91. Multitudes 91. Eté 2023
Majeure 91. Conspirations hors complots

La suspension de l’incrédulité
Complots et pacte fictionnel

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La fragilité du pacte fictionnel n’est certes pas le moindre des charmes de la littérature romanesque. Le moins qu’on puisse dire est que, depuis Don Quichotte, communément reconnu comme fondateur et emblème de l’illusion romanesque, jusqu’aux K. de Kafka et au narrateur du Rivage des Syrtes, les personnages se croyant victimes d’un complot n’ont jamais manqué, pas plus d’ailleurs que les auteurs jouant habilement sur les labyrinthes baroques et les faux préambules annonçant « ceci n’est pas une fiction ». Simple procédé rhétorique, tel le topos du « manuscrit trouvé » ? Ou bien trace, forcément secrète, d’une origine plus lointaine encore, d’une préhistoire du récit, qui serait sa vocation même ?

On a fréquemment glosé, surtout dans le sillage du postmodernisme, sur le mensonge littéraire et ses jeux d’illusion. Mais les enjeux graves du complotisme nous invitent à prendre la chose plus au sérieux. Loin du scepticisme corrosif qu’on lui prête, n’est-il pas de l’ordre du rêve éveillé ? La suspension (généralisée) de l’incrédulité, débordant le cadre du récit, serait-elle l’euphémisme d’un retour de la croyance ? Ou, au contraire, la crédulité largement dénoncée ne serait-elle pas à situer du côté de celles et ceux qui imaginent une croyance d’adhésion là où l’on peut voir un jeu de mise à distance ?

Umberto Eco, ou l’arroseur arrosé

Lorsque Umberto Eco, indécrottable amateur de complots, fabrique un formidable enchevêtrement de délires mêlant Templiers, Cathares, occultisme, Jésuites, Opus Dei et autres Mormons (le Pendule de Foucault), l’imagination foisonnante du romancier est parfois indiscernable des propos conspirationnistes à géométrie variable qui, à l’époque, restent cantonnés à des cercles d’initiés, probablement proches, pour la plupart, de l’extrême-droite1, et ne se répandent pas encore sur le web2. Le succès du roman repose sans doute, en partie, sur un malentendu, certains lecteurs semblant y avoir puisé un intérêt pour les sociétés secrètes qui n’entrait pas, officiellement, dans les intentions de l’auteur, et qu’à l’époque on ne pouvait satisfaire aussi facilement qu’aujourd’hui. Déjà l’Eglise catholique et la droite s’alarment, et Eco est accusé, dans un pamphlet lui-même canulardesque, d’être à l’origine d’un véritable complot visant à répandre dans la société italienne le matérialisme historique et le laïcisme, et d’encourager la consommation de drogues3.Vingt ans plus tard, Eco commet un nouvel opus consacré à la folie des complots, et à cette dérive postmoderne de la culture dans les sociétés « liquides », en l’absence de tout point fixe, de tout référent et de tout repère transcendant, qui demeure sa thèse permanente. Le Cimetière de Prague est une sorte d’annexe au Pendule de Foucault, dont il développe certains éléments. Cependant, il est tout entier centré sur la figure d’un antisémite, seul personnage fictif du « roman », qui par ailleurs ne fait que reprendre des personnages réels, et des thèses complotistes ayant réellement été développées au XIXe siècle finissant. On y retrouve le fameux Protocole des Sages de Sion, faux célèbre fabriqué par la police du tsar (avec probablement la collaboration de services secrets étrangers) à partir d’un pamphlet anti-bonapartiste. Eco avait préfacé, quelques années auparavant, l’album de Will Eisner intitulé Le Complot4 : il y révélait que parmi les sources, multiples, du Protocole, figuraient en bonne place deux romans d’Eugène Sue. Non seulement le faux serait une réécriture, mais le pamphlet français dont il est inspiré serait lui-même calqué sur un roman-feuilleton. Une contamination annexe serait à chercher chez Alexandre Dumas.

Or la parution du Cimetière de Prague en 2011 donne lieu à des réactions quelque peu surprenantes : Eco, qui n’a cessé toute sa vie de tourner en dérision le complotisme, se voit reprocher, d’abord par une historienne catholique proche du Vatican, puis par plusieurs rabbins, sa complaisance envers l’antisémitisme. Eco, membre de l’association « Gauche pour Israël », qui, dans sa Préface à Will Eisner, affirme qu’« on se doit de combattre le Grand Mensonge » antisémite, aurait-il été piégé par l’ambiguïté de son propre dispositif fictionnel ? Ou bien, en forçant le trait, a-t-il tout fait pour que ce piège, qui n’avait pas complètement fonctionné avec le Pendule, puisse enfin réussir ? En France, c’est Pierre-André Taguieff5 qui porte le coup de grâce en pointant la fascination de l’auteur pour les thèses les plus abjectes, et ajoute « c’est du Dan Brown pour bac + 3 ». De fait, l’érudit italien, obsédé par la porosité de la fiction et de la réalité, a pu soutenir que la fiction obéit à des critères de vérité plus solides que la réalité : comment penser qu’il n’ait été ravi que son livre subisse enfin, par une ultime mise en abyme, le sort de tant de récits borderline qu’il s’est acharné à compiler ?

Cette affaire nous livre en tout cas les clés du fonctionnement matriciel du discours complotiste. Quelle qu’ait pu être l’ambivalence inconsciente d’Eco, écartelé entre désir éperdu de mythe, sinon fascination secrète pour les croyances qu’il rejetait par ailleurs sans ambiguïté, et rationalisme méprisant pour la culture populaire, il réalise magistralement la preuve quasi expérimentale que l’on peut brouiller la réception, générer un court-circuit dans le pacte fictionnel, et déclencher, presque automatiquement, un discours anti-complotiste relayé par les medias.

Le cas Dan Brown

Le succès planétaire du Da Vinci Code, qui utilise, entre autres, des éléments du Pendule pour en faire un véritable roman populaire, est sans commune mesure avec celui des fictions sophistiquées d’Eco. En toute logique, ce sont donc, non pas quelques articles de presse, mais des dizaines d’ouvrages, de conférences et de numéros spéciaux de revues qui ont dû être consacrés à la démystification des thèses complotistes de Brown, qui, poussant plus loin qu’Eco le jeu avec le pacte fictionnel, affirme malicieusement dans son introduction que « Toutes les descriptions de monuments, dœuvres dart, de documents et de rituels secrets évoqués sont avérés ». Brown s’inspire en effet d’un livre d’histoire… certes très discutable, mais qui se donne comme tel, et dont les auteurs ont perdu leur procès en plagiat alors qu’ils sont explicitement au cœur du roman6. Écrire un roman qui passe pour vérité historique à partir d’un livre d’histoire qui est en fait une fiction… Incontestablement plus doué qu’Eco dans l’art de la mystification, Brown (élevé, notons-le, dans la religion épiscopalienne avant de la renier) aura même contribué au succès tardif de cet essai « historique » douteux sur le secret caché de la religion catholique, réédité depuis avec un bandeau « Da Vinci Code ; les sources ».

Ce qui est intéressant, ce sont les motifs pour lesquels le tribunal n’a pas retenu l’accusation de plagiat : principalement, et on en apprécie l’ironie, du fait qu’une fiction ne saurait plagier un essai historique. Brown ne pousse-t-il pas l’humour à son comble quand il cite Walt Disney, aux côtés de Vinci, Wagner, des Templiers, des Mérovingiens et de tant d’autres, comme un membre du grand complot, et termine son roman sur une allusion mystérieuse… au « Sphinx » de la Pyramide du Louvre, Mitterrand lui-même, « l’homme des réseaux occultes ». Comme dans beaucoup de théories du complot, la bouffonnerie-roche Tarpéienne n’est jamais loin du Capitole dogmatique. En tout cas, l’humour a été peu goûté, en l’occurrence, par l’Église catholique, qui a dû batailler ferme, exigeant de Sony, maison de production du film, un rectificatif (qu’elle n’obtiendra pas) pour préciser que le Da Vinci Code est bien une fiction.

Perversion narrative : « je sais bien…
mais quand même »

S’agit-il seulement d’un jeu formel maniériste ? Des millions de personnes ont pris la chose au premier degré, cherchant chez Brown, comme chez Coelho ou d’autres, une voie initiatique, sans rire. Si peu d’auteurs de fictions « légitimes » oseraient aujourd’hui revendiquer ouvertement une telle ambition initiatique (mis à part celles-ceux se réclamant d’un certain culturalisme), les paralittératures, tout comme les théories du complot, prospèrent insolemment sur une certaine simplicité narrative, au prix d’un malentendu ou d’une manipulation.

Car comment nier qu’il y ait de la perversion dans les récits de Dan Brown : « je sais bien » (que ce n’est qu’une fiction) « mais quand même » (je me complais dans l’ambiguïté) ? De son côté, Eco, qui hait les faiseurs comme Brown, en crève de jalousie et, en un sens, rivalise de perversion : « je sais bien » (que le roman n’est qu’un jeu vide) « mais quand même » (je voudrais tellement manipuler moi aussi). Une structure psychique décisive, qui consiste à jouer/jouir sur les deux tableaux, et qui pointe la part maudite dans cette affaire, où l’éthique (ou sa transgression) fait retour.

Alors précisément que le champ littéraire moderne se défini(ssai)t comme une exclusion de tout critère éthique, le dispositif fictionnel complotiste vient déconstruire rien de moins que le pacte romanesque lui-même, en pointant du doigt ses ambiguïtés, qui sont grandes. Au fond, la suspension consentie de l’incrédulité, et sa mise en abyme dans les formes illusoires du paratexte, n’est-elle pas entachée d’un formidable mensonge qui voile, sous les dehors d’un contrat supposément conscient et raisonnable, un rêve primitif de manipulation et de toute-puissance – ou bien, sur un autre versant, l’utopie d’une coïncidence performative entre énoncé et énonciation ? L’ enfer des fake news n’est finalement, comme chez les vrais pervers, que l’envers du fantasme d’une innocence et d’une transparence absolue.

C’est sans doute ce trait pervers, indéniable chez les grands fondateurs de sectes et chez les auteurs des théories du complot « originaires », qui donne la première impulsion aux récits qui vont ensuite se diffuser de manière incontrôlable, particulièrement sur la toile. Les anti-complotistes institutionnels, qui prennent cela très au sérieux, ont sans doute raison de chercher à identifier les premiers responsables, même si dans bien des cas il manque pas mal de maillons pour retrouver l’ancêtre. Concernant le Protocole des sages, on a vu que l’affaire était plus complexe qu’il y paraissait, et que les fake news politiques étaient contaminées de romans-feuilletons. Mais dans tous les cas, il reste un protagoniste important : c’est le lecteur, d’autant plus important, nous dit Eco, qu’il doit se montrer actif. Or personne ou presque ne le mentionne7. Le lecteur est-il un pervers par procuration ?

Pour une analyse de la réception des fictions complotistes

Une enquête de plusieurs années auprès de lycéen-ne-s m’a invité à nuancer cette lecture, en élargissant la focale. Une lecture fictionnelle, qui fait fond sur une continuité entre, d’une part, la culture populaire adolescente, celle des mangas, des séries post-apocalyptiques et des jeux vidéo et, d’autre part, la viralité des théories du complot, pointe une « perfusion fictionnelle8 » chez ces générations pour qui, massivement, le terme « idéologie » est un gros mot : les petits récits ont largement occulté les grands. Ce qui domine chez les ados qu’on juge complotistes, parce qu’ils suivent des sites qui le sont, c’est le même genre d’enthousiasme éprouvé face à la dernière version de Fortnite, en bien moins prononcé : rares, très rares sont celles-ceux qui témoignent d’une véritable conviction.

Au contraire, la distanciation caractéristique de leur ethos les pousse à « croire sans croire », loin des formes de militantisme qu’ont pu connaître les générations antérieures. Croit-on aux jeux dans lesquels on est immergé, le temps de la partie une fois écoulé ? Lev Manovich appelait « méta-réalisme » cette propriété des « nouveaux media » à induire – par rapport au réel lui-même – le type d’immersion vidéoludique où l’usager met les deux pieds (crédules) dans l’univers de la fiction, tout en gardant toujours la main (incrédule) sur la console de jeu9.

Le bovarysme, en réalité, a vécu. Plus qu’une bulle, qu’un miroir sans tain ou qu’une forteresse assiégée (celle d’un dogmatisme en fait caduc), il s’agirait d’une fenêtre ouverte, sur le bord de laquelle il peut être dangereux, mais aussi agréable et même excitant, de se pencher. Les changements de pied sont monnaie courante, et, dans la même heure de cours, j’ai pu entendre les mêmes jeunes me soutenir, et que le virus n’existait pas, et qu’on n’en était pas assez protégé. C’est tout à fait autre chose qu’un « biais cognitif » à la Gérald Bronner. Plutôt un « rôle10 » face à l’adulte porteur d’autorité, contre qui il s’agit de s’affirmer, et que l’on pousse dans ses retranchements, par provocation, l’obligeant à adopter une posture complotiste en miroir11. Mais jusqu’à quel point peut-on croire à son rôle, et se perdre dans le don quichottisme, lorsque le phénomène de foule conduit les insurgés du Capitole au passage à l’acte, en 2020 ? Il y va là bien plus que d’un simple jeu rhétorique, d’une « métalepse du mode » ou d’une « irruption extradiégétique12 ».

La fictionnalisation du réel a ses dangers qu’il ne faut pas négliger. Mais la fiction a souvent une bonne longueur d’avance. Lorsqu’on redécouvre le thème du complot des Illuminati, dans les années 2000, après une longue éclipse de plus d’un siècle13, c’est probablement en grande partie à la résonance médiatique du roman de… Dan Brown qu’on le doit14, lui qui reprend le filon romanesque après Dumas15, qui lui-même tirait sa matière du libelle d’un prêtre contre-révolutionnaire. Mais il ne faut pas oublier le phénomène le plus spectaculaire, celui du revival du mythe des extra-terrestres de Roswell, une anecdote datant des années 40, oubliée pendant cinquante ans, avant que le succès de la série X-Files16 ne redonne vigueur au thème, relançant par ricochet des spéculations complotistes jusque-là totalement passées sous les radars médiatiques. La fortune des théories du complot reste, dans de très nombreux cas, directement indexée sur le box-office des séries TV, les unes et les autres se répondant avec une porosité révélatrice des soubassements médiatiques du complotisme.

Entre hésitation fantastique et incertitude subjective

Les trames complotistes abondent dans la fiction contemporaine, en écho à cette « hésitation » identitaire qui semble caractériser les sujets hypermodernes17. Si, comme disait Todorov, le genre fantastique renvoie à une incertitude, c’est bien parce que le sujet reste « sur le seuil », en attente de lui-même, dans la gueule du monstre qui met un temps infini à l’engloutir, et finit par s’y installer provisoirement, dans une sorte de suspension temporelle. Mais ce schéma déborde largement le corpus du fantastique au sens restreint, renvoyant aussi bien aux personnages de Kafka que, sur le versant de la fiction populaire, au « doute hyperbolique » des innombrables films de type Matrix ou Inception. Dans Matrix, le héros balance entre deux versions comme entre deux « pilules » qu’on veut lui faire avaler, la « thèse officielle » et la thèse complotiste. Le terme « matrixé » (red-pilled, blue-pilled) est d’ailleurs passé dans le vocabulaire usuel des ados pour désigner, justement, celles et ceux qui ont outrepassé la limite du raisonnable, soit pour être tombé·es du côté du virtuel (les otakus, les nolife), soit pour s’être laissé·es abuser par des idéologies dans le monde réel : bref, pour avoir péché par rupture de l’incertitude. Quant à Harry Potter, du registre du merveilleux, donc de la suspension d’incrédulité, en première instance, son héros est cependant ballotté entre le monde réel (celui des Moldus) et le monde (merveilleux) de la magie.

On reste dans un entre-deux qui consonne d’ailleurs avec l’univers de l’adolescence : une adolescence de plus en plus interminable et mal balisée, qui s’étire parfois démesurément en « adultescence », et hésite entre nostalgie du merveilleux de l’enfance et tentation d’un monde adulte synonyme de désacralisation et de renoncement. « Sur le seuil », « devant la Loi », les sujets piétinent indéfiniment devant une porte qu’ils hésitent à franchir. Ce que les anthropologues, en particulier David Le Breton, appellent « liminalité » : les rites de passage s’éternisent. Éternels adolescent·es, les supposé·es conspirationnistes continuent, elleux aussi, à jouer avec la fascination d’un monde magique dont les complots grotesques masquent, opportunément, des conflits et des groupements d’intérêt bien réels qu’il s’agit de ne pas voir. Mieux vaut la fiction des Illuminati que les lobbies pétroliers, ou les extra-terrestres que les machinations politiques avérées ? Au moins les premiers ont l’avantage de nous maintenir dans l’univers enfantin des histoires, tellement plus rassurantes, jusque dans leur cruauté, que l’Histoire ou le réel.

Du coup, le cheminement de l’anti-héros conspirationniste s’éloigne quelque peu du schéma actantiel des mythes traditionnels, linéaire et assez bien balisé, qui mène assez rapidement à prendre pied dans le monde des adultes. Il se contente le plus souvent, comme K., d’errer à la limite, dans un labyrinthe, celui du « système » dont il reste spectateur tout en en étant prisonnier (et parfois gardien), supposément lucide mais impuissant. Posture qui nourrit sans doute l’inaction politique et climatique, face au récit, vraisemblable, d’un dérèglement écologique et d’un effondrement social, reçu par une partie du public comme un scénario parmi d’autres, et qui demanderait, pour être pris en compte, un tout autre rapport au rêve éveillé. Une « fable mystique » au sens de Michel de Certeau18, qui inclurait « toute cette vie grouillante, errante, glorieuse et misérable19 » dont de larges pans de la culture populaire adolescente, et les fanfictions qui les accompagnent, se font aujourd’hui l’écho.

1Sylvie Taussig, Le système complotiste, Bouquins, 2021.

2L ordinateur, alors encore confidentiel, fascine pourtant déjà, par ses possibilités combinatoires, et Eco lui donne un nom, celui dun grand kabbaliste du Moyen-Age, Aboulafia. Pour un beau jeu analytique et fictionnel sur les fictions complotistes dUmberto Eco, voir Wu Ming 1, Q comme Qomplot, Montréal, Lux, 2022.

3« Le nom multiple dUmberto Eco », texte-canular émanant du Luther Blissett Project, attribué aujourdhui, semble-t-il, au philosophe Hartmut Rosa, selon Wu Ming 1, op. cit., p. 58.

4Will Eisner, Le complot, tr. fr. Paris, Grasset , 2005.

5Pierre-André Taguieff, « Eco peut-il écrire ce quil veut ? », interview dans Le Figaro, 17.03.2011.

6Le nom de lhistorien dans le roman, Leigh Teabing, est composé du nom de Richard Leigh et, sous forme danagramme, de celui de Michael Baigent, co-auteurs avec Henry Lincoln de L Enigme sacrée, Pygmalion éditions, 2004.

7Sylvie Taussig, dans son enquête remarquable (op. cit) sintéresse principalement aux initiateurs, non aux initiés, crédités dun suivisme passif.

8Julien Cueille, Mangas, sagas, séries, les nouveaux mythes adolescents. Devenir soi-même par la fiction, Eres, 2022.

9Lev Manovich, Le langage des nouveaux médias (2000), Dijon, Presses du réel, 2010.

10Au sens du sociologue Erving Goffman.

11Julien Cueille, Le Symptôme complotiste, Eres, 2019.

12Comme diraient les narratologues : voir à ce propos les analyses critiques dAlessandro Leiduan, Critique de la raison narrative, le récit dans lère digitale, Paris, Ovadia, 2020.

13Ces philosophes allemands, apparentés aux philosophes des Lumières français, avaient vu leur société dissoute dès 1785.

14Dan Brown, Anges et démons, 2000, (2005 pour la traduction française, Lattès).

15Son roman Joseph Balsamo, paru en 1853 et consacré au personnage de Cagliostro, évoque une société secrète ésotérico-politique qui confond opportunément rationalisme progressiste et illuminisme mystique. 

16Série américaine de Chris Carter diffusée à partir de 1993 sur Fox. Sur les pouvoirs fictionnels de la rencontre avec des extraterrestres, voir les livres de Dominiq Jenvrey, dont L effiction. Essai de rencontrologie, Grenoble, UGA Éditions, 2022.

17Vincent de Gaulejac, « Le sujet manqué. L individu face aux contradictions de lhypermodernité », dans N. Aubert (dir.), L individu hypermoderne, Toulouse, Eres, 2004.

18« Est mystique celui ou celle qui ne peut sarrêter de marcher et qui, avec la certitude de ce qui lui manque, sait de chaque lieu et de chaque objet que ce nest pas ça », Michel de Certeau, La fable mystique, t. I, Paris, Gallimard, 1982, p. 411.

19Alan Moore, Dave Gibbons, Watchmen, tr. française, Paris, Urban Comics, 2018.