Sortir du désenchantement
Rêves, nymphes, démons, fantômes, conversations avec les animaux et les montagnes, enseignements transmis par les plantes : l’enchantement a disparu de nos vies. Quiconque ose l’évoquer viole les canons épistémologiques les plus élémentaires qui régissent notre monde et est immédiatement disqualifié comme ignorant ou fou. Il est toutefois suspect que le tabou de l’enchantement entre en action précisément lorsque le processus historique de la modernité commence à produire des spectres et des cauchemars à une échelle industrielle : le monde est peuplé de fantômes et personne ne peut plus en parler. Contre le récit triomphant de la modernité et les fables noires du complotisme dark, l’article propose de repartir de l’efficacité symbolique de Lévi-Strauss pour repenser notre rapport à l’enchantement sous le signe de la sensibilité, de la multiplicité et de l’autonomie.

Leaving the disenchantment
Dreams, nymphs, demons, ghosts, conversations with animals and mountains, teachings transmitted by plants: enchantment has disappeared from our lives. Anyone who dares to evoke it violates the most elementary epistemological canons that govern our world and is immediately disqualified as ignorant or crazy. It is suspicious, however, that the taboo of enchantment comes into play precisely when the historical process of modernity begins to produce specters and nightmares on an industrial scale: the world is populated by ghosts and no one can talk about them anymore. Against the triumphant narrative of modernity and the black tales of dark conspiracy, the article proposes to start again from Lévi-Strauss’ symbolic efficiency to rethink our relationship to enchantment under the sign of sensitivity, multiplicity and autonomy.