donc une contradiction entre son Empire et ses colonies. L’impérialisme est peut-être cette contradiction, l’impossibilité d’un songe toujours revenant.

1 Le concept d’Anthropocène a été proposé dans Paul Crutzen, « Geology of mankind », Nature, 415, 2002, p. 22. La critique du caractère abstrait du concept d’Anthropocène est désormais répandue : Andreas Malm et Alf Hornborg, « The geology of mankind ? A critique of the Anthropocene narrative », The Anthropocene Review, 1 (1), 2014, p. 62-69 ; Talal Asad, Secular Translations. Nation-State, Modern Self and Calculative Reason, Columbia University Press, 2018, p. 10.

2 Cette économie de combustion des énergies fossiles est un facteur décisif du réchauffement climatique par l’émission massive de dioxyde de carbone dans l’atmosphère qu’elle produit. Les machines à vapeur et les chemins de fer ont été des matérialisations techniques de cette économie fossile au XIXe siècle. Voir Andreas Malm, « The Origins of Fossil Capital », Historical Materialism, 21/1, 2013, p. 15-68. La notion d’État-fossile, que nous forgeons, prend acte de la limite des analyses de Malm par sa sous-évaluation du rôle de l’État dans l’industrie-fossile et l’impérialisme.

3 List vit un temps aux États-Unis où il devient une figure politique importante, proche de Henry Carey, l’un des fondateurs du protectionnisme américain.

4 Sur Napoléon comme précurseur d’une économie mixte à la fois agricole et manufacturière, voir Friedrich List, Système national d’économie politique, Livre I, Paris, Capelle, 1857, p. 178-180. Sur Napoléon comme fondateur d’un système continental précurseur de l’Union européenne, voir Livre IV, chapitre III, p. 531-532..

5 Ibid., p. 541.

6 Ibid., p. 532.

7 Ibid., p. 533.

8 Ibid., p. 636.

9 Ibid., p. 639.

10 Ibid., p. 432.

11 Ibid., p. 433.

12 Ibid., p. 432.

13 Ibid., p. 350.

14 Ibid., p. 555.

15 Ibid.

16 Ibid., p. 556.

17 Thomas Deltombe, Manuel Domergue, Jacob Tasitsa, Kamerun ! Une guerre cachée aux origines de la Françafrique, (1948-1971), Paris, La Découverte, 2019, p. 60.