City Mine(d)

City Mine(d) est une plateforme internationale de soutien à des projets socio-artistiques basée à Bruxelles et à Londres. Nous mettons en œuvre une forme de design c’est-à-dire la conception et la construction d’objets tangibles, mais aussi la conception d’organisations et de systèmes. Au cours des deux dernières décennies, nous sommes passés d’un groupe de militants faisant appel à des méthodes d’action directe pour faire de petites différences, à une organisation plus proche d’une ONG agissant pour le développement, qui vise une transformation sociale de plus long terme. Toutefois, nos travaux impliquent toujours la participation des personnes privées de leurs droits et se situent toujours dans des quartiers urbains défavorisés pour définir la façon dont la ville se dessine,

City Mine(d) reste fermement attaché à ses principes fondamentaux de prise de décision horizontale, d’anti-autoritarisme et d’auto-organisation. Mais, au fil du temps, nous sommes passés d’une approche réactive à une approche plus constructive. « Réactif » signifie immédiateté, se baser sur le moment, et ne pas laisser beaucoup de temps pour l’examen. « Constructif » implique d’être plus conscient, plus « écologique », dans le sens où l’on prend en compte le contexte et qu’on agit donc souvent plus lentement. Bien que la littérature économique qui a inventé cette distinction parle de ces approches comme « stratégiques », City Mine(d), à la suite de De Certeau1, parle de « tactiques ». Là où la stratégie est le domaine des puissants qui planifient les villes et sont capables d’imposer une vision, les tactiques de De Certeau sont des ruses des démunis face au contexte imposé par la stratégie des puissants.

Problèmes épineux

Notre tactique est de plus en plus influencée par une certaine vision des perspectives de la société et des défis auxquels les communautés sont confrontées. Au cours des cinquante dernières années, il est apparu qu’un certain nombre de questions apparemment non reliées – comme par exemple, « comment pouvons-nous maintenir la circulation urbaine fluide tout en respectant l’environnement et la liberté individuelle ? » ; ou « comment pouvons-nous éliminer la pauvreté ? » ou encore, « comment pouvons-nous répondre à une demande croissante d’énergie tout en endiguant le changement climatique ? » – partagent un nombre suffisant de caractéristiques pour être regroupées sous la même bannière, et pour justifier une approche similaire, même si leurs sujets ne semblent pas apparentés. Ces questions sont appelées « questions difficiles2 » ou « problèmes épineux3 » en raison de la complexité de leurs sujets (multi-facteurs). Pour y répondre, la collaboration de nombreuses parties prenantes (multi-acteurs) est nécessaire et elles touchent différents niveaux de prise de décision et de politiques (multi-scalaires). Rittel et Webber juxtaposent des « problèmes épineux » avec des « problèmes maîtrisés », comme lors d’un jeu d’échecs ou la résolution d’un casse-tête. Ces jeux ont une solution claire et un objectif final, tandis que les problèmes épineux n’ont pas de formulation claire du problème, n’ont pas de solution juste ou fausse car chaque solution est unique. Cela signifie également que les « problèmes épineux » échappent à la logique prédominante voulant qu’ils puissent être résolus par des algorithmes. Ils nous montrent les limites de la pensée dominante actuelle selon laquelle tous les problèmes peuvent être réduits à une formule mathématique qui se résout ensuite d’elle-même par une entrée correcte de données.

Roberts4 identifie trois manières de traiter des problèmes épineux : autoritaire – sous-traiter le problème à un groupe ou à un individu qui élabore une solution efficace, mais qui peut faire défaut en termes de connaissance et d’engagement des personnes concernées ; compétitive – confronter des points de vue opposés, ce qui peut générer de nouvelles idées mais au risque de conflits et d’impasses ; ou collaborative. Selon Roberts, cette dernière approche est préférable, car elle implique de nombreuses parties prenantes et s’avère donc plus apte à rassembler un maximum de connaissances, d’informations et de points de vue divergents sur la question posée. Roberts souligne également qu’une approche linéaire de la résolution de problèmes ne fonctionne pas pour les « problèmes épineux » et qu’une approche descendante n’est pas souhaitable non plus, car elle risque d’aliéner les parties prenantes. Compte tenu de son approche, City Mine(d) a beaucoup d’affinité avec la méthode collaborative des « problèmes épineux ».

City Mine(d) s’est taillé une place particulière dans la constellation des parties prenantes pour résoudre un « problème épineux ». Son rôle ressemble à ce que Simmel5 décrit comme étant le tertius gaudens. Le tertius est l’intermédiaire entre différentes parties adverses en situation de conflit. L’élément « non partisan », qui n’est lié à aucun des groupes rivaux, interagit avec « chacun des éléments en jeu » et crée des possibilités de (ré) établir une communication.

City Mine(d) acquiert cette position de tertius au moyen de ce que nous appelons « le prototypage » : concevoir et construire, en collaboration, des artefacts qui constituent des modèles fonctionnels de solutions pratiques à des défis de petite taille dans le domaine épineux abordé. Son caractère pratique est inspiré par ce que Wanda Orlikowski a écrit sur les
questions épineuses : « On apprend des questions épineuses en s’y engageant, et non en y pensant à l’avance. Sinon on est conduit à une « paralysie par analyse » car alors les participants n’agissent pas avant d’avoir plus d’informations, même s’ils ne peuvent obtenir d’information valable sans action »6. La notion de prototype est empruntée à la technologie, et plus particulièrement à Xerox. Lucy Suchmann définit le prototype comme « un dispositif exploratoire conçu pour aligner les intérêts multiples et les pratiques de travail de la recherche et du développement technologiques avec les lieux d’utilisation de la technologie. » 7 De même, les prototypes de City Mine(d) ont pour but d’aligner les différentes parties prenantes face à un problème épineux.

Ces dernières années, City Mine(d) a été en mesure de s’engager dans plusieurs problèmes épineux : « le chômage et l’avenir du travail » à Londres ; « l’eau dans le contexte urbain » à Bruxelles ; actuellement, à Bruxelles encore, « la place des citoyens dans le paysage de l’électricité ». Nous allons maintenant décrire brièvement quelques-uns de ces problèmes : la question de l’eau et l’état actuel du système électrique.

La friche Eggevoort

En 2011, des ateliers de cartographie organisés dans le quartier européen de Bruxelles ont mis à jour au cœur du quartier une friche de deux mille mètres carrés appartenant à la ville de Bruxelles. Mais en réalité cette friche dépendait d’un nœud complexe d’autorités municipales, régionales, fédérales et même européennes. Le terrain constituait une enclave isolée de la commune de Bruxelles, mais son trottoir était situé sur la commune d’Etterbeek voisine. En tant que prolongement du parc Léopold, il était placé sous l’autorité régionale de Bruxelles. Il jouxtait également le terrain du célèbre Institut royal des sciences naturelles de Belgique, sous autorité de l’État fédéral, qui considère la friche comme son jardin. Enfin, situé à peine à 150 mètres de l’entrée du Parlement européen, ce lieu incontrôlé se trouvait dans la ligne de mire de l’Union Européenne qui désirait le sécuriser.

De toute évidence, cette complexité mettait en péril toutes les tentatives de développement de cet espace, ce qui rend d’autant plus intéressante une dynamique ascendante. City Mine(d) a profité de l’opportunité unique offerte par cette impasse politique pour poursuivre un double programme : d’une part, rendre l’environnement bâti local plus inclusif ; d’autre part, et à un niveau différent, résoudre le « problème épineux » de l’eau dans la ville en utilisant paradoxalement la constellation exceptionnelle des pouvoirs impliqués.

Au printemps 2011, nous avons nettoyé le site de ses déchets et commencé à organiser des activités artistiques impliquant une palette de participants allant des eurocrates aux « indignés », et de l’habitant au visiteur. Pour obtenir le droit d’utiliser cet espace, une pétition a été lancée et signée par environ deux cents personnes.

Le groupe formé autour de City Mine(d) a également proposé une alternative plus inclusive au réaménagement proposé pour le parc Léopold qui était alors conçu selon une approche verticale. Ce groupe espérait que la modification de cette méthode opaque pourrait servir de levier pour transformer l’ensemble du quartier. Après une série d’ateliers et d’activités publiques, le collectif a présenté en mai 2012 une publication intitulée « Le Collectif PUM, le Parc Léopold et les nouvelles rivières urbaines » qui proposait une approche alternative de l’aménagement du parc tenant compte de sa fonction sociale et de sa biodiversité.

Cependant, les travaux sur le site ont révélé un enjeu plus large, le « problème épineux » de l’eau. La question de l’eau dans un contexte urbain est difficile pour de nombreuses raisons : on s’attend à ce qu’elle soit fournie avec une qualité potable satisfaisante, et en même temps, évacuée et traitée de manière rapide et correcte. Cela semble assez simple au premier abord. Mais le problème inclut la démographie, la géologie et l’économie, sans parler de la santé publique et des changements climatiques : tout cela donne une indication de la complexité et du nombre de parties prenantes impliquées. À partir de 2000, les bâtiments du fond de la vallée du Maelbeek, où se trouvait la friche, ont été de plus en plus souvent inondés. « Les autorités publiques ont confié la conception d’une solution visant à réduire les risques d’inondation aux ingénieurs […] qui ont adopté la solution technique d’un bassin d’orage », selon Dominique Nalpas de la plate-forme citoyenne États Géneraux de l’Eau à Bruxelles. « Cela implique de retenir les excès d’eau pendant les pluies torrentielles dans un vaste bassin souterrain qui stocke et rejette l’eau dans le système de drainage en aval lorsque l’orage est terminé. » Mais un mouvement de citoyens s’est opposé à la construction du bassin.

Dans ce contexte conflictuel, City Mine(d) a joué le jeu de l’innocent et expérimenté sa stratégie de prototypage sur des « problèmes épineux ». Il s’est fixé, avec d’autres, une série de « défis » qui ont nécessité la participation de divers acteurs, la collecte et le partage de connaissances et de points de vue, ainsi que la création d’objets artistiques ou technologiques. Le premier « défi » était formulé ainsi : « Pouvons-nous boire de l’eau de pluie ? » Pour le tester, un pavillon avec un toit d’une surface de 10 m2 a été conçu et construit. Son utilisation concrète a soulevé d’autres questions quant à la disponibilité et la distribution d’eau potable dans les espaces publics. Le deuxième défi consistait à construire un modèle de la zone à grande échelle en céramique, pour comprendre la relation entre les personnes vivant en amont et en aval de la vallée. Il s’agissait en même temps de mettre à disposition un outil de cartographie pratique, qui révélait les rôles et les responsabilités de chacun des acteurs institutionnels de la vallée et devenait la toile de fond pour imaginer un avenir différent pour le quartier. Le pavillon se révélant incapable de tester la qualité de l’eau capturée, un troisième « défi » était lancé : la construction d’un testeur d’eau intelligent conçu par un groupe de citoyens. Ce testeur, baptisé Pacco-test, a permis aux citoyens de revendiquer leur place dans le débat sur les « villes intelligentes ». Il les a effectivement mis autour de la table avec le responsable régional des villes intelligentes de Bruxelles pour lui faire part de leurs souhaits de faire émerger une ville intelligente à partir d’une ville auparavant dominée par l’industrie.

Les différents « défis » ont ainsi incité les gens à penser et à agir ensemble, ils ont sensibilisé le public et les responsables politiques à la question de l’eau et de la biodiversité. À un niveau différent, avec le test Pacco, ils ont permis de concevoir un outil technologique pouvant aider les citoyens à gérer les biens communs. La formulation des défis a également donné lieu à ce que City Mine(d) appelle des « coalitions ». Ces divers groupes de réflexion impliquent des citoyens, mais également les parties prenantes institutionnelles telles que le gouvernement, l’industrie et des organisations de la société civile. En collaborant sur un problème concret sur un lieu concret, ils développèrent un langage commun à propos du « problème épineux ». À un stade ultérieur, ce langage a pu également être utilisé et extrapolé au-delà du cas concret analysé au départ. Les « défis » de la friche ont ainsi donné lieu à des « coalitions » inhabituellement diverses, regroupant des acteurs comme des membres de l’Association pour l’autonomie des personnes sans domicile fixe jusqu’à des membres du cabinet de Martin Schultz, alors président du Parlement européen. Le choix du lieu d’implantation de notre action, la friche, avec sa géographie complexe et originale d’échelons de pouvoir, s’est révélé essentiel pour obtenir l’adhésion de ces différents acteurs.

La Pile

Le secteur de l’électricité est sur le point de changer radicalement. Le développement de l’électrification, la prise de conscience croissante de l’impact de la consommation d’énergie sur l’environnement et la privatisation de ce secteur, provoquent un bouleversement comparable à celui de la création du réseau national il y a un siècle. Cette situation fournit l’occasion à City Mine(d) d’aborder la montagne du changement climatique par un flanc moins escarpé. En d’autres termes, le changement climatique oppose de plus en plus les croyants aux non-croyants, ceux qui accordent la priorité à la liberté individuelle à ceux pour qui le cadre juridique prévaut ou à ceux pour qui l’égalité d’accès et la durabilité sont sacrées8. Au point que le sujet devient si vaste qu’il finit par rendre impuissant. Dans le domaine encore très vaste de l’électricité, que l’on peut dénommer « problème épineux », City Mine(d) a décidé de rechercher les opportunités plutôt que de s’attaquer aux menaces. C’est par ailleurs l’occasion de faire pencher la balance en faveur des citoyens et des coopératives. Nous nous sommes attaqués au quartier Midi de Bruxelles, l’une des zones les plus densément peuplées d’Europe, et connue pour son taux de pauvreté très élevé (y compris la pauvreté énergétique).

À partir de mai 2018, nous avons invité des experts de l’industrie, de la recherche, des médias, du gouvernement et de la société civile à formuler leur point de vue sur ce quartier en mutation. Les personnes interrogées ont été qualifiées de « pilotes » car elles ont toutes accepté de mettre leur expertise à disposition. Après les entretiens, elles ont été regroupées dans une Réunion Pilote. Entre-temps, un groupe local avait été formé et un nom choisi pour le projet : La Pile. Trente-cinq histoires de résidents du quartier du Midi décrivant leurs relations avec l’électricité ont été rassemblées et ont contribué à donner une perspective au quartier. Nous appelons « scannage » cette phase initiale de discussion avec le voisinage et les experts. Les résultats de ce scannage pour La Pile ont été rendus publics de trois manières : une feuille de route pour les citoyens individuellement désireux de passer à l’action ; une exposition lancée dans le prestigieux Palais des beaux-arts de Bruxelles, Bozar, qui a ensuite parcouru le Quartier Midi et au-delà ; et un jeu de société qui familiarise les joueurs avec les subtilités de l’électricité locale.

La Pile est un projet en cours de développement et consistera en une intervention artistique publique (une batterie mécanique qui rend l’électricité visible et la rend ainsi sensible au public) et une communauté d’énergie. La constitution de La Pile comme « communauté d’énergie » s’inspire de deux sources. La première est le Microgrid de Brooklyn, « un projet pilote permettant aux citoyens d’acheter et de vendre de l’énergie photovoltaïque produite localement ». La seconde part d’une étude de la banque solidaire NEF intitulée « Plugging the Leaks ». Elle permet de visualiser léconomie locale comme un seau : « Si quelqu’un a 5£ et les dépense chez les épiciers locaux, les 5£ restent dans le seau. Mais quand il paie la facture d’électricité, ils ne restent pas dans le seau. Dépenser pour de l’électricité, c’est comme une fuite du seau : l’argent fuit, le fournisseur étant une entreprise extérieure à la région. » Les panneaux solaires offrent alors une occasion unique de produire localement de l’énergie, même dans un contexte urbain. Mais La Pile veut aller au-delà et limiter la distance que l’électricité doit parcourir. Le projet veut que les investissements et les retours soient également locaux, et il souhaite utiliser cette opportunité pour connecter les voisins non seulement par des fils de cuivre, mais également par des liens sociaux durables.

On peut soutenir que le remplacement du modèle d’État de production et de distribution d’électricité par un modèle de marché libre a montré ses limites, comme certains le prédisaient : l’offre est loin d’être garantie, les prix ne reflètent pas la valeur du bien et ne parviennent pas à intégrer des externalités négatives comme les dommages permanents à l’environnement. Pire encore, le segment de la population financièrement la plus fragile est entièrement desservi par le marché. L’inadéquation de ce modèle, associée à une prise de conscience croissante de l’impact environnemental, souligne l’urgence de développer une troisième option : une forme de propriété collective par une communauté qui génère, détient et partage l’électricité. Cette urgence incite La Pile à expérimenter à trois niveaux : technique, financier et de gouvernance.

Au premier niveau, celui des équipements techniques, le projet souhaite créer un moyen de stockage à faible coût, à faible impact environnemental, mais à haute visibilité, contribuant ainsi à la prise de conscience et à l’appropriation de la question énergétique. Au deuxième niveau, celui du modèle économique, il souhaite confirmer que l’énergie solaire est plus rentable qu’un compte d’épargne. Il étudie les moyens permettant aux collectivités à faible revenu de devenir copropriétaires des installations solaires installées sur leurs toits et de bénéficier de leurs avantages financiers. Au troisième niveau, celui de la gouvernance, il recherche un modèle qui dépasse la simple gestion du flux d’électrons ou d’euros, et qui prenne également en compte des objectifs sociaux tels que la réduction de la pauvreté énergétique, le développement des compétences, la revitalisation des communautés et la cohésion sociale.

La Pile ne mettra pas fin au changement climatique, mais imaginez, imaginez simplement que la diminution de la demande opérée grâce à la communauté de l’énergie signifie qu’aux heures de pointe, la centrale de secours polluante ne doive pas être nécessairement mise en service. Cela ne serait-il pas significatif en soi ?

De nouvelles formes de communauté

En concevant et en construisant des artefacts, des organisations et des systèmes, City Mine(d) joue un rôle plutôt inhabituel pour répondre à des « questions épineuses », à savoir impliquer les politiques, les entreprises, les chercheurs, la société civile mais également les communautés. Nous ne résolvons pas directement les questions mais nous nous concentrons sur la construction d’un prototype, qui constitue à la fois une solution pratique, une intervention emblématique et le germe d’une nouvelle coalition. Les projets sont alors des démonstrateurs qui donnent lieu à une sensibilisation accrue du public, à des solutions pratiques ainsi qu’à de nouvelles formes de communauté.

1 de Certeau Michel, L’Invention du Quotidien, Paris, Union Générale d’Editions, 1980.

2 Vermaak, H., « Facilitating Local Ownership Through Paradoxical Interventions », The Journal of Applied Behavioral Science, XX(X): 1–23, 2012.

3 Rittel, H., Webber, M, « Dilemmas in a General Theory of Planning », Policy Sciences, 4 (2): 155–169, 1973.

4 Roberts, N, « Coping with Wicked Problems », Working Paper, Department of Strategic Management, Naval Postgraduate School, Monterey, California, 2000.

5 Simmel, G., Conflict, Glencoe, Ill: Free Press, 1955.

6 Orlikowski, W. J., « Improvising organisational transformation over time: A situates change perspective », Information Systems research, 7(1): 63-92, 1996.

7 Suchmann, L. Trigg, R. and Blomberg, J., « Working artefacts: ethnomethods of the prototype », British Journal of Sociology, Jun;53(2): 163-79, 2002.

8 Hendriks, F., « Cars and culture in Munich and Birmingham: the case for cultural pluralism » in Coyle, D.J. et Ellis, R.J. (eds) Politics, Policy and Culture, Boulder, Colorado: Westview, 1994.