Tous les articles par Yann Moulier Boutang

Quelle finance pour la bifurcation écologique (et quels retours sur le passé) ?, par

Quelle finance pour la bifurcation écologique (et quels retours sur le passé) ?
Cet article commence par rappeler que les sommes sur lesquelles se battent nos politiciens pour éviter de « creuser la dette publique » sont complètement déphasées par rapport aux besoins réels de la bifurcation écologique. On rabote des dépenses de quelques milliards d’euros, alors que c’est à l’échelle de milliers de milliards d’euros, sur les décennies à venir, qu’il faudrait raisonner. Il propose une sortie par le haut de l’impasse actuelle, en révisant notre conception du périmètre de l’économie, qui doit être dramatiquement élargie pour inclure les activités de pollinisation, et redonner ainsi une base fiscale à la hauteur des défis écologiques. Il suggère de revisiter les débats du passé autour du dogme catholique pour comprendre la forte articulation entre finance et foi qui doit être repensée dans le cadre de l’Anthropocène.


What Kind of Finance for the Ecological Bifurcation (and What Kind of Return to the Past)?
This article begins by reminding us that the sums our politicians are fighting over to avoid “deepening the public debt” are completely out of step with the real needs of the ecological bifurcation. We’re cutting spending by a few billion euros, when we should be thinking in terms of thousands of billions over the coming decades. It proposes to broaden our conception of the perimeter of the economy to include pollination activities, only way to restore a tax base commensurate with ecological challenges. It suggests revisiting past debates around Catholic dogma to understand the strong link between finance and faith, which needs to be rethought in the context of the Anthropocene.

Dix idées fausses sur l’Union Européenne, par et

Dix idées fausses sur l’Union Européenne
Cette introduction au dossier de la Mineure donne le ton. Non, l’avenir de l’Europe n’est pas d’être un objet politique lâche, rancunier, nationaliste et fermé. Les auteurs déconstruisent une à une quelques idées fausses qui courent le long de la campagne électorale. Non, l’Europe n’est pas anti-démocratique. L’Europarlement est le seul à être élu directement par l’ensemble des citoyens du continent. Non, l’Europe n’est pas libérale, l’État-providence existe. Mais elle doit opérer des révolutions, dans le domaine du droit des femmes, de l’écologie, des migrations, de la défense, de la garantie d’un revenu. Seul le saut fédéral et l’invention démocratique permettront l’aboutissement de ces grands chantiers.

Ten Misconceptions about the European Union
This introduction to the dossier sets the tone. No, the future of Europe is not to be a sad, cowardly, nationalistic and closed political object. One by one, the authors deconstruct some of the misconceptions that have run during the election campaign. No, Europe is not anti-democratic. The Europarliament is the only one to be directly elected by all the citizens of the continent. No, Europe is not liberal; the welfare state exists. But it needs to make revolutions, in the areas of women’s rights, ecology, migration, defence and guaranteed income. Only a federal leap forward and the invention of democracy will enable these major projects to be completed.

E la nave va. Dove va ?
Entretien avec Daniel Cohn-Bendit par Yann Moulier Boutang, par
et

E la nave va. Dove va ?
Dans cet entretien, Daniel Cohn-Bendit déplore l’atonie de la gauche française qui n’a pas voulu, lors de ces élections, réunir ses composantes sociale, écologiste et réformiste derrière Raphaël Glucksman autour d’un projet européen prônant la fédéralisation de l’UE. Or, cette unité est indispensable pour penser les États-Unis d’Europe face à trois insécurités majeures : la Covid, la guerre en Ukraine et le délabrement de la planète. Il s’agit de traiter ces trois insécurités ne même temps sans sacrifier l’objectif écologique. Par quels moyens ? Ce pourrait être par un grand emprunt européen garanti par la puissance du marché de ses 460 millions d’habitants ou par la création de partis transnationaux européens. Le navire Europe a encore du chemin à parcourir. Il flotte mais ne coule pas.

E la nave va. Dove va?
In this interview, Daniel Cohn-Bendit deplores the sluggishness of the French Left which, during the elections, failed to unite its social, environmental and reformist components behind Raphaël Glucksman around a European project advocating the federalisation of the EU. This unity is essential if we are to devise a United States of Europe in the face of three major insecurities: Covid, the war in Ukraine and global decay. We need to deal with these three insecurities at the same time, without sacrificing the ecological objective. By what means? It could be through a major European loan guaranteed by the market power of its 460 million inhabitants or through the creation of transnational European parties. The ship Europe still has a long way to go. It is floating but not sinking.

Migrations, l’étoile noire de l’Europe, par et

Migrations, l’étoile noire de l’Europe
L’Europe se prétend terre d’asile et d’accueil, mais elle reste de marbre devant les milliers de noyés en Méditerranée. La gauche européenne pense qu’il vaut mieux minimiser la question, pas de vagues. Pourtant, l’appel à la main d’œuvre immigrée devient à nouveau stratégique avec le développement de la « silver economy » (économie des têtes argentées, autrement dit, du soin), le « réarmement industriel, technologique et scientifique », le besoin de travailleurs agricoles saisonniers. Le pacte européen sur la migration et l’asile va à rebours : il s’agit d’empêcher les étrangers de fouler le sol des États membres par une « procédure à la frontière ». Les demandes d’asile seront désormais filtrées et examinées en amont des frontières européennes. En attendant, les migrants seront détenus dans un sas. Ce qui cimente les pays de l’Union, c’est le partage « équitable » du fardeau de la gestion de ces migrants, en passant des accords avec des pays prêts à gagner de l’argent pour ce gardiennage. S’agit-il de réarmer la colonialité ? Il faut rajouter une étoile noire au drapeau européen.

Migration, Europe’s Dark Star
Europe claims to be a land of asylum and welcome, but it remains unmoved by the thousands of people drowning in the Mediterranean. The European Left thinks it’s better to play down the issue, not to make waves. Yet the need for immigrant labour is becoming strategic once again, with the development of the “silver economy”, “industrial, technological and scientific rearmament”, and the need for seasonal agricultural workers. The European Pact on Migration and Asylum goes in the opposite direction: it aims to prevent foreigners from setting foot on the soil of Member States by means of a “border procedure”. From now on, asylum applications will be filtered and examined before Europe’s borders. In the meantime, migrants will be held in an airlock. What unites the countries of the Union is the “equitable” sharing of the burden of managing these migrants, through agreements with countries prepared to earn money for guarding them. Is it a question of rearming coloniality? We need to add a black star to the European flag.

Dix propositions
Pour saluer les vraies législatives européennes
Pour redonner une voix à la gauche dans la campagne de mai‑juin 2024, par
et

Dix propositions
Pour saluer les vraies législatives européennes
Pour redonner une voix à la gauche dans la campagne de mai‑juin 2024
Ces dix perspectives possibles pour l’Europe ne concluent pas le dossier, elles ouvrent le débat. Elles se veulent proposer des visions marquées par la raison mais aussi par la passion fédérale. Il faut que naissent des « tribuns » européens qui donnent à l’Europarlement un rôle prépondérant sur le Conseil et la Commission. Il est nécessaire d’étendre ses compétences à des sujets de société (les violences sexuelles, l’écologie) et des sujets éminemment stratégiques comme la guerre. L’Europe doit s’ouvrir au lieu d’organiser la fermeture de ses frontières extérieures sous le joug de discours racistes. Les migrations internationales lui sont vitales, pour des raisons économiques et démographiques. Et puis, elle connaît une mutation extraordinaire de l’emploi. Quand la question d’un revenu universel européen financé directement par l’Union comme puissant vecteur de rattrapage et de fédéralisation des politiques sociales sera-t-elle intégrée dans les programmes d’une gauche européenne pour reconquérir les couches populaires perdues ?

Ten proposals
To Welcome Real European Parliamentary Elections
Giving the Left a Voice in the May-June 2024 Campaign
These ten possible perspectives for Europe do not conclude the dossier, they open the debate. They are intended to offer visions marked by reason but also by federal passion. European « tribunes » must be born to give the Europarliament a leading role over the Council and the Commission. Its powers must be extended to social issues (sexual violence, ecology) and eminently strategic issues such as war. Europe must open up instead of closing its external borders under the yoke of racist rhetoric. International migration is vital to Europe, for economic and demographic reasons. What’s more, Europe is undergoing an extraordinary transformation in terms of employment. When will the question of a European universal income, financed directly by the Union, as a powerful vector for catching up and federalising social policies, be included in the programmes of a European Left to win back the working classes that have been lost?

Pourquoi le revenu d’existence inconditionnel, c’est maintenant, par

Pourquoi le revenu d’existence inconditionnel, c’est maintenant
Cet article examine pourquoi structurellement l’objectif politique d’un revenu d’existence individuel, inconditionnel, universel, cumulable avec une activité dépendante ou non du marché, d’un niveau équivalent au salaire minimum se substituant à ce dernier comme base de la protection sociale est apparu progressivement dans l’espace public depuis plus de 45 ans et se traduit de plus en plus en revendications ouvertes même si ces dernières restent souvent confuses notamment sur le niveau, la faisabilité et le financement. Il expose en deuxième partie comment l’accélération des transformations du capitalisme, l’urgence planétaire de politiques résolument écologistes d’un côté, et les phénomènes révélés par la pandémie de la Covid-19 de l’autre, représentent une occasion exceptionnelle pour faire de cet objectif la charpente d’un programme unificateur de la Gauche dans l’élection présidentielle de 2022.

Why an unconditional basic income, it’s now
This article examines why, structurally, the political objective of an individual, unconditional, universal basic income that can be combined with an activity dependent or not on the market, at a level equivalent to the minimum wage and replacing the latter as the basis of social protection, has appeared in the public arena for more than 45 years and is increasingly being translated into open demands, even though these often remain confused, particularly as regard to the level, feasibility and financing. In the second part, it explains how the acceleration of the transformations of capitalism, the global urgency of resolutely ecological policies on the one hand, and the phenomena revealed by the Covid-19 pandemic on the other, represent an exceptional opportunity to make this objective the framework of a unifying programme for the Left in the 2022 presidential election.

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