« Je sais avec les autres, parmi les autres
et partageant la même époque »
(Isabelle Stengers, Activer les possibles1)
Crise, effondrement, et ouverture de possibles
« – J’ai peur… Quelqu’un peut-il me rassurer ?
– Viens à Notre Dame des Landes ce samedi !
Tu verras qu’on peut transformer
la peur en quelque chose de beau ! »
(Collapsosphère, février 2018)
Il semble entendu qu’il n’y a rien de bon à attendre du « catastrophisme » – encore moins de l’effondrisme. L’annonce d’un désastre, renvoyant nécessairement chacun à sa peur pour soi ou ses proches, serait à l’opposé de la confiance permettant de se projeter collectivement dans l’avenir – en un mot, de la démocratie. Détourner le public de ses tentations catastrophistes fait donc partie des tâches attendues des intellectuels, dans le cadre de leurs fonctions de maintenance d’un certain régime démocratique.
Cette tâche entre de plus en plus en frictions avec les évolutions récentes de la question écologique. En particulier avec une notion qui, bien que présente de longue date dans la pensée écologique, a été tout récemment propulsée au premier plan par le succès d’audience de la « collapsologie » : « l’effondrement2 ».
Nous souhaitons, dans cette majeure, sinon tout à fait renverser le réflexe intellectuel de défiance face à l’annonce d’une catastrophe intégrale, du moins le ralentir et le nuancer, en plaçant, en amont de la question de savoir quoi penser de l’effondrement, celle, plus empiriquement ancrée, de savoir ce que fait l’effondrement, et ce qu’en font celles et ceux à qui cette idée fait quelque chose.
Ce que fait l’effondrement varie selon les situations de départ, forcément contrastées au sein d’un monde en train de se défaire. Les extraits de conversations capturées sur les réseaux électroniques effondristes, que nous avons placés en exergue, donnent une première idée de cette complexité. Avant d’y revenir, commençons par noter que l’enjeu que constitue l’effondrisme n’est pas entièrement nouveau pour Multitudes, et que les attentes qui se cristallisent aujourd’hui autour de cette notion ne sont sans doute pas sans liens avec le déclin d’une autre façon de nommer le mouvement de l’histoire : la « crise ».
En 2009, l’« Abécédaire de la crise » proposé par Multitudes prenait un parti désinflationniste face aux lieux communs et aux autorités d’un discours de la crise producteur d’attente passive. À l’opposé, il s’agissait de prêter attention au « surgissement que nous pressentons autour de nous » et aux « formes de vie » inchoatives émergeant sur le fond d’un « triste effondrement en (long) cours3 ». S’inspirant du philosophe Frédéric Neyrat, la notice « Condition-Catastrophe » suggérait deux raisons de se dégager de la « crise » : premièrement, celle-ci euphémise les « catastrophes en cours », voire « l’effondrement annoncé » de « notre mode de subsistance ». De ce point de vue, « la pensée des catastrophes est utile : elle fait sauter le verrou gestionnaire qui semble incapable de prendre la mesure exacte de ce qui nous arrive, et peut encore nous arriver4 ». Deuxièmement, le discours de la « crise » participe d’une « biopolitique des catastrophes » dont il faudrait déjouer le pouvoir assujettissant en inventant de nouvelles formes de « démobilisation5 ». F. Neyrat précisait ailleurs que le lien avec une imagination désirante pourrait permettre d’arracher « la pensée des catastrophes » à sa fonction de « maintenance du présent par pré-vision du possible » sans courir le « risque de déclencher une peur dont il ne faut », selon lui, « rien attendre, si ce n’est le pire6 ».
Dix ans plus tard, l’achèvement de la dévaluation politique du concept de crise invite à se retourner sur son histoire longue, afin de comprendre quelle place est laissée vacante. Si l’on suit Koselleck ou Revault d’Allones, la puissance de cette idée a culminé lors de la période révolutionnaire de 1789, au cours de laquelle « l’insertion du concept de crise dans la pensée moderne de la temporalité et de l’historicité marque une inflexion significative et même une mutation. La crise va prendre désormais la forme d’une rupture généralisée, d’une négation radicale de l’ancien par le nouveau au nom d’une certaine conception du progrès7 ».
La pensée de la crise était alors plus proche d’une action ayant prise sur le devenir tant en politique qu’en arts. Comme l’exprime M. Revault d’Allones, « le temps a été doté d’une qualité historique : dynamisé en force, il est devenu lui-même l’acteur de l’histoire. Le temps était ainsi le moteur d’une histoire à faire, d’une tâche politique à accomplir. Ce n’était plus dans le temps mais par le temps que se déroulait l’histoire. Et c’est pourquoi, il importe d’envisager un autre mode de rapport à l’avenir8 ». Dans les années 1970 encore, la « crise » constituait, avec « l’effondrement » et la « catastrophe » un trio décisif chez Ivan Illich. Celui-ci affirmait en effet que « la paralysie synergique des systèmes nourriciers provoquera l’effondrement général du mode industriel de production9 ». Cet « effondrement » est ici équivalent à une « crise » qui précipite en un événement la « catastrophe » chronique du monde industriel et offre l’occasion d’une « inversion » révolutionnaire vers la « convivialité »10.
Mais au cours des décennies suivantes, cette « crise intégrale11 » a été sans cesse repoussée, et le temps long des usages de plus en plus gestionnaires de cette notion a fini par désamorcer sa dimension critique. Tandis que « la crise » perdait sa capacité à faire histoire, c’est l’idée d’effondrement qui est devenue, depuis quelques années, le point de fuite des transformations en cours, entre l’échec (programmé) de la coordination internationale sur le front climatique et l’approfondissement des diagnostics scientifiques sur l’état de la planète. La diffusion de ce discours est liée dans l’espace francophone au succès de la « collapsologie », introduite en 2015 par un ouvrage de Pablo Servigne et Raphaël Stevens, dont les médias se sont largement fait l’écho. La notion d’effondrement pointe une finitude « spatiale », en alertant à la fois sur les limites planétaires en termes de ressources naturelles (énergies fossiles, métaux, phosphate, etc.) et sur les seuils à ne pas franchir (changement climatique, acidification des océans, etc.). Elle désigne aussi la finitude « temporelle » du peu de temps restant pour y faire face.
Un article de cette majeure repense ce lien entre révolution et effondrement. Y. Citton et J. Rasmi cherchent dans ce second terme une opportunité pour organiser « une vie collective désirable en milieu effondré » tout à la fois « soutenable, pluraliste, équitable ; black, sorcière, queer ; dé-coloniale, dé-polémique, dé-compétitive ; étudiante, improvisante, poétisante ». C’est donc à ce chantier conceptuel et empirique autour de la thématique de l’effondrement, entre discours et pratiques, récits et enquêtes, icônes et textes, verbatims d’effondré.es anonymes et critiques intellectualistes, qu’invite cette majeure.
Le public fantôme des critiques de l’effondrisme
«Salut les collapso, avant d’intégrer ce groupe je n’avais pas conscience
qu’on pouvait avoir autant besoin de s’exprimer avec des gens
qui puissent comprendre notre situation. Ne pas être traité comme
un démago, un moralisateur, un catastrophiste, un idéologue etc.»
(Collapsophère, avril 2019)
Comme on pouvait s’y attendre, la « collapsologie » a mobilisé contre elle diverses sensibilités de droite, en particulier entrepreneuriale et technophile, avec l’« anti-collapsologue12 » Laurent Alexandre. Peu argumentées, ces réactions mettent en scène une opposition de postures : d’un côté, le phlegme et la maîtrise de soi, voire l’élan prométhéen vers le futur ; de l’autre, l’emportement d’une foule collapsologique, possédée par une supposée foi néo-millénariste.
Des critiques, venant du bord politique opposé, méritent davantage attention. En effet, surtout depuis l’été 2018, des contre-feux ont été allumés par des intellectuel.le.s de l’écologie politique, inquiet.e.s des effets de la « collapsologie » sur le champ militant auquel elles et ils s’adressent. De ce corpus de critiques au nom d’une écologie sociale13, ressortent plusieurs points récurrents : la prétention des récentes théories de l’effondrement à la nouveauté est infondée (et d’énumérer les précurseurs – qui sont souvent dans les bibliographies « collapsologiques ») ; ces théories sont autocentrées, à différentes échelles (celle de l’humanité face à la nature, et des classes moyennes blanches occidentales face à leurs divers « autres ») et négligent de mettre en cause ces privilèges. Plusieurs textes, et en particulier ceux de J.-B. Fressoz, alertent contre l’appropriabilité du thème de l’effondrement par l’extrême-droite. Enfin, sur un plan épistémique, on leur reproche la raideur de leur positivisme et d’un « scientisme » peu ouvert aux sciences sociales14 et on oppose à leur déterminisme global la « prolifération des mondes15 », souvent en référence aux travaux d’A.Tsing.
À la suite de ces préoccupations que nous partageons, viennent trois autres points, plus contestables. D’abord le reproche de ne générer que du désemparement, voire une « passivité, fébrile et repliée16 ». Ainsi, une militante d’Alternatiba s’inquiète d’« une attitude défaitiste, [… qui] augmente par l’inaction le risque de l’effondrement écologique17 », tandis que F. Thoreau et B. Zitouni évoquent les « militants qui sortent dépités, démoralisés » des conférences effondristes, et qu’un internaute souligne, à la suite de leur texte, « l’insulte que [l’effondrisme] constitue à l’encontre de tous ceux qui continuent activement à se battre18 ».
Ensuite, vient une accusation de dépolitisation découlant de celle de scientisme. En accordant trop peu de place, dans leurs descriptions des dynamiques en cours, à la conflictualité sociale, voire en naturalisant les rapports sociaux sous la forme d’une espèce humaine unifiée19, les théories de l’effondrement n’offriraient pas les repères intellectuels, ou si l’on veut, les prises pour une action proprement politique.
Entreprise de propagation d’une désolation stérile, l’effondrisme est encore dénoncé pour l’abus de pouvoir que ses porte-parole (ici volontiers qualifiés de « prophètes ») exerceraient sur leur public : « La collapsologie, écrivent F. Thoreau & B. Zitouni, fabrique des êtres nus, arrachés à ce qui les tient et à ce qui leur importe. Elle met en œuvre une opération d’infantilisation affective qui, seule, lui permet de créer les citoyens ignorants et désemparés dont elle a besoin ». Cette manipulation, qui suppose un public sans défense, permettrait aux célébrités collapsologiques de s’ériger en « missionnaires ou […] bergers du peuple ». Sur un ton plus satirique, dans un article que son auteur distingue d’ailleurs de sa production académique, le philosophe P. Charbonnier compare « les lecteurs » de la « nouvelle mystique collapsologique » aux « born again pétris de culpabilité qui se réconcilient sur le tard avec le Christ » ; ils sont alors « menés de la stupeur à la consolation ou, plus prosaïquement, de l’univers de Mad Max à celui de La Petite Maison dans la prairie20 ».
Ces critiques visent la relation aberrante entre un public excessivement troublé et des auteurs dont la dérive prophétique dévoierait le rôle, plus sobre, d’intellectuel. La critique prend ici pour acquis que la relation entre les textes ou figures médiatiques « collapsologiques », à commencer par P. Servigne, et leur public, ne saurait être autre chose qu’une « emprise21 » – dont seuls des herméneutes chevronnés sauraient déjouer les pièges. Mais en sait-on ici suffisamment pour caractériser cette supposée emprise ? L’effet des textes effondristes ne va pourtant pas de soi et n’est pas déductible d’une lecture.
Dans sa préface à une belle enquête sur les lecteurs de l’ésotérisme, l’anthropologue D. Fabre soulignait l’apport d’une « connaissance précise de la réception de ces multiples messages » au sein de « communautés d’interprétation de très grande ampleur22 ». Lorsqu’elle ignore cet aspect, la critique rationaliste tourne à l’imprécation, et méconnaît d’ailleurs les points de passage qui « fragmentent son propre front23 ». De même, si les différents acteurs qui se sentent provoqués par le discours effondriste souhaitent (re)prendre prise sur le public qui s’est tourné vers lui, ils devront prendre au sérieux la dimension collective et interprétative de sa réception, au lieu de s’en prendre à la seule lettre des textes ou à un portrait-robot du collapsomane.
Le présent dossier est sous-tendu par une expérience de cette réception. Il est issu de notre fréquentation commune, observante et participante, de la « collapsosphère » : les réseaux socio-numériques sur lesquels interagissent des participants qui y organisent des actions et projets IRL (In Real Life) et ce, pas toujours sur la base d’une adhésion mais au moins d’un concernement vis-à-vis de l’idée d’effondrement. Qu’en penser ? L’enquête au sein des communautés effondristes est une enquête à propos d’enquêtes, ou « une recherche sur des chercheurs24 » par-delà la dualité trop apparente entre « collapsologues » et « collapsonautes », chercheurs et arpenteurs troublés.
Ces collectifs en ligne sont en effet des lieux d’expérimentation à partir de la « panique perplexe25 » suscitée par les données de plus en plus vertigineuses sur le devenir du système-Terre. Cette expérimentation est à la fois discursive et pratique, comme le montre A. Bidet. Réunis par le souci de l’effondrement, les membres des forums et autres groupes discutent des possibilités et de la portée des transformations « écocitoyennes » de leurs modes voire formes de vie : « Là où les chercheurs, souvent philosophes, spéculent sur les effets d’une idée, les participants de ces groupes y enquêtent sur des questions urgentes et intriquées : quoi faire, où habiter, avec qui, comment s’associer, où se rencontrer, etc. » La réception de la collapsologie donne lieu à des jeux complexes entre désemparement et capacités d’agir : le partage d’un choc existentiel face à l’inexorabilité des tendances lourdes à l’échelle globale tend à constituer un milieu au sein duquel des possibilités se créent.
« L’écologie rend fou », remarque B. Latour26. Les « communautés de l’effondrement27 » font le pari (incertain et imparfait) que l’intelligence collective offre une chance de tenir cette folie en lisière. Les débats sur l’effondrement ont besoin d’un atterrissage sociologique pour tenir compte de cet horizon. Il faut en passer par l’enquête, et réintégrer dans la discussion publique sur les avenirs écologiques, les expériences et les pratiques des multitudes, électroniques ou non, qui se fédèrent autour de l’effondrement. On découvrira alors, au lieu d’une foule sous emprise dont les gourous sont tout désignés, un « milieu hétérogène en transformations28 » qui ouvre l’effondrisme à d’autres issues que la désolation solipsiste postulée par ses critiques.
Ces critiques comportent néanmoins des formules plus prudemment interrogatives : les collapsologues vont-ils « se montrer à la hauteur des affects qu’ils soulèvent […] ?29 ». Ou bien, si « ce n’est pas la catastrophe annoncée qui fait réagir, [mais] le sentiment partagé d’une force collective possible30 », l’actuelle vague effondriste suscite-t-elle un tel sentiment ? Même F. Thoreau et B. Zitouni concèdent que l’on pourrait à la rigueur parler de catastrophe, si et seulement si cela offrait des « prises » et des « aspérités ». Mais cette judicieuse question des « prises » n’est pas réglée par le recours aux images faciles d’acteurs patinant en vain pour « remonter le long de la courbe de toutes ces asymptotes31 ».
Certes, la vague collapsologique irrite les spécialistes d’écologie de longue date en abaissant le coût d’entrée dans leur champ par une forme vulgarisée, souvent autodidactique, hybridant livres et vidéos, et par une position morale moins noble et politiquement plus hétéroclite, où la peur pour soi et les siens n’est pas tenue au second plan par l’abnégation et l’universalité.
Mais n’est-ce pas précisément à travers ce hiatus que l’effondrisme élargit les frontières sociales de l’engagement écologiste ? Et ses ambiguïtés et indécisions n’en font-elles pas un terrain à cultiver plutôt qu’un égarement à excommunier ? « Il n’y a pas oubli de la politique mais bien plutôt destruction des données connues de la politique », écrit J.P Engélibert32 à propos des fictions apocalyptiques. L’espace de négociation entre les effondristes et leurs critiques tient sans doute à l’équilibre à trouver entre le maintien et la redéfinition des conditions de la politique.
Les récits et enquêtes de l’effondrement :
trajectoires décolonisatrices
« Moi je ne peux que me préparer psychologiquement, parce qu’avec un RSA
on ne possède pas grand-chose. »
(Collapsosphère, février 2019)
« bjr où bsr je suis un jeune homme africaine plus précisément Djibouti
et j’aimerais qu’on fasse connaissance pour pouvoir discuter de cet logique
du fin du monde qui est tt à fait inéluctable. vous êtes les seuls à penser
comme moi et tt comme vous j’y crois mais ma famille me prend pour un foux.
En Afrique on vie déjà la presque fin du monde »
(Collapsosphère, juillet 2019)
Certaines critiques de l’effondrisme s’offusquent de son inscription supposée dans une longue série de récits messianiques, apocalyptiques ou plus largement eschatologiques. Pour autant, les récits effondristes ne sont guère énoncés sous cet angle, leurs auteur.e.s souscrivant largement à la disqualification affectant les grands récits de catastrophes et de rédemptions. Les deux méconnaissent ainsi leur proximité avec toute une tradition de réflexions sur le messianisme, l’eschatologie, voire la gnose, de W. Benjamin33 à M. Löwy34 en passant par J. Taubes35, où s’entremêlent la religion et le politique36.
En outrepassant cette stigmatisation et cette réticence à assumer les dimensions narratives de l’effondrisme, ce numéro voudrait mettre en lumière des « prises fictionnelles » sur « l’avènement anthropocénique ». Parmi ces prises, les articles de Y. Citton et J. Rasmi ou de K. Steward mettent en lumière une voie narrative décolonisée venue des subalternes. D’autres récits saillants sont ceux de ces hommes blancs ingénieurs, cadres, intellectuels qui se déclassent voire se minorent lors de leurs conversions effondristes et sont avides de les narrer au sein des arènes numériques de la collapsosphère37.
Ces pratiques de mise en récit ont un air de famille avec les fabulations spéculatives imaginées par D. Haraway, « petites histoires » que l’on se raconte à la veillée pour vivre ensemble dans le trouble d’une planète endommagée38. Cette « petite » voie narrative peut s’entendre au fil de cette introduction dans les verbatims que nous avons glissés ici et là. Elle nous a semblé faire contrepoint à deux grands récits dominants autour de la thématique effondriste, l’un médiatique et l’autre science-fictionnel.
Un récit médiatique entre
pathologisation et folklorisation
De canicule en canicule, la thématique de l’effondrement popularisée par la collapsologie est de plus en plus médiatisée. Un outil de suivi des tendances associe la collapsologie à « l’éco-anxiété » sur environ 2000 entrées en août 2019, avec des titres de quotidiens, de magazines ou de médias audiovisuels du type « Le futur vous déprime ? Cynisme, éco-anxiété et dépression verte… », « Éco-anxiété : quand la hausse des températures fait chuter le moral », « L’éco-anxiété ou solastalgie, le nouveau mal du siècle ». Le récit médiatique s’articule ainsi autour de notions psychologisantes, à travers lesquelles il s’agit moins de parler des réalités écologiques, que d’enseigner au public à identifier un nouveau profil médicalisable.
La médiatisation de la collapsologie vient donc psychologiser et folkoriser ce qui est d’abord une forme de transmission de savoirs pluriels. Les émissions de télévision tels que Complément d’enquête, « Fin du monde : et si c’était sérieux39 », scénarisent des trajectoires individuelles sous le prisme de la télé-réalité, en ciblant les « collapsos » pittoresques, qui correspondent, entre « Koh Lanta » et « L’amour est dans le pré », au personnage du « survivaliste de gauche » pointé par P. Charbonnier, et ce aux dépens d’une vision plus réaliste et plurielle des individus et groupes marqués par l’effondrement. Dans ce dossier, Olivier Gadeau nous propose une utile chronologie de cette médiatisation40, depuis une série d’émissions d’Arrêt sur images jusqu’à une suite d’articles dans 20 Minutes en passant par des numéros spéciaux de revues comme Usbek et Rica ou Socialter.
De la science-fiction à la fabulation spéculative :
pluraliser les signes
Un répertoire de récits incontournables pour penser l’effondrement est représenté par la Science Fiction. Si ce genre peut « permettre d’accorder une visibilité aux conditions d’organisation de collectifs, aux dilemmes moraux pouvant résulter de certaines situations » comme le suggèrent ici A Kyrou et Y. Rumpala, on peut aussi rappeler que la voie de la science-fiction est plurielle, du masculinisme au féminisme. Avec Octavia Bulter, K. Steward invite à se décentrer du « personnage par défaut de nos fictions futuristes et post-apocalyptiques » : « un homme blanc, souvent américain, supposé représenter l’universel » pour adopter l’œil sur le futur « de celui qui subit des situations d’exclusion » : « femme, non occidentale, pauvre, éventuellement queer et handicapée », et éclaire de ce fait les conditions d’« un futur souhaitable pour l’humanité. »
Dans ce détournement des codes de la science-fiction, citons également la transformation par Haraway de la figure dominatrice du Cthulhu de Lovecraft en ère du Chthulucène qui fait « chanter le terrestre, le chtonien, et […] tout ce qui est lié à la Terre, y compris l’atmosphère et [affirme] que nous sommes reliés à une myriade de temporalités et de spatialités, reliées aux divers pouvoirs passés, présents et à venir de la Terre.41 »
Parmi les voies narrativistes minorées auxquelles nous avons voulu donner toute leur place, « l’iconotexte » implique également de prendre en compte la diversité sémiotique des récits et ne pas considérer l’image comme simple illustration du verbe. L’article de R. Bertho et L. Gerbier montre la pertinence d’une « image intranquille, qui ne donne rien à voir de la catastrophe à venir mais qui semble constamment solliciter l’enquête inquiète et l’interrogation inconfortable » pour suggérer ce qui se dérobe à la visualisation. Un dernier article, celui de J. Le Marec, interroge enfin les « récits tsingiens » de l’Anthropocène, en plaidant pour la prise en compte des voix qui se sont irrémédiablement tues, par-delà la frontière entre nature et culture et les clivages coloniaux.
Décoloniser l’effondrement : qui peut parler ?
Pluraliser les acteurs et les régimes d’énonciation « visant à fixer les futurs », entre « prophétie », « prospective », « attention » et « alerte », tels que les développent F. Chateauraynaud et J. Debaz, ouvre la possibilité de mieux « observer toutes sortes d’effondrements, à toutes les échelles, mais aussi le travail continu des acteurs, aux prises avec des dispositifs et des milieux, œuvrant à sauver des situations, éviter des répétitions dramatiques, inventer des voies alternatives – ce qui n’exclut en rien des moments d’effroi ou de panique, cognitive ou morale ». En suivant l’invitation d’Y. Citton et J. Rasmi à « un décadrage et un recadrage […] pour neutraliser les effets pervers du terme d’effondrement tout en conservant ses vertus mobilisatrices », nous ouvrons ce dossier sur « l’effondrement vu d’en bas », en nous efforçant de dé-coloniser la thématique par la perspective « [d]es communs d’en bas42 ». Ces undercommons, soubassements invisibles « négligés et maltraités » des épopées coloniales et modernisatrices pourraient redevenir le lot de tous à l’heure où l’ère du plantationocène promet « l’effondrement des communs ».
Sous un autre angle, K. Steward souligne ce qu’a d’exorbitant le Nous sommes tous sur le même bateau collapsologique, alors que les causes du désastre sont démesurément occidentales : « Comment devraient réagir des populations jusque-là contraintes et forcées de se mettre au pas du capitalisme triomphant à qui l’on ordonnerait soudain : «Cessez tout ! Nous avons abusé, nous nous sommes bien engraissés, mais nous avons cassé la planète. Arrêtez et n’en profitez pas comme nous avons pu le faire, nous !» ». Cette réflexion rejoint celle d’I. Stengers à propos des Blancs dont « l’amnésie leur [fait] croire que ce qu’ils sont devenus dans ce monde, c’est normal ! » Or, « ce n’est pas normal, nous ne savons pas de quoi les gens pourraient devenir capables43 ».
Les collapsonautes s’apparentent à des « réfugiés cosmologiques », rattrapés par l’histoire, bricolant d’autres modalités d’existence sans toujours rompre avec le cadre hégémonique qui demeure le leur. K. Steward, toujours, les invite à la « dé-mondialisation des savoirs » qui s’incarnerait dans la figure de la sorcière « détentrice de savoirs locaux, minuscules et précieux. » L’effondrement est ainsi décentré par en bas, mais sans exclure qu’il le soit par le haut. Il est ainsi saisi du point de vue de l’État chinois dans l’article d’Élodie René resituant le concept de « civilisation écologique » développé à la fin des années 1980 comme une critique de la modernité industrielle et du capitalisme face à la catastrophe écologique planétaire en cours, avant de devenir dans les années 2000 un slogan au service de la croissance verte et du contrôle numérique.
L’un des portraits caricaturaux qui se trouvent régulièrement composés des effondrés, à la fois par des penseurs critiques et par eux-mêmes, renvoie l’image d’une greentrification44 de la militance écologique. « C’est quand même sacrément sympa de préparer l’effondrement quand on a les moyens de se payer une grande propriété avec la masse de terrain autour », peut-on lire en commentaire d’un entretien de Y. Cochet sur Brut en juillet 2019. Résumant les résultats d’un questionnaire en ligne, L. Steffan écrit ainsi : « Si je force le trait, le collapsonaute est un mâle blanc (c’est de l’autodérision, il y a plus de 40 % de femmes et blanc, je n’en sais strictement rien) surdiplômé par rapport au reste de la population mais il est aussi très écologiste de longue date sans pour autant voter écolo et très soucieux de partager et de coopérer avec les gens ».
La critique de la greentrification à la fois externe à la sphère effondriste et endogène aux participants de différentes rencontres et groupes est de fait récurrente. À parcourir le terrain de la collapsphère, nous pouvons observer combien les effondrés se décrivent eux-mêmes plutôt comme des sujets « vulnérabilisés ». Moins des subalternes au plan des conditions objectives d’existence que des individus qui se minorisent volontairement dans un contexte de vulnérabilisation systémique. Burn out, rupture familiale, précarisation sociale sont autant d’échos biographiques de la possibilité d’un effondrement civilisationnel. Pour obtenir une juste cartographie sociologique des « vulnérabilisés volontaires du climat45 », il faut articuler les cheminements biographiques individuels avec l’engagement dans une dynamique collective très diffuse, qui a décroché des luttes sociales traditionnelles et des corps intermédiaires sur lesquels elles s’appuyaient. Cela suppose également de mesurer la diversité des options pratiques que les interprétations politiques de l’effondrement produisent. Entre la défection des « loyaux critiques » tels que des ingénieurs en reconversion professionnelle entre permaculture et low tech et la montée en savoirs des collapsonautes les plus socialement dominés se revendiquant par exemple du récent mouvement des Gilets Jaunes, c’est un continuum de précarisations que le slogan « fin du mois, fin du monde » symbolise.
Conclusion : cultiver nos écotones !
L’effondrisme pose la question des façons de se positionner, non pas uniquement par rapport à une théorie, mais également par rapport à des expériences individuelles et collectives. Dans l’article qui clôt cette majeure, les sociologues P. Cary, A. Célié, N. Garnoussi et Y. le Lann expliquent comment, chacun à partir de sa trajectoire, « l’exploration sur le terrain des mouvances effondristes » a pu les conduire « au dépassement du simple statut d’observateur ». Leur témoignage réflexif est une réponse à une interpellation qui commence à hanter l’Université, notamment anglophone : ainsi, pour le géographe Geoff Mann, la « crainte éminemment rationnelle » que « les efforts pour éviter une catastrophe » climatique soient « vains » est devenue l’« éléphant dans la pièce », sans lequel la relation pédagogique tourne à vide46.
S’il faut accepter d’entendre les affolé.e.s de l’écologie en dehors des formes, souhaitables mais rares, de l’écosocialisme socialement conscient, épistémologiquement abouti, et ayant abjuré ses privilèges, que faire des réserves que suscite l’effondrisme, dans ses versions les plus visibles, lorsqu’on le passe au crible des schèmes critiques des sciences sociales ?
Une piste de réponse peut être tirée de l’enquête de L. Centemeri sur la permaculture. Elle souligne en effet l’intérêt du concept d’« écotone », qui désigne au sens propre une « zone de transition entre deux écosystèmes47 », comme une métaphore politique, désignant alors « une zone où des cultures et des expériences politiques différentes sont amenées à se rencontrer et à collaborer48 ». C’est bien ce que constitue le mouvement de la permaculture en offrant à « des acteurs venant d’horizons critiques différents » l’occasion de coopérer « sans penser avoir le monopole de la «bonne critique»49 ». C’est à la fois son intelligence politique et son risque. On peut transposer à la question effondriste la démarche de cultiver les écotones – ce qui ne veut pas dire tout accueillir. Les avertissements de Laura Centemeri face aux glissements identitaires que « l’apolitisme » affiché de la permaculture peut autoriser sont aussi valables ici.
Cette logique nous semble plus saine que les indignations publiques, qui repoussent l’effondrisme vers les petits arrangements discrets du découragement ou de la « résilience », suivant les moyens de chacun.e. L’atterrissage sur un sol anthropocènique de plus en plus rude mérite une véritable discussion collective, et les expériences effondristes ont à cet égard une valeur d’expérimentation, et de stimulation pour bousculer les institutions, de la famille à l’État en passant par l’entreprise.
1 F. Dolphijn, Isabelle Stengers: activer les possibles, Esperluète Éditions, 2019.
2 Sans proposer une archéologie détaillée, on peut rappeler que les noces de l’écologie et du catastrophisme (voire de l’apocalyptisme) avaient déjà été célébrées par plusieurs auteurs dès la fin des années 40. Cf. W.Vogt, La faim du monde, Hachette, 1950 (1948) ; F. Osborn, La planète au pillage, Actes Sud, 2008 (1948) ; G.T Rattray. Le jugement dernier, Paris, Calmann-Lévy, 1973 (1970). À la même époque, en 1972, paraît le fameux rapport des Meadows, et, la même année, un autre texte influent, A Blueprint for Survival. Parmi les auteurs contemporains à l’origine de la résurgence conceptuelle de l’effondrement, le plus souvent cité est Jared Diamond, auteur d’Effondrement: comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie. Paris: Gallimard, 2018 (2005). Diamond fut précédé par J. Tainter avec L’effondrement des sociétés complexes, Paris, Le Retour aux sources, 2013 (1988). Voir aussi M. Schneider-Mayerson, Peak Oil: Apocalyptic Environmentalism and Libertarian Political Culture, The University of Chicago Press, 2015, l’américain J. M. Greer, tenant d’un effondrement « catabolique » exposé dans The Long Descent: A User’s Guide to the End of the Industrial Age, 2011, le russe Dmitry Orlov, Reinventing Collapse: The Soviet Experience and American Prospects, Gabriola Island, New Society Publishers, 2008. R. Riesel et J. Semprun, usent du terme d’effrondrement avec circonspection dans le livre Castastrophisme, administration du désastre et soumission durable, éditions de l’Encyclopédie des Nuissances, 2008.
3 Multitudes. 2009, n° 37-38 : « Abécédaire de la crise », p. 32.
4 Cette citation est tirée d’un article de F. Neyrat, qui prolonge le propos de la notice de l’« abécédaire » : « Biopolitique des catastrophes », Multitudes, n° 24, 2006, p. 115.
5 « Abécédaire… » pp. 54-56.
6 « Biopolitique des catastrophes », Multitudes, n° 24, 2006, p. 115-116.
7 La Crise sans fin. Essai sur l’expérience moderne du temps, Seuil, 2012.
8 Ibidem.
9 La Convivialité, Seuil, 2003, p. 147.
10 Ibidem, p. 150.
11 Ibid., p. 155.
12 À en croire son profil Twitter, consulté le 9 août 2019.
13 N. Casaux, « Le problème de la collapsologie ». Le Partage (blog), janvier 2018 ; D. Tanuro, « L’effondrement des sociétés humaines est-il inévitable ? Une critique de la « collapsologie » : C’est la lutte qui est à l’ordre du jour, pas la résignation endeuillée », Gauche anticapitaliste, 27 mars 2018, repris sur Contretemps le 19 juin 2018 ; E. Lagasse, « Contre l’effondrement, pour une pensée radicale des mondes possibles », Contretemps, 18 juillet 2018 ; J.-B. Fressoz, « La collapsologie : un discours réactionnaire ? » Libération.fr, 7 novembre 2018 ; F. Thoreau et B. Zitouni, « Contre l’effondrement : agir pour des milieux vivaces ». Entonnoir, puis Lundi Matin, décembre 2018 ; R. Meyran. « Les théories de l’effondrement sont-elles solides ? », Alternatives Economiques, 7 janvier 2019 ; C. Marchadier, « Collapsophie ? Contre la prophétie de l’effondrement », Le Blog de Côme Marchandier, 11 mars 2019 ; toinou. « La collapsologie ou la critique scientiste du capitalisme », Perspectives Printanières, 17 mars 2019 ; J. Cravatte, « L’effondrement, parlons-en… – Les limites de la “collapsologie” », Barricade, 3 avril 2019 ; V. Rigoulet, « Lettre à Pablo Servigne: « Pablo, sacrifies-tu les cités ? » ». Édition : Vert-tige, 18 mai 2019 ; P. Charbonnier, « Splendeurs et misères de la collapsologie ». Revue du Crieur 13, no 2, 20 juin 2019, pp. 8895 ; D. Tanuro, « « Collapsologie : toutes les dérives idéologiques sont possibles » ». Ballast, 21 juin 2019 ; M. Peyraut « Que faire de l’effondrement ? » Alternatiba : changeons le système, pas le climat !, 1 juillet 2019 ; B. Bégout, « L’anti-évangile de notre temps », Junkpage, Juillet-Août 2019 ; F. Tison, « Redéfinir la situation – Notes sur la collapsologie et son impact ». lundimatin, 18 juillet 2019 ; C. Cédric, « «Espèce de collapsologue(s) !» », Blog de Paul Jorion, 23 juillet 2019 ; J.-B. Fressoz, « Depuis la genèse, on pratique la collapsologie sans le savoir ». Le Monde.fr, 23 juillet 2019 ; D. Dupré, « À trop écouter les collapsologues nous finirons en grenouilles ébouillantées », Les Blogs – Le HuffPost, 23 juillet 2019 ; J.-B. Malet, « La fin du monde n’aura pas lieu », Le Monde Diplomatique, 1er août 2019.
14 toinou, art. cit.
15 F. Thoreau et B. Zitouni, art. cit. ; F. Chateauraynaud et J. Debaz, Aux bords de l’irréversible : Sociologie pragmatique des transformations, Pétra, 2017.
16 F. Tison, art. cit.
17 En parallèle, ces formes d’actions sont en proie à des questionnements quant à leur efficacité réelle, voir à ce sujet la vidéo de V. Verzat et F. Bogaerts. On S’est Planté… YouTube, 2019, www.youtube.com/watch?v=lvdckQKKz_Q.
19 Bien au-delà des éventuelles ambiguïtés de Servigne & alii sur ce point, une version minoritaire de l’effondrisme pousse à l’extrême une telle naturalisation en disqualifiant par principe les mouvements sociaux et en faisant de l’écologie et de la défense de l’environnement une impossibilité anthropologique (voire ontologique), sauf auto-dépouillement héroïque, solitaire, et contre-nature : cf. V. Mignerot, Transition 2017, éditions Solo. Cet auteur force l’intelligibilité des phénomènes historiques dans le cadre des lois physiques de l’univers (à commencer par la thermodynamique). Cependant, par un retournement typique de la pensée new age, c’est du côté des conseillers « spirituels » que l’on trouve des prescriptions équivalentes, notamment dans leur volonté de dépasser à la fois l’espoir et le blâme (ce dernier étant assumé à l’échelle strictement individuelle) : cf. C. Ingram, « Facing Extinction », catherineingram.com/, juillet 2019 ; P. Russell, « What If There Were No Future? Some Overlooked Consequences of Exponential Growth », The Spirit of Now, sans date, consulté le 10 août 2019 ; D. Ozarko, « The Perpetual Illusion of Change », debozarko.com, 5 août 2019 et Beyond Hope: Letting Go of a World in Collapse. Deb Ozarko Publishing, 2018. J. Cravatte analyse finement ces aspects.
20 P. Charbonnier, art.cit., p. 6.
21 F. Chateauraynaud et J. Debaz, op. cit, pp. 594-595.
22 D. Fabre, in P. Lagrange et C. Voisenat: L’ésotérisme contemporain et ses lecteurs, Centre Pompidou, 2005, p. 11.
23 Ibidem.
24 Ibid., p. 24.
25 D. Danowski et E. Viveiros de Castro, « L’arrêt de monde », in De l’univers clos au monde infini, E. Hache (éd.), pp. 221-339. Dehors, 2014.
26 Face à Gaïa: huit conférences sur le nouveau régime climatique. La découverte, 2015, p. 22.
27 F. Forestier, « Les communautés de l’effondrement », Futuribles, 26 mars 2019.
28 F. Chateauraynaud et J. Debaz, op. cit.
29 P. Charbonnier, art. cit.
30 J. Cravatte, op.cit.
31 F. Thoreau et B. Zitouni, art. cit.
32 Apocalypses sans royaume : Politique des fictions de la fin du monde, XX-XXIe siècles, Classiques Garnier, 2013.
33 Sens unique, Payot, 2013 ; Le capitalisme comme religion : Et autres critiques de l’économie suivis de Le caractère fétiche de la marchandise et son secret, Payot, 2019.
34 Walter Benjamin : avertissement d’incendie : Une lecture des Thèses « Sur le concept d’histoire », l’Eclat, 2018.
35 Eschatologie occidentale. Paris, l’Eclat, 2009 ; Le Temps presse. Du culte à la culture, Seuil, 2009.
36 Penser la fin du monde. CNRS, 2014, E. Aubin-Boltanski et C. Gauthier (éd.), souligne les ressorts pour l’action politique qu’offre la perspective de la fin du monde.
37 L. Allard, « Les vulnérabilisé.es volontaires du climat : narrations de soi collapsologistes sur les réseaux socio-numériques » dans Signes, discours, société. Dynamiques discursives de la vulnérabilité, septembre 2019.
38 Staying with the Trouble: Making Kin in the Chthulucene, Duke UP, 2016.
39 Émission du 20 juin 2019, France 2.
40 Dont une version plus étoffée paraîtra sur le site de Multitudes.
41 C. Vincent, « Donna Haraway : Avec le terme chthulucène, je voulais que l’oreille entende le son des terrestres. » Le Monde.fr, 31 janvier 2019.
42 S. Harney et F.Moten, The Undercommons, Wivenhoe, Minor Compositions, 2013.
43 F. Dolphijn, op. cit.
44 Merci à É. Kongs de nous avoir fait découvrir ce terme.
45 L. Allard, art.cité.
46 Geoff Mann, « Doom », Antipode, 2019, p. 92.
47 La permaculture ou l’art de réhabiter, Quae, 2019, p. 106.
48 Ibid.
49 Ibidem. p. 114.
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