Tous les articles par Yves Citton

Ouvertures du décolonial à l’âge du Plantationocène, par et

Ouvertures du décolonial à l’âge du Plantationocène
Les leçons du décolonial sont multiples pour celleux qui avaient cru aux récits de la fin des Empires : aux côtés des luttes anticoloniales qui nous ont appris à rejeter les formes les plus directes d’oppression politique et économique, avec les impasses du post-colonialisme et des pensées de l’hybridation, le décolonial fait le jour sur la saisie des imaginaires, des sensibilités et des rationalités par la logique coloniale. À l’ère de la sixième extinction, l’Anthropocène prend le visage d’un âge de la Plantation, où la logique d’appauvrissement et de simplification des naturecultures est partout à l’œuvre. Parce que cette « oxydentalisation » qui coupe le souffle n’épargne personne, il est urgent d’entendre les ouvertures contre-plantationnelle du décolonial.

Decolonial Openings in the Age of Plantationocene
The lessons of the decolonial are multiple for those who believed in the narratives of the end of the Empires : alongside the anti-colonial struggles that taught us to reject the most direct forms of political and economic oppression, with the impasses of post-colonialism and hybridization, the decolonial brings to light the seizure of imaginaries, sensibilities and rationalities by the colonial logic. In the era of the sixth extinction, the Anthropocene takes on the face of an age of the Plantation, where the logic of impoverishment and simplification of naturecultures is at work everywhere. Because this breathtaking “oxidization” spares no one, it is urgent to hear the counter-plantational openings of the decolonial.

Revenu inconditionnel d’existence et économie générale de l’attention, par

Revenu inconditionnel d’existence et économie générale de l’attention

Un revenu inconditionnel d’existence devrait être envisagé au sein d’une pluralité de formes de revenus, basés sur des logiques hétérogènes. Parmi ces justifications, la prise en compte des dynamiques de l’économie de l’attention (dont Google et Facebook tirent d’ores et déjà des revenus énormes) pourrait jouer un rôle central. Un revenu d’existence apparaîtrait alors comme un investissement social permettant à chacun(e) de diriger son attention vers ce qui lui semble le plus important. Mais cela impliquerait de passer d’une économie restreinte à une économie générale, dans laquelle le moment de l’attention réflexive ne serait pas considéré comme un luxe inutile, mais comme un besoin d’avenir.

Universal Basic Income within a General Attention Economy

A Basic Universal Income (UBI) should be considered among a plurality of heterogeneous logics for rewards and incentives. Taking into consideration the attention economy (which already provides enormous incomes to Google and Facebook) could play a central role in such argu-ments. The UBI would then be seen as a form of investment allowing each recipient to direct his or her attention where
s/he judges would be more needed. This would require us, however, to evolve from a restricted economy to a general economy, where reflexive attention would no longer be considered as a wasteful luxury, but as a growing need for the future.

Subjectivations computationnelles à l’erre numérique, par

Humanités numériques. Une médiapolitique des savoirs encore à inventer, par

Humanités numériques
Une médiapolitique des savoirs encore à inventer

Cet article essaie de distinguer trois strates au sein de ce qu’il est convenu d’appeler « humanités numériques » (hum num) ou « humanités digitales ». Les hum num 1.0 font le travail concret de numérisation, balisage, reformatage, design d’interfaces en reprenant le plus souvent des corpus déjà identifiés et circonscrits. Les hum num 2.0 tirent de ce travail de numérisation l’opportunité de constituer de nouveaux corpus et d’expérimenter de nouvelles procédures et de nouvelles formes de collaboration, qui débordent et érodent les frontières entre les disciplines, comme entre l’université et ses dehors. Les hum num 3.0 essaient de comprendre comment les pratiques et savoirs constitués depuis des siècles autour des humanités peuvent nous aider à comprendre et à nous repérer dans les façons dont le numérique informe de plus en plus profondément nos modes de subjectivation.

Digital Humanities
Three Strata of a Mediapolitical Approach

This article attempts to articulate a mediapolitical approach of Digital Humanities (DH), based on three different (but complementary) layers. DH1 digitalizes pre-defined corpuses inherited from the traditional disciplines. DH2 takes advantage of the digitalization to generate new corpuses, new forms of analysis and of collaborations which erode the borders between pre-existing disciplines, as well as between academia and the outside world. DH3 mobilizes the Humanities to better understand and reappropriate the computational subjectivations induced by the digital media.