Multitudes : Pouvez-vous nous expliquer l’identité, l’ADN idéologique, les origines et l’évolution du groupe HTS qui est le protagoniste majeur du renversement d’Assad en quelques jours ? La prise de pouvoir par ce groupe pourrait-elle en faire un acteur étatique à part entière, semblable au Taliban par exemple ?
Joseph Daher : La composante dominante de Hay’at Tahir Sham (HTS) prend ses origines dans le groupe salafiste djihadiste Jabhat al-Nusra li-Ahl al-Sham min Mujahidin al-Sham fi Sahat al-Jihad (Le Front de soutien au peuple du Levant par les Moudjahidines du Levant sur les champs du djihad), formé officiellement le 23 janvier 2012, même s’il était déjà actif depuis quelques semaines, notamment lors des attentats de grandes envergures perpétrés principalement contre des institutions militaires du régime syrien.
Sans revenir en détail sur toute la généalogie et l’historique de l’organisation salafiste djihadiste depuis 2011, le rôle déterminant de HTS dans l’offensive militaire débutée le 27 novembre menant à la chute de la dynastie de la famille Assad, reflète à bien des égards son évolution au cours des dernières années vers une organisation plus disciplinée et plus structurée, à la fois politiquement et militairement. L’organisation a aussi démontré une grande capacité d’adaptation et de pragmatisme en fonction des conditions matérielles existantes pour maintenir son pouvoir et l’étendre, comme reflété par les récents évènements.
Le groupe a développé notamment des capacités militaires importantes, produisant désormais des drones et gérant une académie militaire. HTS a pu imposer son hégémonie sur un certain nombre de groupes militaires, à la fois par la répression et l’inclusion au cours des dernières années. Sur la base de ces développements, il s’est positionné comme l’acteur dominant pour lancer l’offensive militaire du 27 novembre 2024.
Il est également devenu un acteur quasi étatique dans les zones qu’il contrôle. Il a établi un gouvernement, le Gouvernement de Salut Syrien (GSS), qui agit en tant qu’administration civile du HTS avec des ministères et autres institutions fournissant des services aux populations locales. HTS et GSS ont clairement manifesté ces dernières années une volonté de se présenter comme une force rationnelle aux puissances régionales et internationales afin de normaliser leur domination. Cela a notamment donné lieu à de plus en plus d’espace pour certaines ONG pour opérer dans des secteurs clés tels que l’éducation et la santé, dans lesquels le GSS manque de ressources financières et d’expertise. Cela ne signifie pas qu’il n’y a pas de corruption dans les zones sous son contrôle. HTS a imposé son pouvoir par des mesures autoritaires et répressives. HTS a notamment réprimé ou limité les activités qu’il considérait comme contraires à son idéologie. Par exemple, HTS a arrêté plusieurs projets de soutien aux femmes, en particulier aux résidentes des camps, sous prétexte que celles-ci cultivaient des idées d’égalité de genre hostiles à son régime. HTS a également ciblé et détenu des opposants politiques, des journalistes, des militants et des personnes qu’il considérait comme des critiques ou des opposants.
HTS, qui est toujours classé comme une organisation terroriste par de nombreuses puissances, y compris les États-Unis, a également essayé de projeter une image plus modérée d’elle-même, en essayant de se faire reconnaître comme un acteur rationnel et responsable. Cette évolution remonte à la rupture de ses liens avec Al-Qaïda en 2016 et à la redéfinition de ses objectifs politiques dans le cadre national syrien. Il a également réprimé des individus et des groupes liés à Al-Qaïda et au Daesh.
En février 2021, pour sa première interview avec un journaliste américain, son chef Abu Mohammad al-Jolani, ou Ahmed al-Sharaa (son vrai nom), a déclaré que la région qu’il contrôlait « ne représentait pas une menace pour la sécurité de l’Europe et de l’Amérique », affirmant que les zones sous son contrôle ne deviendraient pas une base d’opérations pour les puissances étrangères.
Dans cette tentative de se définir comme un interlocuteur légitime sur la scène internationale, il a mis l’accent sur le rôle du groupe dans la lutte contre le terrorisme. Dans le cadre de cette transformation, il a permis le retour des Chrétiens et des Druzes dans certaines zones et a noué des contacts avec certaines personnalités et notables de ces communautés.
A la suite de la prise d’Alep le 29 novembre 2024, HTS a continué à se présenter comme un acteur responsable. Les combattants de HTS ont par exemple immédiatement posté des vidéos devant les banques, offrant l’assurance qu’ils voulaient protéger les biens et les actifs privés. Ils ont également promis de protéger les civils et les communautés religieuses minoritaires, notamment les chrétiens, car ils savent que le sort de cette communauté est scruté de près à l’étranger.
De même, HTS a fait de nombreuses déclarations promettant une protection similaire aux Kurdes et aux minorités islamiques telles que les Ismaéliens et les Druzes. Il a également publié une déclaration concernant les Alaouites les appelant à rompre avec le régime, sans toutefois suggérer que HTS les protégerait ou dire quoi que ce soit de clair sur leur avenir. Dans cette déclaration, HTS décrit la communauté alaouite comme un instrument du régime contre le peuple syrien. Enfin, le chef de HTS, al-Jolani, a déclaré que la ville d’Alep serait gérée par une autorité locale et que toutes les forces militaires, y compris celles de HTS, se retireraient complètement de la ville dans les semaines à venir.
Toutefois, la question de savoir si HTS donnera suite à ces déclarations reste ouverte. L’organisation s’est montrée autoritaire et réactionnaire, avec une idéologie intégriste islamique, et compte toujours des combattants étrangers dans ses rangs. Ces dernières années, de nombreuses manifestations populaires ont eu lieu à Idlib pour dénoncer son régime et ses violations des libertés politiques et des droits humains, notamment les assassinats et la torture d’opposants.
Quelques signes initiaux ne sont pas rassurants : nomination d’un premier ministre issu du GSS, et d’un gouvernement d’orientation islamique conservateur, composé uniquement d’hommes ; lors de la première réunion du nouveau gouvernement de transition à Damas avec le premier ministre nommé par HTS un drapeau blanc avec le serment de foi islamique écrit en noir, typique des armées islamiques, côtoyait le drapeau de la révolution syrienne; diffusion de psaumes/ chants islamiques à la télévision d’État. Dans les deux derniers cas, à la suite de critiques populaires sur les réseaux sociaux, le drapeau blanc a disparu lors d’une apparition télévisée du nouveau premier ministre, et les chants islamiques ont également été suspendus à la télévision d’État.
Tolérer les minorités religieuses ou ethniques et leur permettre de prier ne suffit pas. Ce qui importe est de reconnaître leurs droits en tant que citoyens égaux participant à la prise de décision sur l’avenir du pays. Plus généralement, les déclarations du chef de HTS, al-Jolani, telles que « les personnes qui craignent la gouvernance islamique en ont vu des applications incorrectes ou ne la comprennent pas correctement », ne sont absolument pas rassurantes, bien au contraire.
Après la chute du régime, al-Jolani a initialement échangé avec l’ex-Premier ministre Mohammed al-Jalali pour coordonner la transition du pouvoir, avant de nommer Mohammad al-Bachir chef du gouvernement transitoire chargé d’expédier les affaires courantes. Al-Bachir dirigeait jusqu’à présent le GSS. Il assurera ses fonctions en tout cas jusqu’au 1er mars 2025 et dans l’attente du lancement du processus constitutionnel.
Ces éléments indiquent clairement que HTS souhaite procéder à une transition contrôlée du pouvoir, de préférence en consolidant son pouvoir sur de larges zones du territoire, afin d’apaiser les craintes étrangères, d’établir des contacts avec les puissances régionales et internationales et d’être reconnu comme une force légitime avec laquelle il est possible de négocier. Un obstacle à une telle normalisation est le fait que HTS est toujours considéré comme une organisation terroriste par les États-Unis, la Turquie et les Nations Unies, etc…, alors que la Syrie est toujours sous sanctions.
Mais des éléments en faveur d’un changement d’orientation de capitales régionales et internationales envers HTS sont déjà visibles. Selon certaines informations, le bureau des affaires politiques de HTS aurait déjà rencontré les ambassadeurs d’Égypte, des Émirats Arabes Unis, de Jordanie et d’Arabie Saoudite. De son côté, le Qatar, qui a joué un rôle de médiateur entre les États-Unis et les talibans en Afghanistan et le Hamas à Gaza, a annoncé qu’il rouvrirait son ambassade à Damas. D’autres ambassades d’États régionaux et européens ont suivi.
En outre, un autre élément inquiétant est les problèmes économiques structurels et la politique économique de HTS. En effet, ce dernier, n’a pas d’alternative au système économique néolibéral, très probablement avec des réseaux d’affaires rassemblant des personnalités d’affaires nouvelles et anciennes, également connectées aux nouveaux dirigeants, similaires aux dynamiques et formes de capitalisme de copinage propre au précédent régime. Bassel Hamwi, le président de la Fédération des Chambres de commerce syriennes, et élu à la présidence de la Chambre de commerce de Damas en novembre 2024, quelques semaines avant la chute d’Assad, a déclaré aux chefs d’entreprise qu’il adopterait un modèle de libre marché et intégrerait le pays dans l’économie mondiale. Les principaux représentants des chambres économiques de l’ancien régime occupent toujours des postes importants. Ce système néolibéral économique mêlé d’autoritarisme entraînera des inégalités socio-économiques et un appauvrissement continu de la population syrienne, qui ont été l’une des principales causes à l’origine du soulèvement populaire initial.
Multitudes : Dans quelle mesure HTS est-il influencé par Erdogan et dans quelle mesure doit-on reconnaître des agences indépendantes syriennes derrière lui ? Que cherche à gagner la Turquie dans son soutien des rebelles en Syrie ? La Turquie est particulièrement préoccupée par la région autonome kurde en Syrie le long de ses frontières. Les Forces démocratiques syriennes, dirigées par les Kurdes, pourraient-elles entrer en conflit avec HTS ?
Joseph Daher : Ces dernières années, Ankara a maintenu une attitude ambivalente à l’égard de HTS, entretenant des relations avec l’organisation, tout en la désignant comme une entité terroriste. HTS de son côté s’est comporté de manière pragmatique avec les autorités et services de renseignement turcs. Cela dit, HTS jouit d’une relative autonomie par rapport à la Turquie, contrairement à l’armée national syrienne (ANS), qui est contrôlée par Ankara et sert ses intérêts. L’ANS est une coalition de groupes d’opposition armés, principalement composée d’anciens groupes de l’armée syrienne libre et d’autres de tendance conservatrice islamique. Elle a une très mauvaise réputation et est coupable de nombreuses violations des droits humains, en particulier contre les populations kurdes dans les zones sous son contrôle. Elle a participé à plusieurs campagnes militaires menées par l’armée turque, notamment l’invasion et l’occupation de la région d’Afrin, au nord-ouest de la Syrie en 2018, entraînant le déplacement forcé d’environ 150 000 civils, dont une grande majorité de Kurdes.
Dans la campagne militaire actuelle, l’ANS sert une fois de plus principalement les objectifs turcs en ciblant les zones contrôlées par les Forces démocratiques syriennes (FDS) dirigées par les Kurdes et comptant d’importantes populations kurdes. L’ANS a, par exemple, capturé la ville de Tal Rifaat et la région de Shahba dans le nord d’Alep, auparavant sous la gouvernance des FDS, entraînant le déplacement forcé de plus de 150 000 civils et de nombreuses violations des droits de l’homme contre les Kurdes, notamment des assassinats et des enlèvements. L’ANS a ensuite, avec le soutien de l’armée turque pris le contrôle de la ville de Manbij, contrôlée par les FDS. Un cessez-le-feu (temporaire) a ensuite été conclu pour la ville de Manbij entre l’ANS et les FDS grâce à une médiation américaine. Les menaces sur ces régions de la Turquie et de l’ANS restent néanmoins présentes. Des frappes de drones par l’armée turque ont par exemple eu lieu dans les régions de Raqqa et Kobani.
En même temps, mais dans des dynamiques séparées, l’administration des opérations militaires de HTS a pris le contrôle de la ville de Deir ez-Zor, dans le nord-est du pays, suite à la défection des dirigeants du Conseil militaire de Deir ez-Zor affilié aux FDS. La ville était passée sous le contrôle complet des FDS après la chute du régime d’Assad.
HTS et ANS sont donc différents, poursuivent des objectifs distincts et ont des conflits entre elles, bien que pour l’instant ceux-ci soient restés plus au moins contenus. L’ANS a par exemple publié une déclaration à la suite de la capture de la ville d’Alep critiquant HTS pour son « comportement agressif » envers ses membres, tandis que HTS a accusé les combattants de l’ANS d’avoir commis des pillages.
Pour l’instant il n’y a pas eu des conflits directs entre les HTS et FDS. HTS n’a pas participé aux offensives militaires menées par l’armée nationale syrienne soutenue par la Turquie dans le nord d’Alep à Tel Rifaat et la région de Shahba, ni à celles sur la ville de Minbej. Des contacts ont d’ailleurs été établis entre les deux acteurs, mais restent pour l’instant limités. Pour rappel, HTS a soutenu à plusieurs reprises les offensives turques contre les FDS. En janvier 2019, al-Jolani, avait déclaré par exemple qu’il soutenait l’objectif de la Turquie de contrôler l’est de l’Euphrate sous la coupe du PYD, considéré comme un ennemi de la révolution par l’organisation salafiste djihadiste.
La Turquie sera le principal obstacle pour une amélioration des relations entre les FDS et HTS. Ankara a divers moyens de pression pour empêcher tout rapprochement entre les deux acteurs. Toutefois, au-delà de l’obstacle turc, il est peu probable que HTS soutienne les demandes et orientations politiques des FDS et de l’administration autonome du nord et de l’est de la Syrie (AANES), particulièrement concernant les droits nationaux kurdes. Il semble peu probable que HTS se différencie de l’opposition syrienne en exil dominée par des acteurs Arabes hostiles aux droits nationaux kurdes, représentée d’abord par le Conseil National Syrien puis par la Coalition nationale des forces de l’opposition et de la révolution.
Quant aux objectifs de la Turquie, il faut tout d’abord se rappeler qu’Erdogan avait entamé un processus de normalisation des relations avec le régime syrien depuis plusieurs années. Cependant, Ankara était de plus en plus frustrée par l’incapacité et le refus de Damas à garantir ses intérêts politiques et sécuritaires. Le gouvernement turc a donc probablement encouragé, ou du moins donné son feu vert à l’offensive militaire de HTS et ANS et l’a aidée d’une manière ou d’une autre. L’objectif d’Ankara était initialement d’améliorer sa position dans les négociations futures avec le régime syrien, mais aussi avec l’Iran et la Russie.
Maintenant, avec la chute du régime, l’influence de la Turquie est encore plus importante en Syrie et en fait probablement l’acteur régional clé du pays. Ankara cherche également à utiliser l’ANS pour affaiblir les FDS, qui sont dominées par la branche armée du parti kurde PYD, une organisation sœur du parti kurde turc PKK, qui est qualifié de terroriste par Ankara, les États-Unis et l’UE. La Turquie a par ailleurs deux autres objectifs principaux : tout d’abord, elle veut procéder au retour forcé en Syrie des réfugiés syriens en Turquie ; deuxièmement, elle veut nier les aspirations kurdes à l’autonomie et, plus particulièrement, saper l’administration dirigée par les Kurdes dans le nord-est de la Syrie, l’AANES, qui créerait un précédent à l’autodétermination kurde en Turquie.
Multitudes : L’avancée rapide des rebelles et l’effondrement de l’armée d’Assad ces derniers jours sont souvent expliquées par des évolutions géopolitiques plus larges, ِy compris le fait que la Russie, contrairement à la période 2014-2016, soit embourbée en Ukraine et incapable de fournir un soutien militaire substantiel à la Syrie. Étant donné l’importance stratégique de Lattaquié et de Tartous pour Moscou, ainsi que les coûts d’une intervention prolongée de la Russie en Syrie, peut-on considérer qu’un abandon du régime d’Assad par la Russie serait une analyse pertinente ?
Joseph Daher : La Russie, qui a accueilli Assad et sa famille à la suite de sa chute, n’avait surtout pas les moyens nécessaires, après la réorientation majeure de ses forces et ses ressources vers sa guerre contre l’Ukraine, ni la volonté de faire face à l’effondrement spectaculaire et rapide du régime syrien en raison de son extrême faiblesse structurelle. Les forces militaires russes se sont concentrées sur leur guerre contre l’Ukraine depuis 2022.
La base aérienne russe de Hmeimim dans la province syrienne de Lattaquié et sa base navale de Tartous sur la côte ont été des sites importants pour la Russie pour affirmer son influence géopolitique au Moyen-Orient, en Méditerranée et en Afrique. La perte de ces bases porterait atteinte au statut de la Russie, car son intervention en Syrie a été utilisée comme exemple de la manière dont elle peut utiliser la force militaire pour influencer les événements en dehors de ses frontières et rivaliser avec les États occidentaux. Nous verrons ce qui se passera entre les nouvelles forces au pouvoir en Syrie et la Russie. Pour l’instant, les groupes au pouvoir auraient garanti la sécurité des bases militaires et des institutions diplomatiques russes sur le territoire de la Syrie selon les agences de presse russes TASS et Ria Novosti, informées par une source au Kremlin.
Multitudes : Certains analystes interprètent la chute d’Assad par les évolutions du soi-disant « axe de la résistance » après le 7 octobre. Certains disent que la prise de Damas par les rebelles découle de l’affaiblissement de l’Iran et du Hezbollah suite à la guerre contre Israël ou du changement de stratégie de l’Iran qui se serait résigné à réduire son rôle régional à l’approche du retour de Trump au pouvoir, et d’autres voient dans l’inaction de l’Iran une réaction à l’éloignement progressif d’Assad de l’« axe de la résistance », particulièrement au cours de ces dernières années, marquées par un rapprochement avec les pays du Golfe. Qu’en pensez-vous ?
Joseph Daher : Pour l’Iran, la Syrie était cruciale pour le transfert d’armes et la coordination logistique avec le Hezbollah. Des rumeurs circulaient avant la chute du régime selon lesquelles le parti libanais avait envoyé un petit nombre de « forces de surveillance » à Homs afin d’aider les forces militaires du régime et 2 000 soldats dans la ville de Qusayr, l’un de ses bastions en Syrie près de la frontière avec le Liban, pour la défendre en cas d’attaque des rebelles. Alors que le régime tombait, il a retiré ses forces.
L’Iran et plus particulièrement le Hezbollah ont été considérablement affaiblis suite à la guerre israélienne contre la bande de Gaza et d’ailleurs contre le Liban plus récemment. Tel Aviv a également accru sa campagne de bombardements visant les positions iraniennes et du Hezbollah en Syrie au cours des derniers mois. Le Hezbollah fait sans aucun doute face à son plus grand défi depuis sa fondation, avec les assassinats de dirigeants militaires et politiques clés, dont Nasrallah.
Bien-sûr, Assad cherchait depuis plusieurs années à rompre son isolement politique à travers les processus de normalisation, notamment avec les États arabes. Mais ces processus de normalisation, étaient restés limités au niveau diplomatique, avec très peu de succès sur le plan politique et économique. Il y avait de nombreux défis pour une normalisation plus poussée entre Damas et les capitales arabes, et plus spécifiquement les monarchies du golfe. Les défis à l’avancement du processus de normalisation et de progrès sur le plan économique, par exemple entre Riyad et Damas, étaient liés à de multiples problèmes, à commencer par l’absence de volonté du régime syrien à résoudre les problèmes de sécurité liés au trafic du Captagon, l’existence continue de sanctions, la crise économique en Syrie et les dynamiques régionales, notamment liées aux relations irano-saoudiennes.
Sur l’inaction de Damas après le 7 octobre, tout d’abord, le régime syrien n’avait ni intérêt ni la capacité de participer directement à une réponse à la guerre israélienne de nature génocidaire contre la bande de Gaza, bien qu’il ait subi lui-même des attaques israéliennes constantes même avant le 7 octobre. Cela est conforme à la politique du régime syrien depuis 1974 qui tente d’éviter toute confrontation significative et directe avec Israël. Malgré cela, l’Iran et le Hezbollah étaient néanmoins satisfaits de pouvoir utiliser le territoire syrien pour installer ses propres bases militaires et s’en servir comme base de repli et de transfert d’armes vers le Liban. C’est sans oublier que le Hezbollah à la suite de son intervention militaire en Syrie à partir de la fin de l’année 2011 et début 2012 pour participer à la répression du mouvement de contestation populaire contre le régime syrien avait développé de nouvelles sources de revenus significatives liés à des activités de contrebande et son implication dans la production et commerce du Captagon.
La chute du régime syrien constitue sans aucun doute un affaiblissement significatif pour Téhéran, à la fois au niveau interne, mais aussi et surtout au niveau de son influence politique régionale. L’affaiblissement du Hezbollah au Liban et la perte de la Syrie affaiblit la position de l’Iran dans les négociations futures avec les États-Unis sous la présidence de Trump.
Multitudes : Que reste-t-il des mouvements révolutionnaires sociaux qui ont déclenché le printemps arabe en 2011 en Syrie ? Peut-on voir HTS comme la continuation, par d’autres moyens, de la révolution syrienne avortée ? Les mouvements sociaux syriens seront-ils en mesure de tirer parti de cette brèche pour ressusciter les forces de résistance étouffées par le régime d’Assad ?
Joseph Daher : La grande majorité des organisations et forces sociales démocratiques qui ont été à l’origine du soulèvement populaire syrien en mars 2011 ont été réprimées de manière sanglante. Tout d’abord et en premier lieu par le régime syrien, mais aussi par diverses organisations armées intégristes islamiques. Il en a été de même pour les institutions ou entités politiques alternatives locales mises en place par les manifestants, comme les comités de coordination et les conseils locaux qui fournissaient des services à la population locale. Il existe néanmoins bien quelques groupes et réseaux civils, bien que majoritairement liés à des organisations de types NGO à travers le territoire syrien, et particulièrement dans le nord-ouest syrien, mais qui avaient des dynamiques différentes de celles du début du soulèvement.
En même temps, d’autres expériences de lutte se sont développées même si de moindre intensité. Par exemple des manifestations populaires et grèves continues ont eu lieu dans le gouvernorat de Suwayda, peuplé principalement par la minorité druze, depuis la mi-août 2023. Plus largement, le mouvement de protestation a continuellement mis en avant l’importance de l’unité syrienne, de la libération des prisonniers politiques et de la justice sociale, tout en exigeant la mise en œuvre de la résolution 2254 de l’ONU, qui appelle à une transition politique. Les manifestations ont été caractérisées par leur grande énergie, la présence significative des femmes, ainsi que leur caractère inclusif avec la présence de certains groupes représentant les clans bédouins du sud de la Syrie et les chrétiens. D’autres villes et régions sous le contrôle du régime syrien, notamment les gouvernorats de Deraa et dans une moindre mesure la banlieue de Damas, avaient également été le lieu de protestation ponctuelle, bien qu’à une échelle beaucoup plus réduite. Ces formes de dissension ont posé en partie la base de leur soulèvement les jours avant la chute de la dynastie Assad.
Plus généralement, l’expérience accumulée durant les premières années du début de soulèvement populaire qui était la plus dynamique au niveau de la résistance civile populaire a été sauvegardée par la transmission des militants ayant vécu ces expériences et par la documentation sans précédent du soulèvement, y compris les écrits, enregistrements vidéo, les témoignages et autres preuves. Ces vastes archives documentaires sur le mouvement de résistance civil peuvent être transmises à la mémoire populaire et construire une ressource cruciale pour ceux et celles qui résistent à l’avenir.
Ainsi, HTS est davantage le résultat de la contre-révolution menée par le régime syrien qui a réprimé de façon sanglante le soulèvement populaire et ses organisations démocratiques, et s’est militarisé de plus en plus. L’essor de ce type de mouvements fondamentalistes islamiques est le résultat de diverses raisons, y compris la facilitation initiale de leur expansion par le régime, la répression du mouvement de protestation entraînant la radicalisation de certains éléments, une meilleure organisation et discipline de ses groupes, et enfin le soutien financier de pays étrangers.
Par la suite, HTS comme d’autres organisations armées intégristes islamiques, ont constitué à bien des égards la deuxième aile de la contre-révolution après le régime d’Assad. Leur vision de la société et de l’avenir de la Syrie est en opposition avec les objectifs initiaux du soulèvement et son message inclusif de démocratie, de justice sociale et d’égalité. Leur idéologie, leur programme politique et leurs pratiques se sont avérés violents non seulement contre les forces du régime, mais aussi contre les groupes démocratiques et progressistes, tant civils qu’armés, les minorités ethniques et religieuses et les femmes.
Dans ce cadre, il y a beaucoup de défis à relever pour l’avenir, mais au moins l’espoir est revenu. Après l’annonce historique de la chute de la dynastie d’Assad, dont la famille dirige la Syrie depuis 1970, nous avons vu des vidéos de manifestations populaires dans tout le pays, à Damas, Tartous, Homs, Hama, Alep, Qamichli, Suwaida, etc. de toutes les confessions religieuses et ethnies, détruisant des statues et des symboles de la famille Assad. Les slogans initiaux du soulèvement populaire ont été chanté à nouveau du type « La Syrie veut la liberté » et « le peuple syrien est un et uni ».
Et bien sûr, il y a une grande joie lors de la libération des prisonniers politiques des prisons du régime, en particulier la prison de Sednaya, connue comme le « massacre humain » qui pouvait contenir 10 000 à 20 000 prisonniers. Certains d’entre eux étaient détenus depuis les années 1980. De même, les personnes, qui avaient été déplacées en 2016 ou avant, d’Alep et d’autres villes, ont pu retourner chez elles et dans leurs quartiers, revoyant leurs familles pour la première fois depuis des années.
La lutte par en bas et l’auto-organisation seront-elles maintenant possibles dans cette nouvelle situation ? Les organisations de la société civile (non pas au sens étroit d’ONG, mais au sens gramscien de formations de masses populaires en dehors de l’État) et des structures politiques alternatives démocratiques et progressistes seront-elles en mesure de s’établir, de s’organiser et de constituer une alternative politique et sociale à HTS et à l’ANS ? L’étalement des forces de HTS et de l’ANS laissera-t-il un espace suffisant aux organisations locales ?
Telles sont les questions clés qui, à mon avis, n’ont pas de réponses claires. Si l’on examine les politiques passées de HTS et de l’ANS, on constate qu’elles n’ont pas encouragé le développement d’un espace démocratique. Bien au contraire, elles ont été autoritaires. Aucune confiance ne devrait être accordée à de telles forces. Seule l’auto-organisation des classes populaires luttant pour des revendications démocratiques et progressistes créera cet espace et ouvrira la voie à une véritable libération. Pour cela, il faudra surmonter de nombreux obstacles, de la fatigue de la guerre à la répression, en passant par la pauvreté et la dislocation sociale. De même, il faut faire attention à la multiplication d’incidents, pour l’instant isolés, de nature confessionnelle depuis la chute du régime, et surtout aux exécutions et assassinats dans des dynamiques de vengeance, dans lesquelles se mêlent à la fois des raisons politiques et sectaires religieuses, particulièrement contre les alaouites.
Le principal obstacle a été, est et sera les acteurs autoritaires : auparavant le régime, mais maintenant une grande partie des forces d’opposition, en particulier HTS et l’ANS. Leur domination et les affrontements militaires entre eux ont étouffé l’espace dans lequel les forces démocratiques et progressistes pouvaient chercher à déterminer démocratiquement leur avenir. Même dans les espaces libérés du contrôle du régime, nous n’avons pas encore assisté à des campagnes populaires de résistance démocratique et progressiste. Et là où l’ANS a conquis des zones kurdes, les droits des Kurdes ont été violés, l’ANS les a réprimés par la violence et a déplacé de force un grand nombre d’entre eux.
Il faut se rendre à l’évidence : l’absence d’un bloc démocratique et progressiste indépendant capable de s’organiser et de s’opposer clairement au régime syrien et aux forces intégristes islamiques est criante. La construction de ce bloc prendra du temps. Il devra conjuguer les luttes contre l’autocratie, contre l’exploitation et contre toutes les formes d’oppression. Il devra porter les revendications de démocratie, d’égalité, d’autodétermination kurde et de libération des femmes afin de créer une solidarité entre les exploités et les opprimés du pays.
Pour faire avancer ces revendications, ce bloc démocratiques progressiste devra construire et reconstruire des organisations populaires, des syndicats aux organisations féministes en passant par les organisations communautaires, et des structures nationales pour les rassembler. Cela nécessitera une collaboration entre les acteurs démocratiques et progressistes de l’ensemble de la société.
Cela dit, il y a de l’espoir : alors que la dynamique clé était initialement militaire et menée par HTS et l’ANS, ces derniers jours ont donné à voir des manifestations populaires de plus en plus fortes et des gens qui sortent dans les rues à travers tout le pays. Ils ne suivent pas les ordres de HTS, de l’ANS ou d’autres groupes d’opposition armés. Il y a maintenant un espace, avec ses contradictions et ses défis comme mentionné précédemment, pour que les Syriens essaient de reconstruire une résistance populaire civile.
En outre, l’une des tâches essentielles consistera à s’attaquer à la principale division ethnique du pays, celle entre les Arabes et les Kurdes. Les forces progressistes doivent mener une lutte claire contre le chauvinisme arabe afin de surmonter cette division et de forger une solidarité entre ces populations. Il s’agit d’un défi qui se pose depuis le début de la révolution syrienne en 2011 et qui devra être affronté et résolu de manière progressiste pour que le peuple syrien soit réellement libéré. Il faut absolument revenir aux aspirations initiales de la révolution syrienne, à savoir la démocratie, la justice sociale et l’égalité, tout en respectant l’autodétermination des Kurdes.
Multitudes : Quelle analyse croisée des évolutions en Palestine et en Syrie peut-on proposer ? Et, de manière générale, quel impact les événements en Syrie auront-ils sur la solidarité internationale face à la guerre génocidaire israélienne à Gaza ?
Joseph Daher : Que leurs destins sont liés. Plus généralement, il faut davantage lier la question de la solidarité de la Palestine aux dynamiques politiques régionales dans une perspective d’émancipation de tous et toutes. Certains individus et groupes au sein du mouvement de solidarité internationale avec la Palestine, loin d’être majoritaire, décrivent la chute du régime syrien comme la conséquence d’un complot impérialiste occidental et israélien mené par « Al-Qaïda et d’autres terroristes » afin d’affaiblir le soi-disant « axe de la résistance » dirigé par l’Iran et le Hezbollah. Étant donné que cet axe prétend soutenir les Palestiniens, ils et elles affirment qu’en affaiblissant cet axe, la chute de la dynastie du régime des Assad sape la lutte pour la libération de la Palestine.
Ces mêmes milieux ont bien sûr ignoré, et ne peuvent pas supporter, les déclarations du Hamas et du Jihad islamique félicitant le peuple syrien pour avoir réalisé ses « aspirations à la liberté et à la justice » après le renversement d’Assad.
En plus de nier toute puissance d’agir ou d’agentivité aux acteurs locaux syriens, le principal problème de l’argument avancé par les partisans du soi-disant « axe de la résistance » est qu’ils supposent que la libération de la Palestine viendra d’États ou d’autres forces qui leur sont affiliées, indépendamment de leur nature autoritaire et de leurs politiques économiques néolibérales. Cette stratégie a échoué par le passé et continuera à échouer aujourd’hui. En fait, au lieu de faire progresser la lutte pour la libération de la Palestine, les États autoritaires du Moyen-Orient, qu’ils soient alignés sur les États occidentaux ou opposés à eux, ont à maintes reprises trahi les Palestiniens et les ont même réprimés.
De plus, ce genre de discours ignore que les principaux objectifs de l’Iran et de la Syrie ne sont pas la libération de la Palestine, mais la préservation de leurs États et de leurs intérêts économiques et géopolitiques. Ils les feront toujours passer avant la Palestine. Le régime syrien des Assad avait maintenu le front du Golan relativement calme depuis 1974, pour justement préserver sa stabilité et empêcher toute forme de confrontation armée sur son sol contre l’armée d’occupation israélienne. Cet acteur stable et protecteur des frontières conjointes avec Israël n’étant plus, Tel Aviv a pris les choses en main. L’armée d’occupation israélienne a envahi la partie syrienne du mont Hermon, sur le plateau du Golan, afin d’empêcher les rebelles de s’emparer de la zone, mais surtout elle a détruit les principaux sites et infrastructures militaires en Syrie en menant plus de 480 frappes aériennes dans le pays visant des batteries antiaériennes, des aérodromes militaires, des sites de production d’armes, des avions de combat et des missiles, tandis que des navires lance-missiles ont frappé les installations navales syriennes du port d’Al-Bayda et du port de Lattaquié dans le nord-ouest, où 15 navires de la marine syrienne étaient amarrés. Ces raids visent à détruire les capacités militaires de la Syrie afin d’empêcher toute utilisation potentielle contre Israël à l’avenir et à envoyer un message politique clair selon lequel l’armée d’occupation israélienne peut provoquer une instabilité politique à tout moment dans le cas où le nouveau futur gouvernement adopterait une position hostile ou belliqueuse à son égard.
Pour sa part, l’Iran soutient la cause palestinienne de manière rhétorique et finance le Hamas. Mais depuis le 7 octobre 2023, son principal objectif est d’améliorer sa position dans la région afin d’être dans la meilleure posture possible pour de futures négociations politiques et économiques avec les États-Unis. L’Iran souhaite garantir ses intérêts politiques et sécuritaires et tient donc à éviter toute guerre directe avec Israël. Son principal objectif géopolitique vis-à-vis des Palestiniens n’est pas de les libérer, mais de les utiliser comme levier, notamment dans ses relations avec les États-Unis. De même, la réponse passive de l’Iran à l’assassinat de Nasrallah par Israël, à la décimation des cadres du Hezbollah et à sa guerre brutale contre le Liban démontre que sa première priorité est de se protéger et de protéger ses intérêts. Il n’était pas disposé à les sacrifier et à prendre la défense de son principal allié non étatique.
De même, l’Iran s’est révélé être, au mieux, un allié inconstant du Hamas. Il a réduit son financement au Hamas lorsque leurs intérêts ne coïncidaient pas ; ça a été le cas après la révolution syrienne de 2011, lorsque le mouvement palestinien a refusé de soutenir la répression meurtrière du régime de Damas à l’encontre des manifestants syriens.
Dans le cas du régime syrien, son absence de soutien à la Palestine est indéniable. Il n’a pas pris la défense de la Palestine depuis un an de guerre génocidaire menée par Israël. Malgré les bombardements israéliens sur la Syrie, avant et après le 7 octobre, le régime n’a pas réagi. Cette attitude est conforme à la politique menée par Damas depuis 1974, comme mentionné plus haut.
En outre, le régime a réprimé à plusieurs reprises les Palestiniens en Syrie, notamment en tuant plusieurs milliers d’entre eux depuis 2011 et en détruisant le camp de réfugiés de Yarmouk à Damas. Il s’est également attaqué au mouvement national palestinien lui-même. Par exemple, en 1976, Hafez Al-Assad, père de Bachar Al-Assad, est intervenu au Liban et a soutenu les partis libanais d’extrême droite contre les organisations palestiniennes et libanaises de gauche. Il a également mené des opérations militaires contre des camps palestiniens à Beyrouth en 1985 et 1986. En 1990, environ 2 500 prisonniers politiques palestiniens étaient détenus dans des prisons syriennes.
Compte tenu de cette histoire, le mouvement de solidarité avec la Palestine commettrait une erreur en défendant et en s’alignant sur des États impérialistes ou sous-impérialistes qui font passer leurs intérêts avant la solidarité avec la Palestine, qui rivalisent pour des gains géopolitiques et qui exploitent la force de travail et les ressources de leurs pays. Bien sûr, l’impérialisme étatsunien reste le principal ennemi de la région avec son histoire exceptionnelle de guerre, de pillage et de domination politique. Mais il est absurde de considérer les puissances régionales et d’autres États internationaux comme la Russie ou la Chine comme des alliés de la Palestine ou du mouvement de solidarité avec la Palestine. Choisir un impérialisme plutôt qu’un autre, c’est garantir la stabilité du système capitaliste et l’exploitation des classes populaires.
Au contraire, le mouvement de solidarité palestinien doit considérer que la libération de la Palestine est liée non pas aux États de la région, mais à la libération de ses classes populaires. Celles-ci s’identifient à la Palestine et considèrent que leurs propres combats pour la démocratie et l’égalité sont intimement liés à la lutte de libération des Palestiniens. La lutte des Palestiniens tend à dynamiser le mouvement régional de libération, et les mouvements de libération dans la région se répercutent en retour sur celui de la Palestine occupée.
Ces luttes sont dialectiquement liées ; ce sont des luttes mutuelles pour la libération collective. Le ministre israélien d’extrême droite Avigdor Lieberman a reconnu le danger que les soulèvements populaires régionaux représentaient pour Israël en 2011 lorsqu’il a déclaré que la révolution égyptienne qui avait renversé Hosni Moubarak et ouvert la voie à une période d’ouverture démocratique dans le pays constituait pour Israël une plus grande menace que l’Iran.
Il ne s’agit pas de nier le droit à la résistance des Palestiniens et des Libanais aux guerres brutales d’Israël, mais de comprendre que la révolte unie des classes populaires palestiniennes et régionales est seule à même de transformer l’ensemble du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, en renversant les régimes autoritaires, en expulsant de la région les États-Unis et les autres puissances impérialistes. La solidarité internationale avec la Palestine et les classes populaires de la région est essentielle, car elles sont confrontées non seulement à Israël et aux régimes régionaux, mais aussi à leurs soutiens internationaux.
La tâche principale du mouvement de solidarité avec la Palestine, en particulier dans les États occidentaux, est de dénoncer le rôle complice des classes dominantes qui soutiennent non seulement l’État colonial et d’apartheid d’Israël et sa guerre génocidaire contre les Palestiniens, mais aussi les attaques d’Israël contre d’autres pays de la région comme le Liban et la Syrie.
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