Archives par mot-clé : communs

L’avenir est un champ de bataille, par et

L’avenir est un champ de bataille
Réflexion sur une forme spécifique de conflictualité sociale
Cette contribution, à l’interface de la sociologie et de la philosophie politique, s’interroge sur le type de conflictualité sociale dont le temps, et plus particulièrement l’imagination du futur, peut être l’opérateur. Nous vivons, en effet, à une époque de remise en cause radicale, dans l’ordre de la pensée et de la pratique conflictuelle, du slogan tant philosophique que politique TINA (There Is No Alternative). Or une telle remise en cause, dont Nuit debout est une manifestation organique, en ce qu’il a conduit des milliers de citoyens ordinaires à s’interroger sur le type de futur démocratique dont ils voulaient être les acteurs, a sa propre histoire. Cet article en ponctue quelques jalons, entre la philosophie (Bloch, Benjamin) et la sociologie (Elias), en montrant en quoi cette archéologie du « possible » permet de comprendre les usages contestataires du temps qui ont vu le jour sur la Place de la République entre avril et juillet 2016.

The Future is a Battlefield
Reflection on a Specific Form of Conflictuality
This contribution, at the interface of sociology and political philosophy, questions the type of social conflictuality revolving around time, and more particularly around the imagination of the future. We live, indeed, in a age of radical questioning of the philosophical and political slogan “There is no alternative”. But such a questioning – of which Nuit debout was an organic manifestation, inofar as it led thousands of ordinary citizens to put into question the type of democratic future of which they wanted to be the actors – has its own history. This article revisits some milestones of this history, between philosophy (Bloch, Benjamin) and sociology (Elias), showing how this archeology of the “possible” helps to understand the contesting uses of time that have come to light on the Place de la République between April and July 2016.

Pour un revenu d’existence de pollinisation contributive. Financé par une taxe pollen, par

Le revenu contributif et le revenu universel, par et

Quelle souveraineté monétaire ?, par

Quelle souveraineté monétaire ?

Les grandes difficultés que rencontre aujourd’hui la politique européenne, aussi bien dans ses sommets institutionnels que dans les expériences des mouvements sociaux, sont liées principalement à une incapacité à affronter la crise en posant la nécessité de réformer le système monétaire dans une perspective bottom up. Cela devrait conduire 1) à s’interroger sur le sens de la souveraineté monétaire en Europe et 2) à comprendre ce que signifie « partir d’en bas » lorsqu’il s’agit d’instituer une monnaie. Pour affronter ces problèmes l’article retrace les différentes étapes qui ont mené de la crise financière américaine de 2007 à la crise européenne, en construisant un dialogue entre les thèses avancées par Christian Marazzi dans La Brutalité financière et les analyses produites par des économistes hétérodoxes français (A. Orléan, F. Chesnais, les économistes atterrés).

What Type of Monetary Sovereignty?

The current problems faced by European economic policies, as seen both in European summit and in social movements, result from an incapacity to reform the financial system through a bottom-up approach. This should lead to 1) questioning the meaning of European monetary sovereignty and to 2) understand what a “bottom-up” approach means in terms of monetary institutionalization. This paper discusses the recent financial events, from the subprime crisis in the USA to the European crisis, by confronting the propositions and analyses made by Christian Marazzi in his book on Financial Brutality, and by French heterodox economists like André Orléan, François Chesnais and the Économistes atterrés).

Une République du XXIe siècle, par et

Une République du XXIe siècle

La vision de la République que diffusent ses idéologues contemporains n’est plus celle qu’en donnait Durkheim à l’époque du combat contre l’Église. Une des grandes différences tient à ce qu’elle institue un droit d’entrée à la citoyenneté : ne peuvent prétendre au titre de « vrais » citoyens que ceux qui adoptent et se plient sincèrement aux valeurs de la « nation ». Au contraire de cette définition exclusionniste de la République, accomplir la démocratie, c’est avoir le courage de refuser de n’exclure aucune des multiples voix qui s’expriment – même les plus odieuses. Cela implique aussi de comprendre la nature des phénomènes de domination envers des « minorités », bien au-delà de la seule question « post-coloniale ».

A Republic for the 21st Century

What is currently promoted as the Republican ideal has only little left to do with what Durkheim had in mind when fighting against the grip of the Catholic Church. Today’s advocates of the Republic institute a right of entry to citizenship: the only “true” citizens are those who fully adopt the values of the “Republic”. Against this exclusionist conception of the Republic, democracy can be defined by the courage not to exclude any of the multiple voices expressed in society—even the most disturbing ones. More importantly, this requires us to understand the many forms of domination imposed upon “minorities” which cannot be reduced to mere “post-colonial” issues.

La laïcité répressive. Anthropologie et géopolitique de l’homo laïcus, par et

La laïcité répressive
Anthropologie et géopolitique de l’homo laïcus

Cet article interroge les conditions du renversement actuel des principes libéraux et anti-discriminatoires de la laïcité en leur application répressive : un « méta-laïcisme », au sens où l’on a pu parler d’un métaracisme, avec lequel il a partie liée. Plutôt que dans les instrumentalisations tactiques hétéroclites faites du discours de la laïcité – qui sont une dimension du problème plutôt que son explication –, on interroge ce renversement à partir des conditions historico-politiques d’une constitution matérielle laïque, du développement inégal qui marque sa synthèse historique, et des effets résultants de la crise de son hégémonie. L’issue qui s’en dessine n’est pas seulement hypothétique, mais doublement hyperbolique, appelant un surcroît de luttes émancipatrices égalitaires, mais sur fond d’un non moins nécessaire surcroît de libéralisme politique pour accepter de reconnaître dans les cultures de l’Islam les ressources de forces idéologiques ayant droit de cité dans le champ des affrontements idéologico-politiques.

Repressive Laicism
Anthropology and Geopolitics of Homo Laïcus

This text deals with conditions of the present reversal of the liberal and anti-discriminatory principles of laïcité into their repressive application in the French context : a “meta-laicism”, as one speaks of a meta-racism (they are linked together by the way). I ponder such a reversal, not from the heterogeneous tactical instrumentalizations of the laic discourse (which is more an aspect of the problem than an element of its explanation), but from the historico-political conditions of a laic material constitution, from the unequal development which characterizes its historical synthesis, and from the resulting effects of the crisis of its hegemony. The outcome I suggest here is not merely hypothetical, but doubly hyperbolical : it claims an increase of egalitarian and emancipatory struggles, but on the background of an increase of political liberalism until cultures of Islam would be to recognized as resources for ideological forces having a legitimate place in the field of ideological and political confrontations.

Inconscient technologique et connaissances positionnelles, par

Inconscient technologique et connaissances positionnelles

Cet article donne une première description de notre « inconscient technologique », terme qui désigne les formes basiques de positionnement et de juxtapositionnement qui rendent possible la « structure atomique » de base de la vie contemporaine en Amérique du Nord et en Europe. Il montre comment, au cours des dernières années, la mise en pratique de ces grilles de repérage ont évolué au fil d’une standardisation considérable de nos espaces, standardisation qui a conduit graduellement à la cristallisation d’un nouveau type d’inconscient technologique. L’article analyse l’émergence de quelques-uns des appareils à travers lesquels cet « inconscient technologique » structure aujourd’hui notre expérience du quotidien : l’adressage postal, le code-barres, la carte SIM, la puce RFID.

The Technological Unconscious

This paper provides a description and preliminary analysis of the current “technological unconscious”. I use this term to signify the basic forms of positioning and juxtapositioning which make up the basic “atomic structure” of contemporary Euro-American life. I argue that in recent years the practice of these templates has been changing as a full-blown standardisation of space has taken hold. This standardisation is gradually leading to the crystallisation of a new kind of technological unconscious. I further argue that the traces of this new kind of unconscious are taking hold in social theory as well, leading to the assumption of a quite different event horizon which can be thought of as a different kind of materiality.

Multitudes